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Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

Publié le vendredi 15 juin 2012 à 03h04min

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A 25 Km de Houndé la télé et la radio relèvent encore du luxe. Le tapage médiatique sur l’opération de recensement biométrique n’a pas d’écho ici. Le crieur public détient l’agenda des évènements de la localité. Et tout comme lui, les présidents des Comités villageois de développement (CVD) et les leaders politiques de la localité semblent être en déphasage avec l’opération de recensement biométrique ce samedi 9 mai 2012.

Sale temps pour maître Barthélémy Kéré. Sans être un oiseau de mauvais augure, on peut dire que le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a encore de quoi troubler son sommeil. Pavé de bonne intention, ses mea culpa ne doivent cependant pas disculper ses collaborateurs, ni voiler les réalités omises du Burkina profond. En ligne de mire la Sofnet ; structure chargée du recrutement d’ingénieurs et d’opérateurs de saisies. Recrutés en ligne, quatre mille (4.000) opérateurs en un temps record relevait déjà d’une mission quasi-impossible pour les avertis des processus de recrutement. Consulter les CV, lire les lettres de motivations, présélectionner et passer aux entretiens sont autant d’étapes parmi tant d’autres à respecter pour espérer un recrutement rentable.

Eu égard des échanges avec des opérateurs rencontrés dans les périphéries de Houndé, le scepticisme quant à la bonne marche de l’opération est de mise. Lisez plutôt ces conversations entre opérateurs : « Vous êtes au courant que le président (président de la CENI) nous a fustigés hier nuit à la télé. Non !, sans blague. A qui la faute ? Par exemple, nous, notre superviseur n’est pas un ingénieur. On a voulu le couvrir, mais à cause de son arrogance, il a été épinglé. Pour le recrutement en ligne, on devrait apporter les documents justificatifs avant d’être retenu définitivement. Ce qui n’a pas été fait. Ils sont nombreux à n’avoir pas été présélectionnés, mais retenus suite à un semblant de test à l’université de Ouagadougou.

Parmi les opérateurs de saisies, on retrouve des femmes enceintes, des gens qui n’ont jamais quitté Ouagadougou et qui ne seront pas prêts à affronter les réalités du Burkina profond. Sans compter le fait que d’autres replieront totalement pour l’université, pour les concours de la Fonction publique ou pour d’autres gombos…… Est-ce que tu as le logiciel Word sur ta machine ? Parce que moi je ne l’ai pas. Non ! Toutes les machines ont ça. Tu commences par le menu démarrer, tu rentres dans tous les programmes et tu vas trouver Microsoft office… De toutes les mille manières, on a quitté Ouagadougou pour de l’argent ; pourvu qu’on nous paye ». Des failles imputables aux recrutements, il faut ajouter malheureusement les réalités du terrain non-prises en compte dans le tapage médiatique au tour de l’opération biométrique. Arrivés sur les lieux, bon nombre d’opérateurs ont été surpris par l’attitude des leaders locaux.

Des maires surpris de leur arrivée, des présidents de CVD ignorants de l’opération. Que dire donc des populations et des conditions de travail ? Sous peine de saler davantage la faramineuse facture de l’opération de recouvrement biométrique, il serait judicieux pour la CENI de tenir compte des frais publicitaires du crieur public ou griots du village. C’est peut-être une vieillissante méthode de pub, mais plus adaptée au Burkina réel. Aux partis politiques, champion dans la victoire ou dans la contestation, nous dirions tout simplement, jouez votre rôle.

Ousséni Bancé/ Stagiaire

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 15 juin 2012 à 10:43, par tièkadiyé En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    Félicitations Bancé. Pour être stagiaire, je dirais que tu vaux déjà mieux que beaucoup de journalistes Burkinabè y compris à l’Express. Continue comme ça mais ne fais pas la grosse tête. Accepte aller dans le pays réel et tu gandiras à coup sûr. Courage à toi.

  • Le 15 juin 2012 à 10:46, par maslow En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    c’est l’impression inverse que j’ai eu a la gnagna ou je suis alle m’inscrire monsieur le journaliste.
    les populations sortent nombreuses laba, chacun voulant avoir une carte ou y’a sa photo. les operations se deroulent sans probleme majeur.
    le principal probleme c’est la non maitrise des machines par les operateurs. ce qui a pour consequence de multiples arrets pour des pannes mineurs issues de mauvaise manipulation.

  • Le 15 juin 2012 à 11:35, par Chilo En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    Pauvre Burkinabè.

    Il faut que nos gouvernants réveillent en eux :
    1er) la fibre patriotique
    2ème) la conscience politique
    3ème) les compétences
    4ème) la volonté de construire à long terme pour les générations futures.

    NB : Seuls des patriotes et technocrates construisent une Nation.
    Dieu, les religieux, coutumiers ne peuvent qu’accompagner les bonnes âmes qui prétendent diriger ou gouverner leur peuple.

    Chers compatriotes burkinabè, levons-nous contre nos gouvernants et organisons-nous à mettre en place un gouvernement de transition avec toutes les couches sociales.
    Un comité fort, patriote devrait être à même d’imposer un ligne directrice pour la mise en place d’une nouvelle Constitution, d’un collège de technocrates, d’un collège de sages, de nouvelles institutions indépendantes...

    See you other time...

