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Eugénie Rokia AW, consultante et enseignante au CESTI de Dakar : « Les images choquantes dans les médias relève de la question déontologique »

Publié le mercredi 6 février 2013 à 19h43min

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Eugénie Rokia AW, consultante et enseignante au CESTI de Dakar : « Les images choquantes dans les médias  relève de la question déontologique »

Ancienne directrice du Centre d’études en sciences et techniques (CESTI) de Dakar, consultante internationale dans le développement du leadership des jeunes, spécialiste en médias, conflits et sécurité en Afrique de l’Ouest, Eugénie R. AW vient de séjourner au Burkina dans le cadre de ses activités. Dans l’entretien ci-dessous qu’elle a accordée au Faso.net, Madame AW revient sur la question d’« images choquantes » dans les journaux burkinabè, la vitalité des fora de discussions dans les médias en ligne et, bien entendu l’objet de son séjour au pays des hommes intègres.

Présentez-vous aux lecteurs du Faso.net ?

Je suis Eugénie Rokia AW. Ma première profession a été d’être journaliste pendant plus de 25 ans dans le quotidien national sénégalais et dans un hebdomadaire ouest-africain catholique qui s’appelait Afrique Nouvelle. Et par la suite, j’ai pu participer à un certain nombre d’associations de journalistes. L’un de mes liens avec le Burkina, c’est d’avoir appuyé la mise en place de l’association nationale de l’APAC (Association des professionnelles africaines de la communication).

Autrement, par la suite, j’ai eu à diriger pendant six ans (2005-2011) le Centre d’études en sciences et techniques de l’information qui est l’école de formation en journalisme de l’université Cheick Anta Diop de Dakar. Actuellement, je continue à assurer mes cours au CESTI, je fais de la consultation et je travaille avec différentes organisations en particulier dans le développement du leadership des jeunes. Mais le domaine dans lequel je me suis spécialisée, c’est la question des médias, des conflits et de la sécurité en Afrique.

Qu’est-ce qui justifie votre séjour au Burkina en ce moment ?

Je collabore avec une institution qui s’appelle Ouest African Research Center. Et, cette institution qui se trouve à Dakar valorise la recherche endogène auprès des jeunes chercheurs, des chercheurs ouest-africains, mais travaille également avec les universités américaines, autant au niveau du corps enseignant que des étudiants pour mieux faire connaître le Sénégal, l’Afrique de l’Ouest auprès des universités qui s’intéressent à l’Afrique.

Depuis quelques années, Ouest- African Rechearch Center facilite un certain nombre de programmes financés par le département d’Etat américain via l’Etat du Sénégal. Il y a eu deux gros programmes. Un premier programme qui s’appelait initiative de Paix en Afrique de l’Ouest favorisait la recherche auprès des jeunes chercheurs sur les questions de conflits mais aussi sur les résolutions de crise, mais également favorisait la formation des journalistes en l’Afrique de l’Ouest dans le domaine médias, conflits et sécurité en Afrique de l’Ouest.

Par la suite, nous avons eu la chance d’aller rencontrer nos collègues de la Côte d’Ivoire pour travailler avec eux sur la question de contenus, la manière dont ils percevaient la profession et sur la nécessité d’avoir beaucoup de solidarité, beaucoup de professionnalisme, la nécessité de distinguer tout ce qui est partisan du journalisme professionnel et la nécessité également de respecter les règles d’éthique et de déontologie qui sont les nôtres dans la profession.

Depuis l’année dernière, un autre projet de formation de jeunes leaders Ouest-africains a été mis en place. C’est un programme qui a permis à 11 jeunes leaders qui ont des projets de développement dans les pays d’où ils viennent de se retrouver. Et Monsieur Touwendinda Zongo qui est le directeur de Publication du journal Mutations a été une des personnes sélectionnées parmi ces 11 jeunes avec le projet Mutations. L’idée c’était de leur offrir deux mois de formation dans tous les domaines de la gestion, du leadership, du développement personnel, de la citoyenneté ; leur permettre également de rencontrer des personnes qui sont dans le même type d’activités pour renforcer le travail qui est fait, mais également pour assurer la pérennité de ce travail.

