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Forum national de la femme 2012 : « C’est une action plus préventive, plus interpellatrice que nous sommes entrain de faire »

Publié le lundi 27 août 2012 à 23h05min

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Forum national de la femme 2012 : « C’est une action plus préventive, plus interpellatrice que nous sommes entrain de faire »

Les 14 et 15 septembre prochain, les femmes du Burkina se réuniront à Ouagadougou au cours du forum national des femmes. A moins d’un mois de cette biennale qui est à sa troisième édition, nous avons rencontré le ministre de la promotion de la femme, madame Nestorine SANGARE. Elle justifie le choix du thème, dévoile le programme d’activités et évoque les tournées de préparation dans les régions et les provinces.

Quel est le programme d’activités de la présente édition ?

En guise de programme, l’événement est composé de trois parties. Premièrement, nous avons une pré-conférence ou pré-forum qui aura lieu le 13 septembre. Nous allons consacrer toute la journée pour passer en revue ce que tous les départements ministériels ont fait de 2010 à 2012 pour les femmes sur le territoire national. Nous passerons également en revue les activités que les différentes institutions publiques mènent en faveur des femmes dans notre pays. Nous allons entendre les partenaires techniques et financiers et les organisations de la société civile (OSC) qui accompagnent, soit en apportant de l’argent, soit en accordant des possibilités de financement, etc. Ils devront donc présenter un rapport sur la contribution des PTF qui interviennent au niveau du Burkina. Cela, c’est ce que nous appelons un premier panel technique.

Le deuxième panel technique va consister à la présentation des rapports régionaux. Nous faisons une présentation par ministère technique qui dit quelles sont ses politiques, les programmes, les plans, les projets mis en œuvre, les actions prioritaires définies au niveau central pour être mises en œuvre jusqu’au niveau de la province ou du département. Nous ferons également ce même travail pour les institutions qui n’ont pas le même rôle que les ministères mais dont le rôle est complémentaire. Nous le ferons pour les partenaires, pour les directions régionales de chaque ministère technique sur le terrain à travers les forums régionaux, les contributions des OSC à la base, les contributions des communes au niveau local pour maintenant donner une vue d’ensemble. A partir de là, nous pourrons, au sortir du forum, avoir une idée juste sur l’entendue des efforts, l’importance, l’envergure, la durée et la pertinence par rapport aux aspirations et aux préoccupations des femmes.

La journée du 14 est la journée du forum à proprement parler. Le forum va être présidé par la première dame, madame Chantal COMPAORE. A l’occasion, nous aurons une présentation sur le thème central du forum qui est « Prise en compte des femmes dans la mise en œuvre de la stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) » avec le secrétaire technique de la SCADD, Dr Abel SOME. Après cela, nous aurons au total 5 panels. Un premier panel sur l’impact des inégalités liées au genre, sur l’atteinte des objectifs de la SCADD et des OMD. Un deuxième panel sur la prise en compte de la femme dans la mise en œuvre de la SCADD de 2011 à 2015 : forces, faiblesses, défis et opportunités. Ce panel sera présenté par le chef de file des PTF. Le troisième panel va concerner l’entreprenariat féminin et l’accès des femmes aux financements au Burkina Faso et nous avons trouvé un expert national pour l’animer. Le quatrième panel va s’intéresser à la question de la transversalité du genre dans la SCADD, les enjeux et les défis de la concertation, de la synergie entre les différents secteurs ministériels et les différents acteurs. Pour ce panel, nous ferons appel à une experte nationale, Dr OUEDRAOGO Djénéba. Le cinquième est un panel de synthèse qui fait le point sur les actions prioritaires à mettre en œuvre d’ici à 2015 pour atteindre les objectifs de la SCADD et des OMD. Ce panel va tirer les leçons de toutes les recommandations, les suggestions, les propositions qui vont ressortir de l’ensemble des rapports qui seront présentés par les différents ministères, les OSC, les communes. Ce travail de synthèse débouchera sur les engagements des différents acteurs d’ici à 2015 pour améliorer la situation des femmes au regard des préoccupations qu’elles vont exprimer.

