LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Commune rurale de Bouroum : Une crise de confiance aiguë entre le maire et des jeunes

Publié le mercredi 19 septembre 2012 à 22h58min

PARTAGER :                          
Commune rurale de Bouroum : Une crise de confiance aiguë entre le maire et des jeunes

A l’orée des élections municipales, des querelles « de politiciens » semblent faire surface à Bouroum, commune rurale de la province du Namentenga. Dans cette collectivité dirigée par le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le maire, Yoro Soumaïla Signam, et les jeunes ne parlent pas le même langage au sujet de certains dossiers.

D’apparence calme, la commune rurale de Bouroum, avec ses 46 232 âmes réparties entre 34 villages, est pourtant agitée, depuis un certain temps. C’est du moins ce que l’atmosphère qui y prévaut, laisse croire. La situation a pris un autre tournant, en ce mois de septembre 2012. Une guerre « silencieuse » oppose le maire, Yoro Soumaïla Signam et les jeunes de la commune. Les frustrations nées de la luttre de positionnement sur la liste communale en vue des élections municipales du 2 décembre prochain, y sont-elles pour quelque chose ? Le temps permettra de le savoir(…)

Mais en attendant, le Secrétaire général (SG) du bureau des jeunes et président du Conseil villageois de développement (CVD) de Bouroum, Adama Bonkoungou, « ennemi juré » du bourgmestre, susurre-t-on, serait en bonne posture pour devenir le prochain maire de la commune. Quoiqu’il en soit, ces deux militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), n’évoquent pas le sujet politique. Le SG du bureau des jeunes fuit la question. Le maire lui se veut être catégorique : « Je ne parle pas politique ! Les responsables politiques sont là, pour résoudre les questions politiques ». De son rapport avec le SG du bureau des jeunes dont on dit être son ennemi, l’édile de Bouroum est sans gants : « Je ne parle pas d’ennemi. C’est sur quel front ? ».

Cependant, il reconnaît reprocher à celui-ci de n’avoir « jamais » déposé de rapport d’activités sur son bureau, depuis qu’il a été porté à la tête du CVD de Bouroum en 2008. Réponse de l’intéressé : « Nous avons demandé à la mairie d’installer les présidents de CVD dans chaque village, mais rien. Tant que ça ne sera pas fait, nous ne ferons rien ».

Divergences de vue

Il parait évident que les deux hommes ne filent pas le parfait amour. Mais bien plus qu’une guerre de personnes, le maire et les jeunes de Bouroum ne sont pas en odeur de sainteté. L’édile clame : « Il n’y a pas une parfaite collaboration entre la mairie et la jeunesse. Les jeunes disent que nous ne les soutenons pas. Ils réclament une maison des jeunes, chose que la mairie ne peut pas réaliser, vu la modestie de ses moyens ». Le budget annuel moyen de la commune de Bouroum, relève-t-il, n’excède pas 10 millions de FCFA. « Ce que le maire dit est faux ! Depuis quand les jeunes se sont dressés contre lui ? Nous avons demandé la construction d’une maison des jeunes, c’est vrai, mais nous ne lui forçons la main, s’il n’a pas les moyens de le faire », rétorque le SG du bureau des jeunes, au milieu de ses camarades.

Pour lui, l’affaire de la maison des jeunes n’est que de la poudre aux yeux : « Le maire nous en veut, parce que nous avons refusé de prendre part à la coupe communale, l’année dernière (2011). Nous avons demandé l’organisation de cette compétition en vain, au motif qu’il n’y avait pas d’argent. C’est pour cette raison que nous avons refusé d’y participer ». En réaction, le maire affirme : « Les jeunes se sont montrés violents lors d’un match de gala de football. Pour cette raison, je ne voulais pas organiser une coupe qui va se transformer en ring. Je suis contre la violence ». A l’entendre, il a néanmoins voulu organiser la coupe communale par la suite et les jeunes ont refusé d’y participer. « Comme ils ont refusé, j’ai utilisé les 500 000 FCFA alloués à la coupe à d’autres fins », a-t-il précisé.

