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De Zoaga à Zabré : L’histoire d’une association de développement

Publié le mercredi 13 mars 2013 à 22h47min

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De Zoaga à Zabré : L’histoire d’une association de développement

C’est en 1975 que
l’association Pag-layiri
a vu le jour à Zoaga.
Cette localité devenue
une commune rurale depuis 2006
était à l’époque un département situé
à 15 km de la commune de Zabré
dont il relevait. L’initiative de
l’association est venue de l’épouse
d’un instituteur, elle-même ménagère
qui avait eu l’idée d’organiser les
femmes pour qu’elles s’entraident.
L’association a vu le jour de façon
informelle avec un noyau de cinq
femmes fondatrices dont Mme
Kaboré née Zigané Monique,
épouse de l’instituteur.

Discrètes, les
femmes ont commencé par des
tontines. L’argent qui était collecté
entre elles était remis à tour de rôle à
une seule des femmes qui pouvait en
faire un fonds de commerce. Les
résultats produits par cette
solidaritévont faire des émules chez
d’autres femmes qui adhèrent à leur
tour à l’association. Progressivement
et de bouche à oreille, le petit groupe
de femmes va grossir. Selon Suzanne
Waré, l’actuelle présidente,
l’association comptait déjà plus de
80 membres en 1976, après une année
d’existence. Avec leur nombre, les
femmes vont multiplier les
initiatives. Elles décident alors de
faire un champ collectif
d’arachides dans le village de Zoaga.

Les succès s’enchainent pour les
femmes, ce qui va conduire à la
formalisation de l’association par
l’obtention de son récépissé
d’existence sous le numéro AN VI
027/FP/MAT/DGAT/DAJE de
décembre 1988. Elle est reconnue en
tant qu’association apolitique et à
but non lucratif. L’Association a pour
mission première de « contribuer à
l’épanouissement de la femme vivant en
milieu rural en répondant à ses besoins et
préoccupations quotidiennes. ». Ainsi, elle
s’est fixée les objectifs spécifiques
suivants : améliorer les conditions de
vie socio-culturelles de la femme,
promouvoir l’accès des femmes à
l’information et aux outils de
communication de masse et de
proximité, promouvoir
l’autonomisation de la femme à
travers le développement d’activités
génératrices de revenus, sensibiliser
la population pour l’adoption de
bonnes pratiques en matière de santé
et d’éducation, interpeller les
décideurs et les populations sur leurs
droits et leurs devoirs liés aux
questions de bonne gouvernance, de
citoyenneté, etc.

Pag-la-yiri est également reconnu en
tant que ONG par la Direction du
Suivi des Organisations Non
Gouvernementales (SPONG).
L’association s’est implantée à Zabré
dans le chef-lieu de la commune
dans les années 80 où elle s’est érigée
un siège au secteur N°1. Le siège se
trouve sur un domaine de près de 3
ha de superficie et entièrement
acquis à l’association. Pag-la-yiri a
une structuration et un
fonctionnement bien établis.
L’instance suprême de l’Association
est l’Assemblée générale. L’organe
exécutif est un bureau de 12
membres, composé de femmes exclusivement.
La Coordination est un des
organes de l’association. Elle est un
organe chargé de la mise en oeuvre
des activités. Le droit d’adhésion à
l’association a été élargi aux hommes,
mais ces derniers ne sont pas admis
dans toutes les instances.

Les
femmes gardent la main sur le
bureau exécutif. Cependant, on
retrouve les hommes surtout dans
les structures techniques de
l’association ou dans les bureaux des
zones. L’association est subdivisée en
zones, en sous zones, en villages et
enfin en groupes de base. Une zone
est constituée de plusieurs sous
zones et dans la sous zone, on
retrouve les villages. Dans chaque
village, il y a les groupes de base. On
adhère à l’association en intégrant
d’abord un groupe de base avant
d’être admis tour à tour dans
l’organisation du village, dans la
sous-zone, dans la zone puis dans
l’association définitivement par la
validation de l’adhésion en
Assemblée générale. Les droits
d’adhésion sont fixés à 550F et
donnent droit à une carte de membre.
Quant aux cotisations annuelles,
elles s’élèvent à 250Fcfa par membre.

