Lefaso.net : Vous avez mis sur le marché discographique un album baptisé « Albinos ». Que peut-on découvrir dans cet album ?

L’album compte 13 titres. « Echanges culturels », chanté en collaboration avec un allemand, est en deux versions. On retrouve dans l’album, le groupe Humaniste dans le titre « ta voix et la mienne ». J’ai aussi enregistré un morceau, « beautiful lady » dont l’auteur du texte est un jeune Français de 17 ans. Il m’a montré son blog rempli de textes qu’il avait lui-même écrits. Il se trouvait que je cherchais un texte qui allait permettre à l’album de souffler. J’ai donc pris un de ces textes auquel j’ai ajouté des touches d’humour. Après ce titre, vous avez « Ami-ennemi » que j’ai enregistré avec Mister Yopi. Des retours qui me reviennent, les gens apprécient beaucoup « Ami-ennemi ».

Comment se porte « Albinos » sur le marché discographique
 ?

La route a été longue avant que l’album ne voit le jour. Mais elle a été tout autant belle qu’elle n’a été difficile. Parce que j’ai eu le soutien des internautes qui m’ont découverte grâce à mon premier album. Ils ont décidé, sans même me connaitre personnellement, de me soutenir financièrement pour mon 2e album. Cet argent m’a permis de me rendre à Conakry pour enregistrer mon album. Je tiens donc à les remercier.
Pour mettre mon album sur le marché, j’ai choisi le 10 décembre, Journée des droits de l’homme, pour le faire en occident. Parce que l’album parle de l’albinisme mais à l’écouter on se rend compte qu’il défend aussi la cause humaine. Je l’ai d’abord lancé en Allemagne, le 10 décembre 2011, avant de le mettre, le 10 février 2012, sur certaines plateformes commerciales comme ITune, Amazone, etc.

L’accueil qui a été réservé à l’album m’a beaucoup surprise. Parce que pour le titre, j’ai beaucoup hésité avant de le baptiser Albinos vu que ce titre m’avait été suggéré par une personne atteinte d’albinisme. La personne en question, après avoir écouté le morceau « Albinos », m’a dit qu’elle en avait coulé des larmes. Parce qu’elle se disait que les noirs n’aimaient pas les albinos. Mais elle a d’abord été surprise d’apprendre que j’ai consacré une chanson à leur cause et que j’avais su trouver les mots pour lui plaire. J’ai donc décidé de faire honneur aux albinos en baptisant ainsi mon album. Et les retours que j’ai reçus après la sortie de l’album m’ont convaincue que j’avais reçu une tonne de bénédictions.

Mais il faut dire que beaucoup, surtout en Europe, ignoraient que les albinos souffraient encore de nos jours. L’album a suscité chez certains mélomanes l’envie de faire quelque chose pour ces personnes. Je rencontre souvent des petites associations qui défendent la cause des albinos pour échanger et donner aussi ma contribution pour soulager ces personnes.

Votre genre musical est le hip hop. Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce genre musical ?

Pour la petite histoire, j’ai commencé à écrire des poèmes dès la classe de 6e. Parce que je sentais le besoin de m’exprimer. A l’époque, mes frères écoutaient très souvent le hip hop. En me joignant à eux, je me suis rendu compte par la suite que c’était une musique d’expression. Elle était pour un moyen de partager ce que je ressentais. C’est la raison pour laquelle, j’ai fait du hip hop, le genre musical majeur dans mes albums. En plus de cela, je fais aussi du slam.

Pour porter loin votre message et faire connaitre votre album, vous organisez un concert qui est prévu pour se tenir le 25 janvier prochain. Quel bilan faites-vous des préparatifs ?

Les préparatifs vont bon train. Je suis effectivement arrivée à Ouagadougou. J’ai amené une pile d’affiches pour annoncer l’évènement. Mais avant que je n’arrive, l’équipe de Ouagadougou avait déjà commencé la communication dans les médias. Je suis la première femme burkinabè à s’exercer dans ce genre musical. J’ai représenté le Burkina Faso sur plusieurs scènes en Afrique et en Europe. Mister Yopi n’est plus à présenter aux mélomanes burkinabè parce qu’il était membre du célèbre groupe de Rap « La Censure ».

Pour le concert, j’avais eu l’initiative depuis longtemps d’en organiser. Après deux albums, une forte envie m’a prise de faire un spectacle ici. C’est pour cela que j’ai pris en main l’organisation. Sachant que mon frère Mister Yopi, que j’ai rencontré en Guinée Conakry où j’ai enregistré à 90% mon album « Albinos », murissait la même idée, nous avons donc convenu d’organiser ensemble le concert. Question de montrer au public que nous sommes capables de nous unir.

Quels sont les artistes qui seront sur le podium avec Féenose et Mister Yopi ?

Plein d’artistes sont programmés pour accompagner Féenose et Mister Yopi. On ne peut pas tous les citer mais il y aura Obici, Leekma, Patrick Kabré, Cendrine Nama, Zidane du Rap burkinabè qui a 10 ans maintenant. Je peux vous assurer que ce jeune a de l’avenir.

Combien faut-il débourser pour l’entrée ?

Le concert aura lieu le 25 janvier prochain à 19h30 au Jardin de la musique Reemdoogo. Le prix d’entrée est de 1000 francs CFA et exceptionnellement 500 FCFA pour les élèves et les étudiants. Ces derniers pourront acheter leurs tickets sur présentation de leur carte scolaire ou d’étudiant. Les tickets sont déjà disponibles auprès de Roikim, Stella Nana.

Que fait Féenose en dehors de la musique ?

Vu que je ne vis malheureusement pas encore de la musique, je suis obligée de travailler beaucoup pour tout injecter dans la musique. Je faisais trois boulots. Je travaillais dans une entreprise d’évènements, dans un magasin, j’étais vendeuse dans une boulangerie et je faisais aussi la musique. Tout cela faisait que je n’avais pas de temps pour moi-même. Mais depuis quelques mois, j’ai arrêté le travail à la boulangerie pour mieux me consacrer à la musique. Parce qu’en 2012, j’ai assez bougé pour des concerts en Europe. Je compte donc me consacrer à la musique où la mayonnaise semble avoir pris.

Je remercie les médias qui m’ont toujours soutenue. Je n’ai jamais hésité à aller vers eux et ils m’ont toujours soutenue. Je les remercie pour cela. J’ai cependant un petit chagrin pour les médias qui veulent que les petits artistes paient pour faire passer leurs annonces.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net