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Drissa Malo Traoré alias Saboteur : « Le Burkina compte aussi parmi les grandes nations de football en Afrique »

Publié le mardi 29 janvier 2013 à 23h33min

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Drissa Malo Traoré alias Saboteur : « Le Burkina compte aussi parmi les grandes nations de football en Afrique »

Très peu bavard mais fin connaisseur du football, Drissa Malo Traoré alias Saboteur n’est plus à présenter au public sportif burkinabè. Plusieurs fois entraineur de l’équipe nationale du Burkina puis de plusieurs autres clubs africains, Drissa Malo Traoré alias Saboteur parle en toute clairvoyance de la prestation des équipes à la Coupe des Nations de football (CAN). Il parle également des chances des Etalons dans cette compétition. Lisez plutôt !

Lefaso.net : En tant que technicien de football, quelle appréciation faites-vous de la CAN ?

Drissa Malo Traoré : Le niveau général de la compétition est moyen par rapport aux CAN précédentes. Parce que les équipes qui émergent du lot ne dépassent pas cinq. Il s’agit notamment de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Ghana, de l’Afrique du sud, etc.

En allant avec la défaveur des pronostics, le Burkina a réussi à arracher le nul face au Nigeria. Qu’est-ce qui a permis au Burkina de réaliser cette performance ?

Dire que le Burkina n’était pas favori face au Nigeria est de l’appréciation des supporters. Sinon pour les spécialistes, le Burkina avait aussi ses qualités. Depuis 2006, la génération actuelle a fait un parcours important. Les joueurs ont acquis beaucoup d’expérience. Le noyau de cette équipe avait battu, lors de son premier match en 2006, le Sénégal, 1-0. Depuis lors le groupe n’a fait que progresser aussi bien en équipe nationale qu’au niveau des clubs. Si bien qu’aujourd’hui, nous avons un nivellement de valeurs qui permet au Burkina de s’imposer au plan continental. Il reste seulement à travailler les joueurs sur les plans mental, psychologique et environnemental.

Après les nuls face à la Centrafrique en éliminatoires de cette CAN et au Nigeria lors du premier match de pool, peut-on dire que l’équipe a mentalement des ressources ?

C’est ce que j’étais en train de dire. Mais j’insiste sur le plan mental parce qu’aujourd’hui l’équipe est à un bon niveau sur les plans technique, physique et tactique. Le mental est chez un sportif ce qu’est la batterie dans une voiture. Il faut souvent renouveler son mental. Parce qu’il faut l’adapter à l’environnement et aux défis à relever.

Dans cette équipe, vous avez donné à des joueurs comme Jonathan Pitroipa, Paul Koulibaly et bien d’autres, leur chance à l’équipe nationale. Etes-vous satisfait de leur rendement ?

S’il y a quelqu’un qui doit être heureux en voyant ces enfants jouer, je pense bien que ce doit être moi. Parce que c’était contre vents et marées que j’ai fait jouer ces enfants face au Sénégal. Je me rappelle encore que lorsque l’équipe a fait son entrée sur la pelouse, des supporters m’ont traité de fou pour avoir aligné des enfants. Mais j’ai tenu parce que j’avais foi que ces enfants allaient apporter quelque chose de beau à notre pays. Pour cela j’ai voulu faire leur promotion. Et aujourd’hui, j’ai une satisfaction morale parce que ce potentiel humain est une richesse qu’on ne peut pas quantifier. Tenez ! J’ai même fait venir pour la première fois Abdoul Razack Traoré à l’équipe nationale du Burkina. Je l’ai découvert lorsque j’étais allé voir Issouf Koné à Rosenborg. J’ai aussi fait venir Koffi Mohamed à l’équipe nationale. Je suis donc un des éléments qui ont contribué à les faire venir à l’équipe nationale.

Annoncé comme le match de pool le plus difficile pour le Burkina, les poulains de Paul Put l’ont finalement remporté par 4-0 face à l’Ethiopie…

Oui. C’était grâce au coaching. Parce que le match s’est joué en 2 phases. Dans la première partie du jeu, l’équipe a joué avec un attaquant de fixation. Dans ce rôle, les couloirs étaient contraints de faire des centrages sur l’attaquant de fixation. Aristide Bancé s’est battu comme il pouvait. Les milieux et les couloirs jouaient en fonction de l’avant-centre de fixation. Mais lorsque le gardien a été expulsé, la stratégie a changé. L’équipe ayant été obligée de se séparer de son avant-centre de fixation, devait maintenant jouer le football de bloc composé de flux et de reflux. C’est ainsi que Pitroipa et Alain Traoré se sont retrouvés aux avants postes. Mais comme ils sont des milieux, ils ont joué en mouvement. Ce qui a fait que la défense éthiopienne n’arrivait plus à les contrôler. Cela a permis aux autres milieux qui créaient le surnombre de scorer. Je trouver que cette stratégie a mieux payé que la première.

