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République de Chine (Taïwan) : 101 ans, de grandes ambitions internationales

Publié le mardi 16 octobre 2012 à 07h31min

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La République de Chine (Taïwan) a fêté ce jeudi 10 octobre son 101ème anniversaire. Pour donner un rayonnement international à l’événement, le gouvernement taïwanais a invité une cinquantaine de responsables de médias provenant de pays amis de l’île, dont Lefaso.net. A travers des visites de structures administratives chargées de la promotion des échanges politiques et économiques de l’ile, d’infrastructures industrielles, de sites touristiques, les représentants de la presse internationale venus de l’Afrique, de l’Europe, du Canada, des Caraïbes, du Moyen-Orient, de l’Asie, ont pu prendre la mesure du développement économique Taïwan et mesurer sa volonté de mieux rayonner au plan international.

Après le centenaire fêté en 2011 avec grand faste, où le président Blaise Compaoré avait été l’invité d’honneur, Taïwan a décidé de commémorer cette année dans la sobriété la fête nationale marquant sa fondation par le Dr Sun Yat-sen. Si des centaines d’invités, parmi lesquels le président des Iles Marsahall, sont arrivés à Taïpei pour l’occasion, la cérémonie aura duré à peine une heure, ponctuée par un bref défilé militaire, des prestations de troupes de danse et marqué essentiellement par le discours du président Ma Ying-jéou.

Le président taïwanais, dont c’était la première fête nationale depuis sa réélection en mai 2012, a saisi l’occasion pour souligner les priorités de son programme politique portant sur la création d’emplois, l’amélioration des salaires, la défense de la souveraineté de l’île, le renforcement de la démocratie et la poursuite des négociations avec la Chine continentale.

Non à l’unification, non à l’indépendance, non à l’usage de la force
Depuis sa première élection en 2008, Ma Ying-jéou, contrairement à son prédécesseur, a décidé de mettre en œuvre une politique pragmatique avec la Chine continentale, faite de négociations, pour promouvoir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan. Baptisée les « trois non » (non à l’unification, non à l’indépendance, non à l’usage de la force), cette politique milite pour une reconnaissance mutuelle entre les deux Chine, le renforcement des échanges économiques et une meilleure présence de Taïwan au plan international. Cela, sur la base de ce qu’on appelle ici le « consensus de 1992 », selon lequel les deux rives reconnaissent l’existence d’une seule Chine mais en conservent une interprétation différente.

Une politique qui s’est traduite par la signature de plusieurs accords économiques favorisant les échanges entre les deux rives (vols commerciaux directs, échanges maritimes, communications postales, tourisme avec plus de 3000 touristes de la Chine continentale enregistrés chaque jour à Taïwan). Ma Ying-jéou a rappelé également qu’en septembre dernier, Hu Jintao a marqué une attention positive au désir de Taïwan d’être plus présent dans les organisations internationales.

Conformément à cette ambition d’un meilleur rayonnement international, la République de Chine (Taïwan) entend défendre son intégrité territoriale. Le président taïwanais a ainsi rappelé la souveraineté de son paye sur les îles qu’on appelle ici les Diaoyutai, et qu’on appelle ailleurs les îles Senkaku, objet de revendications et de crise entre le Japon et la Chine continentale. « D’un point de vue historique, géographique ou juridique, les Diaoyutai ont toujours été une partie intégrante de notre territoire et aucune incursion sur notre territoire national ne peut être tolérée », a martelé le Ma Ying-jéou dont le gouvernement a déjà envoyé des patrouilleurs et des gardes-côtes dans la zone.

La fin de la diplomatie du balancier ?

Pour l’ambassadeur du Burkina à Taïwan, S.E.M. Jacques Sawadogo, cette ambition internationale est bien méritée pour ce pays qui est aujourd’hui le 17e pays exportateur et la 19e puissance économique du monde. C’est pourquoi le Burkina milite activement pour une meilleure présence de Taïwan dans les instances internationales pour apporter sa contribution à la marche du monde. « On ne peut pas mettre de côté un pays de 23 millions d’habitants et qui a une puissance économique aussi importante que celle de la République de Chine aujourd’hui » clame l’ambassadeur Sawadogo.

Déjà membre de certaines organisations internationales comme l’OMS, Taïwan, veut franchir d’autres pas en intégrant d’autres enceintes internationales, notamment la Convention cadre des Nations-Unis pour les changements climatiques et l’Organisation internationale de l’aviation civile. Une volonté que le Burkina ne manque pas de soutenir comme l’a fait le ministre Bassolé lors de la dernière session de l’Assemblée Générale de l’ONU.

Une telle politique de l’apaisement entre les deux Chine qui a vu la signature de 16 accords depuis 2008, devrait se renforcer dans les années à venir avec l’ouverture de bureaux de coopération de chaque côté. Elle pourrait également avoir pour conséquence colatérale la fin d’une certaine forme de chantage que des pays pratiquaient, en passant d’une Chine à l’autre, selon le montant du chèque. La Chine continentale aurait ainsi déjà conseillé à certains pays désireux de quitter Taïwan pour elle qu’une telle démarche n’était pas nécessaire car les deux Chine sont désormais amies. Une avancée dans les relations bilatérales et multilatérales entre les deux rives du détroit de Taïwan.

Cyriaque PARE
Envoyé spécial à Taïwan.
Lefao.net

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