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Les probables « enseignements » des élections 2012 : La continuité ou une nouvelle donne politique ?

Publié le mardi 27 novembre 2012 à 01h30min

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Les probables « enseignements » des élections 2012 : La continuité ou une nouvelle donne politique ?

Le 2 décembre 2012 prochain, marquera indubitablement une date historique pour les burkinabè qui, pour la première fois, auront à choisir simultanément leurs représentants, à la fois, à l’Assemblée Nationale et dans les Collectivités Territoriales urbaines et rurales.

Une alternative s’offre royalement aux choix des électeurs régulièrement inscrits sur les listes électorales : Soit, porter le choix de leurs suffrages au profit du Parti Présidentiel, au pouvoir depuis l’adoption de la Loi Fondamentale du 02 juin 1991, sinon, depuis le 15 octobre 1987 ou les partis alliées et/ou satellites de la mouvance présidentielle et ou gouvernementale si, le cas échéant, l’action gouvernementale actuelle leur convient parfaitement (« la société d’espérance pour un Burkina émergent ») soit, à l’opposé, porter leurs suffrages sur les partis d’opposition qui semblent, le mieux, incarner leurs profondes aspirations politiques. Cette alternative, apparemment simple, peut se révéler, en réalité compliquée et constitutive d’une quadrature du cercle…et les observateurs avisés de la scène politique burkinabè ont parfaitement compris ce dont il est question.

Quoi qu’il en soit, ces élections législatives et municipales nous rappellent à tous, si besoin en était, que la source et l’émanation du pouvoir sont intimement et incontestablement liées au peuple. Et en cela, le Burkina Faso s’est irrémédiablement inscrit dans un processus démocratique qu’il convient de consolider de renforcer et de préserver…

C’est parce qu’ils sont convaincus que le pouvoir est l’émanation même du peuple que la quasi-totalité des Ministres, à commencer par leur premier, s’est sont jetée, à bras le corps, dans cette campagne électorale qui promet d’être transparente, loyale et imprégnée de courtoisie souhaitable.

Cette campagne électorale promet, en outre, des « gorges chaudes », tant le Parti Présidentiel au pouvoir, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), exempté de ses leaders classiques qui ne figurent d’ailleurs sur aucune liste électorale du Parti du CDP (MM. Rock Marc Christian KABORE, Salif DIALLO, Simon COMPAORE et la liste n’est pas exhaustive…) compte néanmoins obtenir une victoire éclatante et donc, une majorité parlementaire, alors que de leur côté, les partis d’opposition sont, plus que jamais déterminés à changer la donne dans le futur hémicycle. La plaie béante de l’opposition politique burkinabè est sa congénitale incapacité de s’unir, faisant ainsi l’affaire du Parti majoritaire qui n’a d’ailleurs aucune raison de s’offusquer de ses divisions byzantines….

A cet effet, le score de l’Union Pour Le Changement (UPC) de M. Zéphirin DIABRE sera très attendu par le landerneau politique burkinabè dans la mesure où, dans la Province du KADIOGO, alors que M. Arthur KAFANDO est la tête de liste du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), un éditorialiste burkinabè y a déjà vu là, à tort ou à raison, ce qu’il a dénommé la « bataille de Ouagadougou » entre MM. François Paul COMPAORE et Zéphirin DIABRE, toutes choses qui augurerait de la « bataille présidentielle de 2015 ». On n’y est pas pour l’instant….

Mais, il faut aussi compter avec les partis politiques « circonstancielle-ment » liés à la majorité présidentielle, comme l’ADF/RDA de Me Gilbert Noël OUEDRAOGO, initialement constitutive de la deuxième force politique de l’Assemblée Nationale, ou encore l’UPR de Me Toussaint Abel COULIBALY, troisième force politique représentative à ladite auguste assemblée.

Quoi qu’il en soit, seuls les résultats au soir du 2 décembre 2012 nous permettront de voir la nouvelle recomposition du paysage politique après la mise à l’écart, « à peine voilée » au sortir du dernier congrès du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) de certains anciens responsables du Parti présidentiel précités comme MM. Marc Christian Rock KABORE, Salif DIALLO, et dans une moindre mesure l’excellentissime Maire de Ouagadougou qui a décidé, « himself » de ne plus briguer un nouveau mandat électoral municipal.

S’agissant de la ville de Ouagadougou on peut estimer que sur le plan interne, la relève pourrait être valablement assurée par son premier Adjoint, le Juriste confirmé qu’est M. Christophe ILBOUDO, pendant longtemps porté par les fonds baptismaux du Premier Magistrat de la Ville de Ouagadougou et les nombreux Maires d’arrondissements, à moins qu’un candidat de l’opposition ne vienne s’exercer à la reprise oh ! Combien périlleux de cette première importante mairie au Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). En toutes hypothèses, tout est ouvert…et l’attente ne sera plus longue.

