LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Dialogue démocratique du CGD sur le 2 décembre : Après l’enrôlement, candidats et partis de nouveau face au défi de l’offre politique

Publié le dimanche 30 septembre 2012 à 23h34min

PARTAGER :                          
Dialogue démocratique du CGD sur le 2 décembre : Après l’enrôlement, candidats et partis de nouveau face au défi de l’offre politique

4 426 051 électeurs inscrits sur un potentiel de 7 500 000 à 8 millions, c’est le bilan officiel de l’enrôlement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Bilan « satisfaisant » pour certains, « mitigé » pour d’autres. Pour mener le débat, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a convié les acteurs autour d’une enquête réalisée par le Centre de suivi et d’analyses citoyens des politiques publiques (CDCAP) qui a procédé au suivi de l’enrôlement biométrique dans ses trente et une (31) communes d’intervention localisées dans les treize régions du pays. L’objectif principal, échanger sur le bilan en vue d’identifier les déterminants et partant, formuler des recommandations dans la perspective des élections couplées à venir. C’était le 18 septembre dernier à Ouagadougou.

Fini l’enrôlement. « Les électeurs ont adhéré au processus d’enrôlement dans une proportion appréciable : 4 426 051 personnes se sont enrôlées, donnant un taux d’enrôlement de 55% des huit (8) millions d’électeurs potentiels », a rappelé le communicateur, Siaka Coulibaly.

Plantant le décor de ce nouveau système, M. Coulibaly a noté que la biométrie est arrivée dans un contexte marqué par de nombreuses insuffisances. Les enjeux contemporains sont entre autres la « reconquête du corps électoral en déshérence », la « reconstruction de la citoyenneté et du civisme », « la prévention des conflits post-électoraux », et ce, avec l’engagement de la classe politique et de la société civile.

Les « grands résultats » auxquels est parvenue l’étude donnent matières à satisfaction : bureaux d’enrôlement effectifs aux lieux indiqués par la CENI, utilisation effective des documents prévus, présence effective des agents d’enrôlement sur les lieux prévus, 55% comme taux d’enrôlement (les électeurs ont adhéré).

Cependant, se réserve-t-il, le processus a présenté des insuffisances. Parmi elles, la lenteur de l’enrôlement dans certaines zones, matériels défaillants dans certaines zones (Pama, Houndé), les pratiques frauduleuses (inscriptions multiples, de mineurs, convoyage d’électeurs, etc.), ainsi qu’un taux d’inscription des femmes bas. « Ce qui va jouer sur le quota genre », a-t-il déduit. En outre, la concomitance de l’enrôlement avec le recensement des fonctionnaires « alors que non seulement il n y avait aucune urgence à procéder mais mieux, le matériel informatique qui a servi pour l’enrôlement aurait pu servir au recensement des fonctionnaires après le processus au niveau de la CENI et permettre d’économiser ».

Ce « cafouillage » aurait dérouté nombre de fonctionnaires qui ont confondu les deux opérations. Toujours dans cette phase, il se dégage de l’avis de certains acteurs de la société civile que « en dehors du parti au pouvoir, on n’a pas vu un autre parti politique qui s’est déployé pour l’enrôlement. (…) S’ils ne l’ont pas fait, qu’ils arrêtent de demander une prorogation ». Cela expliquerait-il le taux 45 % de non-inscrits ? Auraient-ils opté délibérément pour un boycott citoyen ? S’est interrogé le communicateur.

Interprétation, enjeux nouveaux et marche vers l’avant…

Selon M. Coulibaly, il y a eu une bonne coordination entre institutions concernées : ONI (Office national d’identification), MATDS (ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité), CENI, facilitant ainsi certaines tâches indispensables à la bonne marche du processus. A l’en croire, il y a un désir de citoyenneté toujours présent dans les mœurs des Burkinabè "malgré tout ce qu’on pense". Mais cette étape, poursuit le communicateur, est déjà un acquis à consolider afin d’espérer un fichier électoral fiable, éviter des conflits post-électoraux et appliquer rigoureusement les textes contre les cas de fraude qui seront détectés.

