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An VI du drame de Sapouy : Le Collectif renouvelle son engagement pour la lutte

Publié le mardi 14 décembre 2004 à 07h13min

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Le 13 décembre 2004 a été commémoré le VIe anniversaire de l’assassinat du journaliste directeur de publication de l’hebdomadaire burkinabè l’Indépendant, Norbert Zongo et ses compagnons.

Le Collectif des organisations de masse et des partis politiques, organisateur de cette journée était accompagné par des membres de la famille Zongo.Un dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes au cimetière de Gounghin et un meeting à la place de la Nation ont été les manifestions majeures.

Pour la VIe année consécutive, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques a rendu hommage à Norbert Zongo et à ses trois compagnons "sauvagement assassinés à Sapouy" le 13 décembre 1998. Au cimetière de Gounghin, le désormais domicile des défunts, l’Association des journalistes du Burkina (AJB) a ouvert le bal des messages. "Norbert Zongo, voilà six ans qu’au détour d’un chemin obscur à Sapouy, des individus sinistres, t’ont tendu un piège mortel , t’ont criblé de balles et brûlé ton véhicule.. ;", a rappelé l’AJB avec amertume.

A travers cet assassinat , elle voit la volonté de faire taire une plume, de museler une profession et de tuer le journalisme d’investigation. Mais poursuit l’AJB, les armes ne baisseront pas tant que la "soif de liberté et de justice" demeurera. Le président du Collectif Halidou Ouédraogo a tenu à relever que "si le Président du Faso dans son adresse à la Nation a oublié Norbert Zongo, le pays réel lui est reconnaissant".

Après le recueillement du cimetière de Gounghin, le Collectif et sa masse se sont déportés sur la place de la Nation.

Là un meeting est servi au public à majorité jeune. Tour à tour l’UGEB, le G-14, le Collectif syndical CGT-B, ont fustigé ce qu’ils appellent "l’impunité de la IVe République". Le secrétaire général du collectif syndical M. Tolé Sagnon dénonce certaines pratiques contraires à la paix sociale, malheureusement en cours au Burkina Faso. La légalisation du pillage des richesses, la corruption, les mandats présidentiels sans fin, a cité entre autres M. Sagnon. Au pays, a-t-il estimé, la part belle est faite actuellement aux "lois antisociales".

Et pour preuve poursuit-il, l’interdiction des grèves politiques et de solidarité, la confiscation des franchises universitaires. Des restrictions qui émergent dans un contexte de précarité des emplois et des salaires, de flambée des prix des produits de première nécessité, précise-t-il. Le coût (2 500 F CFA de la carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) reste à son avis hors de portée du citoyen même si l’esprit peut être salutaire. M. Tolé Sagnon soutient par ailleurs que l’éducation au pays des Hommes intègres "a été abandonnée".

En somme, une démission généralisée des dirigeants devant les secteurs sociaux, alors que certains d’entre eux mènent un train de vie élevé avec la "fiesta à tout moment", a-t-il regretté. Un tableau sombre qui ne doit pas surprendre, affirme pour sa part Halidou Ouédraogo, parce que "nous avons à faire à un régime militaire institutionnalisé (...) où les forces vives sont exploitées et instrumentalisées à des fins qui n’ont rien à voir avec l’intérêt supérieur des populations", s’est-il défendu.

L’ombre de Norbert Zongo a fait également surface au meeting de la place de la Nation. la tête dirigeante de la CGT-B constate dans l’affaire Norbert Zongo que les choses n’ont pas bougé depuis l’arrestation de Marcel Kafando et autres. Le statu quo reste-t-il cnvaincu, est dû au fait que "le pouvoir judiciaire burkinabè n’est pas indépendant du pouvoir exécutif". Et cela, au delà des discours sur l’indépendance de la justice.

C’est pourquoi, le Collectif par la voix de son président , réaffirme sa lutte et son exigence pour que la réforme de la justice soit traduite dans la réalité de tous les jours. Dans cette optique, il demande dans sa plate-forme rénovée le jugement des dossiers pendants dans leur ensemble et la justice pour les victimes des meurtres et des assassinats politiques. Le Collectif souhaite voir aussi le voile de l’impunité déchiré.

Les franchises universitaires ainsi que les droits de l’Homme doivent être garantis et respectés, martèle-t-il . Et pour ces causes, prévient Halidou Ouédraogo, les moyens nécessaires seront utilisés. Il a profité annoncer que très prochainement, le Collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques tiendra son assemblée générale et précisera les modalités d’action de ses manifestations immédiates et futures.

En attendant , les militants ont été invités à se mobiliser à la Bourse du travail dans le cadre de la journée de protestation prévue le 18 décembre prochain contre l’augmentation abusive des prix des produits de consommation.

Alassane KARAMA
Sidwaya

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