Les femmes de chaque région viennent avec une liste de préoccupations et de doléances. Ces préoccupations vont être présentées pendant le forum. La soirée du 14 sera donc consacrée à faire le point sur toutes les recommandations que les femmes voudraient adresser au chef de l’Etat. Nous allons recueillir ces recommandations en organisant des travaux de groupes. À l’issue de ces travaux par thématique, elles vont revenir avec des propositions. Au plan institutionnel également, nous pensons qu’il y a certaines préoccupations du ministère qui méritent d’être traitées par rapport à son positionnement. Nous allons permettre aux femmes de réfléchir sur les recommandations, les actions à mener pour améliorer les capacités du ministère à réellement piloter les actions en faveur des femmes.

La journée du 14 va se terminer par un rapport de synthèse des recommandations des participantes. Ces recommandations vont être présentées le 15 septembre, lors de la rencontre avec le chef de l’Etat.

La rencontre avec le chef de l’Etat est essentielle parce que c’est un moment de dialogue direct entre les femmes et le chef de l’Etat. Cette rencontre va se passer de la manière suivante : d’abord en tant que ministre, j’aurai à présenter le rapport du forum qui a eu lieu la veille avec les recommandations que les femmes auront formulées. Après cette présentation, le chef de l’Etat va s’adresser aux femmes. Après son intervention, l’occasion sera donnée aux femmes d’échanger avec lui. A travers les tournées régionales, nous avons déjà travaillé avec les femmes pour que dans chaque région, elles viennent avec trois préoccupations centrales, prioritaires pour les femmes de la région qu’elles vont soumettre au chef de l’Etat. Le chef de l’état va, séance tenante, soit répondre quand il a les réponses, soit interpeller les ministres concernés par rapport aux problèmes soulevés. Il va aussi les interpeller par rapport aux recommandations qui vont être formulées par les participantes parce que les recommandations doivent être mise en œuvre après le forum. A l’occasion de la rencontre avec le chef de l’Etat, il va donc interpeller chaque ministère par rapport à la recommandation qui ressort de sa responsabilité mais aussi aux doléances exprimées par les femmes dont ils auront à s’occuper pendant les deux prochaines années jusqu’à la tenue du prochain forum.

Nous aurons comme quatrième activité la soirée diner gala qui est offerte par la présidence du Faso aux participantes. Le diner est organisé conjointement par le ministère de la promotion de la femme, le ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, le ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, le ministère des droits humains et de la promotion civique, puisque c’est un problème de citoyenneté quand les femmes n’ont pas d’acte de naissance. Nous voulons vraiment, à travers cette activité, lancer une campagne d’établissement d’actes de naissance pour les femmes. Cela commence par ce diner gala et va se poursuivre après le forum. C’est grosso modo ce que nous avons en vue de faire et peut être par la suite d’autres idées viendront se greffer.

Quel bilan de l’édition passée pouvez-vous dresser ?

L’édition passée a été célébrée en 2010 à Bobo-Dioulasso. Cette édition avait pour thème « Après cinquante d’indépendance quelle contribution des femmes à la construction nationale ? ». C’était une édition rétrospective de ce que les femmes ont pu apporter à la nation burkinabè pendant les cinquante ans de son indépendance. C’était vraiment l’occasion de faire le point sur tous les domaines dans lesquels la contribution des femmes a été remarquable.

Dans le domaine de la production agricole, de l’éducation, de la santé, les femmes ont un rôle essentiel et il ya eu des recommandations qui ont été faites à cette édition, tendant réellement à inciter les services de l’Etat à améliorer les actions en direction de la femme. Nous nous sommes posé la question sur la contribution des femmes. Mais qu’est ce que les femmes ont gagné au cours des cinquante ans ? A cette analyse, il apparaissait clairement qu’il y avait beaucoup de choses qui n’étaient pas à leur satisfaction. Donc les doléances des femmes se sont focalisées sur l’accès à l’éducation, à la santé, à l’équipement.

Le chef de l’Etat a, d’ailleurs à cette occasion, lancé l’opération 100 000 charrues qui devaient être réparties équitablement entre les hommes et les femmes. De 2010 à maintenant, les femmes devaient avoir 50 000 charrues. En dehors des charrues, il y a l’accès au financement pour leurs activités, l’accès à la formation professionnelle, etc. D’une région à une autre, il y a des préoccupations qui avaient été formulées par les participantes au forum 2010 et nous avons fait le bilan de ce qui a été fait depuis 2010 pour répondre aux besoins exprimés par les femmes. Dans certains domaines les acquis sont remarquables, c’est le cas dans le secteur de l’éducation où les efforts en matière d’alphabétisation se sont accrus de façon très perceptible. Par contre, il ya des domaines dans lesquels il y a encore des efforts à faire. C’est par exemple la lutte pour la santé maternelle. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons célébré cette année le 8 mars sous ce thème, après avoir consacré également à ce thème la célébration du 8 mars 2011. Des efforts aussi restent à faire par rapport à l’accès des femmes aux financements et par rapport à l’entreprenariat féminin.

Pour ce qui est de l’accès des femmes à la technologie aussi, beaucoup restent à faire. Bien que le gouvernement ait déployé pendant les décennies passées des efforts pour l’accès aux forages, aux charrettes, aux différents types de technologie, on s’est rendu compte que ces technologies dans certains cas n’ont pas été bien gérées. Dans d’autres cas, ce sont des technologies collectives, donc la rentabilité n’était pas toujours au rendez-vous. De plus en plus, il y a un besoin de disposer à titre personnel des technologies.

Nous avions l’habitude d’appuyer les femmes à travers les groupements féminins et associations. Maintenant que l’on fait la promotion de l’entreprenariat, certaines ont des idées de micros projets pour lesquelles elles veulent se lancer seules et demandent de l’équipement pour ces activités. Je voudrais aussi ajouter à ce niveau que le gouvernement a fait beaucoup par rapport à la formation professionnelle à travers les maisons de la femme qui sont construites sur toute l’étendue du territoire, en mettant en place dans ces maisons des centres de formation en tissage, en couture, en éducation familiale pour les filles déscolarisées et en techniques de transformations des produits agricoles. Il y a beaucoup de femmes qui ont acquis des compétences dans ces domaines et qui pourraient très certainement, si elles ont un petit coup de pouce, s’installer à leur propre compte. En matière de couture, elles veulent avoir des machines à coudre, des machines à tisser mais on réfléchite à comment faire pour que les femmes puissent accéder à des emplois non féminins. Dans le cadre de la promotion, surtout dans le cadre du programme spécial de création d’emplois pour les jeunes et les femmes, c’est d’ouvrir les femmes a d’autres types de métiers que seulement ceux-là qui sont désignés comme étant féminins. Voici un ensemble de choses qui ont été faites.

« Prise en compte des femmes dans la mise en œuvre de la stratégie de croissance accélérée et de développement durable SCADD », qu’est ce qui justifie le choix de ce thème ?

A l’édition passée, nous avons réfléchi sur la contribution des femmes sur cinquante ans passés. Il y a des avancés au niveau des femmes mais il y a eu aussi des insuffisances. Le Burkina Faso depuis 2010 s’est doté d’une nouvelle politique globale de développement qui est la SCADD et cette politique est désormais le référentiel national en matière de développement de notre pays. Au lieu d’attendre cinquante ans pour refaire le bilan et se dire que les femmes ont été oubliées dans la mise en œuvre de cette politique, nous avons pensé qu’il est mieux, alors qu’on a fait seulement une année de mise en œuvre de la SCADD, de marquer l’arrêt et de regarder le niveau d’intégration des femmes dans les politiques prioritaires qui seront mise en œuvre à travers l’exécution de la SCADD. On se projette vraiment sur l’avenir. On n’attend plus que tout soit fini pour faire le constat que les femmes ont été oubliées, qu’elles n’ont pas été bien prises en compte. Nous nous projetons dans l’avenir parce que c’est en 2015 qu’on va faire le point sur l’atteinte ou non des OMD et notre stratégie de croissance accélérée reprend aussi certains indicateurs des OMD.

L’éducation pour tous, l’accès à la santé, l’autosuffisance alimentaire, l’accès à l’emploi et l’autonomisation économique des femmes, la promotion de l’égalité entre les sexes au niveau de l’éducation ; tout ceci, ce sont des éléments contenus dans les OMD et qui se retrouvent dans la SCADD. Mais concrètement à travers les projets et programmes prioritaires qui seront mis en œuvre d’ici 2015, comment seront prises en compte les aspirations, les préoccupations des femmes dans chaque ministère ? C’est cette réflexion que nous voulons mener à l’occasion de ce forum.

La réflexion va déboucher sur des recommandations précises et ces recommandations vont être attribuées à chaque département pour, si ce n’est pas encore fait, qu’il puisse améliorer le niveau de prise en compte des préoccupations des femmes et ne pas les oublier. Dans une stratégie de croissance accélérée avec des femmes qui sont considérées comme les plus pauvres, quand la croissance va s’accélérer, elle ne va pas s’accélérer pour les plus pauvres. Cela se fera certainement pour ceux qui ont déjà un minimum. En ce moment il y aura un écart plus considérable au détriment des femmes parce qu’elles ne vont pas pouvoir profiter des opportunités qu’offre la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie de développement. Pour un développement durable, si on accélère le développement sans les femmes, elles resteront derrière et freineront la marche de toute la nation vers ce développement humain durable qu’on espère atteindre d’ici à 2015 quand on va finir la mise en œuvre de la SCADD. Donc, c’est une action plus préventive, plus interpellatrice que nous sommes entrain de faire en conviant tous les acteurs du développement national à la réflexion sur ce que nous avons prévu de faire pour les femmes, sur les insuffisances, les améliorations, les ajustements qui pourraient être apporter à partir de 2012 pour qu’a la fin de 2015, quand on fera le bilan, qu’on se rende compte que la stratégie nationale a été mise en œuvre de manière inclusive et de façon équitable pour tous les citoyens et les citoyennes.

Vous parliez tantôt des tournées dans les régions. Est-ce qu’au sortir de ces tournées, vous avez l’impression que les femmes sont suffisamment informées sur la SCADD pour pouvoir en parlez maintenant ?

Elles n’étaient pas au courant. Mais nous avons fait en réalité deux tournées. Nous avons fait une première tournée préliminaire en mai pendant laquelle nous leur avons donné l’information sur le contenu de la SCADD et analysé avec elle le contenu de la SCADD. Je peux vous dire qu’aujourd’hui il y a plus de femmes informées sur la SCADD que d’hommes. Toutes les coordinations régionales, provinciales de la femme ont reçu une copie de la SCADD. Après cette tournée préliminaire, nous avons dépêché des équipes dans les 45 provinces pour présenter la SCADD et recueillir les préoccupations. C’est au niveau communal seulement que nous n’avons pas pu y aller.

Aujourd’hui, quand nous allons arriver à ce forum, c’est après avoir pris le temps d’informer suffisamment les femmes sur le contenu de la SCADD. Avec ces informations, elles peuvent participer aux débats. Mais, il faut reconnaître que les débats, à ce niveau, peuvent être difficiles à mener dans plusieurs langues. L’information a donc été diffusée au plus grand nombre mais les travaux techniques que nous allons avoir ne pourront pas connaitre une traduction systématique afin que chaque participante puisse réellement s’impliquer. Nous comptons sur un travail de restitution au retour. Nous faisons venir au forum plusieurs représentantes : deux femmes par commune, les responsables au niveau provincial, régional pour prendre part au forum.

En quoi est-ce que les hommes peuvent aider dans la promotion de la prise en compte des femmes dans la mise en œuvre de la SCADD ?

Les hommes peuvent beaucoup aider parce que la promotion de la femme ne se fait pas contre les hommes. Si les femmes sont promues, ce sont les hommes les premiers bénéficiaires. Si une femme devient autonome financièrement, elle peut prendre en charge certains de ses besoins personnels, elle peut contribuer aux dépenses familiales. Elle peut aider le mari en cas de besoin ou même les deux, idéalement, pourront s’associer pour mener des activités au profit de leur famille. Donc la promotion de la femme est au profit de la société, au profit de la famille.

Pour le bien-être de la famille, les études ont montré à l’échelle internationale que la promotion de la femme par l’éducation, par la santé, sur le plan économique contribue au bien-être de la famille. Les hommes peuvent faciliter la participation des femmes à certaines activités qui leur sont destinées. Il y a encore des hommes qui ne permettent pas à leur femme de prendre part ne serait-ce qu’aux réunions des associations féminines. Il y a beaucoup d’hommes encore qui utilisent leurs femmes pour prendre des crédits. Et quand vient le moment de rembourser, c’est à la femme de rembourser. Si ces genres de comportements n’existent plus, beaucoup vont pouvoir tirer profit des ressources qui leur seront allouées à travers la mise en œuvre des programmes qui sont initiés.

Je pense également que dans bien des cas, les hommes peuvent être des alliés indispensables. A travers le pouvoir de décision dont ils disposent au niveau de la famille, ils peuvent être un blocage à l’initiative. Ils peuvent amener certaines femmes à renoncer à toute aspiration d’évolution. Je pense que tout ce que nous envisageons ne pourra se réaliser que quand les hommes seront aux cotés des femmes pour les aider à avancer. On ne peut pas développer le pays avec les hommes seulement mais on ne peut pas non plus le développer avec les femmes seulement. Pour que le développement soit réel, inclusif, profitable pour tous, c’est dans une répartition du travail faite de façon adéquate que nous pourrons travailler à développer le pays.

Par exemple, dans la SCADD, l’agriculture constitue un secteur prioritaire, alors que vous savez que sur le plan national, selon les estimations de l’Union Africaine, la moyenne donne aux femmes seulement 1 % des terres. Au Burkina, les femmes constituent 65% de la main d’œuvre agricole et elles sont pour la plupart des aides familiales. Elles ne sont pas propriétaires des exploitations mais elles sont là pour aider leur mari à produire. Quand elles produisent, la gestion familiale des récoltes et des revenus de la récolte incombe exclusivement au mari. Alors, si on veut développer l’agriculture, si on veut professionnaliser l’agriculture, on ne peut pas laisser la population active féminine de côté. Il faut donc donner aux femmes les connaissances, les équipements, mais aussi le pouvoir de décision par rapport à la production agricole et améliorer leurs conditions de travailler dans le secteur pour qu’elles puissent en faire des activités dans lesquelles elles peuvent s’épanouir tout en contribuant au développement économique. Sans la volonté des hommes et sans leur accompagnement, l’agriculture ne se développera pas parce que si les femmes ne sont pas mieux équipées, elles ne pourront pas développer toutes les potentialités dont elles disposent pour aider à ce développement. Que ce soit en ayant leur propre plantation d’arbres fruitiers, en ayant leur propre exploitation en culture de rente coton, arachide, etc.

Il y a des femmes qui ne sont ni affiliées à des associations, ni à des organisations féminines ; comment comptez- vous les impliquées ?

Le forum va regrouper seulement 2000 personnes. Il y aura des hommes pour représenter des OSC. On invite des jeunes garçons et des jeunes filles également pour ne pas en faire une affaire d’adultes. Quand nous faisons les tournées, nous nous adressons prioritairement à celles qui sont dans les organisations parce que celles qui ne sont pas dans les organisations sont difficiles à atteindre. On ne peut pas faire du porte à porte pour demander de venir à une réunion de concertation, de préparation du forum. Par contre, si on s’adresse à 5 personnes d’une même association, au retour, même si l’association regroupe 100 personnes, elles sont capables de disséminer l’information à environ 70 personnes de ce groupe. La communication orale et l’information a vite fait de faire le tour de celles qui ne sont pas venues. C’est seulement comme cela, je pense, qu’on peut les atteindre.

Il y a aussi les médias. Nous avons la communication de proximité par les leaders femmes au niveau villageois, au niveau communal, régional. Nous avons également tous les canaux possibles de partage d’information. Donc tout ceci sont des canaux de communication qui peuvent permettre à ces femmes qui ne viendront pas au forum ni au niveau de la province, ni au niveau de la région ou encore au niveau central de savoir ce qui se passe et d’être informées sur les orientations que nous sommes entrain de discuter.

Mais leurs préoccupations à elles aussi seront-elles prises en compte ?

Les femmes ont mille préoccupations. Sur mille préoccupations, il faut prioriser en partant des plus urgentes au moins urgentes. Dans les régions, nous avons chaque fois essayé de les amener à faire une priorisation ; mais en faisant une priorisation par secteur. On fait un listing de toutes les préoccupations des femmes et on les classe par secteur. Les préoccupations relatives à l’éducation, on les reverse à la direction régionale de l’éducation ; les préoccupations relatives à la santé, à la direction régionale de la santé, etc. Pour que chaque direction régionale sache quelles sont les attentes des femmes de la région.

Comme la situation varie d’une région à l’autre, les problèmes des femmes ne sont pas les mêmes partout au Burkina ; à Banfora, elles ont des problèmes qui sont différentes de celles qui sont à Dori. Donc il faut aller dans chaque région et c’est pourquoi nous sommes descendus jusqu’au niveau de la province pour prendre les préoccupations le plus près possible de la cellule familiale. C’est comme ça que nous avons procédé en espérant que nous nous sommes approchés le plus possible des préoccupations des femmes dans les villages les plus reculés de notre pays. Depuis 10 ans, 20 ans, il y a eu des plans d’actions, je l’avoue mais il nous manque vraiment encore la méthode pour réellement suivre les orientations dans les départements ministériels.

Les problèmes des femmes, si on ne les intègre pas dans les préoccupations globales des ministères, il n’y aura pas d’allocation de ressources pour les résoudre. Maintenant, on fait l’effort de fusionner le travail qui est fait dans le ministère de la promotion de la femme avec le travail qui est fait dans les autres secteurs ministériels.

Comme hypothèse d’échec du forum, vous avez mentionné dans la fiche technique un manque de ressources financières et de ressources humaines. A moins d’un mois du forum, quelle est la situation de ces ressources ?

Nous avons les ressources. Le budget de l’Etat prend entièrement toutes nos prévisions de dépenses. Tout est prêt. On a un comité d’organisation qui comprend 115 personnes. Toutes les commissions sont en place. La machine est en marche, il n’y a pas de problème.

A combien s’élève le budget ?

Le budget de ce forum est estimé à 193 millions de FCFA. Dans ces 193 millions, il faut prendre en compte tout ce qui sera mis en œuvre pour loger, pour nourrir, pour véhiculer les femmes, la communication. Il y a le développement de tous les supports sans compter que pour accueillir 2000 personnes par ces temps pluvieuses, il faut des tentes, il faut vraiment un dispositif exceptionnel. Nous avons également prévu sur le site de mettre en place une aire d’exposition des produits des femmes. Donc il faut mettre en place des hangars. Il faut aussi des vigiles pour assurer la sécurité des marchandises. Il y a les pagnes, juste pour les participantes.

Quel message avez-vous à l’endroit des femmes du Burkina ?

Je dirai que le forum est une occasion unique pour les femmes entre elles de se parler mais aussi de prendre leur responsabilité par rapport à leur avenir, à leur devenir dans ce pays. Il n’y a que quand les femmes vont se décider à agir dans le sens de l’amélioration de leur situation que leur situation va s’améliorer. Mais comme nous l’avons dit, nous avons aussi besoin des hommes. Pour prendre les bonnes décisions, pour nous aider dans la décision politique, pour nous aider avec les moyens dont nous avons besoin pour résoudre nos problèmes, il faut des hommes alliés qui comprennent et qui sont conscients du gâchis que nous avons en laissant les femmes en marge du développement national.

Donc mon appel serait que ce forum soit un moment utile pour un changement. Un moment important d’engagement pour travailler réellement à changer la situation des femmes dans notre pays. Il y a beaucoup de femmes qui souffrent et qui souffrent du fait d’être femmes. Le forum est l’occasion de faire comprendre qu’il y a une volonté politique au niveau de l’état de donner à chaque burkinabè, sans considération de son appartenance sexuelle, le droit d’espérer et le droit de vivre dans la paix et la sécurité et en ayant vraiment l’assurance que l’avenir sera meilleur parce que le développement c’est une projection dans le futur. Le développement qui est recherché doit être profitable à tous.

C’est en tout cas mon vœu, mon souhait que les femmes puissent tirer profit de cette rencontre pour s’informer, pour s’engager et pour agir désormais dans le sens d’une amélioration réelle et durable de leur condition au Burkina. Que tous ceux qui croient en cette cause, tous ceux qui peuvent réellement apporter quelque chose puissent mettre la main à la patte afin que le développement que nous recherchons tous puisse se concrétiser et que ce soit un développement inclusif et durable.

Interview réalisée par Aminata Ouédraogo (stagiaire)
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