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PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

Publié le mercredi 20 juin 2012 à 00h25min

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Sur la pratique de la tontine au Burkina Faso, le Trésor public qui exerce la tutelle des Systèmes financiers décentralisés ou institutions de microfinance au Burkina Faso a entrepris une campagne de sensibilisation et d’information. Loin de vouloir supprimer les tontines, il s’agit d’encadrer et d’améliorer l’exercice de la pratique afin de sécuriser les épargnants et les emplois de ceux qui mènent cette activité. En dépit des dispositions de la réglementation bancaire et de celle des Systèmes financiers décentralisés (SFD) qui conditionnent la collecte de l’épargne par la délivrance d’une autorisation préalable du Ministre de l’Economie et des Finances (MEF), on constate que des personnes physiques ou morales pratiquent illégalement l’activité de microfinance. Parmi ces personnes, on compte des collecteurs d’épargne communément appelés "tontines" ou "cauris d’or".

Il faut cependant préciser que ce ne sont pas toutes les formes de tontines qui font l’objet de préoccupation mais celle qui consiste à la collecte de fonds par de tierces personnes. Des échanges initiés par les services du Trésor public en 2010 avec les collecteurs ont permis de mieux comprendre la nature des produits développés par les personnes qui s’adonnent à la tontine. La pratique est la suivante : contrairement à la procédure classique de collecte d’épargne qui s’effectue dans un compte ouvert auprès d’une institution reconnue où le client se déplace pour effectuer ses opérations de dépôt ou de retrait, les produits de la tontine fonctionnent dans le sens inverse.

Des individus collecteurs rejoignent leurs "clients" dans leurs domiciles ou lieux d’activités pour collecter leurs épargnes et pour décaisser ces épargnes notamment au moment des remboursements moyennant une commission. Plus concrètement, le client s’engage à épargner selon une périodicité, généralement journalière, une somme définie à l’avance, sur une période donnée (31 jours en général) au bout duquel le total de trente (30) jours d’épargne, lui est restitué. L’épargne du trente-unième jour reste au profit du collecteur. Une autre variante de la pratique est la vente d’article à crédit.

Les collecteurs proposent aux clients d’épargner à hauteur de la somme équivalent au montant d’un article en vente avant d’entrer en sa possession. Les collectrices reconnaissent que les fonds collectés sont souvent remis à leurs conjoints. Dans le meilleur des cas, ils sont déposés dans un compte de dépôt mais ouvert au nom du collecteur. Si on peut reconnaître que cette pratique encourage la culture de l’épargne auprès des populations, elle comporte cependant des risques.

Les risques d’une collecte illégale de l’épargne

Il s’agit d’abord des risques de détournement des fonds collectés à d’autres fins. Les cas les plus fréquents sont la disparition du collecteur pour des raisons diverses (décès ou fuite du collecteur). Ce cas empêche alors le respect des engagements du collecteur à savoir, la restitution des sommes collectées auprès de l’épargnant. Des plaintes émanant de victimes elles-mêmes ou de la gendarmerie ont été d’ailleurs enregistrées par le Trésor public. En outre, des collecteurs habitant les zones d’insécurité sont fréquemment la cible de bandits qui les dépouillent des sommes collectées. La troisième limite est l’absence de rémunération de l’épargne et du caractère usuraire de la transaction. Au lieu d’être rémunéré pour son effort, l’épargnant paie des frais au contraire. Un calcul permet de se rendre compte que la commission perçue par le collecteur est de 3,33% par mois du montant collecté, soit environ 40% l’an.

Organiser la pratique de la tontine

Nul ne peut occulter le rôle économique des tontines pour les personnes à faibles revenus. Cependant, il faut protéger ces épargnants contre les risques auxquels ils s’exposent en faisant recours aux collecteurs d’épargne dans les marchés. C’est dans cet objectif et dans le souci d’assainir le secteur de la microfinance, que la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique, qui exerce la tutelle des Systèmes financiers décentralisés ou institutions de microfinance au Burkina Faso, a entrepris des actions d’information et de sensibilisation. Elles ont consisté en des actions de communication à travers des communiqués radiophoniques pour sensibiliser les populations sur les pratiques illégales et appeler les collecteurs à se conformer à la réglementation.

