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Affaire JC saisies" : Un préjudice de plusieurs centaines de millions subi par l’Etat

Publié le vendredi 24 décembre 2004 à 08h01min

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"1200 motos en situation irrégulière saisies dont 650 provenant de Mégamonde". Tel est le bilan non officiel (ces chiffres ont été communiqués par le directeur général de Mégamonde dans une interview accordée jeudi à l’Observateur) de l’opération menée mardi dernier par la douane appuyée des CRS et de la police municipale.

Un chiffre qui est loin de la réalité, car toutes les motos en situation irrégulière n’ont pu être saisies, mais qui illustre l’énorme manque à gagner, plusieurs centaines de millions que cette situation a pu causer à l’Etat.

Si les chiffres publiés par M. Basma de Mégamonde sont vrais, cela veut tout simplement dire que plus d’une moto sur deux saisies provient de sa maison.

Rapporté à la quantité de motos (30 000 JC), que cette maison aurait écoulées, selon son directeur commerciale, M. Bâ, on serait tenté de mettre Mégamonde hors de cause pour les désagréments subies par des usagers qui disent n’être pas encore en possession des documents de leurs engins. Mégamonde arguant même volontiers que ce sont ces derniers qui ne reviennent pas récupérer lesdits documents.

"Il ne nous faut pas plus d’un mois pour mettre tous les documents nécessaires à la disposition des clients", insiste même M. Bâ que nous avons joint mercredi matin au téléphone. Il était, nous a-t-il laissé entendre, à la douane pour récupérer les CMC (Certificat de mise en consommation) et les quittances des motos vendues en décembre.

Autrement dit, rassurait-il, un important lot de documents attendaient encore leurs propriétaires dans ses bureaux. Il pointait aussi du doigt des agents de sociétés, notamment la FIB qui ne faisaient pas beaucoup d’efforts pour récupérer les documents de leurs clients. En tout cas, soutenait-il, "Mégamonde est au-dessus de tout soupçon".

Et pourtant...

De nombreux témoignages que nous avons recueillis prouvent que la récupération des documents auprès de Mégamonde relève d’un véritable parcours du combattant.

"J’ai mis plus de 7 mois avant de disposer des documents de mon engin acheté auprès de Mégamonde", rapporte un travailleur de Sidwaya. Un autre indique avoir été contraint, après plusieurs mois d’attente et de va et vient, d’élever le ton avec les hôtesses de MEGAMONDE pour avoir les copies non légalisées des documents de son engin. Autrement, estime-t-il : "je serais encore en train d’attendre".

Mlle Go, Mme Ouédraogo, Mlle Zouré et M. Damé pour ne citer que ceux-là sont passés par la FIB pour acheter leur JC. Si pour M. Damé, cela fait en ce moment deux (02) mois qu’il poursuit les documents de son engin, les dames attendent les leurs depuis au moins le début du mois de juillet 2004. Or, Dieu seul sait combien de fois, ils sont allés les réclamer à la FIB. "On nous dit à chaque fois que c’est Mégamonde qui n’a pas transmis", clament-elles ensemble. Avec l’opération de saisie, elles veulent bien être satisfaites pour pouvoir se mettre en règle. Mais là aussi, au moment où nous étions de passage à la FIB, "elles n’étaient pas sûres d’obtenir gain de cause".

Plus tard, nous surprendrons une conversation téléphonique (mercredi soir) entre le directeur général de Mégamonde et le directeur général adjoint de la FIB où M. Basma annoncera avoir enfin récupéré tous les CMC et les quittances manquantes et invitait la Financière du Burkina à passer les récupérer. "J’ai déjà deux agents postés chez vous depuis le matin pour cela. Vous pouvez les leur remettre", conclura le DGA de la FIB. Il ajoutera que si les documents arrivaient, quelle que soit l’heure, les propriétaires concernés par la saisie, une centaine, pourraient les récupérer. "Pour nous, il est urgent de régler le problème de nos clients afin de préserver la réputation de notre établissement", nous confiera-t-il ensuite avant de prendre congé de nous.

Poursuivant nos investigations, nous apprendrons qu’un contrat lierait le FIB à Mégamonde dans le cadre de l’opération JC. Un contrat qui stipulerait que Mégamonde livre les motos avec les accessoires et tous les documents légalisés. Ce qui éviterait bien des désagréments aux clients de la FIB. Il semble que ces dispositions n’aient jamais été respectées par Mégamonde pas plus que la fourniture de toutes les motos commandées. Ce qui expliquerait les difficultés de la FIB à honorer les délais de livraison auprès de ses clients. Une situation dénoncée parfois très énergiquement par les clients frustrés.

Alors, à quoi joue Mégamonde ?

Alors, à quoi joue Mégamonde dans cette affaire ? Beaucoup de choses accablent cette société qui, au lieu de poursuivre son matraquage médiatique, devrait mettre de l’ordre dans ses affaires car il y va de son avenir.

Sa responsabilité est engagée car elle pouvait prendre toutes les dispositions utiles afin que toute moto qui quitte ses boutiques le soit dans les règles de l’art. Elle annonce du reste, cette possibilité pour 2005.

En attenant, elle pourrait s’excuser auprès de ses clients qui, par sa faute, sont frappés de pénalités allant de 12 500 FCFA à 180 000 FCFA selon les cas. Cela atténuerait au moins, la rancœur des uns et des autres car nous n’avons pas compris pourquoi Mégamonde a boudé la rencontre de médiation qui a regroupé mercredi 22 décembre, la FIB, la DTTM, la Direction des valeurs de la douane, la police municipale de Ouagadougou et le chef de corps des CRS. Peut-être que sa présence aurait pu militer en faveur des malheureux usagers qui ne sont pas tous coupables de négligence. Cette rencontre n’a, en effet, pas abouti puisque les amendes demeurent et ceux qui ne régulariseront pas leur situation dans un délai de quatre (04) mois, verront leurs motos vendues aux enchères. Alors Mégamonde gagnerait bien à faire un signal fort...

Au moment où nous écrivions ces lignes, de nombreux clients cherchaient encore à rentrer en possession des papiers de leurs motos.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
Sidwaya

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