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Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

Publié le mercredi 27 juin 2012 à 09h17min

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En 1996, Assomption Frédéric Korsaga, ambassadeur du Burkina Faso à Paris, rejoint Ouaga, siège de l’UEMOA, où il est nommé commissaire chargé des politiques économiques. Un job sur mesure pour cet économiste qui a mis en œuvre le PAS burkinabè. L’UEMOA vient alors d’être créée (10 janvier 1994) et la première réunion de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement s’est tenue à Ouaga le 10 mai 1996.

En 1997, la Guinée Bissau rejoint l’ensemble sous-régional dont les priorités sont alors l’adoption du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité et l’entrée en vigueur du tarif extérieur commun avant que la Côte d’Ivoire, la « locomotive » régionale, ne déraille : coup d’Etat de 1999 ; élection « calamiteuse » de Laurent Gbagbo en 2000 ; tentative de coup d’Etat foireux en 2002… Il faudra gérer, aussi, les négociations concernant le gouverneur de la BCEAO (Charles Konan Banny, son gouverneur, a été nommé Premier ministre à Abidjan) et la signature, par la Côte d’Ivoire, d’un accord d’étape avec l’Union européenne dans le cadre des APE dont les autres Etats ne veulent pas.

Au sein de la Commission, Korsaga a fait l’unanimité : « chaleur, originalité, sens critique, bonne humeur, souplesse, fair-play, vivacité, humour, jovialité », seront les qualités qu’attribuera le Malien Soumaïla Cissé, son président, à « Fred », dit aussi « Le Boss ». Mais après dix années à l’UEMOA, Korsaga va changer d’horizon. Le 16 mai 2007, il sera le premier Burkinabè nommé administrateur de la Banque africaine de développement (BAD), à Tunis. C’est lors du conseil des ministres du 18 février 2011 que Korsaga, « économiste-gestionnaire », sera nommé conseiller à la présidence du Faso. Un retour sur le devant de la scène politico-économique burkinabè d’une personnalité qui avait marqué les années de la « Révolution » et de la « Rectification » mais qui, depuis, avait été quelque peu oubliée.

Sa nomination comme ambassadeur à Bruxelles lui donne aujourd’hui un peu plus de visibilité mais, une fois encore, « off Burkina ». Korsaga va débarquer dans la capitale belge alors que le pays vient de s’engager dans une « réforme en profondeur » de sa Direction générale de la coopération au développement et de l’aide humanitaire (DGD). Objectif : prendre en compte les « besoins de développement des pays partenaires et de leurs populations dans le Sud, plutôt que […] les souhaits des pays donateurs » et « rendre l’aide au développement plus efficace, plus efficiente et plus axée sur les résultats ». Cette recherche de la cohérence s’inscrit dans la politique de « discipline budgétaire » qu’a adoptée la Belgique. « Plus d’un demi-siècle de politique d’aide au développement nous a appris ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, a récemment déclaré Paul Magnette, ministre chargé de la Coopération au Développement*.

Grâce aux expériences accumulées au fil des ans, nous avons lancé un certain nombre de réformes que nous devons continuer. Le partenaire doit, tout d’abord, être plus responsable de son propre développement. Deuxièmement, les pays donateurs devraient se distribuer le travail de manière plus rationnelle. Et, troisièmement, nous devons également continuer à promouvoir le dialogue international, en impliquant les nouveaux donateurs (tels que la Chine et le Brésil, mais aussi les fonds internationaux, souvent impliqués dans un seul événement ou thème) afin que ceux-ci remplissent les mêmes objectifs d’efficacité ».

Magnette veut créer un « modèle belge » en matière de coopération au développement, à l’instar des modèles suédois et norvégien. « La coopération au développement, dit-il, n’est pas une compétence qui puisse être séparée des autres politiques du gouvernement fédéral. Nos décisions, liées à l’économie, l’agriculture, le commerce extérieur, la migration, l’environnement, le développement durable ou encore l’énergie ont des répercussions directes sur le développement des pays tiers. L’amélioration de cette cohérence entre politiques est l’une de mes priorités absolues ». Dans la perspective de mettre en place des financements innovants, il a d’ores et déjà pris des contacts avec son nouvel homologue français, Pascal Canfin, qui prône une démarche proche de celle de Bruxelles (cf. LDD France 0600/Vendredi 18 mai 2012).

