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Kadré Désiré Ouédraogo, Président de la Commission de la CEDEAO : « Il y a un besoin d’action urgente et ordonnée au Mali »

Publié le vendredi 6 juillet 2012 à 00h42min

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Né en 1953 à Boussouma, un village du centre-nord du Burkina Faso, Kadré Désiré Ouédraogo est, depuis le 17 février 2012, le président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). A 56 ans, ce diplomate chevronné préside aux destinées d’une communauté en proie à de graves crises. Présent à Yamoussoukro sur invitation au 41e sommet ordinaire de ladite communauté, nous avons saisi l’opportunité pour échanger avec Kadré Désiré Ouédraogo, qui a prêté serment à l’occasion devant la Cour de justice de la CEDEAO et un parterre de chefs d’Etat, le 29 juin 2012 à la Fondation Félix Houphouët-Boigny. Entre coups de fil, examens de dossiers et visites, le très chargé président de la Commission de la CEDEAO a accepté répondre à nos questions. Avec lui, les crises malienne et bissau-guinéenne ont été largement abordées. Aussi s’est-il prononcé sur les actions à entreprendre pour éviter l’enlisement de ces situations.

Entretien exclusif !

« Le Pays » : Que représente la date du 17 février 2012 pour Kadré Désiré Ouédraogo ?

Kadré Désiré Ouédraogo (président de la Commission de la CEDEAO) : La date du 17 février 2012 représente l’aboutissement des efforts déployés par le président du Faso et son gouvernement en soutien à ma candidature, à la candidature du Burkina Faso pour présider la Commission de la CEDEAO. C’est un grand honneur qui a été fait au Burkina Faso, à son président et à l’ensemble du gouvernement et au peuple burkinabè. Je saisis cette occasion pour renouveler toute ma gratitude au président du Faso et à l’ensemble des chefs d’Etat des pays membres de la CEDEAO pour avoir accepté cette candidature et pour m’avoir fait confiance pour présider aux destinées de cette Commission.

Cette date du 17 février reste-t-elle singulière pour vous ?

Elle reste singulière parmi tant d’autres dans la mesure où j’ai déjà eu à servir cette Communauté en qualité de Secrétaire exécutif adjoint chargé des affaires économiques en 1985. Après avoir quitté cette Communauté en 1985, j’ai eu l’honneur de servir en tant que vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et par-dessus tout, j’ai eu l’honneur et la chance d’être appelé aux fonctions de Premier ministre, chef de gouvernement du Burkina Faso. C’est donc pour vous dire qu’il y a de nombreux jalons dans ma carrière et la date du 17 février 2012 est assurément l’un d’entre eux.

Vous venez de prêter serment. Quel sens donnez-vous à cette étape de votre mission et au contenu du serment ?

Permettez-moi de réitérer l’expression de mes remerciements à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement pour avoir permis cette cérémonie solennelle lors de sa 41e session. La prestation de serment est l’acceptation de servir la Communauté selon un code de valeurs. Elle est aussi, en quelque sorte, l’investiture du nouveau président de la Commission. Elle marque le début de ma mission et le sens que je donne à cette prestation, c’est d’abord la loyauté envers la Communauté, la garantie de son indépendance, de son impartialité et la protection de ses intérêts vitaux.

Nommé le 17 févier 2012, vous prenez fonction le 1er mars ; mais 22 jours après, c’est-à-dire le 22 mars, un coup d’Etat survient au Mali. Au moment où vous multipliez les efforts pour essayer de juguler cette crise, voilà que, encore 22 jours après, le 12 avril, la Guinée Bissau s’invite également au calendrier de la CEDEAO par un coup d’Etat. Vous n’avez pas eu d’état de grâce...

Je pense fondamentalement que la CEDEAO ne joue là que son rôle. Je suis fier de participer à cette action de la Communauté au service des populations de notre sous-région. Il est évident que la paix et la sécurité sont un préalable indispensable à l’accomplissement de tout développement économique. Le fait que nous ayons ces foyers de tensions invite à une action rapide de la Communauté pour un retour à la paix et à la stabilité dans ces deux pays. Sous l’impulsion du président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, cette action a été décisive.

Si la transition constitutionnelle semble se normaliser à Bamako, il reste que le Nord-Mali est occupé à 60% par des groupes armés. Vous avez demandé mandat à l’ONU le 15 juin dernier, en appui à l’armée malienne, pour les déloger, mais le Conseil de sécurité a réservé sa réponse. Est-ce une situation qui vous agace ?

