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Barrage de la Comoé en détresse : Qui viendra à son chevet ?

Publié le mercredi 8 août 2012 à 00h35min

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Le barrage de la Comoé est en détresse depuis quelques années déjà. Le ministre de l’Agriculture et de l’Hydraulique Laurent Sédégo est allé lui-même constater de visu les défaillances y relatives. Dans les jours à venir, c’est le Premier ministre Luc Adolphe Tiao qui projette prendre le pouls de la situation sur le terrain. Afin donc de donner la situation exacte de cet ouvrage important pour l’économie de la province de la Comoé, l’Agence d’Exécution des Travaux en Eau et Equipement Rural (AGETEER) a organisé à Banfora le 2 août 2012, un atelier d’information à l’intention des premiers acteurs.

Au Barrage de la Comoé, c’est désormais la côte 453 qu’il faut scrupuleusement respecter ; pour éviter tout drame émanant de cette infrastructure qui est en train de crouler sous le poids de l’âge et probablement de certaines malfaçons. « Pour un barrage de cette taille connaissant en plus des dégradations il est nécessaire et urgent de mettre en place un système d’alerte et de sécurité … L’érosion et le ramollissement progressifs des matériaux de la fondation peut conduire à terme si rien n’est fait à un risque de rupture du barrage et inondation de la zone aval » ; a déclaré Eng Adama Nombré du cabinet d’études IFEC assistant de l’AGETEER.

L’ensemble des mesures à prendre pendant la saison hivernale 2012 a fait l’objet d’un document qui précise la répartition des tâches et des responsabilités des principaux acteurs (DRAH, AGETEER, SN/SOSUCO, IFEC et NOVEC). En effet, il y avait donc urgence de tenir le présent atelier en période de fortes pluies au profit des principaux acteurs de la Comoé, afin de donner des informations fiables sur la situation du Barrage de la Comoé situé dans la commune rurale de Moussodougou. Aux dires du cabinet d’études IFEC assistant de l’AGETEER, des fuites non contrôlées ont été constatées depuis la mise en eau du barrage en 1991. Egalement, des affaissements sont constatés depuis des années ; dont les plus importants ont été observés sur les protections mises en place au pied aval de la digue en rive gauche.

Suite aux affaissements consécutifs observés et constatés de visu par le ministre de l’Agriculture et de l’Hydraulique lui-même, instruction a été donnée en février 2011 à l’AGETEER de « procéder au recrutement d’un bureau d’études chargé de l’élaboration de l’avant-projet détaillé des travaux sur le barrage et du dossier de consultation des entreprises ainsi que de la surveillance et du contrôle des travaux ». Les investigations ont été menées par les cabinets d’études IFEC et NOVEC. A l’issue de l’étude, deux solutions étaient envisageables pour le confortement du barrage.

La première qui consistait à faire la vidange du barrage s’est avérée difficile à réaliser aux dires des techniciens. Il ne faudrait pas perdre de vue que cette solution a été écartée pour certaines raisons et particulièrement du fait qu’elle paralyserait les activités d’irrigation de la SN-SOSUCO une année durant. Il faut rappeler que le barrage de la Comoé est la principale retenue d’eau pour les besoins de l’irrigation de la canne à sucre de la SN-SOSUCO, l’alimentation en eau potable de la ville de Banfora et Bérégadougou, l’irrigation de la plaine rizicole de Karfiguèla et la pêche. C’est donc la seconde alternative à savoir la paroi moulée qui a été retenue et qui coûterait la somme de plus de Six milliards de FCFA soit pratiquement plus du double de la première option.

Elle constitue à la « réalisation d’une coupure étanche de la digue et de sa fondation par une paroi moulée à partir de la crête du barrage ; et la réalisation d’injections de compactage pour densifier les zones molles de la fondation ». Malheureusement aucune entreprise nationale ou sous-régionale ne dispose de capacités techniques et logistiques pour une telle spécialité. C’est une spécialité jamais réalisée au Burkina Faso. Le DG de l’AGETEER, Joseph Martin Kaboré a déclaré qu’à la clôture du dépôt des offres, l’appel d’offres a été déclaré infructueux alors que ce sont plusieurs dossiers qui ont été achetés à 250 000 F l’unité.

A nos jours, le barrage de la Comoé a son destin entre les mains d’une entreprise qui est en chantier sur le barrage de Samadeni dans le Houet. En attendant l’aboutissement de ces négociations ; l’AGETEER veut entreprendre des investigations géophysiques pour mieux délimiter les zones désorganisées de la fondation ; toute chose qui pourrait réduire le coût de l’intervention. A ce propos, selon Joseph Martin Kaboré, l’Etat burkinabé a injecté plus de 300 millions de FCFA pour l’ensemble des études qui ont abouti au choix de la paroi moulée.
Le barrage de la Comoé est construit sur le fleuve Comoé et mis en eau en 1991. Il a une longueur de 1164 mètres avec une largeur de crête de 6 mètres.

Sa hauteur maximale est de 31 mètres avec un volume d’eau retenue de 38 millions de m3. Il est géré par la SN SOSUCO qui est l’exploitant du barrage chargé de son entretien et de sa sécurité sous la supervision et le contrôle du MAH sur la base d’une convention de gestion qui semble dépassée. Depuis 2003, le suivi du barrage est réalisé uniquement par la SN-SOUSUCO.

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 8 août 2012 à 09:39, par Timbo En réponse à : Barrage de la Comoé en détresse : Qui viendra à son chevet ?

    Ce barrage est un véritable trésor pour la région et il serait vraiment dommage qu’il subisse une dégradation parce que ce qui devait être fait ne l’aurait pas été en temps utile. Sans être technicien je crois que la solution de vidange écartée ne doit plus revenir en ligne de compte pour quelques raison que ce soit. La biodiversité piscicole s’en trouverait énormément modifiée et nous risquons de perdre à jamais certaines espèces de poissons et autres mollusques et crustacés sans compter les raisons déjà évoquées dans l’article.

  • Le 8 août 2012 à 11:52, par journaleux En réponse à : Barrage de la Comoé en détresse : Qui viendra à son chevet ?

    Monsieur le journaliste que voulez vous nous dire exactement ? je parviens à deviner vos propos. et je trouve dommage qu’un sujet de la gravité que vous évoquez soit traité avec autant de légèreté et surtout sans aucune maîtrise.

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