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Jean Koulidiati, Ministre de l’Environnement et du développement durable : « On ne s’interdira pas d’exploiter du pétrole dans le parc national d’Arly ou dans la réserve de Tambi »

Publié le lundi 23 juillet 2012 à 23h59min

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Parrain de la première édition du Forum économique et de développement durable de l’Afrique (FEDDA) qui s’est déroulé du 5 au 8 juillet à Lyon à l’initiative de l’Association des Burkinabè de Lyon (Voir nos éditions d’hier), le ministre burkinabè de l’Environnement et de développement durable, Jean Koulidiati s’est prêté aux questions de Lefaso.net. Il fait le bilan du sommet de Rio+20, explique la politique nationale en matière d’Environnement et de développement durable et dévoile les mesures qu’il envisage dans le court terme contre la pollution atmosphérique et pour la récupération des sols.

Vous avez participé à la Conférence de Rio+20 sur l’environnement. Avez-vous le sentiment que les préoccupations de l’Afrique ont été prises en compte ?

Vous savez que c’est depuis 2007, à la demande de l’ancien président brésilien Lula, que l’ONU a décidé de convoquer une conférence à Rio pour faire le point sur ce qui a été déjà fait durant les 20 dernières années et jeter les bases pour l’avenir. Il était question de discuter de l’économie verte, de la lutte contre la pauvreté dans le contexte du développement durable. Il s’agissait aussi d’examiner le cadre institutionnel et voir s’il faut transformer ou pas le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) chargé de coordonner toutes les actions le monde dans le domaine de l’environnement. Faut-il garder ce cadre en lui donnant plus de moyens ou faut-il le changer ? Chaque pays a donc fait un rapport national sur la question.

Chez nous, la démarche a été faite de façon participative dans les régions pilotes : le Sahel, les Hauts-Bassins et la Boucle du Mouhoun, trois régions qui représentent un concentré de tout le Burkina. Nous avons fait appel aux organisations de la société civile, à la chefferie traditionnelle, aux autorités religieuses dans la rédaction du rapport qui a ensuite été validé par un atelier national. Ce rapport a été intégré au rapport de l’UEMOA, puis de la CEDEAO et enfin à celui de l’Union africaine, et c’est le président congolais, Denis Sassou Nguesso qui avait la charge de porter la voix de l’Afrique à Rio+20. Nous y avons mis en commun l’ensemble des aspirations des grandes régions de l’Afrique, et on a obtenu ce qu’on a appelé la position africaine.

De la bouche même du président Sassou Nguesso, c’est la première fois depuis l’OUA que les pays africains ont une position commune à l’occasion d’une conférence internationale. Quel bilan ? La réponse dépend du côté où on se place, c’est le verre à moitié plein ou à moitié vide. Le président Sassou Nguesso a préféré qu’on considère que le verre est à moitié plein, car toutes les préoccupations de l’Afrique ont été prises en compte, même si, dans fond, il y a les mesures contraintes qui ont été rejetées. Par exemple, il était question que les Etats riches s’engagent fermement à soutenir les économies des Etats pauvres ; nous avions souhaité aussi mettre en place un cadre institutionnel de développement durable en Afrique, à Nairobi en lieu et place du PNUE, et ceci a été rejeté.

Il a été décidé de garder le PNUE mais renforcé avec plus de plus de moyens et plus d’autorité.
En réalité, il faut reconnaitre que les discussions et décisions ont objectivement reflété les rapports de forces. Nous étions face aux USA et à l’Europe, alors que nous n’avons pas les mêmes préoccupations. Je pense qu’on n’a pas tout perdu, d’autant que pour le cadre institutionnel, nous avons décidé de porter ce débat lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain afin d’obtenir ce que nous n’avons pas pu obtenir à Rio où il y avait le véto des Américains.
Il y a aussi le problème de la reproduction, la maitrise de la population et sur ces points, les pays arabes et le Vatican n’ont pas voulu s’engager estimant que l’être humain est sacré. Derrière la maitrise la population, ils y ont vu l’avortement et ils se sont opposés.

