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Africa One : la fin lamentable d’un scandale

Publié le lundi 20 décembre 2004 à 09h49min

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Ce projet porté par l’UIT dès 1994 avec pompe et déclarations publiques ronflantes, n’a pas soufflé ses dix bougies : il a été tout simplement déclaré « mort-né » par le Directeur du BDT de l’UIT à la veille du Sommet Mondial de la Société de l’Information à Genève en décembre 2003 et dans la plus grande discrétion !

Trop simplement, Monsieur le directeur !

Car c’est bien l’UIT (à l’instigation de son directeur du BDT de l’époque, Monsieur Laouyane) qui a engagé ce projet en le confiant « de gré à gré » à AT&T Submarine, contrevenant ainsi aux règles les plus élémentaires pour une opération portant sur un investissement de plus de deux milliards de dollars.

C’est toujours l’UIT qui s’est proclamé Coordinateur de ce Gigaprojet et y a racolé les Etats africains afin qu’ils se portent candidats pour un point d’atterrissement ou pour un « accès haut débit » sur cette future « Boucle circum-africaine » qui devait connecter le continent aux grands réseaux mondiaux.

Trente cinq pays africains -y compris des pays enclavés- ont signé le Memorandum pour un tel accès au tarif de 15 millions de dollars. C’est enfin l’UIT qui a maintenu un silence total sur les difficultés rencontrées, notamment pour le montage financier de type « nouvelle économie », qui bloquaient tout passage à la réalisation.

Il a fallu un événement de hasard pour sortir l’UIT de ce silence inadmissible pour la communauté africaine, le silence des responsables politiques africains l’est tout autant. Ce hasard c’est l’entretien que le Directeur du BDT a bien voulu accorder à Michel Egger, coordonnateur des ONG suisses au SMSI. Parmi d’autres questions posées figurait celle sur la gestation douteuse d’Africa ONE et l’incertitude qui pèse sur son sort, conformément à ma proposition à Michel Egger.

J’avais en effet interpellé sur ce problème le Directeur du BDT lors de la Table ronde sur les Infrastructures et le financement au PrepCom-2 mais n’avais alors pas eu de réponse. La réponse fournie par le Directeur du BDT lors de cet entretien vaut d’être intégralement citée : « C’était avant mon arrivée, et vous comprendrez qu’il m’est difficile de m’exprimer sur ce sujet. Je n’ai pas à juger la politique de mon prédécesseur. Tout ce que je puis vous dire, c’est qu’effectivement les choses ne se sont pas passées comme elles auraient dû ... » (sic)

A la question de Michel Egger « Peut-on estimer que c’est un projet mort-né ? » le Directeur du BDT a répondu « On le peut » (voir page 117 de l’Annuaire suisse de politique de développement 2003).

Ces réponses sont aussi lamentables que la conduite du projet, et carrément choquantes venant du n° 3 de l’UIT car il met directement en cause son prédécesseur (pas très fraternel entre africains !) et exonère implicitement l’UIT. Mais alors on peut au moins se demander où sont passées les sommes versées par les pays signataires du Mémorandum ? Et quelles sommes l’UIT a dépensées en pure perte pendant des années en réunions de coordination d’un « non-projet », et en frais de personnel et de logistique, directs et indirects ?

Les réponses à ces questions sont particulièrement intéressantes alors que l’UIT traverse la plus grave crise financière de son histoire et a dû sacrifier plus de 10% de son personnel dans des conditions inacceptables pour lui.

Non, Monsieur le directeur de l’UIT/BDT -c’est ainsi qu’est désignée votre Direction- vous n’avez servi ni la communauté africaine ni l’UIT, qui ne sort pas grandie de ce scandale que restera dans les mémoires Africa ONE.

Jean Louis Fullsack
Ancien Coordonnateur de projets de l’UIT
Membre de CSDPTT (http://www.csdptt.org)


"L’association française CSDPTT (Coopération, Solidarité Développement PTT) œuvre pour « Promouvoir les échanges et l’entraide entre les peuples en apportant un soutient aux actions de développement dans le domaines de la poste et des télécoms », en particulier en Afrique.

Au Burkina Faso, CSDPTT a réalisé la connection au téléphone de 4 villages autour de TOMA (Biba, Koin, Nimina, Yaba)et le village de Sérékéni. Un projet de connection à grande échelle est en cours d’étude."

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