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Affaire Faso Fani : Dossier clos au cabinet Bénéwendé Sankara

Publié le lundi 23 juillet 2012 à 00h23min

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Le dossier des Ex-travailleurs de la société de textile Faso Fani, liquidée en 2001, défendu par Me Bénéwendé Stanislas Sankara, est désormais clos dans le cabinet de ce dernier. Au cours d’une assemblée générale tenue le 19 juillet dernier à Koudougou qui abritait l’usine, les deux parties sont unanimement convenus de clore le dossier des ex-travailleurs de l’ex-Faso Fani dans le cabinet de Me Bénéwendé Sankara. Les employés au chômage depuis ce temps promettent de continuer la « lutte » pour arracher d’autres avantages à l’Etat. Retour sur une affaire qui aura retenu l’attention des Burkinabè.

« Rencontre d’explication ». « Rencontre de clarification ou d’éclaircissement ». Les termes ne suffisent pas pour caractériser l’assemblée générale de clôture définitive du dossier de l’Affaire Faso Fani dans le cabinet de Me Sankara. Agés pour la plupart de plus de 50 ans, hommes et femmes étaient là pour comprendre certains aspects du dossier restés incompris ou inexpliqués.

Après une entrée en matière faite par le responsable du collège des délégués syndicaux, Gilbert Nabi, les débats se sont véritablement installés. Selon Gilbert Nabi, le cabinet de Me Bénéwendé Sankara a été appelé en rescousse par les travailleurs en 1998 lorsqu’il était question de privatiser Faso Fani. « Nous voulions éviter le drame qu’avaient subi 153 de nos camarades licenciés sans aucune mesure sociale le 15 août 1990 lors de la restructuration de l’usine », a indiqué le président du collège.

Alors que, sous l’égide de Me Bénéwendé Sankara, qui n’avait pas encore créé son parti politique (UNIR/PS (Union pour la renaissance/Parti sankariste), les travailleurs cherchaient les voies et moyens pour limiter les dégâts, le gouvernement a décidé au cours du Conseil des ministres du 7 mars 2001 de la liquidation judiciaire de Faso Fani. C’est ainsi que les revendications des travailleurs ont évolué pour prendre en compte d’autres points. Au total 8 points ont constitué la plate forme revendicative des employés.

Le 27 mars 2001, une rencontre tripartite, Etat, travailleurs et syndicats, a lieu à la direction régionale du travail du Centre ouest. A l’issue de cette rencontre sont dressés deux procès verbaux. L’un portant sur les points d’accord et l’autre sur les points de désaccord. Au titre des axes de la plateforme qui ont reçu l’assentiment des différentes parties, sont inscrits le paiement des neuf mois d’arriérés de salaire ainsi que celui du dernier mois et la gratification de l’année. L’Etat s’est également engagé à payer les droits légaux, l’indemnité spéciale (12 mois de salaire), les cotisations sociales, à réaliser le bilan de santé des travailleurs et à accorder une retraite anticipée aux personnes invalides. Des cadeaux textiles composés de 2 pagnes tissés, 2 foulards « luilipendé » et une toile bouguyan avaient aussi été promis aux travailleurs.

A l’opposé, les participants à la rencontre tripartite ne se sont pas entendus sur le transport que demandaient les travailleurs pour eux et pour des membres de leurs familles et de leurs bagages à destination, l’indemnité spéciale de préavis de trois mois de salaire net à chaque travailleur, l’indemnité de difficultés de réinsertion professionnelle, le complément de cotisation à la Caisse nationale de sécurité sociale jusqu’à 55 ans pour les travailleurs ayant au moins 50 ans, etc.

A l’issue des tractations, les engagements pris par l’Etat ont été respectés sauf celui sur le bilan de santé des travailleurs. « Nous avons eu l’information mais sans connaitre le montant que l’argent pour le bilan de santé des employés de Faso Fani a été versé à l’Office national des travailleurs (OST) », a indiqué Me Sankara. Au total 3 561 185 379 francs ont été débloqués par l’Etat pour répondre aux exigences des travailleurs. Sur cette somme, l’avocat a perçu plus de 100 millions

Si à l’issue de l’AG de Koudougou les travailleurs déflatés de Faso Fani prônent l’unité dans l’action, la divergence des points de vue sur différents sujets était très profonde. Car visiblement, certains étaient venus à la réunion dans l’optique de solder leurs comptes avec l’avocat. « En venant ici, je m’attendais à prendre mon chèque », a lancé un travailleur à Me Sankara. Le différend porte sur une somme de 67 millions de francs CFA perçus par l’avocat au titre de ses honoraires. Et selon les travailleurs, Me Sankara ne devait pas percevoir cet argent sur leurs paies parce que selon la loi 6 de 1993, le perdant au procès, l’Etat, avait l’obligation de verser à l’avocat ses honoraires.

Mais selon Bénéwendé Sankara, alors qu’il a entamé la procédure pour obtenir du juge l’ordonnance de taxation afin de récupérer son argent au niveau du Trésor public, un des plaignants est allé demander au juge de suspendre la procédure pour des raisons que l’avocat ignore jusqu’aujourd’hui. « Je n’avais pas exigé d’être payé à l’avance parce que je me disais que vous aviez des problèmes urgents à résoudre et qu’on solderait nos comptes après. Mais je me suis rendu compte après que des gens ne voulaient pas me payer mes honoraires. Raison pour laquelle j’ai pris ce que vous me deviez sur vos paies. Il revient alors à l’Etat de vous rembourser votre argent mais pas à l’avocat », a expliqué Me Sankara.

Mais à écouter Gilbert Nabi, responsable du comité des délégués syndicaux, les 67 millions sont actuellement au niveau de la Commission paritaire chargée de l’exécution des points d’accord. « La commission a demandé à sa directrice d’adresser une correspondance à l’avocat qui lui enverra des documents afin que l’argent soit débloqué », a précisé M. Nabi. Ensemble, les ex-travailleurs de Faso Fani ont demandé à Me Bénéwendé Sankara de les aider à récupérer leur dû.

Si le cabinet Bénéwendé Sankara a clos le dossier à son niveau, les « papi » ont contacté un autre avocat pour les assister dans leur revendication de 24 mois de salaire restant. « Nos camarades de SOREMIB et de l’Imprimerie nationale du Burkina ne peuvent pas obtenir 36 mois de salaire au titre de l’indemnité spéciale alors qu’on nous donne 12 mois », s’est insurgé Frédéric Traoré, un ancien employé de Faso Fani.

Si l’Affaire Faso Fani est close au cabinet de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, elle s’ouvre dans un autre et les Burkinabè suivront certainement dans les jours à venir de nouveaux épisodes de ce feuilleton à rebondissements.

Jacques Théodore BALIMA
LEfaso.net

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