L’association Pag-la-yiri couvre
quatre communes qui sont celles de
Zoaga, Zabré, Zonsé,
Gombousgou et Garango.
L’association siège à Zabré, mais elle
dispose d’une représentation à
Ouagadougou.
Des femmes au service
de la communauté
En 38 ans d’existence, l’association
Pag-la-yiri des femmes de Zabré a
grandi. Elle compte de nos jours,
selon sa présidente, exactement
10972 membres dont 1000 hommes.

Les hommes ne représentent à peu
près que 1/10ème de ses membres.
Depuis 1975, de nombreux projets
et programmes et d’importantes
réalisations ont vu le jour grâce à
l’association. Au nombre de ces
réalisations, on peut citer une unité
de transformation de beurre de
karité, un centre de couture détenu
par des couturières formées par
l’association, un centre de loisir et de
restauration, un centre
d’hébergement, un dépôt
pharmaceutique, un centre
d’alphabétisation et de formation
(agriculture, élevage, maraichage),
des banques de céréales, une
boulangerie, etc. L’association a
également construit une école
primaire à 6 classes depuis 1998 et
dont la gestion a été confiée à la
commune. Pag-la-yiri fabrique et
commercialise le MIZOLA, qui est
une farine enrichie utilisée pour
l’alimentation des enfants malnutris.
La principale activité des femmes de
l’association demeure l’exploitation
agricole à travers les champs
communautaires.

Les 11 zones de
l’association ont chacune au moins
un champ collectif. En plus
l’association dispose de 7 périmètres
maraichers dans 5 de ses zones.
Selon la présidente, la radio
communautaire ouverte depuis 2009
est un outil capital pour les femmes
et pour l’association. C’est un
instrument de sensibilisation et
d’éveil pour les femmes. La radio est
animée aussi bien par des hommes
que par les femmes. L’association
accorde un intérêt à la
communication. Un chargé de
communication, Souleymane Zaré,
un professionnel issu du
département communication et
journalisme de l’Université de
Ouagadougou, gère ce volet. Son
rôle est axé sur la sensibilisation de la
population grâce aux moyens de
communication que sont la radio, les
clubs de fidèles auditeurs, les clubs
relais de la radio.

L’association s’est
même dotée d’un site internet
www.paglayiri.org comme outil de
communication et de sensibilisation.
C’est aussi une façon pour Pag-la-yiri
d’être en contact avec le monde. Les
femmes de l’association, qui
n’entendent pas être les
analphabètes du 21ème siècle, s’initient à
l’outil informatique. Pag-la-yiri n’est
pas seule dans son aventure. Elle
bénéficie depuis plusieurs années, du
soutien technique et financier de
multiples partenaires au niveau
national et international. La liste des
partenaires est longue, mais on peut
citer le Fonds National pour
l’Education Non Formelle
(FONAENF), le Secrétariat
Permanant des Organisations Non
Gouvernementales (SPONG)), les
services techniques et les directions
provinciales des ministères, les
mairies, les districts sanitaires,
l’Union Européenne, l’Institut
International de Communication et
de Développement, Emmaüs
international, Emmaüs Région
Afrique, Emmaüs Finlande, l’ONG
MATTA, l’ONG Croix du Sud, la
Fondation ICCO, la Fondation
Nouvelle Planète, le Réseau d’Accès
aux Médicaments Essentiels
(RAME), etc.

Depuis 2007, Suzanne
Waré préside l’association. Avec près
de 11 000 membres, de nouveaux
adhérents frappent toujours aux
portes de Pag-la-yiri. Les appels
viennent surtout des provinces
auxquelles l’association ne s’est pas
encore ouverte. Ce sont des
nouveaux défis selon la présidente.
L’association avait atteint la province
du Zondoma en faisant du village de
Boussou la 12ème zone de
l’association. Des obstacles liés à la
distance ont eu raison des femmes et
l’association a fini par se retirer de la
province. C’est ce qui fait dire à la
présidente qu’il faut asseoir une
réflexion sur l’extension de la zone
d’intervention de l’association et cela
surtout en rapport avec les capacités
de l’association à répondre aux
besoins des membres. Pag-la-yiri est
une organisation de référence dans
sa zone d’intervention.

Elle a reçu
une distinction des autorités
nationales qui lui ont décerné le 9
décembre 2009, la médaille de
l’ordre national du mérite.
Cédric Kalissani

MUTATIONS N° 22 du 1er février 2013. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com)

Suzanne Waré, présidente de l’Association Pag-la-yiri

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