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Un an après le décès de Sita Traoré : La maternité Sylla Sanou toujours fermée

Publié le lundi 3 septembre 2012 à 23h24min

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Un an après le décès de Sita Traoré : La maternité Sylla Sanou toujours fermée

Au premier anniversaire du décès très controversé de la parturiente Sita Traoré à la maternité Sylla Sanou de Bobo-Dioulasso, les souvenirs restent encore vifs dans les esprits des Bobolais, en particulier les habitants du secteur 21. Et cela, d’autant que la maternité qui avait été saccagée et incendiée par les populations en colère reste toujours fermée. Un an après, même si les deux infirmières condamnées pour « manque d’attention » ont purgé leurs peines, la famille de la défunte reste sans nouvelles de la suite du dossier. L’une des révoquées avec poursuites judiciaires en Conseil des ministres, a curieusement repris service.

1er septembre 2011. « Jeudi noir » au secteur 21 de Bobo-Dioulasso. Ce jour-là, les populations se sont réveillées avec la triste nouvelle du décès de Sita Traoré, morte en voulant donner la vie à la maternité Sylla Sanou, sise dans ledit secteur. La consternation a vite fait place à la colère lorsque les populations ont vraisemblablement appris que cette mort était surtout le fait d’une négligence flagrante de la part des deux agents de santé (une accoucheuse et une Agent itinérante de santé) qui étaient de garde la veille. Indignés par ces circonstances du décès de la pauvre dame, les riverains n’ont pas hésité à incendier la maternité dans l’après-midi.

Dame Sita a laissé derrière elle six enfants dont un est mécanicien, un autre est électricien. Tandis que deux autres sont à l’école primaire (CE2 et CP2) les deux derniers, encore en bas âge, sont à la charge de ses deux coépouses.

Les deux infirmières fautives vont répondre de leur acte devant le parquet puis seront déférées à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso (MACB). La suite, on la connaît. Elles ont été licenciées le mercredi suivant les faits par décision du Conseil des ministres. Le mardi 11 octobre 2011, « l’affaire des accoucheuses de Sylla Sanou » était au rôle du Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso. Six mois fermes ont été retenus contre la principale coupable, Mme Bahan, l’accoucheuse auxiliaire. Son « acolyte », Mme Yoni, agent itinérante de santé, a quant à elle, écopé de six mois de prison avec sursis, parce que non habilitée à intervenir dans les accouchements. Le tribunal, après avoir suivi la requête du parquet a condamné les deux femmes à payer solidairement une amende de 3 000 000 de F CFA. Adama Traoré qui avait demandé 40 millions de FCFA au titre des dommages et intérêts et sur lequel le tribunal s’est retenu de tout commentaire indique qu’il n’est toujours pas entré en leur possession.

Les dossiers sont restés sans suite

« Après le jugement, je suis allé plus de quatre fois à la justice pour la suite de l’affaire. Mais je n’ai pas eu gain de cause. On m’a toujours dit que la justice suit son cours et par la suite, on m’a dit que le dossier se trouverait ailleurs », raconte Adama Traoré, l’époux de la défunte que nous avons rencontré à son domicile. « Je vous informe aussi que depuis le jugement, plus rien n’a été fait. C’est le silence total. Et du côté de la justice, et du côté des autorités qui avaient pourtant promis de prendre à bras le corps cette affaire », poursuit-il. Avec à sa charge les six enfants que la défunte a laissés, il dit être grand perdant, mais garde toujours espoir. Ruminant son mauvais souvenir, Adama Traoré semble toujours « remonté » contre ces infirmières qui, selon lui, ont occasionné la mort de sa femme. « Je veux que réparation soit faite », a-t-il martelé.

L’une des agents à l’origine des faits aurait repris service au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Colsama dont relève la maternité Sylla Sanon. « Malgré leur révocation en Conseil des ministres », nous explique un membre du Syndicat des travailleurs de la santé (SYNTS), pour qui, « il n’y a pas un texte d’application de la décision au sein du ministère en charge de la Santé ». La deuxième agent en cause, n’a pas, pour sa part réintégré la Fonction publique.

