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WASHCost dans le Tuy : Les résultats porteurs d’espoirs

Publié le lundi 19 novembre 2012 à 01h02min

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WASHCost dans le Tuy : Les résultats porteurs d’espoirs

Une équipe de l’IRC Burkina conduite par Richard Bassoné, chargé de recherche, a échangé ce vendredi, 16 novembre 2012 à Houndé, avec des acteurs locaux et régionaux de l’eau et de l’assainissement, autour des résultats d’une étude réalisée dans trois zones : Bouéré, secteur 2 de Houndé et Dossi. L’objectif des échanges, c’est de partager avec ces acteurs les résultats de l’étude réalisée en 2009 et 2010 et susciter la réflexion pour leur prise en compte dans les processus de développement des services d’eau potable et d’assainissement dans la région, notamment en matière de planification et de suivi/monitoring des services.

Pour le maire de Houndé, Boué Yazon qui a assisté de bout en bout à la rencontre, les services d’eau et d’assainissement ne peuvent plus être gratuits et que chaque usager doit apporter sa contribution pour assurer la continuité du service. Et au chargé de recherche de l’IRC Burkina de donner des précisions quant à l’efficacité de l’approche par les coûts : « Le coût unitaire à long terme est un élément essentiel de la planification. Et nous sommes allés en profondeur pour décomposer ce coût unitaire pour montrer ses composantes parce que les gens ont toujours ignoré certaines de ses composantes.

Pourtant, il faut bien les prendre en compte pour faire une bonne planification. On planifie sur l’investissement en oubliant les coûts récurrents, en oubliant par exemple la réhabilitation, ce qui fait qu’on arrive à un certain niveau où on a un service qui ne correspond pas avec l’investissement, l’équipement du site ».

Selon Richard Bassono, il ne suffit de construire des ouvrages d’’eau potable ou d’assainissement car, il faut également prévoir leur entretien, comprendre les motivations des usagers et contrôler l’impact sur l’environnement et sur la santé. Et l’approche par les coûts permet d’intégrer dans la planification ces différents paramètres parce que la réalisation d’un ouvrage d’eau potable et d’assainissement ne garantit pas toujours l’effectivité de service. « C’est le service qui compte le plus, pas l’infrastructure », a-t-il ajouté. Quand des pannes surviennent sur des ouvrages alors que les coûts de l’entretien ou de la réhabilitation ne sont pas prévus ou assurés, l’accès aux services d’approvisionnement en eau potable, d’hygiène et d’assainissement (AEPHA) devient problématique. Sur 100 ouvrages hydrauliques réalisés dans la région des Hauts Bassins, près de 20 sont en panne, ce qui a forcement un impact sur le service qui devrait être offert aux populations.

L’analyse des données collectées à Bouéré fait ressortir un contraste par rapport aux statistiques nationales. En effet, si les équipements disponibles sont supposés offrir un service au moins basic à 59% de la population, seulement 7% des habitants ont effectivement accès à ce niveau de service. « Les bornes-fontaines sont peu fréquentées dans le village, probablement pour des questions de tarification. Les réhabilitations de PMH (Pompe à Motricité Humaine) ne se font pas systématiquement dès que l’ouvrage a atteint l’âge indiqué. Les dépenses exécutées pour l’entretien sont assez faibles par rapport aux prévisions règlementaires, ce qui pourrait expliquer la faible fonctionnalité des équipements », précisent les résultats de l’étude menée en 2009.

Au secteur 2 de Houndé, en 2010, près de 50% des ménages possédaient une installation sanitaire (latrine ou fosse septique). En moyenne, tous les membres du ménage utilisent l’installation. Aux membres du ménage il faut ajouter 5 personnes extérieures. Il semble y avoir une demande supérieure à l’offre d’équipement parce que la norme nationale fixe 10 personnes par installation. Les Pour acquérir une latrine à Houndé, les ménages doivent débourser en moyenne 48 104 F. Ce coût peut s’élever jusqu’à 75 000 F CFA/an.

L’analyse des données de Dossi indique une nuance du service de l’eau potable dans le village par rapport aux statistiques nationales. Ainsi, si la localité est équipée pour fournir un service de base à 40% de sa population, seuls 11% des villageois ont de facto accès à ce niveau de service. Les investissements par habitant consentis à Dossi sont parmi les plus faibles observées au cours des enquêtes de 2009. Les coûts de maintenance observés pour les PMH paraissent en contradiction avec leur fonctionnalité, ce qui laisse penser à des faiblesses dans le monitoring, malgré une organisation de la gestion des ouvrages (tous les ouvrages sont fonctionnels).

