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Désignation des candidatures CDP aux législatives et municipales : Quand des prétendants rusent avec la base et « faussent le jeu »…

Publié le jeudi 30 août 2012 à 23h30min

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Désignation des candidatures CDP aux législatives et municipales : Quand des prétendants rusent avec la base et « faussent le jeu »…

Le choix des candidats du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dans certaines provinces, tel qu’il se présente actuellement, fausse visiblement le jeu démocratique. Et le parti risque d’en prendre un sérieux coup si les premiers responsables ne prennent pas, à temps, l’entièreté de leurs responsabilités.

Selon des listes de désignation de candidats à la candidature du CDP aux législatives de décembre prochain, qui malheureusement circulent sur le net et qui sont reprises dans la presse, on peut d’entrée de jeu conclure que dans certaines provinces, les candidats sont connus et confirmés et que rien ne devrait pouvoir inverser la situation. En clair, « les collèges d’appréciation » des candidatures, pourtant conduits par des responsables au plus haut niveau du parti et encadré par des directives bien claires, ont fait le travail (qui ne leur revient pas) à la place du collège d’appréciation qui relève du bureau exécutif du parti et qui est mis en place pour recevoir, faire des propositions de classement qu’il soumettra au SEN pour prises de décisions finales.

Ainsi dans des provinces naguère bien connues et où sont suffisamment implantés des hommes politiques à la carrure et à la notoriété indiscutables, on a assisté à ce qui apparaît aux yeux d’hommes politiques avisés à une mascarade inqualifiable teintée de « truquages » et « d’achats de consciences » de membres de collèges.
Des exemples et non des moindres ? A tout seigneur tout honneur ? ! Assimi Kouanda, Secrétaire exécutif national du CDP, donc premier responsable de ce parti, est classé troisième dans le Kadiogo après François Compaoré et Jean-Christophe Ilboudo, premier adjoint au maire de Ouagadougou Simon Compaoré.

Si l’on tient compte de la décision du collège d’appréciation et du classement qu’on veut imposer. Est-ce à dire que les militants du CDP, ou encore le collège d’appréciation du Kadiogo connaît mieux et apprécie plus favorablement un Jean-Christophe Ilboudo ou un François Compaoré par exemple que le premier responsable du parti dont ils sont membres ? C’est à n’y rien comprendre.

A Fada, Paramanga Ernest Yonli, après avoir été ministre de la Fonction publique, Premier ministre, ambassadeur aux Etats-Unis et aujourd’hui président du Conseil économique et social (CES) est moins connu, moins bien apprécié et de ce fait n’est pas capable de faire gagner son parti dans son fief. Il arrive pour cela à la cinquième place ! Si ce n’est pas du tripatouillage, ça y ressemble. Si ce n’est pas de la « myopie politique », c’est tout comme.

Mélégué Traoré, qui a été président de l’Assemblée nationale, ministre des Enseignements secondaires et de la Recherche scientifique, ambassadeur, fils de paysan et chef coutumier n’est pas si connu, car il n’est pas en mesure de faire gagner le CDP qu’il conduit depuis plus de 20 ans dans cette même localité. Après avoir patronné des campagnes électorales victorieuses à Bobo et à Banfora. Il arrive en deuxième position après Mamadou Ouattara. Quelle incongruité ? ! Tous ceux qui ont eu l’occasion de connaître les Cascades puis la Léraba avec cet ancien patron des scouts du Burkina ne peuvent croire à une telle vérité. Qu’est-ce donc à dire ?

A Bobo-Dioulasso par exemple on a poussé le ridicule jusqu’à faire croire effectivement que les candidats retenus sont classés par ordre de mérite ; et en face les suppléants. Il paraît que certains candidats ou suppléants « autoproclamés » par la base (consciente ?) ou leurs partisans dans certaines provinces ont déjà fêté leur victoire ; et se font appeler pompeusement et honorablement « Monsieur le député ».
A partir de ces exemples bien illustratifs d’une situation qui risque de « saper le moral » des uns et des autres, les instances suprêmes du parti qui prônent la véritable démocratie, doivent prendre au plus vite leurs responsabilités et faire entendre raison à la base, la « vraie base » car la désignation des candidats qui doivent défendre les intérêts des populations ne peut s’accommoder de certaines pratiques.

De même, ces instances doivent faire comprendre à tous ceux qui ont joué à ce « tripatouillage », que le parti a opté depuis longtemps pour des pratiques saines, démocratiques et transparentes. Et qu’il s’agit de désigner des véritables représentants du peuple, dignes et respectueux des principes de liberté de choix, de bonne gouvernance et non des « business men politiques ». En effet, et c’est le lieu de le dire tout de suite, l’argent a véritablement « circulé ». Des membres de collèges d’appréciation ont été par endroits pris en charge, tous frais compris, au compte de prétendants. Est-ce cela le jeu démocratique ?

Si au sein d’un parti comme le CDP qui dirige l’appareil d’Etat, de telles pratiques doivent encore exister en lieu et place du véritable jeu démocratique, il faut craindre qu’au détriment de députés ou de conseillers conscients de leur rôle, nous ayions de petits « barons » qui viendront tout simplement « piller » les caisses de l’Etat et s’en aller. La précipitation avec laquelle ces listes ont été diffusées, et les intentions qui sous-tendent cette publication trahissent si besoin en est, encore des intentions des uns et des autres.

Il n’est donc pas à exclure que la direction nationale du parti, pour des raisons « d’éthique politique » et de bon sens, décide de la reprise des désignations dans certaines provinces, ou bien les déclare nulles et de nul effet telles qu’elles ont été faites et publiées. Avec comme argument, qu’elles n’ont pas été conduites comme de façon « transparente ». C’est un courage politique qu’il faut savoir acquérir. Il est ici question d’inculquer de la morale à des gens qui apparemment en manquent. Au moment où le peuple burkinabé réclame la transparence, la justice, les libertés et le bien-être, ce genre d’hommes politiques sont à exclure des rangs de partis politiques dignes de ce nom.

Pendant qu’on y est, le CDP devrait faire très attention à éviter que les mêmes comportements ne se répètent dans la désignation des candidats à la candidature aux municipales. Car, il semble que des hommes politiques, pour se faire retenir sur des listes dans certaines localités, sont en train d’user de moyens financiers occultes et illicites.

Séri Aymard BOGNINI

L’Express du Faso

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