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REFUGIES MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE : Ils sont nostalgiques de l’Azawad

Publié le mercredi 4 juillet 2012 à 00h38min

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Depuis la crise au Mali courant février 2012, ils sont nombreux ceux qui ont fui les exactions et la terreur pour se retrouver au Burkina, surtout dans ses régions Ouest et Sahel. Les efforts fusent de partout pour soutenir ces réfugiés venus d’un pays voisin en guerre. Le gouvernement du Burkina Faso fait partie de ceux qui fournissent ces efforts, au moins en offrant un gîte et la sécurité à ces milliers de Maliens qui ont fui non pas la faim et la soif, mais la guerre. Ils sont fonctionnaires dans divers domaines au Mali : enseignants, agents de sécurité, infirmiers, commerçants, cadres dans des ONG, etc. Les élèves se comptent également parmi eux. Ces réfugiés maliens des sites de Mentao dans le Soum et de Gandafabou dans l’Oudalan ont reçu la visite d’une caravane de presse composée d’une quarantaine de journalistes venus d’environ 20 organes de presse, afin de s’enquérir de leurs conditions de vie, les 25 et 26 juin 2012.

La région du Sahel abrite 95% des réfugiés maliens au Burkina. La sortie a été coordonnée par le Système d’information du gouvernement (SIG) du ministère de la Communication. Que deviennent les enfants, les élèves ? De quoi est fait leur quotidien ? Santé, éducation, assainissement et sécurité font partie des préoccupations des réfugiés sur les deux sites. Si le thé, le lait et la viande manquent, cela n’empêche pas que les réfugiés reviennent sur leurs pas pour aller les chercher. La mort fait partie aussi de leur quotidien. Pendant que les adultes se réjouissent de la proclamation de l’indépendance de l’Azawad et veulent y repartir, les plus jeunes disent craindre la guerre qui sévit toujours dans les villes qu’ils ont abandonnées. « L’Azawad nous manque », disent-ils, le lait et la viande aussi.

Aïchata est âgée de 2 ans. Réfugiée malienne, elle l’est ; assise à côté de sa maman sous leur tente, elle présente une mine de tristesse. Aïchata est malade. Sa maman ne présente pas non plus un visage rassurant. « Nous sommes partis à l’hôpital mais nous n’avons pas eu les médicaments nécessaires pour elle », raconte sa maman. Là, nous sommes sur le site de Mentao sud à Djibo, dans la province du Soum. A Mentao, il y a trois sites de réfugiés et pas moins de 2 000 familles. Pendant que nous échangions avec la mère de Aïchata, son père, Kalifa Ag Inforo, couché au fond de la tente se relève, sort et prend part à notre échange.

Il nous montre sa carte du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). Il est arrivé sur le site le 17 mars 2012. Il explique qu’il a fait des va-et-vient à l’hôpital de Djibo avec Aïchata sa fille, mais jusqu’à présent, il n’a pas encore trouvé un médicament pour elle et dit craindre le pire. Les maladies que connaissent les enfants sur les sites sont les infections respiratoires, les cas de fatigue générale, le paludisme et la malnutrition. Quid de l’alimentation sur cet état de santé des refugiés ? Pour le Dr Yacouba Zoungrana, médecin de l’ONG médecins du monde-France en fonction sur le site de Mentao, « en tant que prestataire de santé, il sera très difficile d’aller calculer les besoins que le Programme alimentaire mondial (PAM) distribue ».

Il estime en outre que les vivres distribués par les partenaires respectent les normes alimentaires appliquées aux réfugiés. Néanmoins, les réfugiés sur les sites connaissent la douleur de la mort. Le responsable du site de Mentao, dès l’arrivée de la caravane, nous explique qu’ils venaient d’enterrer une vieille. De telles situations sont courantes et le Dr Yacouba Zoungrana explique qu’ils ont eu à faire face à des décès qui ont été enregistrés à l’hôpital de Djibo. « Il y a un infirmier, nous informe Kalifa Ag Inforo, mais il manque des médicaments pour nous ». A l’infirmerie de Mentao sud, des patients attendent, soit pour la consultation soit pour des soins. Fatimata est assise juste à l’entrée de la tente. Sa maman, à l’intérieur, est traductrice auprès du médecin Yacouba Zoungrana.

