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Chronique du gouvernement:l’impact des plateformes d’innovation multi-acteurs

Publié le mercredi 27 février 2013 à 21h35min

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Quelques Résultats de l’expérience des producteurs de la Sissili

Au Burkina Faso, la recherche met au point des technologies qui, appliquées avec diligence produisent assurément un impact probant. Dans les lignes qui suivent, il sera décrit l’expérience de la promotion du maïs dans la Sissili par la création et le fonctionnement de plateformes multi-acteurs. Démarrée en Juillet 2008, cette expérience a eu un impact certain, comme le démontre éloquemment le tableau en encadré. En effet, l’expérience de la plateforme multi-acteurs mise en place, a permis, à la Fédération Nan Zwé (FNZ), ex Fédération provinciale des professionnels Agricoles de la Sissili (FEPPASI) , de passer d’une production moyenne de 1,5 tonne à l’hectare en 2008 à environ 4 tonnes à l’hectare (toutes variétés confondues) en 2011. Cela a induit une production totale estimée à près de 12 000 tonnes de maïs grain et 220 tonnes de semences. Ainsi en sus de l’autosuffisance acquise, la valeur de l’excédent grain et des semences commercialisées a dépassé, en cette année 2011 les 400 millions de francs CFA. Mais qu’est-ce donc les plateformes multi-acteurs et plus spécifiquement, les plateformes d’innovation ? Pour accéder à cette définition, il convient de situer le contexte et de faire la genèse de l’avènement des plateformes d’innovations. Il faut tout de suite admettre que les questions de développement sont généralement complexes. En effet, elles sont multidimensionnelles et dynamiques dans le temps. Les différents pays en voie de développement ont testé depuis quelques décennies plusieurs schémas de croissance, de progrès et de développement. Finalement, l’unanimité à ce sujet s’est faite, autour du rôle moteur de la recherche qui, par des techniques, de nouveaux produits et de nouveaux procédés mis au point, constitue un puissant ressort pour booster les économies. Cependant, il a été noté la faible valorisation des importants résultats générés par la recherche. Aussi, depuis le milieu des années 2000, le Forum pour la Recherche Agricole en Afrique (FARA) a proposé aux pays africains d’adopter la Recherche Agricole Intégrée pour le Développement (IAR4D en anglais). Elle est une alternative de Recherche/Développement, pour justement résoudre les problèmes complexes identifiés par un ensemble d’acteurs réunis autour d’une chaîne de valeur. Au Burkina Faso, le Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation a mis en œuvre, dans la province de la Sissili cette approche sur la filière maïs.

La chaîne de valeur du maïs, commence par la production du maïs grain en champ paysan, jusqu’aux utilisateurs finaux que sont les consommateurs en ville, en passant par les commerçants, les transporteurs et les transformateurs. Une plateforme multi acteurs a été mise en place pour prendre en charge, les questions critiques et les opportunités relatives à la promotion du maïs dans la zone de la Sissili.
Cette plateforme multi acteurs est constituée par l’ensemble des acteurs qui jalonnent la chaîne en ses différents segments : production, commercialisation, transformation, consommation.