Aussi, le chiffre enregistré n’est-il pas négligeable mais à condition que ceux-ci se mobilise pour aller aux urnes. Car « l’essentiel n’est pas l’enrôlement, il faut accomplir l’acte ». D’où la nécessité pour les acteurs, à commencer par la classe politique, de multiplier les efforts pour un vote effectif des inscrits (après émondage, en cours, du fichier ). Cela fait appel également à l’offre politique. C’est-à-dire que les partis politiques et les candidats doivent convaincre par leur projet. « Et lorsque vous avez des partis politiques qui demandent le report, le citoyen est perdu (..) Eviter que l’électeur ait l’impression que rien ne changera et que, par conséquence, son vote ne servira à rien », s’inquiètent certains acteurs, référence faite à la demande de report des 17 partis politiques (le 13 septembre dernier,ndlr).

Pour le Pr. Luc Marius Ibriga, modérateur du dialogue, « l’essentiel », c’est de chercher les voies et moyens pour améliorer le taux d’inscription les fois à venir, travailler à mobiliser le corps électoral pour le 2 décembre et faire en sorte à avoir des résultats acceptés par tous les acteurs. Le président de la CENI a rassuré, une fois de plus, les acteurs de la volonté de son équipe à donner au Burkina Faso, des élections propres et acceptées par tous. Les dispositions sont prises pour cela. Et ce travail concerne tous les Burkinabè. Pas seulement la CENI et partis politiques. Le Burkina Faso ayant engagé de grosses sommes pour le processus et la stabilité étant tributaire également de ce genre de processus (expériences tirées de certains pays), il est demandé vigilance, bonne volonté et bonne foi à chacun, à quelque niveau qu’il se trouve.

Kader PALENFO (palenfokader@yahoo.fr)

Le Progrès


- Bon à savoir : La carte d’électeur peut-elle remplacer une carte nationale d’identité ?

Non. La carte d’électeur, c’est uniquement pour le besoin des élections (président de la CENI).

-Des journées portes ouvertes pour « achever de convaincre »

Pour le besoin de transparence et de vérification de la fiabilité, des journées portes ouvertes à tous les acteurs sont prévues les 27 et 28 septembre. Et chaque parti qui souhaite peut venir avec un expert pour vérifier la fiabilité du fichier.

-Pourquoi pas une prorogation ?

La classe politique a été consultée avec une proposition à cet effet. Mais la classe politique (opposition comme pouvoir, consultés séparément) a eu la même réponse : ce n’est pas la peine si on ne peut pas redéployer jusqu’aux villages. Au regard du coût que l’opération demande, il était impossible. La CENI avait proposé les chefs-lieux des 45 provinces. D’où la décision de s’en tenir seulement à la première opération (président de la CENI)

-L’enrôlement en cours (depuis le 10 septembre) au siège de l’institution ?

Cet enrôlement trouve son fondement dans l’article 59 du code électoral qui énumère les cas concernés par l’ « inscription en dehors des périodes de révision » (président de la CENI). A la date du 18 septembre, 75 personnes étaient enrôlées et 15 autres dossiers étaient en attente de délibération de la CENI.

-Inquiétude pour d’éventuelles fraudes liées aux inscriptions multiples

A la CENI, il n’ y a aucun risque lié aux inscriptions multiples. L’épurement sera effectif pour émonder le ficher. Que tout le monde soit rassuré sur cette question (président CENI)

-Au cas où l’intention de frauder serait avérée ?

Il faut noter par exemple que toute inscription multiple n’est pas forcément une inscription frauduleuse. En cas de fraudes, une plainte déposée par la CENI contre tout contrevenant.

Mais la compétence de la CENI s’arrête là. Il appartiendra à la justice de faire également son travail. La CENI n’étant pas une juridiction, elle n’a pas de compétence de poursuite.

-Comment détecter une intention malveillante avec ce cas précis d’inscriptions multiples ?

Par exemple, une personne est inscrite dans trois lieux différents A, B et C. Selon le ‘’principe’’, seul est valable, l’inscription au dernier lieu, c’est-à-dire sur la liste C.
Cependant, son nom va apparaître dans les deux premiers lieux (A et B) mais barré avec la mention « inscrit sur la liste du lieu C ». Si le jour du vote la personne se retrouve aux endroits où elle ne devrait pas être, elle sera remise à la justice.

-Plaintes déjà déposées par la CENI ?

Oui, deux plaintes : à Bobo-Dioulasso et à Ouahigouya. Les regards sont tournés vers les institutions compétences (la justice).

K.P

Le Progrès

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Municipales partielles : Les résultats provisoires proclamés
Municipales partielles : Le scrutin se déroule normalement