« Khadija, Aissata et Fifi me manquent »

Elle était élève en 3e année, 5e de sa classe à la dernière composition quand elle a fui le Mali avec ses parents. A la question : Fatimata, ici c’est où ? Elle répond « ici c’est le Burkina ». Ton pays c’est où ? « Mali ». Pourquoi es-tu venue au Burkina ? « La guerre ». Qui fait la guerre là-bas ? « Je ne sais pas. » Quand tu quittais le Mali, as-tu des amis qui sont restés là-bas ? Qui sont-ils ? « Khadija, Aïssata, Fifi, beaucoup d’amis. » Tu veux repartir au Mali ? « Oui ». Tel est l’extrait d’un échange que nous avons eu sur le site de Mentao sud avec Fatimata assise devant l’infirmerie, « désœuvrée ». Comme elle, ils sont nombreux les enfants sur les sites vivant la même situation. Retrouver le Mali et les amis perdus de vue depuis longtemps. Non loin de là, d’autres enfants courent sur le site, torse nu, et vous tendent la main. Un bonbon, ça se partage très rapidement et l’on continue de vous suivre jusqu’à ce qu’un adulte les interpelle.

Double réfugiés, c’est leur nom

Contrairement à Aïssata à Mentao Sud, Kamrou Ag Youniss a eu un peu plus de chance. A 12 ans, il vient d’avoir le Certificat d’études primaires à Gandafabou. Au moment où il fuyait le Mali avec ses parents, il faisait la 6e année. Sur le site, il a eu l’opportunité de continuer ses cours. Quand bien même l’ambiance n’était pas très bonne en classe, il a été reçu à son examen. Lui aussi souhaite repartir au Mali. Avec un niveau acceptable en français, Kamrou Ag Youniss nous servira de guide et de traducteur sur le site de Gandafabou. Il nous présente deux de ses meilleurs amis sur le site : Ahmed Ag Idrissa et Zeinab Eul Idrissa. Leur particularité : « des doubles réfugiés ». Double réfugiés, c’est le nom par lequel Mohamed El Mouloud Ag Mohamed, un enfant réfugié, les appelle.

Ils ont fait connaissance sur le site. Pourquoi les appelles-tu « doubles réfugiés ? ». « Ils ont quitté la Libye pour venir au Mali et ensuite ils ont fui le Mali pour venir au Burkina. Je les appelle comme cela pour m’amuser, mais ils ne sont pas contents parce qu’ils disent que je les appelle ainsi lorsqu’il y a beaucoup de gens. » Zeinab et Ahmed ainsi que leurs parents ont d’abord fui la Libye pour le Mali avant de se retrouver à Gandafabou. « Je ne sais pas pourquoi mes parents ont quitté la Libye », confie Zeinab. Où est ton père ? Zeinab répondra : « il est reparti en Libye pour rechercher son travail qu’il avait laissé ». Quand rentrera-t-il, Zeinab n’en sait rien. Elle a fait l’école franco-arabe en Libye, elle est en 8e année.

Mohamed Elmouloud Ag Mohamed, lui, raconte comment il a quitté le Mali avec ses parents : « C’est notre père qui a dit qu’on quitte et le jour même où on a attaqué Ménéka, nous avons quitté Salemahé. Nous sommes arrivés ici le 5 février 2012. Une fois arrivés, nous sommes restés avec notre grand-père avant de nous retrouver sous cette tente. Quand je me lève le matin, je ne fais rien. Je me balade. Le soir, on va au terrain à 16h 30 pour jouer au ballon. C’est le ministre qui est venu nous donner le ballon. » Les enfants, peut-être pas trop conscients de ce qui se passe, adorent jouer, s’amuser entre eux. Mais le cadre laisse à désirer. L’ombre est insuffisante, sauf sous les tentes puisque les arbres qui y sont ne sont que des arbustes.

