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NORD-MALI : Le double jeu du MNLA et d’Ansar Dine

Publié le mercredi 20 juin 2012 à 00h24min

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En dépit des efforts de la médiation, l’on semble tendre vers une confrontation armée dans les jours et semaines à venir au Nord Mali. En effet, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a pris sur lui de créer une république séparatiste avec de nouvelles institutions. De son côté, le groupe islamiste Ansar Dine, reste attaché tant à la charia qu’à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Les deux groupes rebelles se disent pourtant prêts à négocier. En fait, il ne reste plus à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) que l’aval de Bamako pour intervenir. Mais, y dénicher un interlocuteur fiable semble relever d’un parcours du combattant. Engager les discussions intermaliennes ne sera pas tâche facile. Pourtant, le Burkina mise toujours sur les négociations.

Aussi, Blaise Compaoré, président du Faso et médiateur de la CEDEAO, a-t-il reçu lundi dernier, à Ouagadougou, six membres de la délégation du groupe islamiste Ansar Dine. Officiellement, la rencontre du lundi 18 juin était une prise de contact. La médiation s’attelle donc, en ce moment, à prendre langue avec les groupes rebelles du Nord Mali. Déjà, le 9 juin dernier, le président Blaise Compaoré avait rencontré une délégation du MNLA qui s’était déclarée « disponible » pour des négociations de paix. Les deux principaux groupes armés du Nord-Mali se disent donc favorables à la négociation. Mais faut-il vraiment continuer de dialoguer avec des gens dont les accointances avec le terrorisme international par AQMI interposé est avéré ?

Ansar Dine doit rompre avec « les terroristes » d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a tenu à préciser le ministre burkinabè des Affaires étrangères. Pour lui, il faut que le groupe d’Iyad Ag Ghaly « inscrive son action dans la revendication touarègue, (…) bien sûr, à l’exclusion de toute alliance opérationnelle avec des groupes terroristes ». Ansar Dine qui est loin de nier son attachement à AQMI, sait donc que tant que ce dernier aura des otages occidentaux entre ses mains, lui, pourra jouer un rôle déterminant dans les négociations en vue de les libérer. En échange, il aura de fortes chances de figurer à la table des négociations sur l’avenir du Mali, pour y défendre ses prétentions. A Ouagadougou, on ne désespère pas de voir les salafistes touaregs se désolidariser de leurs alliés d’AQMI.

Si Ansar Dine hésite à prendre ses distances avec AQMI, c’est que pour avoir pris goût aux financements occultes, il deviendra périlleux pour lui de tourner dos à son principal bailleur. Reste également posée la question de la charia sur laquelle Ansar Dine n‘entend pas transiger. Ses ambitions sont claires : la charia sur l’ensemble du territoire malien. De quoi faire frémir même ceux qui se réfugiaient derrière la religion musulmane pour refuser à la femme malienne un minimum de droits, à l’occasion des débats relatifs à l’adoption d’un code de la famille et de la personne. Côté burkinabè, face à la charia, on fait valoir la diversité des composantes culturelles du Nord Mali.

Voilà donc deux groupes rebelles irréductibles. En apparence sûrs de leurs arrières, ils n’hésitent point à narguer la communauté internationale. Par leurs actes, ils pourraient même confondre la médiation face à l’opinion. L’avenir nous dira si l’on a eu tort ou raison de leur avoir consacré tout ce temps. Aiment-ils vraiment les peuples du Sahel dont ils se réclament ? Veulent-ils vraiment les voir vivre en paix ? A eux de le montrer lors des négociations. L’optimisme, mais aussi la prudence…diplomatiques du ministre Bassolet sont bien compréhensibles. Tant qu’il y aura quelque part dans le vaste Sahel des otages occidentaux… En tout cas, les portes du dialogue restent ouvertes. A défaut d’entente bien négociée, il y a de fortes chances de voir la CEDEAO intervenir militairement dans la région, avec notamment l’envoi d’une force militaire de près de 3 300 soldats au Mali.

