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La CEDEAO sollicitée pour une intervention au Nord Mali : Demande un peu tardive mais pleine d’opportunité

Publié le mercredi 5 septembre 2012 à 14h24min

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La  CEDEAO sollicitée pour une intervention au Nord Mali : Demande un peu tardive mais pleine d’opportunité

Ca y est. La communauté internationale par le biais de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) peut maintenant envoyer des forces au Mali en vue, surtout de la reconquête du Nord du pays aux mains de groupes islamistes.

C’est tout l’intérêt du courrier adressé ce mardi 4 septembre 2012 au président en exercice de la CEDEAO Alassane Dramane Ouattara par le président intérimaire malien, Dioncounda Traoré, qui souhaite également un appui pour la sécurisation de la transition à Bamako à travers notamment le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité du pays en matière de lutte anti-terrorisme. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette décision du président Traoré ne vient pas très tôt. Elle intervient cinq mois après l’occupation du nord par les mouvements islamistes. En tout cas, pour tous ceux qui n’ont cessé de réclamer à cor et à cri, depuis la partition de fait du pays, une intervention militaire extérieure, ce n’est certainement pas le moment le plus indiqué. Surtout que la CEDEAO se disait, se dit prédisposée à intervenir et n’attendait qu’une couverture du Conseil de sécurité des Nations Unies. Sans doute, une réaction plus prompte face à la situation aurait quand même permis, à défaut de déjà reconquérir tout le nord, de limiter un tant soit peu l’excroissance islamiste, ne serait-ce qu’empêcher la récente conquête de la ville stratégique de Douentza (au centre) par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

Pour autant, la demande de Dioncounda Traoré est loin d’être dénudée de tout sens ou de toute opportunité. Formulée au lendemain de la prise de Douentza, considérée comme ce qui aurait fait déborder le vase, la requête du président intérimaire vient en quelque sorte à point nommé. « Trop, c’est trop » ou « pourquoi pas ? » pourraient se dire, respectivement, les faucons et les colombes de Bamako. En outre, la majorité des militaires maliens seraient prêts pour une reconquête du nord du pays. Par ailleurs, l’Algérie dont on dit souvent opposée à toute idée d’intervention armée dans la région a peut-être aujourd’hui des raisons suffisantes de laisser faire. En effet, à Alger, le courant ne passe plus entre le pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika et les islamistes du Mouvement pour la société et la paix (MSP) qui ne devrait pas, en principe, compter de représentants dans le très attendu gouvernement du nouveau Premier ministre Abdelmalek Sellal. Si l’on ajoute à cela l’annonce, le dimanche dernier, de l’exécution d’un otage algérien par le MUJAO, on peut dire qu’Alger a objectivement de bonnes raisons de fermer les yeux sur une intervention au nord du Mali, à défaut de la cautionner. Donc, l’un dans l’autre, la décision de Dioncounda, de solliciter maintenant l’aide militaire de la CEDEAO n’est pas du tout absurde. Elle vient un peu tard certes, mais elle est pleine d’opportunité. A Bamako comme à ailleurs, la mesure devrait rassembler plus que s’elle était prise hier. Cela dit, ce n’est qu’un début, un premier pas vers la reconquête du nord Mali. Car, entre la réception de la demande de Bamako et le début sur le terrain de l’intervention militaire il peut se passer beaucoup de choses et de temps. La CEDEAO, même s’il fait état de quelques milliers de soldats mobilisés, ne devrait pas prendre le risque de déclencher les hostilités sans s’assurer au préalable du soutien de la communauté internationale qui elle-même conditionnait son appui à la CEDEAO au feu vert des autorités maliennes. Ce signal étant donné par Bamako, les regards sont maintenant tournés vers les Nations Unies. L’autre inconnu de l’équation malienne, c’est la réaction des groupes islamistes du nord et de leurs alliés. Vont-ils se contenter de défendre leurs positions ou vont-ils chercher à accroître leurs conquêtes territoriales avant le début des affrontements ? L’on imagine que Bamako avant de se décider enfin à solliciter la CEDEAO a pris ses précautions. Bref, quel qu’il en soit, l’on s’achemine, sans doute, vers une phase décisive de la crise malienne. Comme disent les Anglais, Wait and see.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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