Un assainissement douteux

A Gandafabou, les toilettes par exemple sont inexistantes. Il arrive que les enfants s’amusent autour de leurs fèces. Un groupe de jeunes s’attèle à creuser une fosse qui servira de W.C. sur le site. Par contre, à Mentao sud, les réfugiés peuvent faire leurs besoins dans les lieux indiqués et visibles. Mais, paradoxalement, c’est là que les odeurs se mêlent. Sous la tente de Sidi Ag Mohamed, un vieux d’environ 75 ans est couché ; difficile de dire d’où proviennent les odeurs. Elles sont mêlées d’urines et de fèces. Une odeur, disons-le, humide. Malade depuis trois mois, Sidi Ag Mohamed montre une attitude de mécontentement. Il est visiblement souffrant. Il s’est rendu à plusieurs reprises à Djibo pour sa maladie. Il affirme avoir reçu, sous sa tente, un agent de médecins sans frontière et dit attendre toujours des soins appropriés. Sidi Ag Mohamed se sent fatigué et se recouche, il n’est pas prêt pour la causerie. Il ne pourra pas la terminer.

A l’infirmerie de Mentao sud, le Dr Yacouba Zoungrana, médecin et responsable du projet assistance aux réfugiés maliens du Soum de l’ONG médecins du monde-France, n’est pas serein. Sa préoccupation majeure réside dans le dépistage des maladies. Pour lui, au regard de la saison qui avance, « il est important de faire des consultations précoces afin de faire les dépistages plus tôt ainsi que les soins ». Il poursuit en affirmant qu’ « avec l’hivernage qui s’installe et l’eau dans les mares, il est certain qu’il y aura pas mal de cas de paludisme. » Quand Zeinab se lève le matin, elle dit n’avoir rien à faire. Elle n’a même pas ses livres pour relire ses cours. « Mes cahiers sont restés au Mali », affirme-t-elle. « Je fais la cuisine avec maman et la lessive pour elle ». Pour notre « double réfugiée », il n’y a pas de problème. « Ce qui manque c’est l’eau mais la nourriture, il y en a. » Et le Dr Yacouba Zoungrana dit ne pas trop s’en faire quand à la qualité des repas des réfugiés.

« Notre aliment, c’est le lait, le thé, la viande, tout ce qui est bon »

Des forages existent sur le site de Gandafabou mais la seule préoccupation comme le dit Zeinab, c’est qu’ils sont éloignés, confie-t-elle. Ils y vont avec des seaux en main ou avec des bidons. Certaines familles disposent de charrettes qu’ils chargent de bidons. Puiser l’eau dans des seaux ou dans des bidons n’est pas dans les habitudes de Zeinab. Elle explique que c’est pour la première fois qu’elle le fait. Youssouf Ag Mohamed Lamine explique qu’à Gandafabou, il y a deux forages mais ils sont faits pour les autochtones. Il a ajouté qu’avec l’arrivée des réfugiés, la charge devient plus forte pour les forages et l’accès reste plus difficile. « Un, deux, trois il y a trois forages que je connais à Mentao Sud ici », s’est mis à compter Ehya Ag Azouberz, commissaire aux conflits sur le site de Mentao.

En plus des trois, il y a également deux « baladeurs », des fûts qui contiennent de l’eau potable. Les populations réfugiées de Mentao sud ne se plaignent pas quant à l’eau. Mais le thé, la viande et le lait demeurent la nourriture de base des réfugiés maliens et c’est ce qui manque le plus. Pour Ehya Ag Azouberz, le manque de ces principaux aliments de base lui cause énormément de problèmes. « Notre problème, c’est l’alimentation. Ce que nous mangeons ici, vraiment, nous ne sommes pas habitués à le manger. Il faut le savoir. Notre aliment c’est le lait, la viande, le thé, tout ce qui est bon », se défend Ehya Ag Azouberz face à l’aide alimentaire qu’ils reçoivent.

Il poursuit en affirmant qu’ils ne mangent que le riz, « souvent, on nous donne le riz sans huile, vraiment nous ne sommes pas habitués à cela. » Certes, leur aliment préféré n’est pas disponible mais Ehya Ag Azouberz reste optimiste : « comme nous ne sommes pas chez nous, on se débrouille pour manger, mais … » (rires). Si Ehya Ag Azouberz sur le site de Mentao sud cultive un minimum d’optimisme, il n’en est pas de même pour Mohamed Ag Ibrahim, sur le site de Gandafabou venu de Goussi, dans la région de Tombouctou.

