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Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

Publié le vendredi 22 juin 2012 à 02h26min

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Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a été nommé en pleine crise sociale en 2011. Dès sa prise de fonction, il a exprimé une volonté de lutter contre les principaux maux qui minent la société burkinabè dont la corruption. Un an après sa prise de fonction, force est de constater qu’il n’y a pas eu beaucoup d’avancées dans la lutte contre ce fléau.

Les premières déclarations du Premier ministre Luc Adolphe Tiao, après sa prise de fonction, ont laissé percevoir qu’il avait fait un sérieux diagnostic de la situation nationale et décelé les vraies raisons de la crise qui secouait le Burkina Faso. Devant les partenaires techniques et financiers (PTF) du Burkina Faso, il avait traduit sa détermination à mener toutes les actions nécessaires pour lutter contre la corruption. « Notre pays a des ressources limitées et les progrès que nous avons réalisés l’ont été grâce à votre concours. Nous nous engageons à renforcer la transparence dans la gestion des finances publiques ». En effet, des mesures ont été mises en œuvre à cet effet.

Dans le domaine des lotissements et de la gestion foncière, les maires des communes de Koubri, de Nangréongo, de Koudougou et de l’arrondissement de Boulmiougou ont été révoqués pour mauvaise gestion des lotissements et non respect de la réglementation sur le foncier, dont trois avec poursuites judiciaires. Ces mesures gouvernementales sont des indicateurs de la mal gouvernance dans les opérations de lotissements dans les communes du Burkina Faso. Les citoyens, victimes de la mauvaise gestion de ces maires, attendent que les poursuites judiciaires soient engagées pour que les actes de ces ex-maires ne restent pas impunis.

Des assises criminelles ont été tenues en juin 2011 à Bobo-Dioulasso et Ouagadougou au cours desquelles des cas de corruption ont été jugés. Les dossiers jugés ne concernent que la petite corruption et datent de 2005 et de 2006. Au cours de la conférence de presse organisée pour informer de la tenue des assises criminelles à Ouagadougou, madame le procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, Honorine Médah, avait évoqué le manque de moyens financiers conséquents et la longueur des procédures pour justifier la limitation du nombre de dossiers de crimes économiques retenus dans ces procès.

A propos du manque de moyens conséquents, le budget d’organisation des assises de Bobo-Dioulasso a coûté 6 489 000 F CFA. Le gouvernement burkinabè, qui éprouve des difficultés pour débloquer 6,5 millions de FCFA pour organiser régulièrement des assises criminelles, peut débloquer de grosses sommes quand il s’agit d’investir dans des monuments de prestige.

Toujours au titre des mesures prises depuis l’arrivée de Luc Adolphe Tiao à la primature, on peut citer, entre autres, l’interdiction d’organiser les fêtes de fin d’année et de présentation de vœux à l’exception de celle organisée à l’occasion de la présentation de vœux au chef de l’Etat par les corps constitués et le corps diplomatique, l’interdiction d’organiser des réceptions à l’occasion des décorations à l’exception de celle organisée le 11-Décembre à la Présidence du Faso, l’interdiction formelle de commande et de distribution de cadeaux et de gadgets en fin d’année. L’on ne saurait passer sous silence l’arrestation par la gendarmerie, l’inculpation et la mise en détention par la justice et la révocation de Ousmane Guiro, ex-directeur général des Douanes du Burkina Faso pour détention injustifiée d’une somme de près de 2 milliards de FCFA.

S’il faut saluer la prise de toutes ces mesures, force est de constater qu’elles résonnent comme une goutte d’eau dans la mer. Luc Adolphe Tiao est toujours attendu sur le terrain de la lutte contre la corruption. Des actes de corruption dénoncés depuis qu’il est là restent impunis. Le rapport 2009 de la Cour des comptes, rendu public en juin 2011, met en lumière des malversations dans des sociétés comme la SONAGESS, la SOPAFER-B et la LONAB. Ces révélations viennent s’ajouter à celles déjà dénoncées dans les précédents rapports de cette institution. Qu’a fait monsieur le Premier ministre pour recouvrer les sommes perdues et surtout punir les coupables de ces malversations ?

