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Pourquoi les "intellectuels burkinabè" sont-ils fachés ?

Publié le vendredi 12 novembre 2004 à 07h33min

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Dans leur longue lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU et publiée par L’Observateur Paalga du mardi 9 novembre, on peut retenir essentiellement ce qui fâche nos « intellectuels ».

En effet, selon eux :

« Le temps avait fini par montrer que les événements du 19 septembre et leur suite n’ont pu se réaliser que parce que des pays comme le Burkina Faso, le Libéria, soutenus par la France ont aidé des rebelles à envahir la Côte d’Ivoire pour réaliser un coup d’Etat. L’objectif ayant échoué, ils se sont engagés dans la voie de la guerre civile>>.

"Devant l’incapacité de ces derniers (le Burkina Faso, le Liberia) à freiner la dynamique de reconquête du territoire national ivoirien, la France s’est vue obligée d’y mettre un holà, de prendre les choses en main et de défaire les FANCI ; des FANCI qui, sur ordre des autorités politiques, ont décidé de faire le travail que justement la MINUCI et la force Licorne se sont refusés à faire".

La riposte de la force Licorne est intervenue « dans un conflit qui était en passe d’être réglé par la reconstitution de l’entité territoriale du pays »

La victoire militaire des loyalistes allait asseoir définitivement le pouvoir légal ivoirien et la défaite concomitante des rebelles devait signifier aussi celle des comparses et de la France », à savoir le Burkina Faso et le Liberia.

Voilà toute l’essence de la lettre ouverte dudit groupe d’intellectuels burkinabè.

Le reste, à savoir la dissertation sur :

- le colonialisme français

- la nature du mandat de la force Licorne

- le nombre de victimes françaises, américaines et ivoiriennes à Bouaké etc. n’est que diversion en même temps qu’il constitue un refus de se prononcer sur :

- les véritables causes de la crise ivoirienne

- les efforts de la communauté internationale pour un règlement politique de cette crise ;

- la violation du cessez-le feu par les FANCI

- etc.

En remarque finale, il faut souligner la sortie brutale et soudaine de ce groupe d’intellectuels dont l’attitude s’apparente à celle d’un fauve blessé ayant perdu tout espoir. En effet, voilà plus de deux ans que ni les événements de Tabou, ni les charniers de Yopougon, ni la mise à l’écart de plusieurs candidats à l’élection présidentielle de 2000 n’ont été capables d’interpeller nosdits intellectuels. Mais on les a compris : ce sont des intellectuels de circonstance et des politiciens de carrière. C’est leur naturel qui les rattrape et se lit clairement à travers leur profonde déception de voir avec ce nouvel échec de Gbagbo , leurs désirs ardents que celui-ci les débarrasse de Blaise Compaoré se briser et leur espoir d’en profiter pour accéder au pouvoir s’évanouir. Ainsi , nos "intellectuels" se sont-ils démasqués en exprimant clairement la volonté de certaines chapelles politiques.

Quoi qu’il en soit, le peuple ivoirien et ses voisins burkinabè, maliens, nigériens, bref africains n’ont pas oublié les nombreux cadavres d’Ivoiriens, et d’Africains qui ont jonché et qui jonchent encore le sol ivoirien par le seul fait de la boulimie du pouvoir d’un certain Laurent K. Gbagbo, supposé être un intellectuel ivoirien de haut niveau et pour lequel les intellectuels africains doivent exprimer leur profonde déception et leur total désaveu,

Mais là encore, on les a compris : des intellectuels de la trempe machiavélique de Gbagbo, on en trouve également ici au Burkina Faso, et c’est cela qui inquiète le peuple burkinabè et les peuples africains.

Lesdits intellectuels burkinabè doivent prendre l’exemple sur leurs collègues du P.S français, qui malgré l’amitié pour Gbagbo, malgré l’appartenance politique de celui-ci et de son FPI à l’Internationale socialiste, ont, avec objectivité et courage, reconnu que Monsieur Gbagbo a dépassé les limites d’un socialiste, d’un homme d’Etat et d’un intellectuel tout court.

Ils doivent prendre également exemple sur la classe politique française qui, face aux folies meurtrières de Gbagbo ayant coûté la vie à des citoyens français, ont, toutes tendances politiques confondues, unanimement dénoncé les errements politiques de Gbagbo.

Les convictions de nosdits intellectuels selon laquelle « sans l’élimination progressive des dépendances africaines, il sera difficile au continent de construire son unité et d’avancer dans le sens de son développement » sont certainement partagées par les intellectuels africains.

Mais, nous n’avons pas souvenance qu’ils ont invité en son temps, Laurent K. Gbagbo à son accession au pouvoir en Côte d’Ivoire à dénoncer les accords avec la France qui maintiennent le pays sous la dépendance, surtout militaire de la France.

Nous avons plutôt en mémoire que Gbagbo lui-même s’est référé (du reste sans succès) à ces accords militaires, pour demander l’intervention française sur le sol ivoirien contre d’autres Ivoiriens qui se sont insurgés contre l’exclusion d’une partie de la Côte d’Ivoire et de ses habitants (nordistes) par son propre pouvoir.

En tant qu’"intellectuels", ils devraient être en mesure de faire la part des choses entre les causes et les conséquences. Curieusement, au lieu de justifier les conséquences par les causes, ils font le contraire. S’agirait-il là d’une nouvelle démarche intellectuelle ?

Ces observations à l’endroit dudit groupe d’intellectuels s’adressent également à tous ceux qui soutiennent leurs points de vue, en particulier à l’UNDD qui partage leur réaction hystérique contre Chirac et leur ardent désir de profiter de la crise ivoirienne pour en finir avec le régime de la IVe République.

Un groupe de non intellectuels burkinabè

Djibril OUEDRAOGO
76 62 35 90

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Vos commentaires

  • Le 13 novembre 2004 à 13:58, par Awalou ouedraogo étudiant à l’IUHEI de Genève, Suisse En réponse à : > Pourquoi les "intellectuels burkinabè" sont-ils fachés ?

    je voudrais juste féliciter mr Djibril Ouedraogo pour la clarté et surtout le message de son article. Nous avons tous l’obligation de dénoncer chez nous les causes du malheur des autres, car, les maux de l’humanité viennent non des actions des méchants mais de l’inaction des hommes biens.

  • Le 16 novembre 2004 à 13:07, par S. Hema En réponse à : > Pourquoi les "intellectuels burkinabè" sont-ils fachés ?

    Repondre a cet article...? Que non !
    On ne repond pas au coup de pied d’un ane. Cela au moins tu le sais Djibril Ouedraogo !

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