LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Assemblée Nationale : L’orpaillage et la SOPROFA en question

Publié le lundi 6 décembre 2004 à 12h58min

PARTAGER :                          

Vendredi 3 décembre 2004, le gouvernement a été interpellé par la représentation nationale. L’utilisation d’explosifs et de mercure sur les sites d’orpaillage et la situation de la Société de promotion des filières agricoles (SOPROFA) étaient l’objet de cette interpellation.

Ce sont les ministres des Mines, des Carrières et de l’Energie, Kader Cissé et Alphonse Bonou, représentant le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques qui sont venus apporter des éléments de réponse aux questions des députés.

La première question orale passée au peigne fin par le ministre Kader Cissé est celle du député Ouindélassida François Ouédraogo du groupe parlementaire PDP/PS et apparenté. Dans notre pays, selon le député Ouindélassida, l’utilisation du mercure et la manipulation d’explosifs se font de façon anarchique sur nos sites d’orpaillage. Cela entraîne chez nos artisans miniers des accidents parfois mortels.

En effet, le député voulait savoir l’état actuel de l’application du code minier au Burkina Faso. "Pourquoi ne forme-t-on pas nos artisans miniers à l’utilisation de ces deux produits ? " Pourquoi n’utilise-t-on pas les appareils permettant la récupération du mercure et son recyclage sans danger pour l’environnement ?", telles étaient aussi ses préoccupations. Le ministre Kader Cissé dira qu’après l’adoption du nouveau code minier par l’Assemblée nationale (8 mai 2003), son département s’est évertué à la rédaction des projets de textes afin de se conformer à ce code.

Ainsi, 20 projets de textes ont été soumis à l’examen du conseil des ministres. Cependant, le retard de la rédaction des textes n ’a pas freiné la recherche géologique et minière dans notre pays. 93 titres et autorisations ont été octroyés aux sociétés et compagnies minières. Aussi, en 2005, il est prévu la mise en exploitation de 4 gisements : d’or, Youga (Boulgou), Kalsaka (Yatenga), Taparko (Namentenga) et Mana (Balés). Le ministre Cissé, a précisé que les réserves totales de ces trois gisements sont estimées à plus de 50 tonnes d’or métal.

L’exploitation de ces gisements créera "plus de 600 emplois permanents" et générera un revenu de près de "3,5 milliards de F CFA au Trésor public". Pour l’usage des explosifs sur les sites d’orpaillage, le ministre des Mines a souligné qu’il existe deux types d’orpailleurs au Burkina. Les orpailleurs détenteurs d’une autorisation d’exploitation artisanale et les orpailleurs sans autorisation se déplaçant de site en site. Les premiers sont soumis au contrôle des structures techniques du ministère.

Les seconds, les plus nombreux, sont nomades et échappent au contrôle de ces services techniques. Le ministre a affirmé qu’une révision des textes est en cours afin de mieux cerner l’utilisation des explosifs . Du reste, les explosifs utilisés par certains orpailleurs sont acquis frauduleusement. Pour l’utilisation du mercure sur les sites d’orpaillage, le ministre dira que c’est un phénomène très récent au Burkina Faso.

Cependant, son département organise présentement, une campagne de sensibilisation et d’amélioration de la technique de l’utilisation du mercure. Le ministre Cissé a par ailleurs, présenté aux députés un appareil (retor) permettant d’utiliser du mercure sans effet sur l’organisme et sur l’environnement. Cet appareil permettra d’éviter les maladies telles que l’hydrargyrisme et la pneumoconiose. La sécurité et la santé des orpailleurs est notre cheval de bataille, a conclu le ministre.

SOPROFA fait toujours des gorges chaudes

La deuxième question orale a porté sur la situation de la Société de promotion des filières agricoles (SOPROFA). Le député Ram Ouédraogo, l’auteur de la question, a demandé au ministre en charge de l’Agriculture de faire le point de la situation de la SOPROFA qui traverse actuellement une crise. "Si cette société a failli à sa mission, elle devra répondre de cet échec que les producteurs qualifient de marché de dupes". Le ministre Bonou représentant le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques a commencé par situer les responsabilités. La SOPROFA connaît des problèmes, parce qu’il y a eu "des lacunes graves dans la conduite des contrats".

Les producteurs n’ont pas rempli leurs engagements. Le calendrier et les quantités de production, la destination de la vente n’ont pas été respectés par les producteurs. Dans ces conditions, ajoute le ministre, la SOPROFA n’a pas pu respecter ses engagements vis-à-vis de ses partenaires financiers. En effet, la société a licencié 30 personnes. Certains licenciés ont été indemnisés, d’autres ont demandé 5 ans de salaire comme indemnisation et ont esté en justice.

SOPROFA, ficelée avec précipitation

Pour Ram Ouédrago, l’auteur de la question, l’Etat se hâte de créer des projets enthousiastes qui se soldent par des échecs. La plupart des députés à intervenir : Suzanne Coulibaly, Philippe Ouédraogo, Hyacinthe Sanwidi ont soulevé que la SOPROFA a été créée sans une étude approfondie."Le gouvernement doit se donner du temps dans la création des projets afin d’éviter des projets à feu de paille." Le ministre Bonou, affirmera qu’il y a eu une étude de faisabilité. L’Etat ne peut que promouvoir les filières agricoles, donc le gouvernement redressera la SOPROFA. "Le premier échec ne doit pas nous décourager".

Les magasins de la SOPROFA sont toujours pleins. Cette année, elle pourra écouler ses stocks. La société, à l’heure actuelle, ne doit rien aux paysans. Cependant, les producteurs doivent 523 millions à la SOPROFA, a lancé le ministre Bonou.

Boureima SANGA
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique