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Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Piquée par des moustiques

Publié le mardi 7 août 2012 à 23h00min

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Ce n’est pas pour rire, je vis mal dans ce pays et c’est la faute aux moustiques. puf puf puf du matin au soir, je tape et me retape partout sur le corps. Quand je ne tape pas, je gratte et je regratte jusqu’en avoir des boutons et des blessures … je ne suis pas la seule, toute la population du Burkina Faso en souffre. Une jeune fille sexy et chic qui se gratte franchement ce n’est pas beau.

La lutte anti vectorielle je ne connais pas. Franchement, je ne vois que ce qui se passe devant ma porte. Quand j’habitais à somgandé, on me disait que c’était à cause du barrage d à coté qu’on avait une aussi envahissante présence de l’espèce. J’ai supporté j’jusqu’au jour où j’en avais marre, marre, marre.

J’ai aménagé au le quartier gounghin, des dizaines de kilomètres plus loin. Là bas au moins, il parait qu’ils sont sur des collines et qu’il n’y a pas beaucoup de moustiques.

Résultats : c’est encore plus grave. La densité de la population de moustiques dans mon salon explose. (J’ai personnellement essayé de compter), j’ai 3 moustiques au mètre carré. C’est trop ! Je ne supporte plus ces piqûres à longueur de journée et de nuit. Alors, je déclare l’état d’urgence. Un peu comme George Bush junior qui dit « we are in war » après le 11 septembre. On y va par toutes les méthodes. Au marché je découvre tout et rien.

Le produit à pulvériser : on le repend dans toute la maison et on doit attendre dehors quelques minutes avant d’y entrer. Je sors et j’ai le temps de me faire sucer le sang par l’ennemie à l’extérieur de la maison. 10 minutes plus tard je rentre. Effectivement, je respire 30 minutes et ils sont encore là ! La notice me recommande d’aérer pour évacuer les produits toxiques mais si j’ouvre les fenêtres ils n’hésiteront pas à m’envahir. Il faut choisir entre les moustiques et la chaleur. Je me débrouille et je supporte une semaine. En fin de compte, les bêtes sont blindées. Je pulvérise mais elles sont toujours là.

Le produit à brûler les spirales : ces babioles n’ont pas fait 5 jours chez moi. Je teste et re-teste je suis enrhumée continuellement. La petite fumée qu’elle produit me rentre directement dans les poumons et je suis sûre que ce n’est pas bon pour la santé. 50 francs à la boutique et 5000 francs à la pharmacie ce n’est pas facile surtout en ces périodes de crise. Je ne vous parle pas du risque de brûlure et d’incendie. Je change de méthode.

Les produits à se pommader : il s’agit de crèmes qu’on se badigeonne le corps en essayant d’éviter les zones sensibles. Je me recouvre d’un de ces trucs glissants et malodorants. Ça marche au moins une heure mais pas pratique à côté de mon chéri. Je sens mauvais et j’ai le corps tout gluant. Les moustiques me fuient mais les hommes aussi. Même mon chat qui adore passer sa queue sur mes pieds se retient.

Ahhhhh ! Yen a marre des méthodes mécaniques, scientifiques, physiques nulles !

Mais j’oubliais les moustiquaires ! Imprégnées s’il vous plaît. Le gouvernement de Tertius Zongo en a distribué au peuple l’année passée, bravo et merci d’ailleurs à ce monsieur. Ma famille et moi avons bénéficié. J’étais bien contente mais à peine une année et ces tissus sont en lambeau. Etait-ce des moustiquaires de moindre qualité ou avons-nous été un peu trop brutaux sur l’objet ? Je ne sais pas. En tout cas nous ne sommes pas les seuls.

En plus je ne devrais pas rêver de voir tout le Burkina recouvert d’une unique moustiquaire géante. Imaginez-vous assis au maquis, dans un salon, au service, dans votre belle famille ... sous une moustiquaire. D’ailleurs que chacun en circulation se couvre d’une moustiquaire. Ok j’exagère on me le dit souvent mais ces états d’âmes un peu extraordinaires n’expriment qu’un fond de ras-le-bol. On peut tout le temps taper sur les gouvernants pour nous défouler.

Ils encaisseront car c’est leur rôle et leur quotidien ; mais reconnaissons nos fautes, nos erreurs. Depuis l’école primaire ma maîtresse, madame Zida m’a très bien inculqué les notions et leçons qui devraient me permettre de participer à la lutte contre les moustiques. Éradiquer les gîtes larvaires autour des villas d’habitation ; planter de la citronnelle, garder les portes et les fenêtres toujours fermées. Mettre des grillages fins aux fenêtres (moustiquaires)

Madame si vous me lisez aujourd’hui, vous devrez convenir avec moi que tout cela ne marche pas. Si je m’isole, je ne vis pas. Si je m’enferme je ne respire pas. Il n’y a pas de caniveaux dans mon quartier donc les gites se forment très très rapidement. Et tout le monde jette ses eaux usées dans la rue. Les moustiques ici sont là depuis des générations. Mais merci pour les autres leçons qui ont fait de moi ce que je suis.

Retour au sujet. Nous ne sommes pas à Yonon au Mali (ville réputée pour ses moustiques) mais je commence à penser que même loin du fleuve Niger on ne peut vivre tranquille. Quant aux implications sanitaires, elles ne sont plus à démontrer. Ici au Burkina si tu t’amuses avec ce petit insecte surtout la nuit tu te prendras un gros paludisme. Je crois que je n’ai pas besoin de vous en parler trop longtemps. Tout Burkinabè l’a déjà contracté une fois directement ou indirectement. Les personnes qui en meurent sont nombreuses.

Mais la lutte j’ai l’impression, sommeille. Je ne la sens plus, je doute de son efficacité et je m’enrhume, m’intoxique à la place. Les concernés devraient repenser à des campagnes de sensibilisations, à des plaidoyers auprès des décideurs. Par exemple pourquoi n’avons-nous pas encore de vaccins, de médicaments efficaces à 100% et moins chers ? Ne donnez pas des points à ceux qui voient en votre impuissance des manœuvres intéressées.

Les expériences de pulvérisation et désinfection de masse ne doivent pas être oubliées. Pourquoi ne même pas penser à des initiatives sous-régionales ou africaines vue que le moustique ne connait pas de frontières. Et prions pour que des maladies qu’elles transmettent comme la dengue, le chicoungounia, la fièvre jaune, l’encéphalite japonaise et la virose de West Nile, responsables de plusieurs millions de décès par an à travers le monde n’arrivent pas sous notre ciel si difficile. Parole de la Raï’S.

Par Bendré

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