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MSF : "Avec notre millième malade, nous voulons encore voir plus loin". Bertrand Gagey

Publié le vendredi 24 décembre 2004 à 08h11min

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Le Projet Sida de Médecins sans frontières a fait des exploits au CMA de Pissy lors de la dernière réunion du comité de pilotage tenu le mercredi 22 décembre 2004. On a procédé à la présentation officielle du millième patient sous traitement ARV.

Nous avons rencontré le coordonnateur dudit projet, Bertrand Gagey, qui a bien voulu nous entretenir de leurs actions de prise en charge des PVVIH.

Voulez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

• Je me nomme Bertrand Gagey, je suis médecin depuis août 2004, je suis chargé d’organiser pour le compte de Médecins sans frontières la prise en charge des personnes vivant avec le VIH au sein du CMA de Pissy et du district.

Depuis combien de temps votre structure œuvre-t-elle dans notre pays ?

• Notre mission a commencé en 2001 et n’a cessé de grandir jusqu’à ce jour. La prise en charge des patients sous antirétroviraux a commencé en 2003. En décembre 2004, nous avons en charge 1000 patients qui bénéficient de ce traitement. La filactive, qui représente des malades qui doivent être mis sous ARV, est à l’heure actuelle de 2400 personnes. Ce qui veut dire que la tâche est immense et que des progrès doivent être réalisés dans les années à venir.

Quelle est la contribution des patients qui sont sous ce traitement ?

• Le principe pour MSF, c’est celui de la gratuité des traitements et prise en charge des PVVIH. Actuellement, nous avons un secteur d’action sociale qui travaille de façon importante pour faire le point de la situation financière des patients, et force est de constater que nous sommes à plus de 80% d’indigents. Néanmoins, par rapport à la contribution qui a été émise comme un soutien par le gouvernement et qui est de l’ordre de 5000 FCFA, certaines personnes qui disposent de moyens participent à concurrence maximum de 2500 FCFA par mois. Pour l’essentiel, le traitement est gratuit. L’argent récolté pour cette contribution est directement alloué aux fonds d’action sociale géré par l’Action sociale, qui vient donner un coup de main aux malades soit dans des compléments nutritionnels, soit dans des déplacements, nécessaires dans les examens complémentaires, soit dans la distribution des produits d’hygiène.

Pour un tel projet salutaire pour les malades du Sida, son exécution doit n’est-ce pas s’inscrire dans la durée ?

• En fait, on n’a pas de durée précise, le principe c’est que sur le plan d’action 2005-2006, on souhaite que la prise en charge, qui est pour l’instant centralisée dans le CMA de Pissy, puisse toucher tous les gens du district par l’intermédiaire du monde associatif. Nous travaillons avec 11 associations qui touchent aux PVVIH et avec lesquelles nous avons un contrat de partenariat. Et nous comptons ainsi étendre notre action aux CSPS et aux maternités pour, dans un premier temps, réaliser le dépistage du VIH et, plus tard, mettre en place des structures traitantes.

1000 malades sous ARV, c’est un vaste programme. Quelles pourraient être ses difficultés ?

• La principale difficulté, c’est que le passage en 6 mois de 600 à 1000 malades représente un investissement financier extrêmement important qui nécessite une réorganisation des services pour se mettre à l’échelle du nombre de personnes qu’on traite. Il faut donc un renforcement du partenariat de travail au niveau des structures du district et des structures gouvernementales de façon à ce qu’elles puissent contribuer financièrement à l’apport des ARV puisque ceux-ci constituent la principale source de dépense de notre projet. Je dirai volontiers que pour 100 F qui sont donnés, l’essentiel est qu’on puisse utiliser les 70 F en matière d’ARV.

Quelles sont les perspectives de votre mission ?

• Les perspectives en 2005 c’est de mettre en place un centre de consultation et de formation de qualité, avec une meilleure hospitalisation et des laboratoires fonctionnels à l’échelle d’un nombre que nous sommes en train de définir. La formation des agents de santé va surtout viser une bonne pratique des consultations pour les infections opportunistes. Avec l’appui des structures du ministère de la Santé et du comité ministériel de lutte contre le Sida, nous mettrons en place l’enseignement théorique pour une meilleure connaissance du VIH.

Quel commentaire pouvez-vous faire sur l’évolution de la pandémie dans notre pays ?

• Il est difficile d’avoir une appréciation précise de la prévalence et de la séropositivité en matière de chiffres puisque cela nécessite toutes les statistiques à travers tout le pays. Cela dit, on peut dire qu’à l’heure actuelle, on commence à avoir des idées précises sur le nombre des gens qui sont malades et de ceux qui requièrent le traitement par les ARV.

Quel appel voulez-vous lancer à la population d’une manière générale et en particulier aux malades du Sida ?

• Notre souhait est que chacun garde l’espoir, que les gens puissent accepter volontiers de subir le test pour savoir leur statut sérologique. Les malades doivent savoir que des structures sanitaires existent pour leur apporter un appui. Les structures gouvernementales et industrielles doivent mettre la main à la poche pour rendre le traitement accessible aux malades. A tous les niveaux et entre toutes les compétences de notre société, il doit s’établir une synergie d’actions pour faire face à ce mal et donner l’espoir de vivre à ceux qui en souffrent.

Propos recueillis par Abdou Karim Sawadogo
Observateur Paalga

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