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Campagne électorale : La démocratie inachevée

Publié le vendredi 30 novembre 2012 à 01h45min

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Plus que quelque trois jours et les Burkinabè iront aux urnes pour désigner, pour cinq ans, les députés et les conseillers municipaux sur les épaules desquels doit reposer le rêve de leurs concitoyens pour un Faso meilleur. Durant les deux semaines de campagne, chaque parti politique a travaillé dur pour convaincre l’électorat qu’il était le seul à même d’assurer ce Burkina rassurant. Pendant cette période de chasse aux électeurs, les faits et gestes des politiques ont marqué les esprits des observateurs. Ainsi que les lacunes :

- Le déséquilibre financier des budgets de campagne. Pendant que certains candidats géraient des montagnes de moyens financiers leur permettant d’organiser des meetings dans toutes les communes du pays, d’autres rasaient les murs et ne sauvaient la face qu’en s’abritant derrière la formulation fourre-tout de “campagne de proximité”. Même si, de nos jours, tous les Burkinabè ne courent plus après les tee-shirts et autres gadgets de campagne, la question des cadeaux mérite d’être mise sur la table et débattue sincèrement. Plafonner ces types de dépenses pourrait être une solution, même si les puristes de la démocratie rappelleront que ce n’est pas le cas aux Etats-Unis, pourtant grande nation démocratique. A défaut, il faut exercer un contrôle pour comprendre qui donne quoi et en contrepartie de quoi.

- Le manque de visibilité des différences idéologiques de programmes. Y a-t-il un clivage idéologique au Faso ? Bien malin qui pourrait donner une réponse péremptoire à cette question. Les partis sont comme un panier de crabes. Dans un même regroupement, on rencontre des libéraux et des communistes bon teint. Il est courant que les sociaux-démocrates soient des pires ennemis et que des libéraux soutiennent le programme d’un parti social-démocrate. Le meilleur exemple est l’ADF/RDA, parti libéral, qui est le premier soutien de Blaise Compaoré dont le parti, le CDP, est social-démocrate. La campagne pour le double scrutin a davantage rimé avec les règlements de comptes personnels et de vagues références à la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption qu’avec des prises de position idéologique.

- Le flou identitaire de beaucoup de candidats découle justement de ce manque de clarté dans les prises de position idéologique. Des candidats de 2012 avaient déjà battu campagne en 2007 avec un positionnement idéologique différent, du moins en théorique. Traînés dans une nouvelle posture par le fait de leur nomadisme passé, ils ne peuvent hausser le ton.
- Le manque de fair-play. L’homme politique burkinabè semble avoir tourné le dos à ce principe élémentaire que dans toute compétition, il faut un gagnant et un perdant. Au Faso, on veut remporter la mise à tout prix. Cela s’est traduit pendant la campagne par les arrachages des affiches des concurrents. Des personnes auraient même été prises en train de collecter des cartes d’électeurs pour ensuite les photocopier sans qu’on sache exactement à quelle fin.

- Le manque de maîtrise des outils de communication. Des candidats ont continué à se comporter comme s’ils étaient dans une campagne électorale des années 1970. Visiblement, ils n’ont pas su s’adapter aux technologies de l’information et de la communication. La forme de leurs interventions étant biaisée, le message n’est certainement pas passé.
- Le jeu trouble de la chefferie. Ah, ces bonnets rouges ! L’annonce de la constitutionnalisation de leur statut ne les a pas empêchés de descendre dans l’arène. C’est au nombre des bonnets rouges que certains partis ont jugé la réussite de leurs rassemblements.

- Le manque d’intérêt des électeurs. Après tout ce qui vient d’être évoqué, quoi de plus normal que les Burkinabè se détournent de cette campagne et de la politique en général.

Adam Igor

Journal du Jeudi

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