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Karim Barro, maire de l’arrondissement de Konsa : “Le débat sur l’attribution d’un terrain à mon père est beaucoup plus politique que la réalité"

Publié le lundi 20 août 2012 à 22h29min

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Le mandat des conseils municipaux tire à sa fin. Entre bilan et perspectives, de nombreux maires s’adonnent à de véritables exercices de diagnostic d’ensemble. C’est le cas du maire de l’arrondissement de Konsa, Karim Barro. Bien que laissant l’appréciation de ses actions aux populations, le maire Barro dans cet entretien fait un parcours de ce qui a constitué, à ses yeux, les forces et faiblesses de son mandat. C’est également sans détours qu’il a évoqué la question d’attribution de parcelles à son père, sujet qui a longtemps alimenté les débats…

Le Progrès (L.P) : Vous venez d’être élu secrétaire général de la sous-section de votre parti le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dans votre arrondissement de Konsa. Quel sentiment vous anime ?

Karim Barro (K.B) : Je voudrais avant tout, remercier tous ceux qui ont placé leur confiance en moi en me portant à la tête de cette structure du parti. Ce ne sont pas les hommes qui manquent pour conduire le parti dans mon arrondissement. Mais je crois que c’est le fruit du travail car, comme on le dit, seul le travail paie. Je considère cette responsabilité comme une lourde mission à conduire dans l’intérêt de toute la grande famille du CDP. Aussi, voudrais-je demander la bénédiction de tout le monde. C’est une fierté d’avoir obtenu la confiance des camarades mais également et surtout une charge qui demande plus d’efforts de ma part. Nous allons nous battre pour mériter cette confiance placée en nous, et à tous les niveaux.

L.P : Quel est le plus grand défi pour vous aujourd’hui ?

K.B : Le pus grand défi reste les élections couplées de décembre 2012. Tous les discours au sein du parti tendent à cela. Le renouvellement des structures du parti répond aussi à cela. Nous sommes un grand parti et nous avons toujours travaillé dans la cohésion et la paix. Il y a une nouvelle dynamique qui veut qu’on tienne compte du nouveau découpage de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso…Cette situation appelle de nouvelles exigences, donc des défis supplémentaires. Nous ne sommes pas seuls sur le terrain, nous sommes nombreux, et c’est cela qui fait la démocratie. Et fait partie des défis à relever.

L.P : Vous êtes à quelques mois de la fin de votre mandat à la tête du conseil municipal. Quel bilan général pouvez-vous dresser ?

K.B : Le bilan global doit être dressé par les populations qui nous ont porté à la tête de la commune et qui sont bénéficiaires des efforts que nous avons déployés au cours de notre mandat. Qu’à cela ne tienne, nous pourrons répondre de ce qui a été l’évolution des choses sur le plan administratif. Et sur cet aspect, on peut vraiment féliciter le conseil municipal pour le travail abattu, malgré les difficultés. Car, en se fiant au Plan de développement communal (PDC), nous avons pu exécuter à cent pour cent tout ce qui a été recommandé. Il y a eu une franche concertation dans l’élaboration du PDC et tous les grands projets inscrits dans ce plan ont été exécutés. Maintenant, nous n’ignorons pas qu’il y a des aspects que certaines populations auraient souhaité voir inscrits dans le plan. Nous avons entrepris des démarches pour voir dans quelle mesure nous allons satisfaire à ces besoins nouveaux.

L.P : Quelques-unes de ces réalisations… ?

K.B : Nous avons les écoles, les bornes-fontaines, l’eau potable, l’assainissement, la Maison des jeunes, les marchés. Le bitumage de certaines artères, certaines à double sens. Le marché de fruits et de légumes est un vieux rêve réalisé, l’auto-gare au niveau du secteur 20. Dans le programme du ministère en charge de la jeunesse, il est prévu la réalisation d’un Centre professionnel de formation de jeunes. C’est un centre professionnel à l’image de celui de Ziniaré pour donner la formation aux jeunes et valoriser ainsi le capital humain. C’est une recommandation de son Excellence le Président du Faso. Le terrain est déjà acquis et un investissement de près de 5 milliards va y être fait. Cela fait partie maintenant des perspectives, puisque nous sommes en fin de mandat, et bien d’autres projets existent encore.

L.P : On parle d’attribution de parcelle par vous à votre père…

K.B : Ce sujet a beaucoup alimenté les débats et a fait la Une de la presse. Cette question est beaucoup plus politique que la réalité. Les gens disent que j’ai donné huit (8) mille mètres carrés à mon père (Djanguinaba Barro, opérateur économique, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Bobo-Dioulasso, ndlr). Tout est parti d’un tract. Le terrain qui lui a été attribué n’est pas à usage d’habitation. Ces genres de terrains sont disponibles pour tous ceux qui sont opérateurs économiques et qui en font la demande. Les dossiers sont instruits par les services techniques et ils recueillent ensuite l’avis des différents services avant d’arriver à mon niveau pour la signature. Le fait d’attribuer la parcelle est parti d’un acte (dossier) qui a suivi tout le processus. Et je crois que mon père a déposé son dossier avec un but bien précis.

Il veut faire des magasins. Un autre terrain a été également demandé pour faire une station. Tous ces terrains répondent à leur destination et il a rempli les conditions. J’ai donc fait mon devoir de premier responsable de l’arrondissement en apposant ma signature sur le document lorsque j’ai constaté que tout le processus avait été suivi et respecté.. Au lieu donc que les gens se focalisent sur l’acte de signature, ils doivent plutôt s’interroger si tous les dossiers ont été déposés en bonne et due forme et si le dossier a reçu avis favorable des différents niveaux. Ou bien y a-t-il un texte qui dit que lorsqu’on est maire on ne doit pas attribuer un terrain à son père ? Ou bien mon père n’est-il pas Burkinabè comme tous les autres ? J’ai donné des terrains de 25 mille mètres carrés à des gens ici à Bobo-Dioulasso. C’est en fonction des demandes et de la disponibilité des terres. A l’approche des élections, les gens se donnent toutes sortes de coups pour dire qu’il y a problèmes. Ils donnent une autre envergure à cette question. Ce qui n’est pas du genre à favoriser le développement.

Mais comme on le dit, la vérité finit toujours par sortir au grand jour. Du reste, l’inspection est venue contrôler les différents dossiers et on attend les résultats. Ce qui me retient de donner certains détails avant la conclusion de l’inspection. Je demande vraiment aux gens de toujours aller aux sources d’information lorsque se posent de tels débats. L’administration est là pour tout le monde et dans de telles situations il y a toujours des textes qu’on peut consulter pour s’imprégner de la situation qui se pose. Par exemple, dans l’attribution d’un terrain, plusieurs ministères sont impliqués, en plus des services techniques, et le maire n’est que l’étape finale.

L. P : Qu’est-ce que vous auriez souhaité faire au cours de votre mandat et que vous n’avez pas pu, pour une raison ou pour une autre ?

K.B : Il y a beaucoup de choses que nous n’avons pas pu faire pour des questions de moyens et pour d’autres raisons. La prolongation du mandat nous a un peu perturbés. Nous avions un mandat bien défini dès le départ. En plus, nous sommes à notre première expérience à ce niveau de responsabilité. Nos projets tenaient dans le temps de notre mandat. A l’approche de l’échéance de nombreux conseillers s’abstenaient sur certaines décisions ou actions à mener sur le terrain. Ils éprouvaient des difficultés à aller à la rencontre des populations et à leur expliquer les acquis et les insuffisances. Un adage populaire dit que " lorsque vous êtes sept personnes à laver le linge et qu’une seule se met à jeter du sable sur ce linge, pour finir c’est la saleté qu’on verra plus sur ce linge que l’effort fourni par tous les autres ".

C’est le cas aujourd’hui. On ne peut avoir du succès tant que les populations ne prennent pas part aux actions. Il y a aussi la nécessité de poursuivre la sensibilisation des populations sur les questions de l’assainissement (l’entretien des caniveaux), le renforcement des liens avec les organisations de la société civile. Le marché du secteur 20 demande encore plus d’investissement. Le site a été identifié et même 50% des investissements ont été faits mais beaucoup reste encore à faire. Celui du secteur 21 a vu le jour depuis 1995 et il y a eu des attributions. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme le maire l’a voulu à son temps. Ensuite, en 2000 il y a eu retrait et des attributions. En 2006 nous avons fait un recensement. Mais cela demande encore des concertations entre les différents acteurs pour pallier certaines difficultés. En termes de perspectives, il y a le CEG (Collège d’enseignement général) de Konsa est aujourd’hui une priorité.

Le ministère de tutelle a été saisi et il a promis de trouver une solution. Nous avons relancé le directeur régional à plusieurs reprises et nous attendons…Mais le temps qui reste servira à résoudre certains problèmes. Il y a aussi la question des jeunes et des femmes à travers des activités génératrices de revenus. Beaucoup a été fait mais chaque jour que Dieu fait engendre un nouveau besoin à prendre en compte. Ces aspects sont donc un souci permanent. Par ailleurs, nous avons envisagé rassembler les artistes, les créateurs et les différents acteurs de la culture de l’arrondissement ainsi que les sociétés industrielles pour une autre dynamique. C’est un projet qu’on n’a pas pu réaliser, faute de temps. Et comme je l’ai dit plus haut, j’étais d’abord technicien industriel et je me suis retrouvé dans l’administration. Cela demande un temps d’apprentissage pour comprendre. Tout cela a pris un peu du temps. Sinon on a beaucoup à cœur qu’on n’a pas pu réaliser.

L.P : Les élections de décembre 2012, c’est pour bientôt. Avez-vous un message à adresser aux populations de votre arrondissement ?

K.B : Je lance un appel à toutes les populations en âge de voter et qui remplissent les critères de le faire pour pouvoir choisir les hommes qu’elles pensent pouvoir faire leur affaire. L’enrôlement, c’est du 27juilllet au 16 août. Cette élection a beaucoup d’enjeux et les difficultés ne sont pas infranchissables. Je demande la bénédiction des parents, des personnes ressources pour que ces élections se passent dans l’intérêt général des Burkinabè.

Entretien réalisé par
Kader PALENFO
&
Jonathan YAMEOGO

Le Progrès, Bimensuel d’informations générales

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