Cela ne nous agace point dans la mesure où le Conseil de sécurité des Nations unies nous a clairement apporté son soutien politique lorsque nous avons fait le briefing le 15 juin dernier. Nous avons reçu l’appui unanime des membres du Conseil de sécurité. Cette initiative de la CEDEAO, je vous rappelle, est soutenue par l’Union africaine. La seule chose qu’il y a, c’est que les membres du Conseil de sécurité ont voulu avoir des informations plus précises et plus détaillées sur la composition de la Force et des détails techniques que nous nous sommes engagés à leur apporter, d’autant plus que lorsque nous étions au briefing avec le Conseil de sécurité, il y avait une réunion de planification des chefs d’états-majors qui étaient à Abidjan. Nous avons donc un soutien politique du Conseil de sécurité des Nations unies quant à la résolution pour favoriser le déploiement des forces en attente de la CEDEAO. Le dialogue avec le Conseil de sécurité se poursuit. Il est nécessaire que la Communauté internationale appuie les efforts de la CEDEAO dans la stabilisation de la situation au Mali, parce que, non seulement il y va de la sécurité de la zone Afrique de l’Ouest, mais également de la sécurité et de la paix internationale.

Mais le Conseil de sécurité attend, entre autres, un accord écrit des autorités maliennes pour donner sa réponse. Pensez-vous que les autorités maliennes accepteront la proposition de la Communauté d’envoyer 3 000 hommes à Bamako pour assurer la sécurité des institutions et des dirigeants maliens, puis cette intervention par la force pour libérer le Nord- Mali ?

Il y a certains membres du Conseil de sécurité qui ont simplement exprimé le besoin de savoir si les autorités maliennes s’associent à cette démarche de la CEDEAO. Nous les avons rassurés que oui, dans la mesure où c’est suite à une concertation, en marge du sommet de l’UEMOA tenu le 6 juin dernier à Lomé, que nous avons reçu les instructions de saisir le Conseil de sécurité avec l’appui de l’Union africaine pour obtenir cette résolution. A cette consultation du 6 juin, le Premier ministre du Mali (ndlr, Cheick Modibo Diarra) était présent. En plus de cela, lorsque nous étions devant le Conseil de sécurité des Nations unies, l’ambassadeur du Mali a pris la parole pour exprimer le soutien de son pays à cette initiative. Pour nous, c’est une initiative partagée, non seulement par l’ensemble des pays de la CEDEAO, mais aussi par les pays de l’Union africaine. Pour nous, la question ne se pose donc pas. C’est une démarche unanime des pays membres de la CEDEAO.

Qui dirige véritablement à Bamako ? La junte ou les autorités de la transition ?

Pour nous, un gouvernement de transition a été mis en place et est dirigé par Dioncounda Traoré, avec un Premier ministre et un gouvernement de transition. Ce sont les seules autorités reconnues au niveau de la CEDEAO.

Mais ce ne sont pas elles qui emprisonnent et libèrent à Kati, le fief de la junte ; et pire, le président Dioncounda, tout président qu’il est, a été agressé dans son bureau avec des gourdins et des marteaux...

Nous savons que ce gouvernement de transition fait face à une situation difficile. C’est la raison pour laquelle la CEDEAO a décidé de lui apporter un soutien sur tous les plans, en particulier sur le plan sécuritaire. L’agression du président Dioncounda Traoré est un signe manifeste qu’il y a un besoin de sécurité accrue.

Les autorités maliennes actuelles ne dirigent-elles pas par procuration ? En clair, la junte, bien que discrète actuellement, ne fait-elle pas le jeu sur le terrain ?

Suite à la réunion de médiation du Conseil de sécurité tenue à Abidjan le 19 mai dernier, une charte claire a été envoyée à tous les acteurs de la scène politique et sociale malienne pour les inviter à appuyer les organes de la transition. En même temps, ce message mettait fermement en garde tout groupe ou tout individu qui porterait entrave au fonctionnement de la transition. Depuis que ce message a été transmis, nous n’avons pas observé d’actes ouverts de défiance vis-à-vis de la CEDEAO. Dans tous les cas, les instructions sont claires.

Où en êtes-vous avec les enquêtes liées à l’agression du président Dioncounda ?

En rapport avec le gouvernement du Mali qui a lui-même ouvert une enquête, nous attendons que le rapport nous soit communiqué. Nous sommes aussi en rapport avec l’Union pour que nous puissions rassembler toutes les informations nécessaires. La position est que tout individu qui aura été trouvé coupable dans cette agression sera immédiatement passible de sanctions de la CEDEAO.