Moi, je suis intervenue sur la formation. Je suis avec deux collègues, Mariane Niane qui a travaillé sur l’administration de ce projet d’une manière générale et puis Samira Kéita qui est nigérienne mais qui travaille en Côte d’Ivoire qui, elle, a participé au comité de sélection de ces jeunes.

C’est dans ce cadre-là que nous sommes ici pour voir comment ça fonctionne, rencontrer l’équipe de Mutations et nous assurer qu’effectivement la formation qui a été donnée est appliquée ou est en début d’application.

Votre séjour vous a sans doute permis de jeter un regard de professionnel sur la presse burkinabè, quelle appréciation pouvez-vous en faire ?

Je voudrais dire qu’il y a une très grande vitalité de la presse burkinabè, que ce soit la presse écrite ou la radio. Je constate également qu’il y a maintenant une vision multiple de la télévision, ce qui n’était pas le cas auparavant. On se rend compte également au niveau du professionnalisme qu’il y a de plus en plus de personnes qui sont formées, aussi il y a des institutions de formation.

Egalement, ce qui est important, c’est de voir que de plus en plus des institutions se mettent en place pour essayer de faire en sorte qu’il y ait plus de professionnalisme, qu’il y ait des instances qui soient en mesure de juger du professionnalisme, je pense en particulier aux instances de régulations. J’étais très contente d’apprendre qu’il y a une instance d’autorégulation qui se met en place. L’instance d’autorégulation est importante parce que je pense qu’elle est le degré ultime de la conscience que les journalistes ont de leur profession puisque c’est des pairs qui jugent leurs propres pairs. Et ça veut dire qu’on regarde dans la même direction en termes de règles, en termes de respect de notre public, de nos lecteurs, de nos auditeurs. Donc, je pense que c’est une presse très prometteuse.

Mais comme toutes les presses surtout en Afrique francophone, elle a un certain nombre de tares. Il y a des problèmes de précarité. Donc, on a besoin de faire des gros titres pour vendre quelques fois au détriment de l’objectivité ou en tout cas de la route vers l’objectivité, au détriment de la vérité parfois. Je pense également, et c’est peut-être la différence entre la presse sénégalaise et la presse burkinabè, qu’on n’est pas encore forcément sorti de l’idée de presse de parti. On pense quelques fois qu’on peut conjuguer une presse strictement professionnelle avec une presse de parti, alors qu’une presse de parti a des objectifs bien déterminés à savoir le développement du parti, le développement des idées du parti. Et je pense qu’ici, il y a encore la presse tournée vers la parole militante.

Je pense qu’on peut être journaliste et être engagé, mais je crois qu’il y a un certain nombre de règles de la profession à respecter. C’est pour ça qu’on parle de déontologie du journaliste et des médias. Et, c’est peut-être un péché relativement burkinabè. Je ne parle pas d’une presse qui tombe vraiment dans les tares qu’on connait dans d’autres pays. Je parlais de la Côte d’Ivoire où c’est ouvertement aligné et qui justifie son alignement, qui se réclame d’ailleurs de cet alignement et qui fait une presse où il y a ce qui est bien, ce qui est mal, il n’y a jamais de zone d’ombre, jamais de nuance.

Mais, je pense qu’on est encore beaucoup dans cette vision d’une presse militante qui doit éduquer les populations. On est là pour donner l’information, on n’est pas là pour faire à la place des populations. Notre rôle, c’est d’appuyer le développement de la démocratie et de la citoyenneté en faisant en sorte que les populations aient les informations, qu’elles soient éclairées par ces informations parce que ces informations sont justes, sont objectives, sont vraies, ont été vérifiées. Un citoyen n’écrirait pas une information qui respecterait les règles de ce qu’est l’information dans le journalisme.

On reproche aussi à la presse burkinabè de faire beaucoup dans l’institutionnel, l’avez-vous constaté aussi ?

