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Maguelone Damour, âme créative française : « Le grand défi aujourd’hui du FESPACO, c’est la lutte contre les faux dieux »

Publié le jeudi 28 février 2013 à 22h18min

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Maguelone Damour, âme créative française : « Le grand défi aujourd’hui du FESPACO, c’est la lutte contre les faux dieux »

Femme de culture battante et aux convictions religieuses affirmées, la Française Maguelone Damour participe à la 23e édition du FESPACO. C’est sa première participation à la biennale africaine du cinéma mais elle s’est déjà fait une idée des défis de la manifestation et se prononce sur bien d’autres sujets : Le bilan partiel de sa participation, sa foi musulmane, les menaces djihadistes, la guerre au Mali…la liberté.

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Maguelone Damour : Je suis d’abord une créatrice. Cela fait cinq ans déjà que j’ai un lieu culturel qui s’appelle L’Antre-Autre, à Lyon en France, dans lequel j’organise beaucoup d’événements : des concerts, des rencontres, toutes catégories confondues. Parallèlement à ça, j’écris énormément, j’ai un site personnel (www.maguelone.org) sur lequel je fais beaucoup de chroniques. Je fais également des photos. Pour moi, la création, c’est la clé de la vie.

En un mot, comment peut-on vous ranger sur le plan professionnel ?

Je suis une âme créative.

Vous êtes là dans le cadre du FESPACO, quel est l’objet précis de votre présence ?

Je suis venue parce que j’avais envie de faire une chronique sur cet événement de cinéma. Je trouve que le cinéma aujourd’hui est un art incontournable de la modernité, de tout ce qu’on voit. Il faut montrer tout ce qui existe. Pour moi, c’était intéressant d’être là.

Quel bilan pouvez-vous faire de votre participation à mi-parcours ?

J’ai vu des films vraiment passionnants. Je suis très contente de ce que je vois depuis que je suis arrivée. Toutes catégories, que ce soit des courts métrages ou des longs métrages, les thématiques abordées sont riches.

A vous entendre, ce sont des films de belle facture…

Oui. Et puis je trouve que ce sont des films qui travaillent énormément sur la foi, sur le combat contre les faux dieux, les fausses croyances. C’est intéressant parce qu’en Europe on a nos fausses croyances qui sont liées au progrès. Ici il y a aussi des fausses croyances. Il faut les combattre dans tous les cas parce que ce n’est pas ce qui compte.

De tout ce que vous avez pu voir comme films, y a-t-il un qui vous a retenu le plus l’attention ?

Il y a un film qui m’a beaucoup ému et qui s’appelle « La Pirogue ». Je crois que c’est le film d’un réalisateur Sénégalais. J’ai énormément apprécié le réalisme de l’œuvre et l’histoire, à mon sens, est d’actualité. J’ai trouvé que c’était un huis-clos intéressant, les gens sont tous enfermés au même endroit. Là, au fait, l’on voit l’humain se révéler. C’était vraiment passionnant pour moi.

C’est votre première participation au FESPACO. Quelle appréciation faites-vous déjà de la manifestation ?

La portée culturelle aujourd’hui de ce mouvement cinématographique africain qu’est le FESPACO, c’est vraiment la lutte contre les faux dieux c’est-à-dire toutes les croyances qui limitent, enferment. Je trouve qu’il y a beaucoup d’élans de liberté et de vie. Quels que soient les moyens employés, quelles que soient les techniques de réalisation, c’est ce qui ressort pour moi : la foi, le combat contre les faux dieux.

A cette 23e édition du FESPACO, il y a cette polémique relative à l’exclusion des films numériques de la compétition. Votre opinion là-dessus ?

Ça, c’est de l’aberration pour moi. Là, c’est vraiment un faux dieu typiquement. Pour moi, il faut tout admettre.

Avec la guerre au Mali voisin, certains occidentaux ont renoncé tout simplement à faire le déplacement de Ouagadougou, compte tenu des menaces terroristes. Qu’est-ce qui vous a motivé, vous, à venir au FESPACO en dépit des risques djiahadistes ?

Je ne crois pas que la menace soit particulièrement en Afrique ou ailleurs. Je crois que la menace ou la non menace sont partout dans la vie. A partir du moment où on est vivant et on circule, on est toujours en danger et on est obligé d’avoir confiance. A partir du moment où les gens ne se tirent pas dessus directement, je peux aller circuler n’importe où.

Que pensez-vous de l’intervention française au Mali ?

Je ne suis pas une historienne. Je suis vraiment une croyante. S’il y a eu intervention, si les gens ont trouvé que c’était nécessaire de bouter des troupes à l’extérieur, l’histoire s’est faite ainsi. En fait, je n’ai vraiment pas d’avis sur la question.

Vous dites que vous êtes une croyante. Comment êtes-vous devenue musulmane dans un monde occidental réputé chrétien ?

Je suis devenue musulmane en lisant le Coran. J’ai lu le Coran il y a cinq ans et le Coran est rentré dans mon cœur. Mon parcours de musulmane m’apprend à ne pas juger et à glorifier Dieu à travers tout ce qui existe. Donc, chaque chose a sa raison d’être. C’est pourquoi c’est difficile de se prononcer historiquement.

La France a fait son intervention, elle semblait avoir remis l’ordre au Mali mais l’on voit que ces derniers temps les islamistes reviennent en force. Alors, comment voyez-vous la sortie de crise au nord Mali ?

La sortie de crise au nord Mali ? Je pense qu’on est face à la même situation. Il faut en fait une sortie de crise mondiale. Moi, en tant que croyante, je pense qu’on est là pour apprendre à être totalement libre. Les djihadistes ou d’autres choses du monde sont là pour limiter notre liberté. Je pense que la liberté est dans le cœur et que la seule chose qu’il faut apprendre, c’est à n’être jamais en danger c’est-à-dire à rendre sa liberté tellement secrète, tellement à l’intérieur de soi même que même en brûlant des choses sacrées, même en salissant des mémoires et des histoires, on ne puisse rien salir en fait. Mon combat est là. On est dans la troisième guerre mondiale. Et la troisième guerre mondiale, c’est le combat de la lumière contre les ténèbres. Et la lumière, c’est protéger le secret de la vie dans son âme.

Vous avez parlé de la liberté. Que signifie la liberté pour vous ?

La liberté, c’est de faire tout ce qu’on veut. Le monde a été créé pour nous pour qu’on fasse tout ce qu’on veut. On est là pour créer des choses, pour prendre le monde. Le monde nous appartient par la grâce de Dieu. Il n’y a pas de limites en fait. A partir du moment où moi je suis croyante, à partir du moment où je remets ma vie à Dieu, je n’ai plus peur du monde.

Le débat en France ces derniers mois a été marqué la loi portant sur le mariage homosexuel. Quel est votre avis sur la question ?

Je n’ai aucun avis là-dessus. Je ne me sens pas du tout concernée.

Entretien réalisé par Grégoire B. BAZIE

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