La plateforme d’innovation sur la chaîne de valeur du maïs

La zone de la Province de la Sissili est une zone maïzicole au sud du Burkina-Faso. L’organisation de producteurs à l’échelle provinciale, la FNZ, produisait du coton et des céréales, principalement du maïs, qu’elle commercialisait habituellement avec des commerçants individuels de la capitale, Ouagadougou. Dans le but de promouvoir la filière maïs dans la zone, une analyse de la chaîne de valeur a été réalisée et les acteurs ont été ainsi identifiés. L’approfondissement du diagnostic participatif des contraintes et des opportunités a permis alors de retenir trois (3) points d’entrée sur la chaîne de valeur : la production, la commercialisation et la transformation. Aussi progressivement, trois plateformes d’innovation ont été mises en place avec les acteurs clés comme suit : La « plateforme production » : Elle est composée de la Fédération Nian Zwè (FNZ) ex Fédération Provinciale des Professionnels Agricoles de la Sissili (FEPASSI), l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), La Direction de la Vulgarisation et de la Recherche Développement (DVRD), la Direction Provinciale de l’Agriculture et de l’Hydraulique (DPAH) ; La Banque Régionale de Solidarité (BRS), le Comité Interprofessionnel des Céréales du Burkina (CICB), l’Association des Transformateurs de céréales du Burkina (ATCB), la Société Nationale de Gestion du Stock de Sécurité (SONAGESS) , l’Association Provinciale des commerçants de céréales, Radio FM Evangile-développement (RED/Léo) , l’Agence d’information du Burkina (AIB) et le Haut-commissariat de la province de la Sissili (le responsable politique). La « plateforme commercialisation » qui est composée de l’Association Provinciale des commerçants de céréales, l’Association des transporteurs de la Sissili, l’ATCB, la SONAGESS, l’Association des Aviculteurs de Ouagadougou, la DPAH, la BRS, la FEPASSI (actuel FNZ), le CICB, RED/Léo, l’AIB, Le Haut-commissariat de la Sissili (le responsable politique). La troisième plateforme est la « la plateforme transformation » qui, elle est composée de l’ ATCB , de la Centrale de Transformation des Produits Agricoles (CTRAPA), Djigui-Espoir, l’ Association Femme-Enfants plus, l’Etablissement Sapientia, la Société de Recherche et de Conception (SRC), les Distributeurs organisés dans la Céréalière du Faso (CERFAS), la FNZ ex FEPPASI, le CICB, le Réseau de Veille sur la Commercialisation des Céréales (RVCC), ECOBANK, l’INERA, le Département Technologies Alimentaires de l’Institut de Recherches en Sciences Appliquées et Technologies (DTA/IRSAT), Sidwaya (presse d’Etat).

Pour quels résultats ?

Après trois ans (2009-2011) de mise en œuvre, les acquis et résultats réalisées sont considérables. Il y a eu au total, 300 journées de visites commentées ; 12 émissions produites et diffusées en langues locales sur la radio RED/Léo ; 6 articles publiés dans le journal quotidien d’Etat « Sidwaya ». Les itinéraires techniques de la culture du maïs ont pu être maîtrisés par 74% des producteurs ; 2 variétés et 1 hybride ont largement été diffusées (Wari, Barka, Bondofa) ; une organisation de l’offre de maïs à commercialiser regroupée dans des magasins de coopératives à l’échelle communale, puis transférée au magasin central de Léo ; une amélioration la qualité du maïs exigée par les entreprises et les sociétés membres de la Plateforme, qui achètent le maïs comme la SONAGESS, l’ATCB, l’Association des Aviculteurs de Ouagadougou. Le corollaire de tout cela, est une plus grande force de négociation, qui assure un revenu plus incitateur pour les producteurs comme le montre le tableau en encadré. Ces actions ont transformé la FEPPASI, qui est passée d’un statut de producteurs pour l’autosuffisance alimentaire, à une fédération d’entrepreneurs agricoles d’où le non Nan Zwè qui signifie en langue locale Nouni : « la faim est finie ».

Les clés du succès de cette plateforme d’innovation multi-acteurs, peuvent être résumées comme suit : une plateforme d’innovations est constituée par plusieurs acteurs : organisations de recherche/ vulgarisation/ ONGs/ producteurs /associations, Société Civile/ Privées et les décideurs politiques. Désormais, ces acteurs coopèrent, communiquent, interagissent et partagent des objectifs communs pour appuyer collectivement les processus de développement des innovations. Ce qui, ainsi permet de renforcer les liens entre les acteurs économiques ; permet aux petits exploitants d’accroitre leur accessibilité aux innovations et aux marchés et permet enfin d’apporter de la valeur ajoutée. De ce qui précède, la conclusion logique qui vient à l’esprit, est que la Recherche, en changeant de paradigme, a permis de confirmer son rôle fondamental de levier du développement. Ce qui est en l’honneur du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation et de l’action gouvernementale tout entière.

Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation/Edité SIG
Service d’Information du Gouvernement/

Tél : 50-33-21-27 / Numéro Vert : 80-00-11-67 / E-mail : sig@cenatrin.bf

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