M. le président, comment comprendre qu’au moment où la CEDEAO condamne les coups d’Etat, elle reconnaisse en même temps à un putschiste le statut d’ancien chef d’Etat avec tous les avantages liés à ce rang, avant de le lui retirer ?

La CEDEAO n’a jamais reconnu le statut d’ancien chef d’Etat au capitaine Sanogo. Si vous vous référez au communiqué du 7 mai dernier, la CEDEAO précise clairement qu’elle ne reconnaît aucune autre instance que le gouvernement de transition au Mali et ne reconnaît pas le statut d’ancien chef d’Etat au capitaine Sanogo.

Pourtant, l’information liée à ce statut d’ancien chef d’Etat reconnu au capitaine Sanogo a été largement diffusée...

Les chefs d’Etat de la CEDEAO n’ont jamais reconnu le statut de chef d’Etat ou d’ancien chef d’Etat au capitaine Sanogo et c’est ce qui a été clairement rappelé aux consultations de Lomé.

Comment appréciez-vous le travail du médiateur de la crise malienne, le président Blaise Compaoré ?

Le médiateur a fait un excellent travail. Il a été régulièrement félicité par ses pairs. Le fait d’obtenir déjà la stabilisation de la situation politique par le retour à l’ordre constitutionnel et la mise en place d’un gouvernement de transition sont à mettre à l’actif du médiateur et de toutes les forces politiques maliennes. Bien sûr, il reste à rétablir l’intégrité territoriale du Mali et à organiser les élections. Pour tout cela, la CEDEAO préfère pour l’instant utiliser la voie pacifique. C’est la raison pour laquelle le médiateur a été invité à poursuivre ses efforts de contact et de médiation pour ramener autour de la table de négociation toutes les parties prenantes. Il est aidé en cela par le président Goodluck Ebele Jonathan du Nigéria qui a été coopté par ses pairs au sommet du 26 avril 2012 pour s’adjoindre au président Blaise Compaoré en vue d’examiner les conditions d’un dialogue positif pour résoudre la situation de la rébellion au nord.

Il est évident que cette rébellion pose de graves défis du point de vue sécurité. C’est la raison pour laquelle les chefs d’Etat ont estimé que les négociations et les discussions ne devraient pas traîner au point de laisser s’incruster des groupes terroristes dans cette zone et constituer une menace grave pour la sécurité et la paix de la CEDEAO et de la Communauté internationale. C’est pourquoi l’usage de la force n’est pas exclu au cas où les négociations n’aboutiraient pas. La CEDEAO n’est pas prête à transiger sur l’unité et l’intégrité territoriale du Mali.

La CEDEAO dit ne pas être prête à discuter avec des groupes terroristes, mais le médiateur a reçu Ansar Dine qui a des accointances avec lesdits groupes. Comment comprendre cela ?

C’est une question qu’il faut poser au médiateur qui a véritablement connaissance de tous les acteurs. Le médiateur lui-même a clairement déclaré ne pas négocier avec des groupes terroristes et je pense qu’il est dans son rôle de prendre des contacts et il a en vue cette position de la CEDEAO qui est de ne pas discuter avec des groupes terroristes.

Ne pensez-vous pas qu’avec la situation qui s’est détériorée au Nord- Mali avec la percée des islamistes, cela exige désormais de la CEDEAO une urgente action ?

La CEDEAO a toujours perçu ce besoin d’une action urgente au Mali. Mais cette action doit être ordonnée. Il y a donc un besoin d’action urgente mais ordonnée au Mali. Pour résoudre la situation sécuritaire au nord, il faut au préalable régler la crise politique engendrée par le coup d’Etat du 22 mars de sorte à ce que la communauté internationale puisse aider un gouvernement légitime à garantir l’intégrité territoriale du pays.

Mais la nécessité d’une action urgente est apparue plus clairement à l’occasion des derniers développements, et notamment des combats ayant opposé le MNLA au MUJAO à Gao et qui semblent tourner à la faveur de ce dernier. S’il n’y a plus d’interlocuteur politique dans le Nord-Mali, il ne restera plus que les groupes terroristes avec lesquels on peut se demander ce qu’il peut bien y avoir à négocier. Les graves violations des droits de l’Homme et les risques d’incrustation de groupes terroristes recommandent une action urgente et c’est ce que fait la CEDEAO en préparant activement le déploiement de sa force en attente du soutien de l’Union africaine et de la Communauté internationale.
J’espère que le Conseil de sécurité des Nations unies va bientôt adopter une résolution autorisant le déploiement sous le chapitre VII de la charte de l’ONU.