En ce qui concerne les relations bilatérales entre Bruxelles et Ouagadougou (où c’est Adrien Théatre qui est, depuis le 24 novembre 2009, l’ambassadeur du Royaume de Belgique au Burkina Faso), il convient de rappeler que Kadré Désiré Ouédraogo, quand il était ambassadeur à Bruxelles, avait initié, le 15 juin 2011, la première journée de partenariat Burkina Faso-Royaume de Belgique qui « outre le renforcement, la pérennisation et l’élargissement des bases de partenariats existants, a pour objectif d’assurer un nouveau dynamisme aux projets à venir ».

C’est autour de l’irrigation, de l’éducation, de l’eau et de la culture que s’articule essentiellement la coopération entre les deux pays. Mais à Bruxelles, le « gros morceau » demeure l’Union européenne. Ce dossier a été l’occasion d’un retour dans la capitale belge, le lundi 18 juin 2012, de KDO. Cette fois en tant que président de la Commission de la Cédéao. Aux côtés de Cheikh Hadjibou Soumaré, son homologue de l’UEMOA, il est venu discuter des APE (Accord de partenariat économique), du PIR (Programme indicatif régional) et de la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest. Les APE sont trois lettres qui ont semé le désarroi dans les relations entre l’UE et les 78 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). L’UE voulait que le régime des préférences commerciales dont les ACP bénéficiaient expire avant la fin de l’année 2007 afin de respecter les normes dans les échanges commerciaux édictées par l’OMC. Pour parvenir à cet objectif, l’UE avait appliqué le vieux principe du « diviser pour régner ». Autrement dit, une période transitoire avait été autorisée par l’OMC, permettant l’ouverture commerciale unilatérale de l’UE vis-à-vis des pays ACP, procédure jugée discriminatoire par les autres pays en développement.

Faute d’une Union africaine opérationnelle, la Commission de l’UE a entrepris de négocier avec chacune des grandes zones régionales dont l’Afrique de l’Ouest comprenant la Cédéao + la Mauritanie. Dans la région, deux pays, la Côte d’Ivoire et le Ghana, ont conclu des APE mais ne les ont pas ratifiés, ce qui devrait les exclure de l’accès préférentiel au marché européen à compter du 1er janvier 2014. Ce séparatisme rend « impossible la construction d’une union douanière et d’un marché commun en Afrique de l’Ouest qui constituent les fondements des Traités constitutifs de la Cédéao et de l’UEMOA. Cette situation mettrait également à mal l’APE dont l’objectif est de renforcer l’intégration régionale ».

Cédéao et UEMOA plaident donc en faveur de la recherche de solutions aux principales divergences qui persistent dans les négociations en vue de parvenir rapidement à un accord régional. Les experts techniques vont se pencher, une fois encore, sur ce dossier avant qu’il ne soit examiné lors d’une réunion des négociateurs en chef. Autant de dossiers que Korsaga va récupérer et devoir suivre dès son installation à Bruxelles. Sa formation économique, en la matière, est un « plus ».

* Paul Magnette est ministre des Entreprises publiques, de la Politique scientifique, de la Coopération au développement et des Grandes villes depuis décembre 2011. Ce quadragénaire (il aura 41 ans dans quelques jours, le 28 juin 2012) au CV impressionnant par sa masse de travaux intellectuels, est docteur en sciences politiques de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Professeur à l’ULB (il a, par ailleurs, enseigné en France dans le cadre des IEP de Paris et de Bordeaux), c’est un spécialiste des questions européennes et une des personnalités majeures du Parti socialiste belge, ayant bâti sa réputation en remettant de l’ordre dans la ville de Charleroi dont plusieurs membres du collège échevinal étaient mis en cause dans des affaires de corruption. Il a eu l’occasion, récemment, de recevoir le Premier ministre du Niger, Brigi Rafini, afin d’échanger avec lui sur la situation dans le Sahel « périlleuse du point de vue politique et alimentaire », selon le ministre belge.

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 27 juin 2012 à 09:45, par Décisionnel En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

    Toujours les memes aux affaires et à la soupe ; il n’existe plus de personnes compétentes au Burkina ou quoi ?