Est-ce que sur le réchauffement climatique et sur les problèmes environnementaux, on ne demande pas aux pays du Sud d’assumer le même niveau de responsabilité que les pays du Nord ?

Non, pas du tout ! C’est écrit dans les textes qu’il faut faire la différenciation. Nous sommes tous responsables mais de façon différenciée, c’est-à-dire que chacun en fonction de son niveau de vie, de sa richesse a quelque chose à faire, mais on ne peut pas être sur le même pied d’égalité. Ce qui est important pour nous, c’est que l’économie verte ne sera pas considérée comme une conditionnalité supplémentaire pour empêcher l’accès aux crédits et aux subventions. Ensuite, il y a l’acceptation de l’indépendance nationale : la souveraineté de chaque pays n’est pas remise en cause par l’engagement onusien.

Comment comptez-vous intégrer les décisions de Rio+20 à la politique nationale de l’Environnement au Burkina ?

Nous sommes un pays pauvre, un peu exclu de l’économie mondiale, avec une population à plus 80% rurale et analphabète. La première chose à faire est la restitution des conclusions de Rio+20. Je me suis engagé auprès du président du Faso et du gouvernement de passer dans toutes les régions pour donner le contenu de notre rapport national et aussi les résultats de Rio+20. Autre point, nous sommes en train d’élaborer un programme national d’investissement en environnement et développement durable, parce que nous avons déjà un PNSR (Programme national du secteur rural) qui ne s’occupe que du secteur rural productif. Mais l’écologie, le cadre de vie, le bien-être n’y sont pas. Nous avons donc pensé à la mise en place d’un programme à côté du PNSR, un (PNIEDD) programme national d’investissement en environnement et développement durable.

Ensuite, nous avons déjà commencé avec mes collègues de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, l’introduction de la notion d’écologie, d’environnement durable dans les curricula, car pour changer le monde, il faut changer d’abord les mentalités. Nous avons aussi élaboré les critères du développement durable qui devraient être valisés en atelier. Dans les programmes et projets, il faut que chaque ministère tienne compte des critères du développement durable. Nous travaillons également sur la rédaction d’une politique nationale du développement durable qui sera sanctionnée par l’adoption d’une loi. C’est novateur et en cela, nous sommes en avance sur beaucoup de pays. J’ajoute que nous sommes en train de mettre en place des programmes nationaux d’adaptation au changement climatique. Pour assurer la sécurité alimentaire, il nous faut absolument lutter contre la dégradation des terres et récupérer des terres et les rendre disponibles.

Combien de temps faut-il pour que la politique que vous mettez en place ait des effets ? Que se passera t-il si vous quittez le gouvernement ou changez de poste à l’issue des législatives de décembre ?

Etre ministre ou président d’institution n’est pas un héritage. Nous sommes en république et chacun est là pour accomplir une mission qu’on lui a confiée. C’est vrai qu’il y a des élections générales le 2 décembre prochain et dans les traditions républicaines, après les élections, le chef du gouvernement remet sa démission au président. Comme les mandats des ministres sont liés à celui du premier ministre, ils sont aussi démissionnaires et il n’y a plus de gouvernement. Le président peut décider soit de reconduire l’ancien premier ministre, soit nommer un nouveau. S’il est reconduit, le premier ministre peut, en fonction de ce qu’il a vu des performances des uns et des autres, décider soit de vous confirmer ou pas. S’il estime que vous avez rempli votre mission, il peut changer de titulaire, histoire d’apporter du sang neuf dans tel ou tel département.