L’étude à Bouéré, Dossi et au secteur 2 de Houndé, faut-il le rappeler, a été réalisée dans le cadre du projet WASHCost qui est un projet de recherche-action d’une durée de cinq ans (2008-2012) qui œuvre pour quantifier et analyser les coûts à long terme des services d’approvisionnement en eau potable, d’hygiène et d’assainissement (AEPHA) en milieux rural et urbain au Burkina, au Ghana, au Mozambique et en Inde. A travers l’analyse de données sur les coûts réels et désagrégés des services d’AEPHA, les objectifs de WASHCost sont d’abord d’améliorer les connaissances sur le coût unitaire à long terme de ces services d’AEPHA, à tous les niveaux. Au Burkina Faso, le projet, outre les Hauts Bassins, intervient dans deux autres régions du pays, notamment au Centre (Komsilga, Yagma, secteur 30 de Ouagadougou) ; et au Nord, à Margo, Aorema et au secteur 1 de Ouahigouya.

Au regard de l’efficacité de l’approche WASHCost et la portée des résultats de l’étude en terme notamment de planification d’ouvrages AEPA, des participants au présent atelier souhaitent que la démarche soit adoptée au niveau nationale pour une meilleure planification en matière de réalisation d’ouvrages d’eau et d’assainissement. Là-dessus, le chargé de recherche de l’IRC Burkina pense que c’est une question qui relève de la responsabilité des structures étatiques, même si son organisation mène un plaidoyer dans ce sens. WASHCost finit cette année, mais une future collaboration entre l’IRC et les acteurs locaux du projet dans notre pays n’est pas à exclure, selon M. Bassono ; ce d’autant plus que le Centre international de l’Eau et de l’Assainissement a maintenant une représentation au Burkina Faso.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net


ENCADRE : Des participants apprécient

Richard Bassono, chargé de recherche, ‘’Une bonne rencontre’’
« C’a été une bonne rencontre. Il fallait cet atelier pour dans un premier temps partager tout ce qu’on a pu faire comme étude, tout ce qu’on a pu trouver comme résultats au niveau local. La deuxième des choses, c’était de pouvoir partager la méthodologie, l’approche accompagnée des résultats au niveau de ces acteurs locaux, au niveau communal pour que les gens comprennent l’intérêt de l’application d’une telle démarche. Il est vrai, l’approche est là mais il faut l’accompagner quand même de quelque chose de concret qui montre aux gens la réalité par rapport à leurs croyances. Oui, il faut de l’eau, mais il faut qu’elle soit durable, il faut des services fiables de fourniture d’eau. Pour nous, c’était vraiment essentiel de pouvoir partager ces résultats avec la communauté de base ».

Marius Sama, chef de service eau des Hauts Bassins, ‘’On est bien parti si…’’
Les résultats escomptés au niveau de la réforme du système de gestion des ouvrages hydrauliques ne pourront être atteints que si tous les acteurs mettent leurs efforts en synergie. Tout le monde a un rôle à jouer : les populations, l’Etat, les communes, les partenaires techniques et financiers. L’atteinte des résultats ne peut pas dépendre que d’un seul acteur. L’Etat, à lui seul, ne peut pas faire grand-chose. Tout le monde doit jouer son rôle. Tant qu’il y aura des cadres de concertation réguliers et que chaque acteur joue son rôle, on est bien parti. Des efforts sont en train d’être faits et on note des progrès quant à l’accroissement du taux d’accès. C’est vrai qu’il est faible mais chaque année ce taux d’accès à l’eau potable croît (il était de 64, 16% à Houndé en 2011). Cela veut dire, effectivement, qu’il y a un impact des actions que chacun mène ».

Eric Bognana, président de l’AUE du secteur 2, ‘’Très content’’
Je suis très content de la rencontre. La mise en place de notre Association des usagers de l’Eau (AUE) a connu quelques difficultés parce que certaines zones des gens ne voulaient pas entendre parler de contribution à la prise en charge du service de l’eau. Nous avons essayé de les sensibiliser et la présente rencontre vient comme un renfort à nos actions de sensibilisation.

Propos recueillis Par GBB

Lefaso.net

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