Je pense qu’on a un héritage, l’héritage c’est ce qu’on dit maintenant les médias publics mais qui ont été des médias étatiques au moment où il y avait un journal, une radio, une télévision et qui était la voix de son maître. La transition vers les médias publics est une transition difficile, on n’est pas encore arrivé à ce média public. Mais, je pense qu’il y a beaucoup de changement. Je dis souvent que je préfère mettre de côté la télévision qui est un phénomène beaucoup plus spécifique. Mais quand on regarde à la fois la radio et la presse écrite, on se rend compte qu’en dépit de ces tares de cette presse-là, il y a quand même une volonté de diversification et de pluralité.

Maintenant, il y a aussi toute l’éclosion de la presse privée. Si on parle de presse institutionnelle, si on parle de presse d’Etat, cette presse gouvernementale, oui c’est vrai cette presse existe toujours et c’est vrai qu’elle est prise avec cette volonté de cette parole de l’Etat, cette parole du gouvernement mais encore une fois de plus, il y a une volonté de changement, une volonté d’avoir plus de dynamisme au niveau de cette presse-là. Maintenant, il y a aussi une presse de parti qui peut être alignée sur des partis, qui peut être dite presse institutionnelle. C’est ce dont je parlais tout à l’heure.

Mais, il y a tout le vaste champ de la presse privée qui répond à des dynamiques différentes. Pour certains, ce sont des dynamiques de profit, mais je pense quand même qu’au-delà d’une presse institutionnelle, il y a une presse professionnelle qui essaie de répondre aux impératifs de l’information et qui quelque fois peut être bloquée par le fait qu’au niveau de nos Etats, il est difficile d’avoir un certain nombre d’informations. Il y a une culture administrative qui fait qu’il faut que ce soit le chef qui donne l’information. S’il n’a pas parlé, tout le monde a peur de dire quelque chose qui pourrait toucher sa position au niveau de l’institution. Donc, c’est vrai qu’il y a encore cette difficulté pour les médias.

Maintenant, je dis que c’est bien de parler, d’avoir une presse institutionnelle, mais je crois qu’il y a aussi une presse qui n’est pas institutionnelle. Il y a certains qui ont décidé de vendre et généralement pour vendre, on exploite les plus mauvais côtés de l’opinion publique, de nos lecteurs, de nos auditeurs, de nos téléspectateurs. Et cette presse-là sait délibérément ce qu’elle fait. Maintenant la question est de savoir comment les organes de régulation ou d’autorégulation interviennent pour faire en sorte qu’on puisse faire respecter les règles du journalisme.

Du 17 au 24 décembre dernier, un quotidien burkinabè a été suspendu pour avoir publié des images choquantes, actuellement le CSC vient de réagir à une publication par un bimensuel burkinabè d’images soit disant choquantes encore, qu’est-ce qu’il faut entendre par images choquantes en tant qu’enseignante et consultante ?

Vous dites soit disant, il se trouve qu’on peut utiliser différents qualificatifs. J’ai vu ces images.

Et qu’est-ce que vous en pensez ?

J’avoue que ce n’est pas professionnel. Au niveau de la profession, on a une règle qui est le respect des personnes auxquelles on s’adresse, le respect du téléspectateur, le respect de l’auditeur, le respect du lecteur. Ça veut dire que ça induit que le journaliste ait une responsabilité sociale et la responsabilité sociale ce n’est pas de montrer pour que ça ne se reproduise plus, en montrant ça peut faire que ça se reproduise à l’infini. Ça c’est une chose.

Une deuxième chose, c’est que normalement dans les règles du journalisme, on a le respect de l’intégrité des personnes. Montrer des personnes telles qu’elles ont été montrées y compris des femmes et des enfants, ce n’est pas respecter ce qu’est l’intégrité d’un être humain. Même culturellement, je trouve étrange que des journalistes du Burkina Faso (où que ça se fasse ailleurs en Afrique), des journalistes puissent produire ces genres d’images. Ce sont des images où au minima, il faut flouter les visages. Les visages ne sont pas floutés. Vous, vous sentez la détresse des familles qui se sentent complètement dépossédés des corps de leurs familles ? Il y a des enfants, en plus ils sont nommés dans les journaux. Les règles élémentaires universelles de journalisme ne permettent pas ces genres de choses. Je dis et je reprends sur la responsabilité sociale du journaliste.