« Sylla Sanon » fermée, CMA débordé

Le Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) du secteur 22 et le Centre hospitalier universitaire Souro Sanou (CHUSS) « débordent » de femmes enceintes à terme, depuis que Sylla Sanou est « partie en fumée ». « De toute évidence, la fréquence a doublé. Il n’y a aucun doute. Les accouchements vont quelque fois jusqu’à plus de 350 à 500 dans le mois. Mais nous ne pouvons pas apporter davantage de précisions », lance une infirmière à l’hôpital Sanou Souro. Au CMA de Dô, le Médecin-chef de district (MCD) s’est refusé à tout commentaire sans autorisation du directeur régional de la santé. « Allez-y à la direction régionale », dit-il.

Ayant requis l’anonymat, une infirmière indique néanmoins que « cette situation n’est favorable à personne, ni aux agents, encore moins aux populations ». « La fermeture de la maternité n’est pas, a-t-elle ajouté, à applaudir ». « On la ressent fortement à travers l’augmentation de la fréquentation du CMA. En cela, il faut dire que c’est la population qui va en pâtir. Des femmes sont aujourd’hui obligées de parcourir de longues distances avec tous les risques pour avoir les soins », a-t-elle soutenu. « Pourtant, a signifié l’infirmière, le CMA est un centre de référence et en principe, ce sont les cas d’urgence qui doivent y être transférés, tels que les « accouchements dystociques ».

« Près de 80 % des accouchements eutociques se passent au CMA depuis la destruction de Sylla Sanon », a-t-elle soutenu. « Les agents du CMA sont débordés de travail et malheureusement ce sont les paroles du genre qu’on entend : « vous souvenez-vous de ce qu’on a fait à la maternité Sylla Sanon ? On peut le faire également ici », a-t-elle déploré. Toutefois, a-t-elle dit, « nous travaillons à restaurer une véritable confiance entre les populations et les agents de santé. Il ne fait plaisir à aucun agent de santé de faillir à sa mission de sauver des vies, bien au contraire ». En attendant leurs réouvertures, probablement en septembre, les locaux saccagés par les populations ont été réfectionnés par la commune de Bobo-Dioulasso. D’abord estimés à 18 014 783 F CFA, les travaux ont coûté 24 312 856 F CFA à la mairie.

100 décès maternels en 2011 dans les Hauts-Bassins

Avant et après Sita Traoré, ce sont 100 décès que la région des Hauts-Bassins a enregistrés en termes de mortalités maternelles en 2011. « C’est trop ! », pourra-t-on dire lorsqu’on sait les importantes mesures prises par le gouvernement et les organismes internationaux pour sauver la vie des femmes lorsqu’elles donnent la vie. Qu’est-ce qui ne va donc pas ? Que ne fait-on pas ? Autant de questions qui méritent réponses. Alors, vivement que de réelles solutions soient vite trouvées pour sauver la vie des femmes.

Bassératou KINDO (beckyelsie@yahoo.fr)


Il est temps !

Cela est devenu une mode : le phénomène qui conduit à se faire justice soi-même. Une « mode » pourtant mal choisie. En effet, pour peu qu’une situation se présente, les populations ont tendance à se faire justice. Si ce n’est ôter la vie d’autrui pour, dit-on, se venger, on se met à détruire les édifices publics. De tels comportements pernicieux doivent être maintenant sanctionnés avec rigueur.
L’enquête suit son cours…

Une enquête avait été ouverte pour retrouver les auteurs des casses de la maternité Sylla Sanon. « Elle suit son cours. La brigade ville de la gendarmerie continue les recherches », nous informe le procureur du Faso, joint au téléphone. Vraiment ?

Donnez-nous l’information s’il vous plait !

