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Crise post-électorale à Téma-Bokin dans le Passoré : Dix blessés et une population sur le qui-vive

Publié le mardi 18 décembre 2012 à 01h30min

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Crise post-électorale à Téma-Bokin dans le Passoré : Dix blessés et une population sur le qui-vive

Le jeudi 13 décembre 2012, des affrontements entre militants de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) et ceux du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de Téma-Bokin, dans la province du Passoré, ont fait dix blessés. Cette vague de violence est née suite à la contestation des résultats des élections municipales par les militants de l’UNIR/PS. Dans la localité, le 14 décembre, en dépit d’un retour au calme, la population était encore sur le qui-vive.

Téma-Bokin, localité située à 55 km de Yako, n’est pas aussi paisible, en cette matinée du 14 décembre 2012. Dans la ville, deux camps se sont formés. Un au niveau du domicile du maire sortant de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), Ernest Nongma Ouédraogo, l’autre au domicile du directeur communal de campagne du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), El hadj Sayouba Sawadogo. La tension est vive et les forces de sécurité veillent au grain. Une dizaine de véhicules remplis, chacun, d’hommes en treillis, patrouillent. Cette situation, raconte un conseiller municipal CDP, Sadoukou Sawadogo, serait née après les proclamations des résultats des élections municipales.

« Avant la proclamation des résultats, les militants de l’UNIR/PS ont commencé à crier victoire. Seulement, les résultats publiés par la CENI, consacrent le CDP vainqueur avec 41 conseillers municipaux contre 40 pour l’UNIR/PS. C’est ainsi qu’ils ont déposé un recours en annulation de trois bureaux de vote. Le procès a eu lieu le 13 décembre 2012 et le tribunal administratif a estimé que leur requête est irrecevable car elle est hors délai », affirme-t-il. Jusque-là, tout va bien, puisque le maire et candidat UNR/PS, Ernest Nongma Ouédraogo confirme ses faits en ajoutant que la contestation concerne essentiellement trois bureaux de vote.

« A l’issue des élections, nous avons considéré que nous avons été brimés et nous avons saisi le tribunal administratif de Yako qui a estimé que nous avons déposé notre dossier hors délai. En réalité, nous avons déposé notre dossier le 5 décembre 2012 à 16h, dans le dernier délai donc. Pourtant, le tribunal a indiqué que notre dossier n’a été déposé que le 6 décembre. Et quand j’ai rendu compte à mes militants, ils étaient frustrés », déclare-t-il.

Chaque partie tire la couverture de son côté

Selon Ernest Nongma Ouédraogo, suite au verdict du tribunal administratif, ses militants ont jugé bon de formuler une lettre de protestation pour transmettre au préfet, au commissaire de police, au commandant de la gendarmerie et au haut-commissaire. Le président communal de l’UNIR/PS, Ousmane Sawadogo, le soutient en affirmant que c’est au retour de ce mouvement que ses militants ont été agressés par ceux du CDP avant que la situation ne dégénère. Il précise que c’est un de leur militant qui a reçu des coups de machette. Celui-ci, Abdoulaye Ouédraogo, explique que c’est suite à la marche pacifique vers la préfecture pour exprimer son mécontentement qu’un militant du CDP l’a intercepté avec des coups de machette.

« Par la suite, je suis allé au Centre médical pour me soigner, mais les militants du CDP m’ont bloqué le passage et m’ont roué de coups, m’obligeant à faire demi-tour », déclare-t-il. Côté CDP, la version est différente. Le conseiller municipal de ce parti, Sadoukou Sawadogo, raconte que ce sont les militants de l’UNIR/PS, revenus du tribunal vers 17h, qui ont commencé à agresser des militants CDP, même à domicile. « Nous avons eu neuf blessés parmi lesquels, des femmes et des enfants », ajoute-t-il. Madi Sawadogo, conseiller financier dans la commune de Bokin, souligne que les manifestants UNIR/PS ont pris à partie le vice-président de la Commission électorale communale indépendante (CECI) devant le commandant de brigade de la gendarmerie.

Guillaume Ouédraogo, un des blessés, raconte son calvaire : « J’étais habillé en tee -shirt CDP. J’ai échappé au pire, grâce à l’intervention des forces de sécurité. La meute était conduite par un de mes cousins. Ils nous en veulent parce que tout simplement nous soutenons le CDP. Ma déception est devenue plus grande, quand j’ai vu mon grand frère, même père et même mère dans la foule qui cherchait à me tuer. Je souhaite que le dialogue s’installe afin de trouver une solution », soupire-t-il. Et Rasmané Sawadogo de renchérir : « Je suis le petit frère du directeur communal de la campagne CDP, Sayouba Sawadogo dit Sayoub Sanèm. J’étais à Malou et j’ai appris qu’ils ont blessé mes deux femmes et trois de mes enfants de bas âge ».

En attendant le verdict du Conseil d’Etat

Bokin semble être divisée en deux. Chacun se réservant de fréquenter, pour l’instant, ses frères de l’autre camp. Toutefois, la vie semblait reprendre, même si le marché ne connaît pas l’affluence de tous les jours. Mais ce qui inquiète tout le monde, c’est le fait que chaque camp se soit armé d’armes blanches et veuille en découdre avec l’autre, si l’occasion se présente. La note d’espoir dans ce psychodrame est que les responsables politiques appellent à l’apaisement. Une délégation nationale de l’UNIR/PS, conduite par Nestor Batio Bassière, a demandé aux militants de rester calmes, car la requête est désormais introduite au Conseil d’Etat qui, si tout va bien, va délibérer le 19 décembre. Cependant, M. Bassière invite ses militants à rester mobilisés.

« Nous rejetons les résultats tels que proclamés à Bokin et nous allons user de tout ce qui est à notre pouvoir et de notre devoir en justice pour que le droit soit dit pour la population de Bokin », assure-t-il. Le secrétaire général de la sous-section CDP Bokin, Salif Ouédraogo a également a appelé ses militants à la retenue et au calme. « Je leur demande de laisser les forces de sécurité faire leur travail et de faire confiance aux instances du parti qui vont travailler à ce qu’on trouve une issue heureuse à ce conflit », rassure-t-il. Pour lui, le Burkina est un Etat de droit et quel que soit le problème, aucun citoyen ne doit se rendre justice. En attendant, les autorités administratives, notamment le préfet et le haut-commissaire, refusent de s’exprimer sur la situation.

Raphaël KAFANDO

Sidwaya

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