L’Autorité supérieure du contrôle d’Etat (ASCE) a aussi rendu public son rapport 2010 en juin 2011. Diverses malversations ont été révélées et viennent s’ajouter à celles révélées dans les deux précédents rapports de l’institution. Faut-il encore le rappeler, l’ASCE a vu le jour suite à la dissolution de la Haute Autorité de Coordination de la Lutte contre la Corruption et l’Inspection Générale d’Etat. Ces deux structures ont chacune produit des rapports sur des cas de corruption mais ces rapports « dorment » toujours dans des tiroirs. L’espoir suscité avec l’arrivée du Premier ministre risque de s’estomper si les dossiers de corruption ne connaissent pas de suite. Dans son discours sur l’état de la nation en octobre 2011, le Premier ministre reconnaissait que : « les Burkinabè accordent une grande importance à la bonne gouvernance, dans la gestion des affaires publiques et sont de plus en plus hostiles à la corruption, à l’abus des biens publics et à l’enrichissement illicite ; ils attendent, par conséquent, de leurs gouvernants un comportement vertueux, dicté par l’impératif de la satisfaction de l’intérêt général ». La plus grande attente des Burkinabè est la fin de l’impunité des auteurs de corruption dénoncés non seulement par les organes de contrôles étatiques, mais aussi par les organisations de la société civile et les médias.

En attendant, monsieur le Premier ministre doit penser à l’organisation d’assises nationales sur la corruption dans les délais raisonnables. C’est l’une de ses promesses faites devant les PTF en mai 2011 (cf. L’Express du Faso n°3029 du jeudi 12 mai 2011).

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Le Réseau National de Lutte Anticorruption (REN-LAC) Tel : 50 43 32 83, Tel vert : 80 00 11 22, Site web : www.renlac.org

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Vos commentaires

  • Le 21 juin 2012 à 19:12, par France 2 En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Bonne initiative. Des assises nationales permettraient d’envisager des solutions tangibles à cette gangrène. Des fois j’en viens à me demander si l’exécutif est conscient de l’ampleur du phénomène commençant par le président.Le comble c’est comme si la corruption était devenue normale et c’est ne pas en être acteur qui est anormal. pleins de passes droits, des membres des commissions de passation de marché en liaisons en complicité avec les postulants aux marchés...et on s’en fout. Je n’ai jamais eu peur de la quiétude de mon pays comme maintenant

  • Le 22 juin 2012 à 06:15 En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Je ne suis sûr que ceux qui pretendent combattre la corruption ne sont pas ou n’ont pas été complice ou même auteur.

    • Le 22 juin 2012 à 16:06, par Sa Majesté En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

      Mais toi tu es de quel coté ? A t’entendre on sent que tu as peur de la lutte contre la corruption et tu n’es pas seul d’ailleurs. Tremblez parce que nous allons vous acculer jusqu’à votre dernier retranchement.

    • Le 23 juin 2012 à 18:07 En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

      Je comprends son Exellence Tiao. c’est difficile de combattre la cooruption sur la quatrième Republique. l’affaire Guiro n’est qu’un fait divers d’une personne qu’on a lâché simplement, ou qu’on veut faire les yeux doux au bailleurs de fonds. Mais la lutte contre la corruption est incontournable au BF avec nos ressources maigres. La corruption est un monstre qui va faire partir tot ou tard ce regime si on ne fait rien : regardé le printemps arabe. les gens en avaient marre à un moment donnée.

  • Le 22 juin 2012 à 06:25 En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    depuis un an, il n’y aucune avancée en matière de lutte contre la corruption. On ne peut comprendre que le seul Guiro est en prison alors qu’il avait tout un réseau de douaniers derrière lui pour dealer. Visiblement, Tiao parle beaucoup comme l’ancien 1er ministre, mais, le plus difficile est le passage à l’acte car la volonté fait défaut... car on touche évidemment au socle du pouvoir en place depuis 25 ans (les gros intérêts des mooros puissants de ce pays multimilliardaires). Qui est fou pour couper la branche sur laquelle il est assis ?