La cinquantaine bien sonnée, il est assis sous sa tente avec sa fillette entre les jambes, bavardant avec des amis. Il est un des leaders sur le site. « Si quelqu’un a un ou deux sacs de riz, il le prend et retourne à la frontière pour échanger. S’il trouve même un litre de lait, il revient manger avec ses enfants », explique Mohamed Ag Ibrahim. Ceci afin de pouvoir disposer d’un peu de lait ou de viande. Un autre souci et pas des moindres, selon Mohamed Ag Ibrahim, « nous sommes des nomades et de ce fait nous sommes gênés d’être ensemble assis sans rien faire. » Aide-soignant, Mohamed Ag Ibrahim gagnait à peu près 40 000 F CFA par mois.

Sa femme également est dans la santé comme Maltrone. La proposition lui a été faite de venir offrir des services mais il a décliné l’offre car il est appelé à faire des aller-retour à la frontière, à la recherche du lait. Il dit regretter que la veille (NDLR : 25 juin 2012), pendant qu’il s’était rendu à la frontière pour échanger des vivres contre du lait, une femme ait accouché sous une tente sans l’aide d’une infirmière. Il confie en plus que certains réfugiés dont les animaux sont restés plus près de la frontière sont « obligés d’y retourner car ici il y a manque de lait et de viande ». Des cas de décès, il n’en manque pas. « Nous avons eu des cas de décès malheureusement. Nous avons eu au total trois enfants de moins de 5 ans et un adulte et ce sont des décès enregistrés à l’hôpital de référence », a souligné le Dr Yacouba Zoungrana. Ce sont des cas référés qui n’ont malheureusement pas eu la chance de survivre, précise-t-il.

Tous prêts pour l’ Azawad

Que ce soit à Mentao sud ou que ce soit à Gandafabou, le refrain est le même. « Si nous apprenons qu’il y a la paix aujourd’hui dans notre pays, vraiment on ne fera pas une minute de plus ici », confie Ehya Ag Azouberz. « Y a-t-il quelqu’un qui ne veuille pas de la liberté ?, s’est interrogé Mohamed Ag Ibrahim. Si l’on retrouve la paix, nous serons très heureux, a poursuivi Mohamed Ag Ibrahim. A quand le retour de Mohamed Ag Ibrahim dans l’Azawad, puisque l’indépendance y a été proclamée ? Cette proclamation ne semble pas rassurer notre interlocuteur qui dit : « nous entendons CEDEAO, négociations, médiations, intervention militaire, etc. Je suis prêt à retourner dans l’Azawad mais s’il y a une intervention militaire, ce sera difficile. Il faut la paix sur le territoire avant que je ne reparte ».

Tout comme Mohamed Ag Ibrahim qui souhaite partir dans l’Azawad, Alouss Ag Gaïmadadine, plus jeune, 25 ans, ne cache pas non plus son impatience de quitter le site de Gandafabou. Es-tu prêt à repartir au Mali ? « Non, je suis prêt à repartir dans l’Azawad mais pas au Mali », répond Alouss Ag Gaïmadadine. S’il est toujours sur le site, cela s’explique par le fait que les conditions ne sont pas réunies pour son retour. Youssouf Ag Mohamed Lamine, avant de quitter Tombouctou, était animateur dans un projet. Il avait 100 000 F CFA environ comme revenu mensuel, et avec la situation dans laquelle il se retrouve, « difficilement, il récupère. » Aux dernières nouvelles, le projet qui intervenait dans la zone du gourman malien a mis la clé sous le paillasson. Mais Youssouf Ag Mohamed Lamine dit avoir « vivement souhaité l’indépendance de l’Azawad. » Selon lui, l’indépendance est ce qu’il faut pour que le Mali puisse retrouver la paix et la sérénité. En ce qui concerne la question de l’indépendance de l’Azawad qui traine toujours, Youssouf Ag Mohamed Lamine estime que les responsables ont donné trop de temps à la négociation.

