LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Actu vert ! Les lampes à pétrole nocives pour la santé et l’environnement

Publié le mardi 5 février 2013 à 13h09min

PARTAGER :                          
Actu vert ! Les lampes à pétrole nocives pour la santé et l’environnement

Au Burkina Faso comme dans la plupart des pays en développement, le difficile accès à l’énergie électrique fait que la lampe à pétrole est très utilisée. Pourtant, on commence à bien connaître les effets néfastes des particules fines et l’un de leurs composants, le carbone suie ou « black carbon ». Fruit d’une mauvaise combustion, ce dernier est doublement nocif. Les particules qui en sont chargées sont, non seulement dangereuses pour la santé, mais ont également un pouvoir réchauffant qui s’ajoute à celui des gaz à effet de serre (CO2, méthane…), même si les mécanismes à l’œuvre sont différents. La toute dernière étude publiée dans la revue Environmental Science & Technology ne fait qu’enfoncer le clou.

Elle souligne qu’en plus des émissions de carbone suie dues au trafic routier, aux poêles à bois, aux centrales à charbon, aux feux de forêt ou aux fours à brique, il faut ajouter une pollution largement sous-estimée : celle liée aux lampes à kérosène utilisées par des centaines de millions de personnes dans les pays en voie de développement pour s’éclairer. Des scientifiques américains, en collaboration avec le département chinois de contrôle de la pollution estimaient, dans la revue Atmospheric Environment, à 1342 gigatonnes, les émissions de la seule Chine (avec de grandes marges d’incertitudes) pour l’année 2001. Les lampes, quant à elles, seraient, selon les chercheurs de Berkeley, responsables de 270 gigatonnes, soit « un niveau équivalent à celui de l’industrie maritime », souligne un article de la revue Chemical & Engineering News.

Des chercheurs à l’Université d’Illinois et à l’Université de Californie, à Berkeley, ont achevé cette nouvelle analyse des émissions produites par des lampes qui sont largement utilisées dans les zones du monde en développement n’ayant pas de réseau électrique. Un communiqué de presse de l’Université d’Illinois explique que les chercheurs ont constaté que les lampes à pétrole à mèche libèrent 20 fois plus de carbone noir que l’on croyait auparavant. Jusqu’à présent, les scientifiques faisant le calcul des émissions mondiales n’ont pas prêté beaucoup d’attention aux lampes à pétrole en raison de la faible quantité de carburant utilisée dans chaque lampe, par rapport aux sources évidentes : la flotte mondiale de transport, les générateurs électriques et la déforestation, par exemple.

Les nouvelles recherches révèlent que l’impact, à court terme des émissions de kérosène, totalisant pas plus d’un kilogramme, peuvent persister dans l’atmosphère pendant deux semaines. Les alternatives sont accessibles et peu coûteuses. Les lampes LED chargées par des panneaux solaires, deviennent de plus en plus populaires. « Se débarrasser des lampes à pétrole peut sembler n’être qu’un petit pas à prendre sans conséquences », a déclaré l’auteur principal de l’étude, Nicholas Lam, étudiant de troisième cycle à l’Université de Californie, à Berkeley, « mais lorsque l’on considère l’impact collectif de centaines de millions de ménages, il s’agit d’un geste simple qui affecte la planète ».

De plus, ce sera bénéfique pour la santé. De nombreuses études dénoncent le rôle des microparticules comme accélérateurs des décès. Dans une recherche menée au Népal, les scientifiques de Berkeley ont montré que les femmes ayant déclaré avoir utilisé les lampes à pétrole, avaient un taux de tuberculose 9,4 fois plus élevé que celles qui s’éclairaient autrement. Il y a également que moins de suie dans l’air permettrait également d’éviter des pertes de récoltes d’environ 30 millions de tonnes chaque année, estiment les scientifiques. Ce sera ensuite très favorable pour le climat. D’autant plus favorable que, à la différence du CO2 qui stagne une centaine d’années dans l’atmosphère avant de disparaître, le carbone suie ne reste que quelques jours, au plus, quelques semaines. En diminuant les émissions, on agit immédiatement.

Mais pour cela, il faut que les Etats des pays en développement prennent les décisions qui s’imposent pour promouvoir davantage des sources d’énergie renouvelables, tel que l’utilisation du biogaz avec le biodigesteur, les lampes solaires…c’est à ce prix, que nos populations pourront s’éclairer dignement et du même coup, protéger l’environnement.

Raphaël KAFANDO

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Déchets plastiques : Ces « voisins » qui nous envahissent