Un autre élément, le journaliste doit veiller à l’impact de ce qu’il montre ou de ce qu’il écrit, faire en sorte autant que faire se peut de favoriser la justice, de favoriser le règlement par les instances appropriées et non pas éventuellement de provoquer la vengeance, de provoquer encore plus de ressentiment, de haine entre les communautés. Ce n’est pas le rôle du journaliste. Le rôle du journaliste, c’est vraiment de réfléchir à faire en sorte qu’il soit développeur de citoyenneté, développeur de responsabilité au sein des communautés. Il n’est pas là pour faire justice, ce n’est pas son rôle. Je pense effectivement que les images choquantes relève de la question déontologique ; qu’il y a un certain nombre de normes élémentaires qui, de mon point de vue, n’ont pas été respectées.

Pour certains, la manière dont ils sont venus au journalisme font qu’ils montrent des photos en étant de bonne foi. Ils doivent apprendre en ce moment-là les règles du journalisme. Et pour ceux qui le font de manière intentionnelle, de mon point de vue, il y a des sanctions qui doivent s’appliquer à ce type de comportement. On ne peut pas se permettre ainsi de dévoyer ce qu’est notre métier. On a vu l’incidence de ce type de comportement, de ce type de rhétorique dans d’autres pays.

Au Niger, lorsqu’on a fait la formation sur les médias, les conflits et la sécurité, on a eu le cas de certains collègues qui ont dit : oui, on a été témoin des massacres perpétrés par l’armée ou par d’autres groupes, mais de manière délibérée, on a refusé de montrer ces images là parce qu’on savait ce que ça pouvait provoquer au sein de la communauté. Il y a une manière de donner l’information qui n’entraine pas des conséquences quelques fois irrémédiables. Ce n’est pas en montrant des corps qu’on fait forcément la meilleure information.

Donc, je dis deux choses : nous sommes des responsables et la responsabilité veut qu’on évalue les conséquences. Et s’il y a des conséquences extrêmement mauvais, dans ce cas-là, on prend la décision appropriée. Mais, il y a également des règles qui s’attachent à la dignité des personnes. Et ça je pense que c’est une atteinte grave à la dignité des personnes qui ont été montrées.

Je rappelle qu’on critique beaucoup les occidentaux quand ils montrent certaines images de l’Afrique. On les critique mais on fait exactement la même chose. On montre le corps de nos gens. Eux ne montrent pas les corps de leurs morts. N’empêche que ces morts sont bien morts, et quelques fois dans des circonstances terribles. Mais, ils ne les montrent pas parce que c’est au-delà même de la dignité des personnes, c’est l’image de notre communauté qui est en cause, c’est l’image de notre pays qui est en cause, parce que également, ça démoralise.

C’est dire qu’il appartient au journaliste de dire ce qui s’est passé, pourquoi ça s’est passé, de montrer les causes profondes qui existent au sein de ces communautés, de montrer jusqu’où ça va, jusqu’où ça peut aller en termes de dignité humaine. Mais, on peut parler, nous sommes des africains, nous sommes des maîtres de la parole. Du moment où nous sommes des maîtres de la parole, nous pouvons être des maîtres de l’écrit sans avoir besoin de voir ces images-là.

Voilà ce que je voulais partager avec vous. Encore une fois, je pense que des personnes le font sans vraiment avoir l’intention de nuire. Donc, il faut vraiment que ces personnes soient éduquées aux règles du journalisme. Il y a peut-être des gens qui le font de manière intentionnelle, mais je ne sais pas, je ne peux pas les juger, je ne connais pas suffisamment le dossier. Mais en même temps, je pense qu’il faut qu’on puisse faire respecter à travers les institutions de régulation et d’autorégulation les règles du journalisme.

Actuellement, tous les journaux se mettent à l’heure des TIC, notamment avec des forums de discussions intégrés. En tant que spécialiste des médias, comment appréciez-vous la vitalité de ces différents forums de discussion dans la presse burkinabè ?