Une autre affaire de six plaques solaires offertes par l’Etat au profit de la maison des jeunes, en 2002, nourrit encore les rancœurs entre les deux camps. Lesdites plaques étaient accompagnées, selon les témoins, d’un téléviseur, d’un poste-radio et de plusieurs ampoules. Mais au moment de la remise des plaques, il n’y avait pas une maison des jeunes construite en bonne et due forme. C’est ainsi que le matériel complet a été installé, de commun accord, au bar-dancing du commerçant, Gueswendé Sawadogo, réquisitionné pour la circonstance. L’idée, rappelle le SG du bureau des jeunes, était de « préserver » le matériel. Et selon l’accord, le commerçant devait verser à titre de location, la somme de 6 000 F CFA par mois au comité de gestion, présidé par le préfet d’alors.

« A un moment donné, j’ai demandé avec succès à ce que ce montant soit ramené à 3 000 F CFA, à cause des problèmes de batterie des plaques solaires. J’ai même eu à payer 1500 F CFA par mois », a soutenu à ce propos, le locataire. Les recettes, à écouter un ancien membre dudit comité, Idrissa Tibiri Bonkoungou, frère aîné du président du CVD de Bouroum, étaient réutilisées dans l’entretien du matériel. Par la suite, la préfecture a transféré la gestion des plaques à la mairie, à la faveur de la communalisation intégrale de 2006.

Dispute autour d’une ambulance

Mais entre-temps, explique le maire, les jeunes de la commune l’ont approché pour manifester leur souhait de prendre la gestion des plaques solaires en main. « Pour éviter les tensions, j’en ai parlé au commerçant qui ne s’y est pas opposé. Depuis lors, je n’ai pas demandé de comptes aux jeunes », a-t-il fait savoir. « Nous avons effectivement approché le maire pour lui dire que nous n’étions pas d’accord avec le montant de 3 000 F CFA fixé pour la location des six plaques solaires et que nous voulons prendre les choses en main. Ce, d’autant plus que les plaques étaient gérées sans les jeunes qui ne bénéficiaient pas des retombées. Il nous a donné l’autorisation de le faire », a rapporté le SG du bureau des jeunes. Ainsi, a-t-il opiné, les jeunes sont allées démonter quatre plaques chez le commerçant.

Lesquelles, selon lui, ont été mises en location auprès de certains habitants, moyennant la somme de 4000 F CFA par mois et par plaque. « Une des plaques est endommagée. Il n’y a que trois qui fonctionnent », a-t-il regretté. Les deux autres plaques sont restées chez le commerçant, qui reconnaît les utiliser, par moments, puisque « leurs batteries ne résistent plus comme avant ». Il dit aussi ne pas verser de sommes d’argent à qui que ce soit à propos de la gestion des deux plaques restantes. Mais, où sont les fonds générés par la location des trois plaques au compte des jeunes ? « L’argent est placé dans un compte. Nous l’utilisons pour acheter des matériaux et confectionner des briques, en vue de la construction de la maison des jeunes », a répondu le SG du bureau des jeunes.

Une ambulance -tricycle offerte par la Loterie nationale burkinabè à la commune, en 2011, divise également le maire et les jeunes. Le bourgmestre ne digère pourtant pas le fait que l’ambulance, destinée à la commune, ne soit pas réellement revenue à celle-ci. Le président de la Commission des affaires économiques et financières de la mairie de Bouroum, Samsiguian Signam, a confié avoir vu l’ambulance au domicile du SG des jeunes. D’autres sources affirment que ce dernier exploite l’engin à des fins personnelles. « L’ambulance est garée chez moi », a d’emblée confirmé le SG du bureau des jeunes. Et de poursuivre que l’engin a été remis à son frère, le député Oumarou Bonkoungou, qui l’a donné à son tour, à leur frère commun, l’ambulancier Tibiri afin de le garder pour le Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du Village de Silmangué.