Obtenir de l’information relève d’un « parcours du combattant », surtout à Bobo-Dioulasso. « Ne venez plus ici pour des recoupements d’informations », nous prévient un agent dans un service étatique. « Nous ne pouvons rien vous dire. Allez-y voir le Médecin-chef de district », nous suggère un infirmier. Le médecin-chef, à son tour, nous réfère à la direction régionale de la santé pour l’obtention d’un permis d’interrogation. Pauvre de nous, journaliste !

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 4 septembre 2012 à 15:55, par Oncle Leuk En réponse à : Un an après le décès de Sita Traoré : La maternité Sylla Sanou toujours fermée

    Hei, ka ya woto. Si tu parles au hasard, c’est tant pis pour toi. Souffrez que l’infirmier vous demande de voir le MCD qui à son tour vous demande de voir la DRS. Ici, chacun protège sa tête pour ne pas servir de prochain mouton de sacrifice

  • Le 4 septembre 2012 à 17:05 En réponse à : Un an après le décès de Sita Traoré : La maternité Sylla Sanou toujours fermée

    IMPORTANT
    ce que les gens ne savent pas : beaucoup d’agents de santé travaillent dans l’illégalité selon les textes par exemple l’accoucheuse doit être assister par son supérieur, l’infirmier ne doit pas consulter un malade ,l’attaché en chirurgie doit être assister par un chirurgien.etc etc etc ....c’est à leur risque et péril qu’ils sauvent des vies humaines dans les villages et villes .le FASO est un pays pauvre si on applique à la lettre les textes beaucoup mouront .de se faite s’il ya un cas malheureux n’éffrayez pas d’avantage les agents de santé . pour preuve dans un CHR de la place les Attachés en chirurgie ont réffusé d’opérer car aucun texte ne les protège si ya un problème comme celui de la maternité SYLLA SANON. merci..................

    • Le 5 septembre 2012 à 15:01, par wedaga En réponse à : Un an après le décès de Sita Traoré : La maternité Sylla Sanou toujours fermée

      Cette pagaille de travailler dans l’illégalité est organisée par l’Etat burkinabè. Si les textes occidentaux en matière de santé ne peuvent être appliqués dans notre pays compte tenue de nos réalités, ils peuvent être adaptés à ces réaltés. L’Etat sait ce qui est bien, et voit aussi les dégats quotidiens de son silence. L’augmentation des taux de décès et surtout maternels et infantiles n’inquiète aucune personne avertie, qui connaît le milieu sanitaire.Ce silence est volontaire, afin de satisfaire l’orgueil d’une profession qui croit être au dessus des autres : la profession médicale. Résultat : c’est la population qui va toujours récolter les pôts cassés ; il ni les casses, ni les licenciements des agents de santé souvent accusés et sans défense, ni même le fait d’ôter la vie à un agent en reponse à un incident, ne saurait être la solution.Une question se pose : l’Etat burkinabè veut-il réellement des soins de qualité, accessibles pour ses populations ?

  • Le 5 septembre 2012 à 08:37 En réponse à : Un an après le décès de Sita Traoré : La maternité Sylla Sanou toujours fermée

    quand le journaliste dit efforts importants du gouvernement il faut qu’il dise ce qui est tès important comme effort. Le gouvernement n’a rien fait d’exeptionnel. A Yalgado les femmes accouchent et restent à terre. Les salles sont vetustes au point qu’il ya des incendies. Le materiel manque. Et on parle d’effort important ????? Cest facile d’accuser.....

  • Le 5 septembre 2012 à 12:06, par fredi En réponse à : Un an après le décès de Sita Traoré : La maternité Sylla Sanou toujours fermée

    les agents de santé ont besoin de se faire comprendre par l’opinion publique. la presse a tendance à dramatiser des situations qui en réalité ne le sont pas. a lire 100 décès maternel en 2011 pour une région parait alarmant. ya-t-il eu manquement imputable aux agents de santé ? les responsabilités ne sont-elles pas partagées ? il faut donc de la communication dans la santé. chaque décès maternel fait l’objet d’audit aussi bien dans les structures de santé que dans la communauté. que les journalistes s’approprient ces rapports pour mieux sensibiliser les populations

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