C’est vrai qu’Internet est venu même bouleverser les règles du journalisme telles que nous les connaissions. Il y a un enseignant qui disait qu’on n’a même plus le droit à l’oubli puisque si vous postez quelque chose sur quelqu’un sur Internet, ça va rester. Tout le monde peut le lire dans le monde entier, avec une vitesse extraordinaire. Aujourd’hui, on se demande même qui est journaliste et qui ne l’est pas. L’internaute peut poster des informations. On parle beaucoup du journalisme citoyen avec les blogs, etc.

Lorsqu’on développe ces types de technologies pour renforcer les médias, ça veut dire qu’il y a beaucoup plus de gens qui ont accès à l’information et même qui peuvent interagir par rapport à l’information avec une grande rapidité. C’est le cas du tchat. Je ne suis pas allée regarder le contenu des autres journaux, j’ai seulement regardé votre site (ndlr : lefaso.net). Ce qui m’impressionne ici, c’est que la question de la modération fait partie de la mise en place de toutes les structures qui intègrent les technologies de l’information et de la communication. Ce n’est pas le cas au Sénégal.

De ce que j’ai vu, je pense qu’il y a meilleure prise en compte de l’encadrement des tchats, des réactions des communautés, des internautes par rapport aux articles des journaux, par rapport aux informations. Je sais aussi qu’il y a des choses qui passent en dépit de ça. Mais, c’est aussi une manière d’avoir de manière beaucoup plus rapide, plus direct, l’avis des gens sur la manière dont on fait l’information.

Avec les TIC, est-ce qu’il ne faut pas finalement revoir la formation dans les écoles de journalisme ?

C’est clair, il le faut impérativement. Il y a deux éléments qu’il faut intégrer obligatoirement dans la formation. C’est l’éthique et la déontologie. Il faut vraiment s’assurer que dans les écoles de formation, que des praticiens viennent dans les écoles débattre avec les étudiants, les futurs journalistes. Il y a aussi la question des TIC qui doivent être systématiquement intégrées à la formation. Il ne faut pas que ce soit quelque chose de résiduel, d’épisodique. Il faut vraiment que ce soit intégré à la formation et que dans les financements, on intègre la nécessité non seulement d’avoir le matériel, d’avoir le personnel formé, d’avoir les ressources humaines mais également d’avoir des infrastructures qui puissent intégrer la dynamique des TIC. Et qu’on devienne familier et que ça fasse partie de notre culture en tant que journaliste. C’est impératif. Ça permet aussi de régler un problème, c’est le rapport des relations entre le Nord et le Sud. A partir du moment où nous arrivons à maîtriser ces outils-là, on peut plus facilement avoir accès au large marché du Nord en termes d’informations.

Avec l’évolution technologique, ne faut-il pas craindre que le cyber-journalisme finisse par tuer le journalisme traditionnel ?

Je suis allée dans une télévision et ils travaillent maintenant avec des JRI (journalistes reporters d’images). Ça veut dire que sur le plan des questions d’emplois, ça va poser des problèmes puisque ces journalistes vont avec leurs motos, ils sont en même temps cameramen, éclairagistes, monteurs et rédacteurs. Une personne combine trois ou quatre métiers à la fois. C’est vrai que ça crée un certain nombre de problèmes, ça tue la presse écrite parce qu’il y a beaucoup d’informations sur le Net, peut-être pour l’instant en Afrique nous sommes préservés. Je pense qu’il faut qu’il y ait une réflexion renouvelée sur la profession.

Et ça, c’est l’une des choses qui devraient être instituée ici, des espaces de réflexions pour regarder la profession dans son avenir, pour mettre un peu plus de formation continue pour les journalistes qui sont déjà en activités, pour reformer un tout petit peu les contenus des programmes de formation. Il y a tout un chantier qui existe et qui permet à la presse d’avancer et que ceux qui ne comprennent pas la presse puissent comprendre comment la presse fonctionne, d’être plus ouverts aux journalistes mais aussi permettre à la presse d’être beaucoup plus professionnelle et d’anticiper sur les développements à venir.

Interview réalisée par Moussa Diallo
Lefaso.net

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