Sur le plan national, il n’est pas surprenant de voir des ministres de la République briguer des mandats électoraux législatifs, convaincus d’être renforcés dans l’exercice de leur mission gouvernementale par le biais de l’onction populaire.

Cependant, il conviendrait de se méfier de l’effet « boomerang » à savoir que : en cas de défaite, le ministre candidat peut-il retrouver son fauteuil ? Cette règle, souvent appliquée en France n’a aucune logique politique car l’action législative n’est pas l’action gouvernementale.
Cette règle n’a par ailleurs aucun sens si l’on sait que le Président Alassane Dramane OUATTARA de la République sœur de Côte d’Ivoire a récemment décidé de faire recours à des « technocrates » au-delà de la divergence des opinions politiques ambiantes et ce, afin d’insuffler une nouvelle politique de développement de la Côte d’Ivoire.

Au Burkina Faso, plus de 70 partis politiques concourent à l’animation de la vie politique. Peut-on dire qu’au Burkina Faso, il y a autant de projets politiques ? Une réponse négative s’impose. En effet, si on met en œuvre une politique globale cohérente et moderne d’éducation, de santé publique, et surtout de bonne gouvernance, le reste du débat politique résiduel ne concernera que les causeries de cabarets et n’intéressent naturellement pas le peuple dans son immense majorité.

Quoi qu’il en soit, ces élections constituent, indiscutablement, une chance exceptionnelle pour notre pays d’autant plus que les moyens mis en œuvre pour la crédibilisation de ces élections font du Burkina Faso, l’une des nations les plus avancées dans la modernisation du fichier électoral. Même en France, la biométrie n’est pas appliquée, et les cartes d’électeurs sont encore en papier froissable ; mais en France, il ne faut pas se leurrer, les fichiers sont incontestablement sûrs pour être rompus à plusieurs années d’expérience électorale démocratique si l’Union pour la Majorité Présidentielle (UMP) n’oublie pas, dans la désignation de son chef, de comptabiliser les bulletins de vote des Départements et Territoires d’Outre-Mer. C’est en tous cas l’occasion de saluer positivement les efforts inlassables des différents membres et démembrements de la Commission Electorale Indépendante pour leurs efforts constants pour le déroulement transparent de ces élections couplées.

Enfin, espérons qu’à l’occasion des futures échéances électorales burkinabè, notamment celle de 2015, le fichier électoral sera étendu au Burkinabè de la diaspora. Certes, la participation de la diaspora burkinabè au futur SENAT, définitivement adopté par les travaux consensuels de la Commission Consultative sur les Réformes politiques (CCRP) a, d’ores et déjà, été entérinée et sera certainement validé par la prochaine législature. En effet, le Burkina Faso ne peut ainsi, continuer à se priver de tout un pan entier de son peuple dans le cadre du renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit. Des pays comme Israël, le Mali et dans une moindre mesure la Guinée doivent une partie de leur essor économique à leurs ressortissants résidant à l’étranger. Et la participation de la diaspora burkinabè aux actions locales de développement n’est plus à démontrer.

C’est donc avec une certaine espérance optimisante que la diaspora burkinabè, dans son ensemble attend, avec impatience, les résultats des futures élections couplées, municipales et législative et les nouvelles actions gouvernementales qui y seront mises en œuvre dans le sens du renforcement de l’Etat de droit et de la démocratie.

Paul KÉRÉ,
Docteur en Droit,
Avocat au Barreau de Nancy et Ouagadougou
Délégué CSBE France
Chevalier de l’Ordre National
Médaille d’honneur des Collectivités Territoriales

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Vos commentaires

  • Le 27 novembre 2012 à 09:59, par KERFA En réponse à : Les probables « enseignements » des élections 2012 : La continuité ou une nouvelle donne politique ?

    Tres belle analyse le grand frère juriste !seulement que l’électeur que nous sommes semble ignorer le plus souvent le pouvoir qui nous est confier par le biais des élections de pouvoir choisir ceux que nous estimons a même de conduire la destinée de notre cher patrie.En plus de cela, il y’a le fait que le jeu politique,lorsqu’on jette un regard en avertis de la scene politique,parait plus ou moins biaiser par une opposition qui manque jusque la de crédibilité,tant par son incapacité a s’unir que par son inefficacité a proposer mieux que la majorité présidentielle.Lors d’une discussion au tour du thé,je me rappelle de cette belle phrase d’un ami qui après analyse du déroulement de la campagne électorale comptant pour les municipales et législatives couplées de 2012 avait martelé ceci :"entre le palu (CDP) et le cancer (l’opposition burkinabé),mieux vaut choisir le palu"

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