La réflexion en cours avec l’Association professionnelle des Systèmes financiers décentralisés du Burkina Faso (AP/SFD) et la Fédération des commerçants des marchés et yaars de la région du Centre (FCMYRC) vise à terme à mieux organiser l’exercice de la pratique de la tontine dans nos villes et à faire profiter aux populations les avantages liés à cette réglementation à savoir :
la sécurisation de l’épargne collectée en faisant recours à des institutions de proximité officiellement reconnues que sont par exemple les institutions de microfinance ;
la rémunération de l’épargne au lieu de payer régulièrement des frais de garde. Pour les collecteurs, une régularisation de leur activité leur permettra d’exercer légalement et de pérenniser ainsi leurs emplois. Toutes les mesures prises sont portées à la connaissance des autres acteurs lors des concertations que le Trésor public organise régulièrement depuis novembre 2010.

La dernière rencontre s’est tenue le 14 juin 2012 avec l’Association professionnelle des Systèmes financiers décentralisés du Burkina Faso (AP/SFD) et la Fédération des commerçants des marchés et yaars de la région du Centre (FCMYRC). Tous les acteurs sont unanimes sur les risques de l’activité de collecte déréglée de l’épargne des populations. Ils reconnaissent la nécessité d’organiser la pratique actuelle de la tontine et restent disposés à collaborer avec le Ministère de l’Economie et des Finances pour réglementer les tontines. Cela augure de lendemains meilleurs pour la pratique de la tontine au Burkina Faso.

Le Ministère de l’Economie et des Finances

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 20 juin 2012 à 08:55 En réponse à : PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

    bjr cela est une bonne initiative.organiser et regulariser ces pratiques est meme un devoir du ministere.a priori la plupart de la pop ayant peur des banques à cause de leur tracasseries et autres maux se rabatent ds ces tontines ou tout le systeme est compris et claire au debut mais avec egalement leurs inconveniants qu’on connait.

  • Le 20 juin 2012 à 09:27 En réponse à : PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

    On vous comprend mieux. C’est plus acceptable. Il faut savoir communiquer quand vous faites les choses. faut pas attendre les réactions dans la presse avnt d’expliquer.

    restez au côté des pauvres dans tous les cas.
    Bons vents

  • Le 20 juin 2012 à 10:20, par leregard En réponse à : PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

    Il faut arrêter de prendre les gens pour des cons. Si le trésor voulait jouer un rôle catalyseur ou booster cette pratique, elle devrait instaurer ce système ou le soutenir. C’est encore des gens qui lorgnent sur l’argent de pauvres gens. Quelle gourmandise. Tout pour eux et rien pour les autres !
    Les tontines se passent entre personnes qui ont certains liens (familiaux, professionnels ou amicaux) soudés par la confiance réciproque entre les membres. On évoque des dispositions règlementaires pour exercer la profession de banquier . Il faut plutôt adapter la loi à la pratique dans laquelle se reconnaissent les populations au lieu d’imposer des lois qui ne servent que les intérêts des personnes nanties. Nos lois au lieu de codifier les us et coutumes imposent des pratiques ignorées des populations. Moralité, les populations ne se reconnaissent pas dans les lois votées . Même ceux qui les votent se mettent en dehors (voir le cas des députés et l’amnistie accordée au Président qui est le premier magistrat et garant de la loi). Ne touchez pas aux efforts consentis par des gens qui sont en dehors des circuits bancaires et qui par une ingéniosité essaient de se forger un avenir commun basé sur l’entre-aide, la solidarité, la confiance.. Le trésor devrait plutôt voir du côté des banques qui ne sont que des systèmes officiels pour pratiquer l’usure quand on voit le prix actuel de l’argent qu’elles prêtent difficilement à des taux exorbitants. L’argent des banques est trop cher pour une très grande frange de la population. Cette population ne peut pas croiser les bras et mourir parce que des systèmes mafieux , gloutons et destructeurs ont été mis en place. Voir ce que les banque ont fait aux USA, en Europe, ces pays développés ont été littéralement pulvérisés de par la faute aux spéculations des banques et l’endettement exagéré des populations. Veut-on amener le Faso sur cette voie alors que les USA et l’Europe se débattent en employant des moyens qu’ils ont décriés (subvention de l’État aux entreprises privées notamment aux banques) pour sortir de cette catastrophe. Soutenons les tontines en proposant des tontines par le trésor public. Le trésor public emprunte bien l’argent populaire pour des actions ponctuelles.N’est-ce pas de la tontine à son avantage ? De grâce laissez les pauvres gens doués d’imagination essayer de tenir la tête hors de l’eau voire de se construire un avenir.