Pensez-vous que le coaching a été bien maîtrisé lors de ce match ?

Le coaching était bien mais la stratégie s’est imposée à nous. Parce qu’il fallait trouver un remplaçant au gardien et l’entraineur a choisi de sortir un avant-centre. Mais l’avantage était comme tous les joueurs sur le terrain, hormis Paul Koulibaly et Bakary Koné, sont tous des milieux de terrain de formation. Et il était difficile pour l’Ethiopie de surprendre le Burkina. Cette technique est même préconisée pour les équipes. C’est la raison pour laquelle il est difficile de battre une équipe, comme Barcelone FC, qui aligne près de 5 milieux de terrain.

Pensez-vous que cette technique pourrait être bien face à la Zambie ?

Cela relève des prérogatives de l’entraineur parce qu’il met en place son équipe en fonction des matériaux qu’il a. S’il estime que ses milieux de terrain peuvent lui donner satisfaction pour ce match, il peut opter pour ce système. Mais je pense que s’il garde le même dispositif en ajoutant juste Abdoul Razack Traoré, la Zambie ne pourra pas prendre nos enfants. On pourra ainsi les promener sur le terrain et marquer un but. Mais si nous avons une attaque statique, la défense adverse jouera à l’aise et tentera même de nous créer des problèmes. Comme on le dit : « A quelque chose malheur est bon », je pense que l’expulsion du gardien a permis à l’entraineur de découvrir une autre force de l’équipe.

Peut-on déjà dire que le Burkina est qualifié ?

Dans notre pool, hormis l’Ethiopie, toutes les autres équipes se talonnent. Sur le plan mathématique, nous sommes en tête avec 4 points. Mais sur le plan scientifique, les choses restent corsées. Parce que notre dernier match est plus capital que celui contre l’Ethiopie. Nous avons besoin de grimper la dernière marche des escaliers vers la qualification. Mais la Zambie, championne en titre, ne voudra pas se laisser humilier en se faisant éliminer en phases de pool. Pour cela, ils jetteront toutes leurs forces dans la bataille. Pour cela, il va falloir que le Burkina joue comme s’il voulait gagner. Cela va obliger l’adversaire à moins s’engager. Sinon en optant pour un nul, nous risquons de subir la pression des Zambiens et toutes les actions dangereuses du jeu vont se dérouler dans notre camp. Pour éviter cela, il va falloir attaquer.

Après les différents matchs, avez-vous déjà identifié des individualités qui sortent du lot ?

Certains joueurs sortent en tout cas du lot. J’ai pu identifier Alain Traoré, Jonathan Pitroipa, Yaya Touré, Emmanuel Emeniké et le N°17 zambien.
Au niveau des stratégies de jeu, il y a eu plusieurs variantes. Des équipes ont évolué en 4-4-2, d’autres ont préféré le 3-5-2. Il y a aussi eu le 4-5-1 et le 4-3-3. Il faut aussi noter que sauf le match du Burkina face à l’Ethiopie, il n’y a pas eu beaucoup de buts. C’est parce que presque toutes les équipes ont opté dans la phase de reconquête des balles pour un regroupement de 10 joueurs, le gardien y compris, dans leur moitié de terrain.
Les conditions atmosphériques ont aussi été des meilleures et cela a permis d’améliorer la qualité de jeux du Burkina.

Un mot sur l’organisation…

La CAN est très bien organisée. Cela est dû peut-être au fait que l’Afrique du sud est habituée à l’organisation de ces types d’évènement.
Au plan national, je constate qu’il y a eu une mobilisation de la population autour de l’équipe nationale. Je remarque que l’esprit qui a été créé par le ministre des sports et loisirs est très bien. Je le félicite pour cela. En plus, il a ratissé large en faisant en sorte que beaucoup de gens fassent le déplacement de l’Afrique du sud pour soutenir l’équipe. Il est un bon manager et un très bon psychologue parce qu’il a mis chacun devant ses responsabilités et son devoir de patriotisme. Et le rôle qu’il a joué n’a pas de prix. Pour cela, il faut féliciter et remercier le ministre qui a pris cette initiative. Il a bien fait et je pense qu’il faut le dire maintenant.

Jacques Théodore Balima
envoyé spécial
Lefaso.net

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