Comment avez-vous accueilli la menace des Etats-unis sur un éventuel usage de la force au Nord- Mali ?

Les Etats-Unis ont certainement leurs raisons de lancer une telle mise en garde. Mais il n’en demeure pas moins que si le dialogue n’aboutit pas à une solution négociée, on voit mal comment les pays de la région peuvent rester les bras croisés devant les atrocités et les graves atteintes aux droits de l’Homme perpétrées par les groupes terroristes au Nord-Mali. La CEDEAO a le devoir de se protéger et de protéger ses citoyens contre les agressions que l’on observe. Elle demande pour cela le soutien et la coopération de tous ses partenaires et je voudrais saluer la disponibilité des Etats-Unis qui ont été parmi les premiers à réagir favorablement à notre demande d’appui.

Ansar Dine menace de sévir dans les pays qui vont envoyer des éléments au sein des forces qui se rendront au nord. Cette mise en garde peut-elle freiner un certain élan au sein des états membres ?

Je ne pense pas que cette mise en garde, même si elle doit être prise au sérieux, soit de nature à changer la position des Etats membres de la CEDEAO.

Qu’aviez-vous en tête le 15 avril dernier lorsque vous êtes parti discuter à la direction de la forteresse d’Amura, le siège de l’état-major de la Guinée Bissau ? Que les tombeurs de Carlos Gomes Junior et de Raimundo Pereira acceptent le retour immédiat à l’ordre constitutionnel ?

Ce jour-là, nous étions porteur d’un message clair de la part de la CEDEAO. Ce message était de transmettre la ferme condamnation de la CEDEAO de ce coup d’Etat et rappeler aux putschistes que jamais la CEDEAO ne tolérera une accession au pouvoir par des voies non constitutionnelles et leur faire part de ce retour immédiat à un ordre constitutionnel qu’exige la CEDEAO. Nous étions partis leur demander de libérer tous les détenus politiques et leur assurer que la CEDEAO les tenait pour responsables de la vie et de la sécurité de tous les leaders politiques arrêtés. C’était un message de fermeté et nous avons eu une longue discussion avec eux à la suite de laquelle ils ont finalement compris qu’ils n’avaient pas d’autre choix que d’accepter les principes de la CEDEAO et le retour à l’ordre constitutionnel. Ils se sont donc engagés par écrit à accepter cette exigence de la communauté internationale.

Quel est le bilan au jour d’aujourd’hui au niveau de la Guinée Bissau ?

Suite au sommet du 3 mai 2012 à Dakar qui a reconfirmé les conclusions du sommet du 26 avril à Abidjan, établissant une transition de 12 mois avec un président intérimaire et un gouvernement intérimaire, respectant en cela les dispositions de la Constitution de la Guinée Bissau, nous constatons qu’il y a actuellement à Bissau un gouvernement qui fonctionne sous la direction d’un président intérimaire, lequel a nommé un Premier ministre après consultation de tous les partis politiques. Un gouvernement de transition a été formé. Nous constatons que ce gouvernement a une maîtrise du pays. Les activités économiques telle que la campagne sur la noix de cajou, se déroule normalement. Nous pensons que la transition est en bonne voie en Guinée Bissau, même si elle rencontre des difficultés financières. Il reste que dans la période de 12 mois, il faut assurer des réformes politiques. Il faut réformer le code électoral et au besoin la Constitution pour plus de clarté, conduire une élection transparente, surveillée par la communauté internationale, à laquelle tous les candidats pourront se présenter à l’exception du président intérimaire et du Premier ministre qui n’ont pas le droit de compétir.

En dehors de ces deux, tous les Bissau-guinéens qui se sentent capables peuvent compétir. Dans cet élan de réformes, il y a l’importante question de réforme du secteur de la défense et de la sécurité, en particulier la réforme de l’armée. C’est en cela que la CEDEAO a déployé la force en attente avec environ 600 hommes qui sont actuellement en place à Bissau pour aider non seulement à sécuriser la transition, mais également aider à la réforme du secteur de la défense et la sécurité du pays. La présence militaire de la CEDEAO est en soi une étape importante vers le règlement de la situation de crise en Guinée Bissau. Cette présence a permis l’évacuation en ordre de la force angolaise qui était dans le pays et qui était en situation d’antagonisme avec l’armée bissau-guinéenne. Entre le 6 et le 9 juin 2012, les forces angolaises ont quitté le pays sous la protection des forces de la CEDEAO.

Que manque-t-il véritablement à la CEDEAO pour être plus efficace sur le terrain ?