    • Le 23 juin 2012 à 17:49 En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

      je m’insurge contre le Roi du Yatenga qui acccule le Gouvernement de ne rien faire contre la violence.Il faut plutot continuer la sensibilisation. Lui-même avait dit que si Mme la Gouverneur ne partait pas "elle allait être bastonner". pour moi les leçon qu’il donne passe difficilement.

  • Le 22 juin 2012 à 07:31, par zoygnande En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Vous savez pour lutter efficacement contre la corruption il faut d’abord commencer par sanction sévèrement les CORRUPTEURS
    que les CORROMPUS.
    En effet le problème de la corruption c’est les corrupteurs qui l’entretiennent,la provoquent et la maintient.Ces eux qui ont les moyens,face très souvent a un pauvre agent de l’administration qui peine attendre son maigre salaire a la fin moi donc vulnérable devant des proposition alléchantes des corrupteurs surtout quand l’agent a des difficultés pour assurer sa popote ou soigner un membre de sa famille.
    Je n’ai pas l’intention de justifier ou de defendre les corrompus mais ma conviction est qu’il faut plus sanctionner les corrupteurs car tant qu’il y’a des corrupteurs il y aura toujours corrompus.

  • Le 22 juin 2012 à 07:51, par GO En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Oui, ce qui se passe actuellement au Sénégal pour les bien mal acquis d’un bon nombre de personne doit se faire un jour au Burkina. C’est ça aussi les biens faits de l’alternance.
    Je crois qu’on a jamais eu des difficultés pour justifier des bien qu’on a bien acquis.
    Sinon, ne soyez pas étonner un jour que nous travailleurs refusions un jour qu’on nous tranche l’UTS, et les autres aussi vont refuser de payer les taxes si toutes fois des efforts ne sont pas faits pour bien gérer l’argent public.
    C’est ça aussi les défaut de la longévité au pouvoir.
    Mais tôt ou tard, certaines personnes doivent nous rendre compte. Les délits d’apparence. Soyons sérieux.
    La Sonabhy...Il faut donc auditionner tout ceux qui ont profiter du système car le peuple à souffert toutes ces années pour eux.
    Je dis bravo aux nouveaux dirigeants du Sénégal car il faut mettre fin à de tels pratiques pour le bien des africains.

  • Le 22 juin 2012 à 07:53, par GO En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Oui, ce qui se passe actuellement au Sénégal pour les bien mal acquis d’un bon nombre de personne doit se faire un jour au Burkina. C’est ça aussi les biens faits de l’alternance.
    Je crois qu’on a jamais eu des difficultés pour justifier des bien qu’on a bien acquis.
    Sinon, ne soyez pas étonner un jour que nous travailleurs refusions un jour qu’on nous tranche l’UTS, et les autres aussi vont refuser de payer les taxes si toutes fois des efforts ne sont pas faits pour bien gérer l’argent public.
    C’est ça aussi les défaut de la longévité au pouvoir.
    Mais tôt ou tard, certaines personnes doivent nous rendre compte. Les délits d’apparence. Soyons sérieux.
    La Sonabhy...Il faut donc auditionner tout ceux qui ont profiter du système car le peuple à souffert toutes ces années pour eux.
    Je dis bravo aux nouveaux dirigeants du Sénégal car il faut mettre fin à de tels pratiques pour le bien des africains.

  • Le 22 juin 2012 à 09:45, par Yeux rouges En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Il faut que l’opinion publique et le PTF sachent une bonne fois pour toute qu’il y a aucune volonté politique de lutter contre contre la corruption et pour cause c’est ce qui maintient l’actuel pouvoir en place. Donc ne vous faites pas d’illusions.

  • Le 22 juin 2012 à 10:47 En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Ok zoygnande même si je pense que ça doit être puni des deux côtés. Propose donc une action pour démasquer les corrupteurs puisqu’ils auront toujours à faire aux personnes vulnérables qui toi même as décris et qui n’oseront pas les dénoncer.

  • Le 22 juin 2012 à 13:49, par N’Djolé En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Moi j’ai vite déchanté face au gouvernement TIAO, et j’en viens à la conclusion que c’est le sauve qui peut dans ce pays. Personne, personne, ni même le PF ne veut le developpement de ce pays, mais des intérets de leur clan. Quand je vois Madame Séraphine OUédraogo dandiner paisiblement dans la rue j’ai envie de lui régler des comptes pour sa gestion mafieuse, sinon cdpiste de Boulmiougou.