    • Le 28 juin 2012 à 09:42, par offusquée En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

      C’est vraiment dommage pour notre pays. On prend toujours les même et on recommence. Il a plein de jeunes cadres qui n’attendent que d’être promus. Pourtant, d’après eux que maintenant cela va changer. Et qu’ils vont promouvoir les jeunes et les femmes. mais rien ’st fait. Le jour où ça va barder, ils ne diront pas qu’ils ne savent pas pourquoi car c’est la frustration totale.

  • Le 27 juin 2012 à 16:10, par changeons En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

    Bravo à lui pour sa nomination, mais ça frustre les jeunes cadres compétents qui attendent. Ces vieux doivent aller maintenant apprendre d’autre chose au village. Par exemple apprendre comment produire des semences bio.

  • Le 27 juin 2012 à 22:57, par Dr ;Socratès En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

    Je partage largement ton avis.Comme s’il n’yavait pas d’autres personnes competentes de servir le Pays.J’ai vraiment honte de constater ce genre de choses.Des gens formés se retrouvent sans emploie pendant que les mêmes sont toujours au devant de la scène.Dommage.

  • Le 28 juin 2012 à 10:27, par Pierros En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

    Les jeunes rester-là, si vous croyez que ces soi-disant militants de premières heures vont faire de la place aussi facilement à cause de vos beaux yeux, vous foutez les doigts dans les yeux.
    « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort » disait Thomas Sankara.
    Présentement le pays dispose de jeunes docteurs en économie, en économie politique, en droit doublés de stages post-doctorat et de publications agrées de renommées internationales. Ces docteurs modernes 3D, nouvelle génération, maîtrisent pour la plupart de nouvelles technologies qu’il n’y avait pas dans les années 80. Et on veut les résumer en chômeurs et les plus chanceux en des coursiers pour des une vieille génération des « diplômés » aux pratiques techniques et technologiques très dépasser. On pouvait nommer un jeune et le prendre comme conseiller de ce jeune.
    Gourmandise, cupidité, culte de la personnalité, la folie des grandeurs sont de véritables tares sociales qui freinent notre émergence. Nul ne doit se considérer indispensable, nul ne doit être considéré indispensable si nous voulons nous développer.

    • Le 28 juin 2012 à 16:16 En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

      Oui, toujours les mêmes croutes depuis 1987 !
      Mr 10°/° et quel parcours ! Et encore une victime innocente d’un système scolaire et universitaire aliénant ; une victime qui, comme de tant d’autres cadres de la même inconsistance et du même label, n’a jamais rien fait et pensé d’original qui nous sorte du sous-développement économique.
      Économiste vous avez dit ? J’en doute !
      Je vois plutôt dans son parcours, un politicard bon teint qui a su se placer au bon moment, en bon agent actif, comme tant d’autres, du délabrement et du pillage de nos sociétés. Bref, encore un qui, sans aucun autre talent, a su chassé avec ses diplômes d’aliéné parfait ; et qui depuis, a oublié que la science économique n’est que l’appellation réactionnaire de ce qu’est l’économie politique.
      Bon vent à tous ces « grenouillards » auxquels Blaise Compaoré offre des sinécures sur des plateaux dorés. Ils auraient tort de ne pas en profiter, car c’est dans l’air du temps depuis octobre 1987.

  • Le 28 juin 2012 à 19:51 En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

    Soyons whonetes. ce fonctionnaire n’est pas l’ exemple de probite.Il parait que la donne a change. De 10%, c’est passse mainant a 305 avec la vie chere.

  • Le 29 juin 2012 à 18:36 En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

    Si Mr. 105 avait quelque peu un petit fond de dignite, il allait refuser de prendre ce poste car ces hotes vont le regarder et rire sous cape. Vous meme vous connaisssez coment les blancs connaissent et font semblant d ’etre naifs. Voila deja que les internautes ont expose les fonds de culotte de notre Excellence dont le rapport a l’argent public n’est pas si excellent que cela.

  • Le 29 juin 2012 à 18:38 En réponse à : Assomption Frédéric Korsaga, nouvel ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume de Belgique (2/2)

    Le Super- Glu national refuse d’aller a la retraite. A61 ANS IL REFUSE D’ALLER A LA RETRAITE ET PIRATE ENCORE LA PLACE D’ UN PLUS JEUNE. qUELLE GOUVERNANCE !

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