La situation sécuritaire est très grave. La CEDEAO a pris ses responsabilités. Elle demande à la communauté internationale de l’appuyer dans ses efforts, parce que ce qui est en jeu, c’est non seulement l’unité, la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest, mais également la paix et la stabilité de toute la communauté internationale, dans la mesure où nous assistons à de graves violations des droits de l’Homme. Au nord du Mali, nous assistons à des enlèvements d’otages, à des trafics d’êtres humains, à des trafics de drogue et d’armes illégales. C’est en cela que la CEDEAO a décidé de s’attaquer et demande pour ce faire le soutien de la communauté internationale pour assurer cette paix dans nos pays. La situation dépasse même le cadre de la CEDEAO pour devenir une préoccupation internationale.

Quel est le programme journalier d’un président de la Commission de la CEDEAO ?

Le programme d’un président de la Commission de la CEDEAO est très chargé. Vous savez, il est l’animateur de la Commission avec tous ses différents départements. Il est également le représentant de toutes les institutions de la CEDEAO chargées de la marche harmonieuse de tout cet ensemble. Ce qui suppose une masse de travail importante : examen de rapports, prises de décisions venant des différents départements et institutions, audiences, rapports avec nos hauts partenaires et les ambassadeurs des pays accrédités auprès de la CEDEAO, les contacts et les consultations avec le président en exercice et les autres présidents de la CEDEAO, réunions diverses, etc. C’est vous dire la charge du travail que représente ce poste. Je suis assisté par un vice-président et sept commissaires qui se partagent des domaines de compétences. C’est donc toute une équipe qui travaille même si c’est le président qui est l’animateur principal.

Depuis votre nomination, vous parcourez des pays et des pays à la recherche de solutions, vous n’avez pas le moindre temps d’observation. Votre famille doit en souffrir. N’est-ce pas prenant, cette affaire de président de la Commission de la CEDEAO ? D’où tirez-vous ces forces pour rester toujours en forme et exécuter ces tâches ?

Bien sûr que c’est une charge très lourde, mais c’est également un honneur et un défi de servir notre Communauté à ce poste. C’est la raison d’être même de la CEDEAO. J’estime que cette organisation est véritablement un instrument efficace entre les mains des chefs d’Etat pour concourir à la recherche de la paix et de la stabilité et aussi du développement économique de la sous-région. Quand on voit ces objectifs nobles, on peut se dépenser sans compter.

Quelles sont vos joies et vos peines en quatre mois d’exercice ?

En quatre mois, j’ai pu mesurer les nombreux acquis enregistrés par notre Communauté, mais il faut également reconnaître qu’il nous reste beaucoup à entreprendre pour arriver à l’objectif commun qui est le développement économique, la paix et la stabilité dans notre région. J’ai constaté que beaucoup de chantiers sont ouverts et je suis heureux de contribuer à la réalisation de ces chantiers. Je suis véritablement optimiste après ce que j’ai vu sur l’avenir de notre région et de notre Communauté.

Vous ne nous avez pas encore dit votre secret par rapport à votre forme …

Seul Dieu Tout-puissant peut permettre à un Homme de faire ce que nous faisons. Je rends grâce au Seigneur de m’avoir accordé cette santé physique et cet appui de tous les jours pour relever ces nombreux défis. Je dois également remercier l’ensemble des chefs d’Etat et en particulier le président en exercice et le président du Faso pour le soutien dont je bénéficie et qui allège la charge qui est sur mes épaules. Je remercie tous les commissaires et tous les agents de la CEDEAO, les experts des Etats membres, les ambassadeurs dont le rôle nous encourage à poursuivre dans la même voie. Il y a la volonté et la disponibilité de m’investir dans ce qu’il y a comme travail au service de notre communauté. Mes remerciements s’adressent à tous mes compatriotes dont je sais le soutien qu’ils m’ont apporté et qu’ils m’apportent, souvent de façon anonyme mais combien encourageant. Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier ma famille, particulièrement mon épouse qui porte également le poids de cette charge.

C’est pour nous un honneur de servir cette région. Ces postes sont des endroits où on a l’occasion de servir ses semblables. Ma joie, c’est d’être utile à mes semblables et à ma région. Je souhaite être utile à ma région qui m’a tant donné et je voudrais en retour donner ce que je sais faire et c’est ce que j’essaie de mettre chaque jour à la disposition de notre Communauté. Conservons l’espoir et faisons confiance aux institutions régionales qui sont conscientes des difficultés mais qui ont foi à l’avenir de cette région.

Propos recueillis à Yamoussoukro par Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays

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