    • Le 20 juin 2012 à 17:02, par BEN En réponse à : PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

      ORGANISER NE VEUT PAS DIRE INTERDIRE.FAUT PAS OUBLIER QU’IL YA DES MAFIEUX QUI ARNAQUE LES MÊMES POPULATIONS PAUVRES QUE TU SEMBLES DÉFENDRE.A VOIR CLAIRE TU DOIT ÊTRE UN DE CES MAFIEUX.

    • Le 20 juin 2012 à 21:24 En réponse à : PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

      belle analyse.la loi doit en principe codifier nos us et coutumes.mais c’est pas le cas en Afrique ;on prend plutôt des lois qui ont montré leur limite dans contexte culturel qui est étranger au notre et on vient nous les imposer.c’est tout l le drame de l’Afrique.c’est pourquoi il y a toujour un décalage entre les pratiques des gens et la loi. c’est pourqoi d’ailleurs les gens portent rarement plainte.

    • Le 21 juin 2012 à 16:54, par Good lock En réponse à : PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

      C’est dommage mon frère ,que tu t’exprimes de la sorte.Mais je suggère que tu apprends à connaître ton Pays ses institutions au jour le jour. Quand vous parlez de pauvres qui n’ont pas accès au crédits bancaires vous faites allusion à quel groupe d’individus ? les femmes ? les jeunes sans emploi ; les fonctionnaires ; les petits contribuables ou qui ? Soyons de fois positif car qui dit Trésor Public dit soi même dit l’autre ; il y a combien de fonds pour appuyer les différentes couches au Burkina . Il y en a de nos jours pour tous sauf ceux qui veulent l’argent pour se distraire et demander encore.Si le Trésor, notre banque commune parle de règlementation des tontines c’est en connaissance de cause. vous savez combien de personnes ou associations non règlementés ont fui avec l’argent de nos pauvres mamans ; c’est tout juste pour éviter cela.

    • Le 29 avril 2021 à 14:26, par KIENOU Bawouro En réponse à : PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

      J Je suis tout a fait d’avis, pour cette intervient, soulignant ainsi le désir et la gourmandise du trésor envers ces miettes des pauvres gens débrouillard, s’il se comprennent entre eux,a quoi bon de vouloir s’intégrer dans leur système de confiance mutuelle basée sur les liens de famille, amis,parents ,connaissance et collège !!!
      C’est l’État qui tue nos société, c’est l’État qui éteint nos confiance, c’est l’État qui vent la pauvreté a ce bas peuple !!!!
      Le trésor ne fera juste que proposé des emprunts a ces pauvres qui on déjà leurs système de financement,et encore a des coût très cher,
      Dans ce système de tontine ,tu peut déposé une tout petite somme, de 100f minimum et récupérer ton argent quand tu voudrais ça a la fin de la semaines, et même si y’a une commission ,c’est évident !!!! De tous les manière le trésor ne le fera pas gratuit aussi,
      D’ailleurs aucune banque ,où ni même le trésor ne vas accepter un dépôt de 100f ou 150f et de les récupérer a la fin de semaines, a peine que tu leurs prête ton argent, tu devient esclaves de ta propriété, quel système vanpir !!!!
      On a tous apris !! Des crises financière de l’Amérique et de l’Europe, ce fut des produit fabriqués par les banque et vendu a l’État, et c’est bien partis des lois garantissant tout sorte de prêt a toute catégorie de personnes !!!!
      Vive les tontines vive les tontines !!!!

