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Législatives et municipales simultanées : Forces et faiblesses en présence

Publié le dimanche 21 octobre 2012 à 23h26min

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Législatives et municipales simultanées : Forces et faiblesses en présence

Après la validation des listes de candidatures pour les législatives, celle des municipales ne devrait plus tarder, si ce n’est déjà fait. La Ceni peut désormais se lancer dans la confection des bulletins et autres accessoires de vote. Mais le plus dur n’est plus du côté de la gestion pratique. La balle est désormais dans le camp des formations et partis politiques. Arrêt sur les forces et les faiblesses en présence pour le scrutin simultané du 2 décembre prochain.

La législature qui s’achève avec une année de bonus aura, une fois encore, fait la part belle au giga-parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Sur les 111 sièges que compte l’hémicycle, ses représentants en occupent 73 contre 14 pour l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), 5 pour l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (Unir/PS), 5 pour l’Union pour la République (UPR), 3 pour la Confédération des forces démocratiques du Burkina (CFD), 2 pour le Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB) et pour le parti pour la démocratie et le socialisme (PDS) et seulement 1 pour le Rassemblement populaire des citoyens (RPC), le Parti africain de l’indépendance (PAI), le Front des forces sociales Faso/Metba, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et le Rassemblement pour la démocratie et le socialisme (RDS).

Si le tuk-guili paraît patent au niveau de l’Assemblée nationale, il l’est encore plus au niveau local où, sur les 45 communes urbaines du Faso, seulement une seule, celle de la ville de Dori, est tombée dans l’escarcelle d’un parti autre que le CDP. Incontestablement bien installé dans les sables mouvants de la capitale du Sahel, l’édile Arba Diallo a prouvé qu’il n’était pas leader par hasard en se classant deuxième, après le Blaiso national, à la présidentielle de novembre 2010. Même si le patron de l’Unir/PS a fait une contre-performance à la même présidentielle, son parti peut être fier d’avoir pu se hisser à la tête de communes rurales, à savoir celle de Téma-Bokin dans la province du Passoré et celle de Yaho dans les Balé.

Le RDB a également accompli la prouesse d’engranger 2 communes -celles de Banfora et de Koubri. Mais aux dernières nouvelles, le « maître » de la cité du Paysan noir est passé dans le camp du CDP tandis que le cœur du bourgmestre de Koubri balance entre son parti d’origine et les sirènes du giga-parti.

On n’a donc pas besoin d’un dessin pour comprendre que rien n’a résisté au rouleau compresseur du CDP aussi bien au niveau parlementaire que communal. Ses challengers vont-ils pouvoir renverser la vapeur aux prochaines élections du 2 décembre ? Ce ne serait pas minimiser les chances des autres partis que d’affirmer que le miracle ne devrait pas avoir lieu. En tout cas, ce sera difficile de s’attendre à ce que le parti présidentiel soit mis en minorité. Au regard de son maillage des circonscriptions électorales, ses challengers doivent plutôt batailler dur pour infléchir la situation présente.
Pour ce faire, il faut compter avec les dissensions et autres convulsions qui secouent le CDP à la sortie de la confection des listes électorales. Selon certaines langues trop fourchues, il y aurait des « votes sanctions » contre les gourous que l’on considère comme des « parachutés ».

Avec les séquelles de bagarres fratricides qui sont encore vives à Gourcy et à Tougan, pour ne citer que ces deux localités, on peut croire que les autres partis peuvent en profiter pour faire des percées. Mais encore faut-il qu’ils soient présents dans la zone et qu’ils présentent des candidats à même de représenter une alternative crédible pour les déçus et les déchus du CDP.

En la matière, force est de constater que les points chauds du marathon du scrutin sont pratiquement situés dans les grands centres urbains. A Ouagadougou, pour ne pas parler de la région du Centre réduite au Kadiogo, c’est le choc Zéph-François qui sera à la Une. Sur les 9 sièges qui sont à prendre dans cette circonscription électorale, le parti présidentiel aura du mal à en prendre la moitié. En plus de l’Union pour le changement (UPC) de Zéphirin Diabré, beaucoup d’autres partis sont en embuscade et comptent bien engranger ne serait-ce qu’un siège. Même si Laurent Bado du Parti pour la renaissance (Paren) n’a pas encore annoncé officiellement les couleurs, il faut aussi compter avec le PDS/Metba et l’Unir/PS.

Dans les provinces du Houet (Bobo-Dioulasso), au Yatenga, au Bulkiemdé, dans le Sanmatenga ou encore dans le Gourma, dans le Boulgou et dans le Nahouri, il sera bien difficile au patron du CDP de rafler tous les sièges en jeu. L’Assimi-lé Kouanda devra s’attendre à se faire toiser.

Dans les fiefs traditionnels de l’opposition comme au Séno, on s’attend à ce que le PDS/Metba d’Arba Diallo fasse un remake en s’adjugeant non seulement la mairie de Dori, mais aussi en arrachant au moins l’un des deux sièges en compétition et probablement d’autres dans la région du Sahel. Dans les autres centres urbains, la percée de l’opposition ou des autres partis à la tête des conseils municipaux est des plus improbables. Avec l’extension du nombre d’arrondissements dans les villes de Ouaga et de Bobo qui passent respectivement de 5 à 12 et de 3 à 7, on pouvait s’attendre à ce que d’autres couleurs que celles du CDP flottent sur les hôtels de ville. Mais là aussi, la bataille n’est pas gagnée à l’avance.

Au total, le scrutin simultané du 2 décembre semble plié d’avance au profit du giga-parti au pouvoir. Même s’il faut s’attendre à des surprises. La précampagne et surtout la campagne électorales devraient permettre d’ajuster les forces -pour ceux qui pensent en avoir- et de transformer les faiblesses pour ceux qui en ont encore conscience.

F. Quophy

Journal du Jeudi

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