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Santé - Les injections : Quand la douleur procure satisfaction

Publié le mercredi 14 novembre 2012 à 01h16min

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Santé - Les injections : Quand la douleur procure satisfaction

Dans les formations sanitaires, nombreux sont les patients qui, après avoir évoqué les signes de la maladie au soignant, attendent aussi de lui une ordonnance mais qui prendra en compte son propre traitement à lui. Le plus souvent on n’hésite pas à faire une proposition de traitement au soignant notamment l’injection ; ce qui n’est pas une mauvaise chose, mais certains malades n’ayant pas eu gain de causes, se mettent à faire le tour des agents de santé à la recherche du produit injectable tant souhaité. Faut-il toujours refuser au malade la piqure quand il la réclame ?
Les injections sont une sollicitation majeure de beaucoup de patients. En effet, une fois l’ordonnance en main le malade, tentera de déchiffrer les lettres ;s’il n’y parvient pas, il s’assure auprès du gérant du dépôt pharmaceutique s’il y a des produits injectables.

Quand cela n’est pas le cas, il demande si le prescripteur est un nouveau ; d’autres viennent demander au soignant d’ajouter l’injection « moi, je connais mon mal ! si c’est pas piqure, ça peut pas finir » ; dans sa conviction, difficile de lui faire comprendre que son état actuel ne nécessite pas une injection et que cela lui causera une douleur pour rien. Certains vous diront que c’est la douleur qui soigne la douleur. Non satisfait, il court chez un autre agent de santé pour la même préoccupation ; et dira à votre collègue que vous ne connaissez pas son mal puisque vous n’aviez pas trouvé le produit de sa maladie. De toutes les façons, il ira se faire injecter !

Par ailleurs, dans la prise en charge du paludisme à domicile, les soins ne sont pas toujours satisfaisants ; car la plupart des malades qui prennent les produits contre le paludisme avec les Agent de Santé communautaires (ASC) reviennent dans les CSPS pour réclamer l’injection bien que le traitement soit bien conduit avec amendement des signes « j’ai bien avalé les comprimés ; ce n’est plus comme avant, mais…. ça ne va pas trop ! seule la piqûre guérit mon palu ! ». D’autres vont vous demander de leur placer une perfusion en cas de paludisme simple. L’habitude aidant, ils sont convaincus que sans la voie injectable, ils n’auront pas la guérison. Conséquences, même après l’injection, le malade abandonne les comprimés avec tous les risques de rechute et de résistance que cela peut comporter quand la durée du traitement n’est pas respectée.

De même, on abandonne les comprimés parce qu’on n’a pas reçu la dose injectable se disant que la ressenti va agir de la même façon sur la maladie. Donc une piqûre douloureuse apparaît comme la meilleure. C’est pourquoi certains patients viennent spécialement pour demander une injection. Cas le plus fréquent chez les paysans qui réclament l’extencilline en début de saison hivernale. Raison avancée : avoir la force pour bien travailler alors que les indications de ce produit ne font pas cas d’une quelconque puissance. Certaines localités sont réputées pour leur adhésion au traitement lorsqu’il y a injection. Et un agent qui ne se met pas dans cette routine est traité d’inexpérimenté ou d’incompétent. Que faire ?

C’est un phénomène qui éloigne beaucoup d’agents des bonnes pratiques enseignées à l’école même si certains trouvent satisfaction… Et, les patients sont psychologiquement satisfaits ; un plaisir retrouvé dans la douleur provoquée par l’injection. Les patients doivent savoir que le même médicament peut être administré sous différentes formes (comprimé, injectable, suppositoire…). Donc, faites confiance à votre prescripteur qui choisit la forme en fonction de votre état clinique, de la gravité de votre maladie et respecter son traitement… Inutile de négocier une douleur. C’est une question de représentation mentale.

Jules BATIONO
Agent de santé (bationojules@yahoo.fr)

L’Express du Faso

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