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Démonétisation : A jour J-3, panique et bousculades à Ouahigouya

Publié le mardi 28 décembre 2004 à 06h06min

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Il ne reste plus que trois jours pour que les billets de banque de la gamme 1992 de la BCEAO perdent leur pouvoir libératoire.

Mais le temps qui reste pour l’échange des billets concernés suffira-t-il ? A Ouahigouya, les billets de 500 F CFA de la gamme 1992 sèment la panique.

"L’opération de retrait de circulation des billets F CFA de la gamme 1992 s’achève le vendredi 31 décembre 2004. A partir du 1er janvier 2005, les billets de la gamme 1992 ne seront plus acceptés comme moyens de paiement. Allez donc rapidement échanger les billets que vous détenez encore par-devers vous, auprès des guichets de la BCEAO, des perceptions du Trésor, des banques, des bureaux de poste". Voilà ce que dit une publicité de la BCEAO et qui finit par "Attention ! Il ne vous reste plus que... (tant de) jours".

Dans la nuit du vendredi 24 décembre, nous avons assisté à une altercation entre un grilleur de viande et un client, à cause de l’un de ces billets. C’était au secteur 3 de Ouahigouya, juste à côté du ciné Yadéga. Lorsque le client a sorti un billet de 500 F CFA pour payer la viande qu’il avait du reste déjà consommée, il a reçu une injure. Ceci est un exemple tiré de la vie quotidienne depuis l’entame de la dernière phase de démonétisation. Selon certains consommateurs, il n’est pas facile d’échanger cet argent.

D’abord, pour le boutiquier du quartier, plus question d’accepter "les vieux billets" ; il n’aime pas les protocoles de banques, donc il s’arrange comme il peut pour ne pas s’y rendre ni pour les épargner ni pour les échanger. Nous avons ensuite rencontré Issa Ouédraogo, vendeur de prêt-à-porter au grand marché. Pour ce dernier, l’opération est la bienvenue, car il y a "trop de faux billets" en circulation. Mais avec les clients, ce n’est pas du tout facile ; ils n’acceptent pas les "vieux billets" .

A cela, Issa Ouédraogo a dit ne pas y voir d’inconvénients : "Moi je n’ai pas de problèmes pour échanger mes billets ; tous les jours j’y vais", a-t-il ajouté. Mais Ousmane Zonon, vendeur de tissu, lui, trouve que la "feuille de 500 F" est dévaluée, "la pièce-là ne vaut rien", a-t-il signifié. Ousmane Zonon fait ses échanges sur les achats, il ne se rend ni au Trésor ni ailleurs. Il y a, selon lui, des clients qui refusent, ce qui fait que lui se sent obligé de les conserver (il en avait encore beaucoup sur lui).

Des guichets insuffisants

Nous avons constaté que le problème pour le grand nombre de marchands se situe entre eux et leurs clients. Cependant, l’inquiétant est que, selon certains, ceux qui se rendent sur les lieux d’échange, disent ne pas pouvoir le faire. Selon Amadé Ouédraogo, apprenti- commerçant, "les billets-là, jusqu’à présent ça ne sort pas, parce qu’on a un problème de monnaie... surtout au niveau des pièces de 500 F ; on n’arrive pas à en avoir, on n’arrive pas non plus à dépenser nos anciens billets...

Au niveau des billets de 1000 F, il n’y a pas de problème. Mais pour les billets de 500 F, c’est difficile. Jusqu’à présent, en tout cas, nous continuons de prendre les anciens billets, mais nous n’arrivons pas à les échanger. S’il faut aller s’arrêter du matin jusqu’au soir alors que les affaires sont là... Moi je trouve qu’il n’y a pas assez de guichets. Le temps nous manque sérieusement...".

Aux lieux d’échange, c’est la bousculade. Nombreux sont aussi ceux-là pour qui le temps ne signifie rien. Ils s’en moquent. Car, les stations d’essence sont là ; là-bas, il suffit de prendre un litre ou un demi-litre et le "maudit" billet de 500 F s’envole. Ils sont nombreux à telle enseigne qu’un gérant de station nous a confié qu’il ne pouvait plus faire de la monnaie pour certains clients.

Par Lassina SANOU
Le Pays

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