  • Le 29 juin 2012 à 15:46, par DAGBOH WILLIAM En réponse à : PRATIQUE DE LA TONTINE AU BURKINA FASO : Le Trésor public précise ses intentions

    La volonté des pouvoir publics de vouloir encadrer et sécuriser la pratique de la tontine au Burkina Faso est une bonne initiative.
    Je voudrais apporter ma petite contribution aux réflexions.
    Les faiblesses relevées par rapport à la pratique actuelle sont réelles ; mais permettez-moi de revenir sur l’un d’entre eux, notamment les commissions.
    En effet, la commission payée par le souscripteur (épargnant) au produit tontine permet de prendre en charge les frais lié à la gestion du produit sous sa forme développée par les Institutions de Microfinance. Les charges peuvent être les suivantes :
    -  Salaire des collecteurs
    -  Salaire des opérateurs de saisie
    -  Salaire du superviseur terrain
    -  Le carburant
    -  Les fournitures de bureau
    -  L’amortissement des motos
    -  L’amortissement du matériel informatique
    -  L’amortissement et la maintenance du logiciel de gestion du produit
    -  Etc.
    L’analyse n’est pas bouclée en comparant tout simplement ces commissions à une charge d’intérêt supportée par le souscripteur. L’analyse sera plus complète si on tenait aussi compte de certains facteurs comme :
    1. Les frais de déplacement que le souscripteur aurait supporté pour se rendre au guichet d’une institution de Microfinance. Comme nous parlons des pauvres, prenons l’exemple d’une femme qui souscrit à une mise journalière de 250 FCFA par jour. La commission à payer par cette dernière s’élève à 250 F CFA par mois. Le niveau de son épargne sera de 7500 FCFA par mois. Si elle devait se rendre au guichet d’une IMF, elle fera plus de 3 déplacements pour cotiser 2500 par déplacement. Imaginez un peu ce que pouvaient être les frais de déplacement dans ce cas. Pas moins de 600 FCFA. Il faut aussi tenir compte du fait que l’épargnant risque de se retrouver avec moins de 2500 FCFA au bout de 10 jours (Risque de dépenser les sous à des fins non rentables).
    2. Les coûts d’opportunité :
    Le temps que consacrera l’épargnant pour effectuer ces dépôts pouvait lui servir à s’occuper de ses activités génératrices de revenus.

    3. La perte de l’autodiscipline en matière d’épargne :
    Les passages réguliers du collecteur donne une auto discipline aux épargnants. Dans l’exemple du point 2, l’épargnant pourrait ne pas mettre de coté les 250 FCFA par jours et risque de se retrouvera avec un montant d’épargne nul à la fin du mois. Il devient donc plus vulnérable aux chocs extérieurs qui l’obligeraient à emprunter de l’argent auprès des usuriers à des taux qui seraient plus de 10 fois supérieurs au montant de la commission.

    Je vous propose donc de nuancer l’analyse faite sur le poids des commissions en tenant compte de tous éléments précédents.
    La tontine peut être un bon produit pour les institutions de Microfinance, si elle est développée avec assez de précaution. Dans certains pays comme le Togo, la majorité des IMF (des plus petites aux plus grosses) ont le produit tontine parmi les services offerts à la population. C’est l’un des produits qui permettent aux IMF de mettre en œuvre sincèrement leur mission d’inclusion financière. Notons qu’un volet crédit est incorporé au produit.
    Le produit sous sa forme modernisée et sécurisée a été aussi développé en République Démocratique du Congo par plusieurs IMF dans les provinces de Kinshasa, du Bas-Congo, du Katanga, du Kasaï i Occidental, du Kasaï Oriental, de Bandundu et dans les deux Kivu.
    La même expérience peut être faite au Burkina Faso.
    Notre inquiétude porte sur le fait que les autorités veulent supprimer les commissions. Selon mes expériences et à mon humble avis, les IMF ne pourront pas développer durablement le produit avec un fort taux de pénétration sans les commissions. Toutefois, des réflexions peuvent être menées sur le montant ou la périodicité des commissions.

    La finance inclusive est l’un des moyens pour réduire la pauvreté et la tontine permet d’y arriver.

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