En ce qui me concerne, je fais mon programme en ayant conscience que j’ai un contrat à durée déterminée qui s’arrête normalement après le 2 décembre. Je ferai donc en sorte qu’il soit adopté d’ici là.
Exemples : D’ici le 2 décembre, il faut que je termine la relecture du code de l’environnement afin d’y introduire la notion de développement durable. Il faut que je clarifie aussi le principe de responsabilité et la question du pollueur payeur, sinon je ne peux pas faire des écotaxes. J’ai déjà fait la relecture du code de l’environnement, l’ai introduit pour examen en conseil de cabinet avant de le présenter en conseil des ministres. J’espère qu’à la session budgétaire prochaine de l’Assemblée nationale on pourra l’examiner, de même que je pourrai aussi faire adopter en conseil des ministres, les critères et indicateurs de développement durable.

Quel type de rapport entretenez-vous avec les sociétés d’exploitations minières dans la gestion des déchets miniers ? Ce sont quand même de gros pollueurs…

J’ai une terrible chance, c’est que les miniers sont conscients eux-mêmes de l’action néfaste qu’ils font sur l’environnement. Nous collaborons donc facilement. Quand une société fait une analyse des eaux des forages autour de la mine et qu’elle constate une légère variation du taux de certains éléments de l’eau qui n’atteint même pas le niveau d’alerte, elle prend rendez-vous avec moi, mon collègue de l’Energie, des Carrières et des mines et ensemble nous étudions le problème. Le ministère que je dirige a mis en place avec les miniers un cadre de concertation où nous nous réunissons régulièrement pour examiner nos problèmes. Toute exploitation minière est nécessairement précédée d’une étude d’impact et d’un plan de gestion environnemental et social qui est examiné par le ministère de l’Environnement et du développement durable à l’issue duquel un arrêté ministériel est délivré pour avis conforme.

Puis, nous suivons la mise en place du plan de gestion environnemental et social afin qu’il n’y ait pas un îlot de prospérité au niveau de la mine dans un océan de misère autour d’eux. Protection des sols, construction de forages, création d’emplois, financement d’écoles, formation en mécanique à Ouaga et Bobo, etc., autant de sujets sur la responsabilité sociétale des entreprises dont nous débattons ensemble.

L’autre chance est que les miniers se sont organisés en chambres des mines et leur président est un ancien ministre des Mines. Fait notable, les miniers ont adopté des plans de restauration du site après l’exploitation au bout de 15 ans, durée d’une mine. C’est pareil avec les concessionnaires de chasse. Nous discutons et anticipons les problèmes qui pourraient se poser et je crois qu’ils apprécient la disponibilité du ministère à les l’écouter.

Avant le début de l’exploitation d’un site, les miniers n’ont pas le choix que d’accepter vos recommandations. Mais respectent-ils leurs engagements après ? Si oui, comment explique t-on les manifestations des populations à Yako et Dori contre eux ?

Il ne faut pas confondre l’exploitation mécanisée ou semi mécanisée et les orpailleurs. A Dori, que voulaient les gens ? Ils mettaient en avant le fait que le gisement se trouve au Sahel, comme si c’était une propriété du Sahel et veulent qu’on recrute à tout prix les ressortissants de la région. Où est la nation ? Une entreprise s’engage à recruter quelqu’un du Sahel, mais il y a un autre plus compétent qui est de Gambaga, ou de Falangoutou. Que fait-elle ? Il faut que les gens sachent que la mine est une ressource nationale et c’est à l’Etat d’assurer la répartition équitable des revenus. Il faut être clair, on ne peut pas céder à ce type de revendication.

Une anecdote : Je suis un ressortissant de l’Est où il y a beaucoup d’orpaillage. Un jour, les populations locales viennent me voir et me disent « Nous sommes contents que notre frère soit dans le gouvernement. Nous avons un problème et comptons sur vous pour le régler. Il y a trop de Yadcés et de mossis dans notre région. Ils ont retiré tous nos trous parce qu’ils ont plus d’argent que nous et nous exploitent, alors, nous comptons sur vous pour les chasser afin qu’ils retournent chez eux et que nous récupérions nos richesses ».
J’ai dit, d’accord, pas de problème ! Ils étaient contents et ont applaudi.

