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DETOURNEMENT DE VOIX D’ELECTEURS : Assibo Ouédraogo, le burkinabè qui a trahi le voltaïque

Publié le dimanche 10 mars 2013 à 21h15min

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 DETOURNEMENT DE VOIX D’ELECTEURS : Assibo Ouédraogo, le burkinabè qui a trahi le voltaïque

L’Union pour le progrès et le changement (UPC) y croyait certainement dur, lorsqu’invitant la presse aux lendemains de la reprise partielle des élections municipales complémentaires du 17 février 2013, elle annonçait qu’elle conservait l’arrondissement numéro 5 de la ville de Ouagadougou…

A l’évidence c’était méconnaître les mœurs politiciennes de certains acteurs locaux, qui sont prêts à tout pour faire prévaloir leurs intérêts personnels au détriment du respect des règles démocratiques.

Alchimie électorale

Le journaliste de la TNB ne s’y est pas trompé lorsqu’ouvrant son ‘’JT’’ de 20 heures, il a parlé en des termes très précis d’ « alchimie » pour qualifier les événements du côté de Bogodogo. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Un retournement de situation qui n’est pourtant pas à l’honneur de notre jeune démocratie. Et Assibo Ouédraogo, le conseiller qui a trahi ses anciens compagnons de l’UPC, mais surtout ses électeurs, n’en sortira pas avec les honneurs.

Bien au contraire, son geste n’a pas volé haut dans le ciel électoral du Burkina. Du reste, le flot de critiques qui s’abattent sur lui en ce moment, est à la hauteur de l’extrême légèreté avec laquelle il a abordé son sujet. Lui qui a préféré faire fi de toutes considérations, alors même qu’il avait la possibilité de faire avancer la roue de l’histoire dans la bonne direction.

Assurément, il faut croire qu’au Burkina, il y a plus un problème d’Hommes sérieux et crédibles que d’institutions. Encore que ce sont les Hommes eux-mêmes qui font les institutions.

Tentatives d’explications

Selon nos sources, Assibo Ouédraogo est arrivé le jour du vote avec la délégation du CDP. Deux jours auparavant, il était resté injoignable selon les autres conseillers UPC. Et pour couronner cette mise en scène pathétique, il sera le dernier à faire son entrée dans la salle. Dès lors le scénario de la messe était réécrit.

A la question de savoir ce qui s’est passé pour qu’il fasse basculer l’équilibre de 10 contre 9 en faveur du CDP, il aurait simplement répondu avoir voté selon ses convenances personnelles.

Les limites du scrutin indirect

Au CDP, cette victoire a un goût amer. Et l’on tente de la justifier par le fait que ce ne serait-là qu’une simple continuité par rapport à ce qui s’est passé dans d’autres communes du Burkina. Un raccourci simpliste qui aura du mal à convaincre.

Car si un parti politique peut s’allier à un autre pour conserver une mairie, il est difficilement admissible par contre qu’un conseiller élu sous la bannière d’un parti politique et dans le cadre d’un scrutin de liste, aille donner sa voix à une formation politique autre que celle avec laquelle il a battu campagne. Au mépris des citoyens qui lui ont accordé leur confiance.

Cette perversion des règles démocratiques dans laquelle on peut troquer son mandat contre une mobylette ou des billets de banque voire une promesse ou une parcelle est dangereuse. Car elle peut semer les germes de la violence.

Au-delà même de la relecture du code électoral envisagée par endroit comme la panacée absolue à ce déficit de citoyenneté, c’est donc une question de bon sens élémentaire et de respect de l’électeur qui se pose. Et l’on a peut-être là un début de réponse à la désaffection des citoyens burkinabè pour la chose politique !

Mairie ou caverne d’Ali Baba ?

Faut-il croire au vu des événements actuels que l’arrondissement numéro 5 de Ouagadougou cache effectivement des secrets que certains individus auraient peur de voir révélés à la face de l’opinion publique ?
En tout état de cause, cette volonté léonine de ne pas le laisser échoir entre les mains de l’opposition, malgré la volonté clairement exprimée par les électeurs dans les urnes, ne fait que renforcer les suspicions autour de cette mairie.

En attendant, c’est la jurisprudence Assibo qui vient d’être écrite au Burkina. Mais on s’en doute assez aisément, de la plus mauvaise des manières.

Juvénal SOME
Lefaso.net

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