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Djibo attend sa radio

Publié le mercredi 10 novembre 2004 à 07h41min

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Une station de radiodiffusion implantée au cœur des populations de la ville de Djibo. Voilà le projet que mijote depuis des mois le PDES II (Projet de développement de l’élevage dans la province du Soum 2e phase) du ministère des Ressources animales.

Aujourd’hui, l’étude technique de cette réalisation a démontré une adhésion grandissante et inouïe des habitants au projet. Du coup, cette réalisation se présente comme une exigence pour le PDES II : il est fermement attendu comme une espérance pour les populations.

La future station de radiodiffusion de la ville de Djibo, localité située à quelque 260 km de Ouagadougou, au nord-ouest du Burkina, émettra en modulation de fréquence (en FM).

L’étude de l’implantation de cette unité de radiodiffusion, réalisée par l’agence de communication française « Dynamis » sous la bienveillante coordination de feu Bogna Yaya Bamba, journaliste et expert en communication du PDES II, a confirmé, techniquement, la possibilité de la couverture totale de toute la province (12373 km 2).

L’étude a même prévu, le cas échéant, la possibilité de partager les infrastructures de la station avec d’autres opérateurs éventuels (radio nationale, télévision nationale, réseaux de téléphonie, etc.) désirant couvrir également la province du Soum.

On pourrait l’écouter sur la « bande 2 », c’est-à-dire entre 87,5 et 108 MHz. Emettant dans un rayon de 150 km ( l’étendue géographique du territoire de la province est de 165 km d’Est en Ouest et de 115 km du Nord au Sud), son programme pourra inonder les pays voisins de la ville : le Mali, le Niger...

Outil de communication de proximité par excellence pour l’ensemble des producteurs de la région, cette radio FM sera aussi, désormais, la fidèle compagne des départements géographiquement très proches du centre de Djibo. L’étude cite par exemple les villes de Lounga, Béléhedé et Nianemé, etc.

La durée de diffusion de ses émissions est de 18 heures par jour (soit de 5H30 à minuit). Comme langues nationales d’expression, la radio « parlera » en fulfuldé, fulsé, mooré, dogon et tamacheck. Son programme prévoit aussi des émissions en langue française.

L’implantation de cette radiodiffusion avec toute sa myriade de pylônes et de puissance d’énergie est prévue sur une élévation naturelle possédant un « dégagement à vue très important, afin de ne pas créer de zones d’ombre majeures ».

Si ce projet se hissait effectivement à la hauteur des ambitions du PDES II, la station de radio contiendrait un grand studio d’émission et de production avec un personnel léger de journalistes sortis du Centre de formation professionnelle de l’information (CFPI) à Ouagadougou ; ou recyclés sur place à Djibo sur les installations techniques de la radio.

Un enthousiasme populaire

A la lecture, l’étude donne en effet la preuve matérielle de l’ambition du Projet de développement de l’élevage dans la province du Soum et gagne, de prime abord, la confiance des autorités nationales. Déjà, tout Djibo exulte. Les 20 et 21 octobre derniers, quand nous y sommes arrivé pour l’atelier de restitution de cette étude, la population, comme une traînée de poudre, et de bouche à oreille, a fait circuler l’information du lancement officiel de l’installation de cette station.

A dire vrai, la ville attendait depuis longtemps cette FM, dont l’étude a été menée il y a au moins un an. La ville de Djibo possède l’un des plus grands marchés à bétail du Burkina et de la sous-région, où s’achète, se vend et se convoie le bétail sur les pays de l’Atlantique particulièrement.

Peuple nomade, dans sa majorité pastorale, la population de part son activité agropastorale, s’est toujours déplacée avec un poste radio porté en bandoulière. Cette vieille pratique sociologique démontre à quel point elle tient au transistor.

Dans les concessions, en brousse, au bord des mares d’eau, le berger écoute toujours la radio. Psychologiquement, l’implantation de cette station les rapproche davantage de leur transistor et ouvre leur environnement immédiat sur les nouvelles technologies de la communication.

Monsieur Jean-Claude Chassaing, qui a conduit l’étude au nom de l’agence « Dynamis » et principal animateur de l’atelier de Djibo, l’a du reste confirmé : tous les équipements sont de la nouvelle génération et « prennent en compte les nouvelles technologies et recommandations des différentes instances régissant le monde de la radio- diffusion ». Mais une précision d’importance. L’implantation de la station n’est d’abord, à cette étape de l’étude, qu’un projet. Le rêve peut s’arrêter.

Parce que tout simplement il y a eu déjà au Burkina des radios mort-nées, qui ont vu le jour à la faveur des politiques de la coopération décentralisée.

Et puis cette radio, les participants à l’atelier s’en sont inquiétés d’ailleurs, sera placée sous quelle régime juridique ? Autrement dit, sera-t-elle une radio communautaire, commerciale ou associative ? Et quel corps socioprofessionnel en portera la responsabilité juridique ? Le PDES II finit théoriquement dans trois ans.

Il faudra y réfléchir et les autorités locales ont été interpellées. Mais en attendant, « cette nouvelle » se présente déjà comme une demande pressante des éleveurs et partant de toute la population. La ville attend donc... Et le coordonnateur du PDES II, M. Désiré Somé, a désormais la pression sur son dos.

La charge du devoir lui impose de soumettre très vite le projet au gouvernement à travers le ministère des Ressources animales pour avoir son quitus politique dans la perspective de voir la BAD (Banque africaine de développement, l’institution chargée de financer cette réalisation) délier l’escarcelle.

Idrissa Nogo
DCPM/MRA

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