Puis, je leur ai demandé de m’accompagner à Ouaga pour m’aider à ramener mes affaires à Fada. Parce que les mossis aussi vont dire à tous ceux qui ne sont pas de Ouaga de rentrer chez eux et là, ils ont compris l’absurdité de leur revendication. Nous sommes une nation et devons rester solidaires. Quand nous avons connu une crise alimentaire aigue provoquée par un déficit pluviométrique, les zones excédentaires ont accepté de vendre au gouvernement des céréales afin d’approvisionner les zones déficitaires. C’est ça la solidarité et on ne peut pas dire que la mine d’or Essakane appartient au Sahel. Nous devons travailler à renforcer l’indivisibilité du Burkina pour que nos différences culturelles soient une force et non une faiblesse.

Aux heures de grand trafic, surtout à la descente, l’air devient irrespirable. Quelles mesures comptez-vous prendre pour lutter contre la pollution atmosphérique ?

Pour lutter contre la pollution atmosphérique, on organise chaque année ce qu’on appelle les « journées à faible émission de carbone ». On voit souvent à la télé des ministres en tenue de sport allant en conseils des ministres en VTT. Mais, comme ça demande beaucoup d’argent pour pas grand-chose, en dehors du « folklore » auquel ça donnait lieu, j’ai demandé au gouvernement l’autorisation de ne plus continuer cette manifestation. Avec cet argent, j’ai acheté des milliers de « carburateurs écologiques », et les motocyclistes volontaires devaient passer au ministère, prendre un ticket, puis allaient voir un mécanicien agréé qui changeait leur carburateur et nous rapportait le vieux que nous détruisons. Mais comme vous, journalistes, vous attendiez le président à vélo, vous êtes passés à côté de cette opération plutôt efficace. Cette année, l’opération sera reconduite à après les pluies, probablement courant octobre.

Dans le même souci de combattre la pollution atmosphérique, je vais signer un accord avec la SOTRACO (Société des transports en commun) pour casser le prix des billets, dans l’espoir de convaincre au moins 25% des usagers de la route de préférer le bus à leur véhicule. Nous avons aussi pris l’engagement de surveiller que les engins à deux roues acquis pour la police, la gendarmerie et les forestiers soient les moins pollueurs possibles.

Pourquoi n’imposez-vous pas ces mesures à tous les importateurs des deux roues ?

Je vous ai parlé plus haut du principe du pollueur payeur, mais pour l’instant on ne peut rien faire parce que la loi ne l’autorise pas. Dans le code de l’environnement à venir, il y a aura la possibilité d’instaurer des écotaxes contre les véhicules polluants et les sachets plastiques. Peut-être ne l’avez-vous pas remarqué, mais actuellement il y a plus de motos à 4 temps à Ouaga que celles à 2 temps.

Quels sont vos rapports avec les associations de défense de l’environnement et les partis politiques se réclamant de l’écologie ?

Je n’ai aucun contact avec les partis politiques écologistes ; ils n’ont pas demandé à me voir et je n’ai pas non plus demandé à les rencontrer. Par contre, les associations qui œuvrent dans le domaine de l’environnement sont nos partenaires naturels et chaque année, je fais décorer celles qui se sont distinguées dans la préservation de l’environnement et la reforestation. Je l’ai fait l’année dernière et ce sera fait à nouveau cette année parce qu’il faut reconnaitre le travail qu’elles font. J’ai pris l’engagement de produire plus de 15 millions de plants qui seront mis à leur disposition parce que je ne veux plus d’opérations médiatiques de plantation d’arbres qui servent quelque temps après de nourriture aux animaux en divagation. Il faut du sérieux dans la lutte contre l’avancée du désert et le réchauffement climatique.