Il faudra alors se résoudre à bouter hors du Nord Mali les deux mouvements rebelles qui maintiennent fermes leurs ambitions sécessionnistes et terroristes. Les peuples ouest- africains n’auront pas d’autre choix que celui de s’aligner derrière la CEDEAO et l’UA, à l’image des chefs d’Etat béninois et nigérien, qui militent activement pour une intervention militaire rapide dans le nord du Mali. A l’origine de l’invitation au dialogue, le médiateur aura jusque-là joué le rôle qui lui revient. Mais, vu la rapide évolution de la situation, le dialogue entamé prévaudra-t-il longtemps ? Il est certes compréhensible de voir le médiateur poursuivre sa mission, tant que la CEDEAO ne l’en a pas officiellement désaisi. Mais les jeux sont clairs désormais. En effet, dans le Nord Mali, vis-à-vis des populations, le groupe d’Ansar Dine qui reste affilié à AQMI, ne se montre point différent des terroristes dans ses pratiques quotidiennes.

Le MNLA, lui, a pris sur lui la responsabilité unilatérale de proclamer « sa république » sur le même ressort territorial. Reste à savoir comment il entend gérer ce nouveau « bantoustan » sahélien dont, à l’évidence, personne ne voudra en Afrique de l’Ouest. Les deux groupes rebelles dont les éléments se sont affrontés il y a à peine quelques jours, vont donc devoir se réajuster dans la nouvelle entité. Trouveront-ils un consensus ? Sinon, qui s’imposera à qui ? De leur double jeu troublant, qui sera l’interlocuteur privilégié de la communauté internationale ? Plaise à Dieu que le peuple malien sorte rapidement vainqueur de ce jeu sordide aux intérêts multiples et multiformes.

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 20 juin 2012 à 09:58, par simporus En réponse à : NORD-MALI : Le double jeu du MNLA et d’Ansar Dine

    la cedeao a toujour interêt a continué la mediation.en effet, elle n’est pas prête psychologiquement ni n’a jamais participé à une telle operation (dans un tel terrain).Sa réaction rapide dans cette gerre qui oppose des frères peux occasionner des conséquences inattendues.je me dis que l’Afrique a bcp de préocupations que de s’enliser dans une guerre qui n’est pa la sienne comme disait l’autre.certes, l’occident qui nous a imposé notre mode de gouvernance (la democratie) n’est pas prête à ce que la charia la remette en cause.Avec tout ce qu’on vit en Afrique on se demande à savoir si la democratie est faite pour l’afrique même les pays européens n’ont pas passé par ça pour son developpement.Par consequent,elle n’est pas forcement la meilleur.les conflits en Afrique ont tjrs trouvé les solutions autour de la table quel qu’en soit la profondeur de la crise (les armes n’ont jamais réglé un conflit).les Africains ne doivent pas tjrs oublier le coût humain que cela pourait engendrer au profit des faveurs et de leur coopération avec l’occident.les occidentaux ont bien compris cela, ils trouvent tjrs des moyens pour minimiser les pertes humaines dans leur rang de surcroit annuler les pertes en vie lorsqu’ils sont en guerre.Ces moyens sont entre autres, utilisés les Africains ;des mercenaires etrangés ;l’armée de l’air ;... dans leur guerre.en definitif,le Africains doivent tjrs privilégier le dialogue même avec les mvt les plus detestés par l’Occident.

    • Le 20 juin 2012 à 16:36 En réponse à : NORD-MALI : Le double jeu du MNLA et d’Ansar Dine

      Je pense que l’intervention militaire est la solution et je félicite les pays qui ont opté pour cette stratégie. Au moins, ça sera un bon exemple pour tous ces extrémistes sanguinaires qui veulent envahir l’Afrique de l’Ouest par leur fausse doctrine. Il faut savoir que ces gens ne connaissent pas négociation. Le médiateur malgré sa bonne volonté pour une solution à cette crise sait bien qu’il est limité. Une limite aggravée par un manque d’implication sérieuse de la communauté internationale (CI). Alors qui est cette CI ? Il faut que la CEDEAO prenne ses responsabilités et montre son autorité une fois en passant. Sinon on a tendance à croire que notre CEDEAO n’est qu’un enfant qui refuse de grandir et qui se contente toujours des soins interminables de son papa adoptif qu’est la CI. Je vous remercie

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