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Autonomisation économique de l’autre moitié du ciel : L’autre thème majeur du 3e Forum national des femmes

Publié le lundi 17 septembre 2012 à 23h27min

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Autonomisation économique de l’autre moitié du ciel : L’autre thème  majeur du  3e Forum national des femmes

Conformément au calendrier du forum, la question de l’autonomisation de la femme pour le rétablissement de l’égalité entre les sexes sous nos tropiques a été abordée ce 14 septembre 2012 à Ouagadougou. Malgré la fatigue et la faim qui se faisaient plus sentir que la sensuelle fraîcheur du spacieux Palais des sports de Ouaga 2000, cette question a été débattue sous la présidence de Nestorine Sangaré, ministre de la Promotion de la Femme avec Viviane Compaoré du MATDS à la modération.

Le débat organisé autour du thème : « Entreprenariat Féminin et accès des femmes au financement au Burkina Faso » a fait l’objet de deux communications axées respectivement sur les possibilités qu’offre aux femmes la Stratégie de Croissance Accélérée pour le Développement Durable (SCADD) et sur les disponibilités financières du Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF). A l’issue de ces communications, la synthèse de fora régionaux fut présentée. Cette synthèse fait justement ressortir les aspirations profondes des femmes de toutes les contrées du Burkina Faso pour l’effectivité de l’autonomisation économique de la femme au pays des Hommes intègres. Partant du constat que non seulement la femme ne dispose pas encore de la propriété foncière, pourtant gage de prospérité dans l’agro-business, mais aussi les établissements financiers auxquels les femmes s’adressent habituellement pour obtenir le financement de leurs activités posent la condition de garantie, il n’y a véritablement pas, dira le communicateur M. Parfait Ouédraogo consultant en micro-finance et entreprenariat du Cabinet Burkina Solution, de possibilités pour l’autonomisation économique de la femme dans notre pays. Néanmoins, l’avènement de la SCADD constitue une opportunité en ce qu’elle permet de pallier cette exigence de garantie bancaire. Mais la jouissance effective de cette opportunité pourrait mieux résulter de la création par l’Etat d’un Fonds de garantie au profit des femmes et aussi par le renforcement des capacités, financières surtout, du FAARF.

Le FAARF vise à inculquer, selon sa directrice Bernadette Ouattara, un esprit associatif au sein des femmes. En effet, pour en bénéficier, il faut, en plus d’être Burkinabé, résider au Burkina Faso en y exerçant une activité génératrice de revenu dans le secteur informel, et de formuler une demande, être membre d’un groupement ou d’une association. « Le Fonds n’exige aucun sous au dépôt du dossier », a martelé Madame Ouattara. Ce message, ayant été donné de constater qu’il fait souvent l’objet de violation par certains agents du Fonds, a été particulièrement répété de vive voix avant d’être traduit en Mooré et en Dioula par la communicatrice qui, par ailleurs, a dénoncé l’esprit véreux de certains autres agents en prenant l’exemple de trois femmes analphabètes qui sont ressorties d’un guichet du Fonds avec un reçu de 20 000F CFA après avoir versé 200 000F CFA. En plus de l’absence de frais de dossier avant l’obtention du financement, l’attractivité du Fonds tient à la faiblesse de son taux d’intérêt qui est de 10%. Malgré sa vingtaine d’années d’existence avec plus de 41 milliards de nos francs octroyés à ce jour, le Fonds reste encore inconnu dans beaucoup de localités du pays. Elle gagnerait mieux, dans sa perspective de soutien à l’autonomisation économique des femmes, en travaillant sur sa visibilité et sur sa crédibilité sur toute l’étendue du territoire national, en réduisant son taux d’intérêt, et en augmentant le montant des prêts étant donné que la plupart des secteurs prometteurs d’activités économiques exigent de plus en plus d’importants capitaux.

La séance fut aussi celle de la présentation de l’économie des fora régionaux axés notamment sur les initiatives d’autonomisation des femmes du Burkina. C’est ainsi que par Région et par secteur ministériel, Dr Marie Claire Millogo /Sorgho, Secrétaire Permanent du Conseil National de la Promotion du Genre, a fait l’état de l’existant, du promis, et des perspectives d’amélioration de la situation économique de la femme burkinabè. En effet, l’on peut retenir avec la communicatrice, l’existence de centres d’alphabétisation fonctionnels en dépit de leurs insuffisances multidimensionnelles, la non disponibilité des 100 000 charrues promises par le Chef de l’Etat, le vœu de bénéficier entre autres, de plus de sensibilisation sur la santé de la reproduction, de formations sur des questions pertinentes de la pratique économique.

Après ces communications, place fut faite aux échanges avec l’auditoire visiblement épuisé, mais jusque là intéressé par le débat. C’est ainsi qu’à la suite d’une quinzaine d’intervenants avec des préoccupations diverses mais convergentes quant au souci d’autonomisation économique de la femme, la parole est revenue successivement aux communicateurs qui ont tenté de clarifier certaines zones d’ombre relatives à la SCADD et au FAARF, puis à la modératrice, et enfin à la présidente de séance qui a tenu, après s’être exprimée sur la question de tutelle administrative du FAARF, à rappeler l’importance de ces échanges en ce qu’ils doivent permettre de disposer de recommandations solides et pertinentes à soumettre au Président Blaise Compaoré.

Le souhait de voir le FAARF rattaché au Ministère de la Promotion de la Femme(MPF) a été exprimé par une des intervenantes. « Le rattachement du Fonds au MPF relève d’un vieux débat qui a été mené avant même mon arrivée », a laissé entendre Mme la ministre, avant d’indiquer que ce rattachement s’impose pour être véritablement un Fonds au service des femmes, et de promettre la reprise des discussions à cet effet avec son homologue des finances. Il faut vivement souhaiter que la tutelle administrative dudit fonds revienne au MPF le plus vite possible, car il relève aujourd’hui d’un impératif, pour peu que l’on soit soucieux du développement économique de notre pays, d’apporter son soutien quelle qu’en soit la nature et à quel que niveau où l’on se trouve, aux femmes du Burkina Faso dans leur combat qui, du reste, est légitime, ce serait-ce qu’en se plaçant sur le terrain économique. Le Ministère de l’Economie et des Finances gagnerait donc à dépasser ses intérêts découlant de la gestion de ce Fonds en le concédant au MPF qui d’ailleurs, dispose déjà d’un encadrement institutionnel assez déconcentré, donc plus proche des plus nécessiteuses de cet instrument d’accompagnement financier des femmes dans leurs activités génératrices de revenus.

Fulbert PARE (Satgiaire)

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