Il y a des exemples de comportements à suivre en la matière. Voyez comment les religieux catholiques exploitent l’espace tout en évitant d’arracher les arbres ! Dans l’administration publique, c’est le contraire. Pour construire un hôpital, on terrasse les arbres avec des bulldozers et on construit le bâtiment au milieu d’un désert. Non, il faut restituer à la nature ce qu’on lui a pris.

Quelle sera la réaction du ministre de l’Environnement si on découvrait du pétrole dans le Parc national d’Arly ou dans la réserve de Tambi ?

(Rires) Non, hier on en a parlé et la nuit j’avoue que j’ai rêvé de ça et mon sommeil a été perturbé. (L’Interview a été réalisée le 7 juillet, au deuxième jour du FEDDA) Et si c’était vrai ! Ce serait en tout cas une bonne chose, car pour la sécurité alimentaire et la croissance du PIB, on ne s’interdira pas d’exploiter du pétrole dans le parc d’Arly. Avec plus de moyens, nous pourrions acquérir d’autres espaces et y planter des forêts artificielles comme on le fait en Europe, et organiser intelligemment la transhumance des animaux.

Le budget de votre ministère est-il à la hauteur des enjeux environnementaux et du développement durable du Burkina ?

Pas du tout ! Mais vous savez que le Burkina a beaucoup de priorités et j’ai du mal à aller exiger de l’argent quand je sais qu’à l’hôpital, il y a des gens qui manquent de comprimés de nivaquine. J’ai une vision holistique du gouvernement et je ne suis pas dans la peau de celui qui exige tout. Il faut être imaginatif en allant chercher les fonds prévus dans les négociations mondiales ou auprès de certains pays très engagés dans la défense de l’environnement. Je prends ce que le gouvernement me donne et je vais chercher le reste ailleurs. Nous avons des cadres de haut niveau et en les motivant, ils sont capables de convaincre des partenaires de financer nos projets.

Reste que souvent il faut se soumettre à de longues procédures avant d’obtenir les financements…

C’est vrai, mais il faut être patient car la vie d’un état n’est pas la vie d’un individu. Quand je suis arrivé, j’ai trouvé que mon prédécesseur avait engagé des processus que j’ai validés ; il y a une continuité de l’administration car dans certains cas, ça ne dépend pas du ministre. J’ai mes idées et je les inscris dans ce que mon prédécesseur a commencé ; j’ai vu qu’il y a avait le FIF (Fonds d’investissement forestier) et avec la banque mondiale 30 millions de dollars sont en train de tomber ! Si je m’en vais, celui qui viendra ne va dire, on arrête ça, car s’il arrête, les 30 millions n’iront pas ailleurs ; c’est perdu. Donc il va continuer parce qu’en réalité, nous sommes comme une termitière, chacun amène de la terre à la terre et on a une immense termitière ; donc il n’y a pas véritablement une rupture dans la manière dont on gère la vie de l’Etat. Même après un putsch, on entend les putschistes dire qu’ils respecteront les engagements internationaux du pays !

Comment appréciez-vous la qualité du personnel du ministère de l’Environnement et du développement durable ?

Excellente et je le leur ai dit ! Je connaissais certains et quelque temps après mon arrivée, j’ai convoquée une réunion de cabinet élargie et j’ai découvert que j’avais à faire à des collaborateurs de qualité. Ce sont presque tous des ingénieurs, qui ont quelque chose dans la tête et qui se forment sans le savoir en participant aux sommets internationaux, séminaire et colloques, ce qui les rend excellents. Il m’incombe de faire en sorte qu’ils ne s’ennuient pas. Le seul souci, c’est que ceux qui discutent dans l’ombre les textes internationaux, ceux dont on ne parle pas, ne sont plus nombreux. Avec le soutien de l’Assemblée nationale, j’ai donc demandé à nos amis Belges de la communauté wallonne de nous aider dans la formation d’ingénieurs de 25 à 30 ans en négociations ciblées sur les changements climatiques, la récupération des terres, etc.