    Pendant qu’on y est, chers forumistes, avez-vous remarqué les propos du ministre de l’agriculture à la sortie du conseil des ministre dernier (20/06/2012) ?
    Moi j’ai bien peur que la RAF soit tripatouillée encore pour leur permettre de se mettre en phase avec leurs agissement machiaveliques. Sous Tertus Zongo, la raf a été modifiée pour leur permettre de leur permettre de spolier les paysans du sud du Burkina (ziro surtout !)en proclamant que la terre appartenait au terrien au lieu de l’Etat.Mais le MUH dans sa mise au point sur les fameuses mesures prises pour les lotissements à venir a réaffirmé que la terre appartient à ce même Etat. Donc tantôt l’Etat est proprio, tantôt non. Je dis cela à l’endroit des habitants des zones non loties.Ouvrez les yeux, sinon votre reveil sera douloureux. Ils veulent tailler les textes auxfins de répondre aux actes qu’ils poséront. Mais en temps opportun organisez vous en association porsuivez l’Etat en justice. Si elle aussi elle cherche à pactiser avec ce "monstre" d’autres voies de luttes pourront enfin être envisagées,sans écarter aucune. Au FASO nous n’avons pas de gouvernants, mais des tyrans,n’oubliez surtout pas ça ! Inscrivez-vous massivement sur la liste des élections et votez qui, peut vous écouter. Remarquez aussi, le semblant de courtoisie dont fait preuve ce fameux gouvernement dans le but de ne pas vous facher et ceéer des mécontents à l’orée d’élections cruciales qui pourrait être fatal. Après décembre prochain vous verrez les propres griffes. Suivez mon regard.

  • Le 22 juin 2012 à 17:10 En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    commencez par envoyer les articles de presse primées au procureur du faso et mener une camapagne pour l’ouverture de poursuites ce sera plus concret et plus dissuassif que des assises sans lendemain

  • Le 22 juin 2012 à 17:58, par un citoyen En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Merci pour cet article et vivement que ces assises se tiennent et qu’elles soient publiques avec un numéro vert où les gens pourront appeler et donner leurs contributions.

    Mais comme vous lavez dit, il n’y a que les petits larcins qui ont été jugés alors que les vrais détourneurs hautement qualifiés comme certains DG de sociétés d’état bien connus circulent toujours IMPUNEMENT.

    Ils ont volé et volent toujours par les surfacturations et les faux marchés. Des faux achats de matériels inutiles à leur société. Qu’ils s’expliquent.

  • Le 24 juin 2012 à 08:36 En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises nationales

    Que dite vous de ce gouverneur qui vend l’avenir de la jeunesse de la Boucle du Mouhoun aux opérateurs économiques comme EBOMAF en décident de saboter leur rencontre pour éviter que les gens ne posent leurs préoccupations, de grâce pense au bien être de la jeunesse et du pays tout entier au lieu de te contenter d’enveloppe venant de ces truands. Le pays risque de prendre feu à cause des comportements inhumains qu’infligent des gens comme EBOMAF sur ses employés. Je demande au gouvernement d’envoyer une commission qui va inspecter sur les conditions de travail, les contrats… sur le chantier Dédougou / Koudougou. Personne à Dédougou n’ose se plaindre, même les responsables des services déconcentrés de l’état, CNSS, Inspection du travail … Même les journalistes sont payés pour ne pas faire de compte rendu des rencontres ou la population a été invité à s’exprimer librement (ils ont pris de l’argent pour se taire). On demande au gouvernement de veiller pour ne pas que les mêmes pratiques se fassent sur l’axe Dédougou / Nouna / frontière du Mali. A moins que ce qu’on raconte ne soit vrai à savoir que ce sont des sociétés prêtes nom donc intouchables. En tout cas ils sont entrain de détruire ce que d’autres ont mis tant de temps à construire.
    C’est l’argent du contribuable et ça doit profiter à tout le monde (PDG, travailleurs et populations riveraines)
    Quand ça va chauffer c’est tout le monde qui perdra

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