Ce CSPS n’a pas encore ouvert ses portes, selon les habitants. Aussi a-t-il argué : « Nous démarrons souvent l’ambulance pour le chauffer afin de le garder en bon état ». Tibiri n’a pas démenti la version livrée par son frère, le SG du bureau des jeunes, conduisant même l’équipe de Sidwaya à domicile pour montrer l’ambulance en question. Sur les lieux, le tricyle a l’air d’être en bon état. Mais, en réalité, à qui la LONAB a-t-elle remis l’ambulance ? « La LONAB a remis l’ambulance au député Oumarou Bonkoungou, qui devait la gérer avec les populations », a révélé l’ancien Directeur général (DG) de la société, Zambendé Théodore Sawadogo, au téléphone.

Un stock de vivres, 200 sacs de mil de 100 kg, offert par la Société minière Kindo Adama (SOMIKA) aux populations vulnérables de Bouroum, courant août 2012, cristallisent également les tensions entre le maire et les jeunes. Le premier souligne : « Le stock devait être géré par la mairie, mais ça été distribué par les jeunes. Mme le gouverneur du Centre-Nord nous avait instruit de mettre en place une commission de distribution ». Signé du maire, l’arrêté portant création de ladite commission de distribution existe effectivement. Sur cette affaire, le SG du bureau des jeunes rebondit : « Nous n’avons pas géré ces vivres ! ». Les clés du magasin où se trouvent les vivres de SOMIKA sont détenues par un jeune du nom de Salam Sebogo. A la question de savoir qui lui a confié ces clés, M. Sebogo a affirmé : « C’est le représentant de SOMIKA à Bouroum, Ousmane Dicko ».

A l’intérieur du magasin qui a été visité, se trouve encore des sacs de mil, qui, avoue-t- il, sont destinés aux villages qui ne sont pas venus chercher leur part. Joint au téléphone, M. Dicko a effectivement reconnu avoir remis les clés au jeune en question. A qui incombe la gestion des vivres de SOMIKA ? « Je ne veux pas m’immiscer dans les querelles des gens. Ce que je sais, c’est que j’ai informé le maire de l’arrivée des vivres », a martelé le représentant de la société minière.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 20 septembre 2012 à 16:46, par Un ancien fonctionnaire de Bouroum En réponse à : Commune rurale de Bouroum : Une crise de confiance aiguë entre le maire et des jeunes

    Signam Yoro Soumaila doit savoir qu’il ne pouvait pas terminer son mandat sans accroc avec les BONKOUNGOU de Bouroum. Il faut qu’il se renseigne auprès de Zambendé T. SAWADOGO au temps où il était député. Famille royale, les BONKOUNGOU s’imitient dans tous les affaires qu’il ne les regardent pas. Ils veulent s’attirer tous les avantages liés à n’importe quel service existant à Bouroum. Non seulement, ils sont les plus paresseux, mais ils sont contre toute personne qui y prospère. Ils racketent les commerçants, les orpailleurs et même des fonctionnaires de l’Etat. Bref. Le député Oumarou BONKOUNGOU devrait faire un sondage dans la zone pour savoir que ses frères ne sont pas aimés, Naba Tègré en tête. Ce sont les BONKOUNGOU qui sont la cause du non développement de Bouroum, chef lieu de la commune. Tous les investisseurs locaux préfèrent aller dans les autres villages comme Retkoulga, Kayara, etc. pour plus de discrétion aux yeux des BONKOUNGOU. Je préfère qu’on laisse Adama BONKOUNGOU, président des jeunes allez au charbon pour devenir Maire, il s’entendra pas avec ses frères dans la gestion. Il présentera ses carences et ses limites. A bon entendeur, salut.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km