« Le Mali nous a promis l’indépendance mais, depuis 2006, nous sommes en train de négocier l’indépendance », argumente Youssouf Ag Mohamed Lamine. Cette partie du Mali, explique-t-il, est délaissée et il soutient en disant qu’il y a des projets qui viennent pour le Nord mais les populations n’en bénéficient pas, tout reste à Bamako. En attendant de repartir dans l’Azawad, les réfugiés maliens dans le Sahel du Burkina devront faire face au manque d’eau, à la question de l’éducation des enfants, leur santé et aussi aux réalités de la mort quasi permanente. Le haut-commissaire du Soum, Ima Barké, rassure que tout est mis en œuvre pour permettre aux quelque 8 000 réfugiés de la province de se sentir en sécurité. Pas de problème majeur et c’est à cet effet que des camps de sécurité sont postés dans les environs des sites des réfugiés, que ce soit à Mentao ou à Gandafabou.

Pour ce dernier camp, l’on peut apercevoir des militaires, des policiers, des gendarmes, des sapeurs-pompiers, chacun avec sa mission bien précise. Au regard des conditions des réfugiés, le gouverneur de la région du Sahel, Boureima Yiougo, a laissé entendre : « Je vous assure que si ça dure, nous allons gérer des problèmes ». Il a aussi confié aux membres de la caravane que le Burkina Faso a « un précieux trésor qu’il faut préserver, la paix. »

Comment s’est-il retrouvé à Gandafabou ?

« Nous faisions des va-et-vient pour chercher des familles qui voulaient quitter la région. Un jour, pendant que l’on revenait, nous avions rencontré des milices arabes sur le goudron. Nous étions quatre dans deux véhicules et nous sommes tombés dans une embuscade de milices qui nous connaissaient bien. Elles ont commencé à tirer sur notre véhicule. J’ai avancé à leur niveau et je suis descendu. Ils m’ont demandé qui j’étais. Je leur ai dit que je suis de la santé de Goussi. Un arabe a confirmé. : « c’est un agent de la santé de Goussi. Je le connais bien. » Malgré tout, ils nous ont pris, nous ont attaché les mains et bandé les yeux pour nous amener à Goussi, puis des militaires nous ont amené à Gao. Le lendemain, je me suis retrouvé dans un avion, les mains toujours attachées et les yeux bandés. Ils nous ont amenés à Bamako. J’ai fait au moins dix jours sans mot dire, sans interrogatoire. Dans la prison, j’ai dit à un militaire, « même si vous voulez nous tuer, nous avons le droit de prendre le téléphone et appeler nos familles. »

Quelqu’un m’a répondu : « tu parles de quel droit toi ? » Je n’ai plus rien dit. Ensuite, Dieu a fait qu’un Touareg, chef de site de Dibissi, est venu. Je dis chef parce qu’il a des relations avec le gouvernement. Il est venu chercher ses parents dans la prison et ses enfants lui ont dit qu’il y a quelqu’un qu’il connaît qui est resté dans la prison. Ils ont dit marabout (surnom de Mohamed Ag Ibrahim). Il a été obligé de signer un papier qui dit que je suis un prisonnier de guerre. C’est ce qui a fait qu’ils m’ont libéré aussi et je me suis retrouvé ici à Gandafabou. Les trois autres sont restés trois mois. Ils font partie de l’échange d’otages qui a eu lieu au Niger récemment. Les militaires ont fait une décharge pour dire qu’ils sont des rebelles arrêtés à Goussi, pendant qu’ils faisaient une attaque. »

Pourquoi l’indépendance ?

« Bamako sait qui mettre et qui ne pas mettre »

« Depuis 2006, les recrutements, les emplois ; Bamako sait qui mettre et qui ne pas mettre. Les Touaregs sont défavorisés. Personnellement, j’avais postulé plus de 5 fois pour la police nationale. Ce n’est ni un problème de niveau, ni d’instruction ou de santé. Je remplissais tous les critères mais seulement, je suis un Ag, un point. La seule raison de mon échec, c’est le fait d’être Ag. Je suis trop vexé parce que j’ai été victime et mes frères également. Notre souhait est que nous ayons l’Etat Azawad avec son indépendance. Nous avons déjà un gouvernement provisoire mais avec les menaces de la CEDEAO et de l’Union africaine, nous ne pouvons pas d’abord nous responsabiliser pour retourner dans notre pays. Vous savez que s’il y a la guerre dans un pays, les balles ne font pas la différence entre loyalistes ou rebelles, hommes ou femmes. Nous avons peur de repartir pour le moment. Quand nous allons retourner à l’Azawad, je serai un diplomate. »

