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IL FAUT LE DIRE : Le jardin zoologique de Bobo-Dioulasso, un trésor à réhabiliter

Publié le mercredi 20 juin 2012 à 00h22min

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Le jardin zoologique et le jardin public de Bobo-Dioulasso situés au cœur de la ville ont aujourd’hui l’air d’être à l’abandon, tant le bâtiment devant abriter les animaux sauvages est tombé en déliquescence. De nos jours, seule la présence des banquettes et de nombreux élèves au moment des examens, donne encore un semblant de vie à ce lieu attractif qui drainait des centaines de familles, voire de milliers de personnes par semaine. Le jardin zoologique qui est contigu au marigot Houet, offrait en son temps, des visites écologiques aux écoliers et élèves des années 1960, en leur inculquant l’amour de la nature et des animaux. Ces élèves étaient à même de reconnaître un lion, un buffle, une hyène, tout comme ils pouvaient distinguer un chimpanzé d’un singe, une biche d’une gazelle.

Il y avait également l’autruche, le python, le crocodile, les tortues géantes, le paon, la panthère entre autres. Jadis réputé et fréquenté par les Burkinabé et les touristes toute la semaine durant, le jardin public qui est à l’image du jardin zoologique surprend aujourd’hui par le silence quasi permanent des lieux, et le désordre ambiant installé. Les fleurs ornementales qui donnaient une bonne physionomie à l’espace parce que bien entretenues, sont actuellement envahies par des hautes herbes et des ronces, transformant les lieux en un nid de moustiques et même de reptiles dangereux.

On se rappelle encore, il y a quelques années, les bandits avaient érigé leur quartier général en ces lieux et dépouillaient systématiquement de leurs biens ceux qui s’y aventuraient. Ce qui fait que ce lieu attractif fait désormais peur aux passants, de jour comme de nuit. Le seul souvenir vivace de cet endroit nous rappelle encore aujourd’hui le passage « médiatisé » du chimpanzé célèbre appelé "Lolita", seul rescapé de ce parc. Il fumait la cigarette et faisait la curiosité des visiteurs. La vie tumultueuse de cet animal avait amené les visiteurs à lancer un SOS pour le sauver de la faim, car n’ayant plus de soutien, et devait attendre des bonnes volontés pour avoir de quoi manger. Comment la municipalité des années des indépendances arrivait-elle à prévoir dans son budget modique d’alors, quelque chose pour l’entretien des animaux du jardin zoologique et du jardin public ?

Pourtant, au regard de l’intérêt que portent les populations à cet endroit, des associations caritatives et philanthropiques ont procédé à des aménagements sur le site, à savoir l’électrification et la construction de banquettes en béton, et d’une passerelle reliant les deux rives du marigot Houet pour faciliter le passage des visiteurs. L’œuvre des associations caritatives n’a même pas « tiqué » la municipalité qui aurait dû poursuivre l’investissement pour rendre le site plus attrayant. Est-ce un manque d’intérêt, une méconnaissance des avantages que procure l’écotourisme pour la commune de Bobo-Dioulasso ? En tous les cas, la charte de développement local de Bobo-Dioulasso et de sa région élaborée en 2004 qui devrait faire de Sya et sa région un pôle touristique régional, ne fait aucune mention ni du jardin zoologique, ni du jardin public, jadis fleurons de la cité de Sya.

La commune de Bobo-Dioulasso avait monté un dossier qu’elle avait soumis au projet BKF 007 (2002-2006) pour l’aménagement du jardin public et du zoo, mais sans succès. Alors que le Projet de plan de développement communal (PDC) de décembre 2007 avait prévu d’aménager des espaces verts et réserves forestières de Bobo-Dioulasso et de sa région. Finalement, le projet BKF 012, projet de gestion participative des ressources naturelles, qui a focalisé ses actions sur les forêts classées de Kuinima, de Kwa et de Péni, ne fait pas mention du jardin public et du zoo. Pouvons-nous ignorer de nos jours, le rôle capital que le tourisme peut jouer en tant que secteur moteur de développement économique et social du Burkina ?

Pouvons-nous encore ignorer son impact économique qui est à l’origine de la croissance de l’investissement en infrastructures et qui constitue une source de devises pour la commune de Bobo-Dioulasso et le Burkina Faso ? Surtout quand on sait que le zoo de Bobo-Dioulasso était très fréquenté, et qu’il fallait débourser une certaine somme pour y accéder ? Reconnu comme un pôle d’attraction touristique et culturelle, la ville de Bobo-Dioulasso regorge d’autres sites importants pouvant générer des devises au profit de la commune, telle la piscine de Bolomakoté, un espace qui avait reçu un début d’aménagement dans les années 1970, mais restée sans suite. L’importance du secteur du tourisme est certainement à la base de la création d’un département ministériel digne de ce nom. Il serait alors bon que les premiers responsables de ce département appuient les communes dans la réalisation et ou la réhabilitation de certains sites touristiques de renom comme les jardins public et zoologique de Bobo-Dioulasso.

Issa SOMA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 juin 2014 à 12:50, par assia En réponse à : IL FAUT LE DIRE : Le jardin zoologique de Bobo-Dioulasso, un trésor à réhabiliter

    Triste, suis vraiment déçue en lisant cet article, pourquoi un délaissement pareil ? faut de moyens financier ? volonté politique ? Quel héritage pour nos enfants ? tant de questions, tant de déceptions.

    Bravo au journaliste, merci de nous alerter sur ces points objectifs, au lieu de nous bassiner avec des blablabla politiques.

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