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Riz local dans l’espace UEMOA : Une pétition pour une revalorisation

Publié le lundi 6 décembre 2004 à 12h59min

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A la suite d’un "atelier de définition et planification de la stratégie régionale de campagne sur la thématique riz", une quinzaine de participants représentant des associations de producteurs ont signé une pétition à l’adresse de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), vendredi 3 décembre 2004 à Ouagadougou.

Ils demandent à l’Union d’offrir des prix rémunérateurs aux paysans et aux éleveurs de son espace et de ne pas se désavouer elle-même. Nous publions in extenso la pétition.

Pétition à l’adresse de la Commission de l’UEMOA Ouagadougou, le 3 décembre 2004

• Considérant que les populations de l’UEMOA consomment chaque jour davantage de riz ;

• Considérant que le marché international de riz est un marché très étroit et par conséquent, assure peu de garantie pour la sécurité alimentaire pour les pays membres ;

• Considérant que l’espace UEMOA dispose d’énormes potentialités pour développer la culture du riz ;

• Considérant que plusieurs Etats de l’UEMOA ont déjà investi des milliards de FCFA et qu’ils continuent à s’endetter pour développer cette culture ;

• Considérant que tous ces efforts sont anéantis par les importations massives des sous-produits du riz (brisure de riz) ou du riz de mauvaise qualité peu propre à la consommation (riz de 5 à 10 ans d’âge) ;

• Considérant que ces importations - malgré les prix très bas - accentuent la dépendance financière de l’espace UEMOA, fragilise sa monnaie et déprécie les investissements ;

• Considérant que ces importations massives de riz ont cassé le marché du riz local et plongent les producteurs de riz dans la misère ;

• Considérant que le dernier projet d’accord sur l’agriculture de l’OMC prévoit que les Etats membres ont le droit de protéger les produits sensibles sur le volet.

• Considérant que le Tarif Extérieur Commun (TEC) favorise une importation massive de riz dans l’espace UEMOA ;

• Considérant que la baisse actuelle du dollar par rapport à l’euro contribue à la baisse des prix du riz importé ;

• Considérant que le TEC a été défini avant la définition de la politique agricole de l’Union, et qu’il empêche son application ;

• Considérant que 2004 est l’Année internationale de riz tel que proclamée par la FAO ;

• Considérant que le riz épargne de certains aléas (invasion acridienne) pourrait constituer une spéculation pour la sécurité alimentaire.

Et tenant compte de quelques éléments de la politique agricole de l’Union :

a) "La modernisation des exploitations familiales représente l’un des enjeux majeurs de toute politique agricole au sein de la région.

b) "La différence entre les revenus ruraux et urbains - qui est de 1 à 4 pour l’ensemble de l’UEMOA - atteint des proportions inquiétantes au Niger et au Burkina Faso.

c) "La nécessité d’accroître les revenus du monde rural ne vise pas seulement la lutte contre la pauvreté. Elle est aussi la condition sine qua non d’un meilleur équilibre entre les différentes régions de l’Union et entre villes et campagnes. La Politique Agricole de l’Union (PAU) est donc un des instruments privilégiés de régulation des mouvements migratoires et de l’exode rural à l’échelle régionale, elle-même condition de la stabilité sociale et politique.

d) "La définition des grands axes de la PAU intervient à un moment délicat marqué par la relance des négociations commerciales à l’OMC, les négociations de libre-échange avec l’Union Européenne suite à l’Accord de Cotonou. ... L’UEMOA doit donc user de tout son poids politique et de ses spécificités (zone comprenant essentiellement des pays "moins avancés") pour faire accepter à ses partenaires, certains principes de protection du marché intérieur. "

Nous, participants de l’atelier (représentants d’organisations paysannes du Burkina Faso, du Bénin, du Ghana, du Niger, du Mali, du Sénégal et du Togo).

Demandons que le riz blanc décortiqué et la brisure de riz passent immédiatement de la catégorie 2 (droit de douane de 10 %) à la catégorie 3 (droit de douane de 20 %), et que la Commission rappelle aux Etats membres qu’ils peuvent faire une demande pour ajouter une taxe conjoncturelle à l’importation.

Demandons également la réglementation des importations de riz et de ses facteurs de production en termes de qualité.

Demandons que le riz local soit pris en compte dans la constitution du stock de sécurité.

Demandons que pour chaque importation de riz un pourcentage soit pris en compte pour l’achat de riz local.

Demandons que le TEC soit réformé en profondeur de sorte qu’une véritable politique agricole puisse être mise en place à l’intérieur de l’UEMOA et de la CEDEAO, comme le prévoit le scénario proposé par le document de base de l’ECOWAAP.

Demandons de considérer la recommandation du rapport provisoire de l’étude de compétitivité des filières agricoles dans l’espace UEMOA, qui militent pour le soutien à la production - de façon durable.

Enfin, nous demandons à la Commission de l’UEMOA de ne pas se désavouer elle- même, et de tout faire pour offrir des prix rémunérateurs aux paysans et aux éleveurs de l’UEMOA. Sans cela, aucun développement de la région n’est réellement possible.

Fait à Ouagadougou le 3 décembre 2004

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