C’est important pour notre pays d’avoir de bons négociateurs sinon, on enverra des gens qui seront là juste pour la pause café parce qu’ils ne comprennent rien aux termes de la négociation. Nous avons un négociateur en chef qui se donne beaucoup, mais malheureusement, il est à 8 ans de la retraite et former un bon négociateur prend du temps. J’ai attiré l’attention du gouvernement sur le sujet en Conseil des ministres et j’ai bon espoir qu’on trouvera une solution.

Vous êtes professeur d’université. Qu’est ce que ça fait de se retrouver dans un gouvernement où il faut tourner sept fois sa langue avant de parler ?

(Rires) Mais vous pensez que le professeur ne tourne pas sept fois sa langue avant de parler dans les amphis ? Je comprends ce que vous voulez dire, mais on s’adapte. Comment font les Européens qui quittent chez eux à moins 40° pour venir vivre en Afrique ? Le professeur tout comme l’ingénieur qui n’était pas politique et qui entre au gouvernement, s’adapte. C’est vrai, il y a la solidarité gouvernementale, nous sommes arrivés dans une situation exceptionnelle, mais il y a tellement de sommités dans ce gouvernement que ça facilite le dialogue franc et direct. Je ne peux pas juger des précédents gouvernements, mais franchement, les capacités de ce gouvernement sont hors normes et vous pouvez me croire : ça vole très haut !

Et puis, l’équipe est composée en grande partie de gens qui viennent de la société civile et qui ont la parole facile, et c’est à nous autres, affiliés aux partis politiques de trouver la bonne combinaison pour renforcer le climat de paix sociale. Votre question pourrait avoir un sens quant il y a des coalitions politiques où chacun vient avec son idéologie, son parcours et qu’on doit faire attention face à l’adversaire. Là ce n’est pas le cas !

Propos recueillis à Lyon par Joachim Vokouma

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Vos commentaires

  • Le 24 juillet 2012 à 02:35, par indjaba En réponse à : Jean Koulidiati, Ministre de l’Environnement et du développement durable : « On ne s’interdira pas d’exploiter du pétrole dans le parc national d’Arly ou dans la réserve de Tambi »

    Le Pr Koulidiati est un ministre que j’ai connu en FAC de sciences dans les années 95. Il venait de rentrer de la France et avait une voiture blanche. Beau goss, il aimait bien s’habiller et les étudiantes aimaient bien ses cours… Ceci dit je crois qu’il semble cependant manquer de petits détails de rayonnement au niveau des activités de son ministère. Voici 2 exemples :
    - De nos jours des camions et des containers pullulent et déversent dans la capitale des machines de tout genre, des habillements, de l’électroménager… dits de seconde main (France ou Italie aurevoir). En réalité ces produits et équipements sont généralement en fin de vie en Europe et les blancs pour éviter de payer chers pour la gestion de leurs déchets ont encore trouvé subtilement l’Afrique comme dépotoir. Comme les africains aiment France-aurevoire, ils se ruent sur ces déchets dans les quartiers en se disant « j’ai payé frigo occasion ou sac occasion ». Le blanc ne fait rien pour rien.
    - Dans la construction des routes urbaines, il n’est pas prévu de place pour les piétons. Conséquence on oblige tout le monde à aller à moto ou à voiture donc à polluer. Chers internautes, Essayer de marcher sur Bambanguida entre le feu de la Sorbetière et celui de l’entrée de la maternité Saint Camille. Ou bien encore essayer de longer à pied la route qui va du feu du camp fonctionnaire au jardin situé entre la résidence du Moro Naaba et l’espace de vente de véhicule d’occasion. Faites le et vous saurez qu’on ne veut pas de piétons à Ouaga.
    Pr faite un plaidoyer à vos collègues des infrastructures, de l’urbanisme et du commerce pour résoudre ces genres de problèmes. Indjaba si vous ne pouvez même pas résoudre d’abord le Bea Ba des problèmes d’environnement avant de vous attaquer aux problèmes gigantesque du réchauffement climatique.

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