Quand les réfugiés qualifient un confrère de Touareg

La caravane a couru un risque de perdre un des leurs. En effet, un confrère a été réclamé par les réfugiés. D’abord sur le site de Mentao, le confrère en question a trouvé l’ingénieuse idée de s’enturbanner, alors qu’il a déjà des allures peules. Il n’en fallait pas plus pour se confondre aux Touaregs. Au vu du confrère, un réfugié s’est demandé si « ce Monsieur n’est pas un Touareg. » L’un d’eux renforce les inquiétudes en répondant par l’affirmative. « Il est l’un de nous ». Il a fallu une présentation pour que les réfugiés se rendent compte que le confrère n’est pas un des leurs. Mais le feuilleton allait se poursuivre. La même situation s’est reproduite le lendemain à Gandafabou. Le confrère s’étant présenté sous une tente avec d’autres confrères pour les échanges, un interprète a failli jeter l’éponge parce que son travail d’interprète ne servirait pas. La raison est que, pour lui, il y a un Touareg parmi les journalistes. Il a dû donner des explications pour faire comprendre que cet enturbanné ne comprenait rien de la langue des Touaregs.

Aimé NABALOUM

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 4 juillet 2012 à 06:31, par une lectrice En réponse à : REFUGIES MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE : Ils sont nostalgiques de l’Azawad

    Je crois savoir qui est ce « confrere » qui a été pris pr un touareg. Qu’est ce qui lui a pri de s’enturbanner coe les touaregs. Ce n’est pourtant pas son habitude… Lui-même avec un peu de recul aurait vu le truc venir gros coe une maison. ..

  • Le 4 juillet 2012 à 06:49, par Oumou Dilli En réponse à : REFUGIES MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE : Ils sont nostalgiques de l’Azawad

    Merci a MNLA pour avoir fait entrer tant de loups dans le Mali
    Courage pour une indépendance où on ne parle que des Touaregs minoritaires parmi les minoritaires, parlant de Bambara pour ne pas dire les noirs !
    Definitions réelle de Azawad : une partie de tout pays qui tombera malade !

  • Le 4 juillet 2012 à 07:24 En réponse à : REFUGIES MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE : Ils sont nostalgiques de l’Azawad

    Au vue de cette situation. je ne sais pas ce que font les ONGs humanitaires qui travaillent dans la zone telles que la croix rouge, action contre la faim, Catwell, etc. Le Conasur et le systeme de nations unies ne fant rien egalement. Ou vont les milliards qui ont ete aloués à l’aide aux refugiés ?

  • Le 4 juillet 2012 à 14:52 En réponse à : REFUGIES MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE : Ils sont nostalgiques de l’Azawad

    S’ils sont nostalgiques de l’Azawad, j’espère qu’ils ne resteront pas une minute de plus au Burkina, après tout ce sont tous des islamistes ! En fait ce sont des gens qui refusent de s’intégrer au peuple malien. C’est comme ça en Afrique, ceux qui ont un peu la peau la claire pensent qu’ils valent mieux que les autres. Vous avez ouvert la boite aux pandore, allez y réglez ca ! Si vous voulez l’Azawad, battez vous l’Azawad, ne fuyez pas vos responsabilités

  • Le 4 juillet 2012 à 21:19, par Wilguima En réponse à : REFUGIES MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE : Ils sont nostalgiques de l’Azawad

    Au secours ! Les terroristes sont déjà sont sur notre terre libre du Burkina Faso. J’ai conversé avec un musulman extrémiste ce soir et ai effleuré expressément son éventuelle affiliation à Ansar dine. il en a ri et n’a rien ajouté. J’ai compris son silence et ai continué ma route.

    Il faudra que nos autorités essayent d’enquêter auprès de certaines mosquées, notamment auprès des barbus pauvres pou voir s’ils ne sont pas en contact avec ces fous du Diab...Euh ces fous de Dieu.

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