  • Le 15 juin 2012 à 11:36 En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    sans blague mais c’est ça le burkina des amateurs qui sont déconnectés des réalités car pour ces gens-là,le pays se limite a leur ouaga 2000. pour cela aussi ils nous pompent l’air tout le temps avec leur ’burkina émergent’ alors qu’à quelques kilomètres de leurs luxueuses villas de ouaga 2000,la population ne reçoit ni radio,ni tv puisque de toute façon il y a pas électricité. on verra de toute façon la suite des évènements qui puent l’arnaque avec cette biométrie couteuse

  • Le 15 juin 2012 à 11:54, par shock En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    Honnêtement l’organisation pratique de l’opération sur le terrain et exécrable. Apparemment la CENI n’a pas du tout cerné certains aspects du deroulement de la chose, le gouvernement non plus. Sinon comment expédier simplement les opérateurs de kits et leurs "matos" sans une préparation du terrain, c’est la débrouillardise à go-go.Resultat : des opérateurs de kits sont installés sous des manguiers comme des vendeurs de sam-sa sans aucun service d’ordre, les badeaux sont maitres des lieux et finalement les personnes "responsables" se rebiffent à se faire enrôler. Des opérateurs peu accueillants, voire argneux. Un temps d’enrolement trop court. M’étonnerait beaucoup s’il il y aura un bon taux d’enrolement dans la ZONE 1.Quand on n’a pas assez d’argent pour faire quelque chose vaut mieux ne pas forcer.

  • Le 15 juin 2012 à 13:04, par Bouglass En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    Bancé, merci pour ce regard qui devrait permettre de réajuster.

    Il faudra que la CENI reconnaisse que c’est là une opération qui sera génératrice de biens de désagréments.

    Les nombreux imprévus et les ratés font que non seulement, il faudra revenir sur le budget aloué et revoir tout à la hausse mais aussi, se préparer aux différentes contestations qui naîtront et avant et après les élections.

    Ce qui étonne est le silence religieux des partis politiques sur cette opération. Qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, ceux-ci devraient quand même dire quelque chose sur le déroulement de l’oppération !

    • Le 15 juin 2012 à 17:14, par Bigansga En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

      Bouglass,

      c’est pas un silence religieux, nous sommes entrain de recencer les failles de l’operation pour avoir quelque chose à nous mettre sous la dent quand viendra le moment de la contestation ( toujours legitime quand l’oposition perd). C’est comme laisser un joueur jouer et si on perd on pose une reserve.

  • Le 15 juin 2012 à 16:33, par laloupe En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    je sais pas si c’est le prefet, haut commissaire ou gouverneur de la région....mais ce monsieur en uniforme blanc sur la photo ; n’a-t-il pas pris du tchap avant de venir ? ;-) c’est sans rancune, hein ? juste un peu d’humour !

  • Le 15 juin 2012 à 16:36, par Eric En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    Bonjour,

    on peut crier sur la CENI autant qu’on le veut (même si elle a une grande responsabilité dans la transmission de l’information de recensement), ce n’est pas elle qui n’a pas mis la TV et la radio dans les villages, ce sont nos gouvernants !

    Les partis politique observent comme si ça se passait dans un autre pays, après ils diront (l’opposition surtout) que leurs electeurs n’ont pas été enregistrés oubliant que les partis ont aussi intérêt à faire recenser tous les electeurs. Y a que par cette manière qu’ils auront du suffrage.

    Pour ce qui est du recrutement, ça a toujours été comme ça et c’est pas demain que ça va s’arreter. Il faut surtout pas se taire, il faut continuer à dénoncer toutes les formes de manoeuvres, nos dirigeants ne connaissent que ces méthodes pour se tenir à carreaux...

  • Le 15 juin 2012 à 17:20 En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    C’est bien ça le Burkina. La CENI a remercié un bon nombre des ingénieurs informaticien recruté et formé afin de recruter les enfants et ami du personnel. Beaucoup de superviseur sur le terrain non seulement ne sont pas des informaticiens mais n’ont même pas un niveau bac+2. Signe qu’au Burkina le mérite ne sera jamais récompensé. La confiance que j’avais pour la CENI s’effrite de jour en jour.

  • Le 15 juin 2012 à 18:28, par yam En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    Cette operation sera un echec parceque je ne comprend pas comment on peut envoyer des gens en brousse pendant 15 jours avec 50000francs et au lieu de solder le reliquat vous demander à ces meme gens de continuer pour la seconde phase de l’enrolement a leur frais pour une opération qui doit commencer le 23 juin.
    je me demande qui va les loger laba jusq’au 23 ??
    qui va les nourrir ?
    attendons de voir les opérateur vont deserter ou saboter l’enrolement.
    Il faudra que la CENI ET SOFNET règle les opérateur pour qu’il puisse faire leur travail sinon cava se terminer comme avec les informaticien.

  • Le 18 juin 2012 à 02:37 En réponse à : Enrôlement biométrique : Les non-dits qui compliqueront l’opération

    En effet, monsieur le journaliste, l’étendu du projet depasse visiblement le resumé que vous en faites.Aussi, l’empressement avec lequel vous vous efforcez à étaler les disfonctionnements vous emmène à parler d’une date du 9 mai 2012 alors même qu’à cette date la CENI n’avait pas encore lancé son opération d’enrolement à quelque endroit que ce soit, encore moins à Houndé. Bref des difficultés inhérentes à la nature de l’opération ont existé au moment des premiers jours du lancement de l’opération notamment les facteurs suivants:logistique pour couvrir des superficies aussi importantes, facteurs meteo, accessibilité des zones, taille critique des ressources humaines engagées, problème de communication...
    Par la suite, les ajustements necessaires ont été opérés et les choses sont rentrés dans une phase d’exploitation normale, ce qui veut dire que des problèmes se poseront ça et là, mais le dispositif mis en place permettra de reagir face à ces difficultés d’exploitation avec des solutions adaptées. Cela dit, le defit reste permanent tout au long de l’opération et il est justemement important que la presse soit bien informée elle même pour mieux acompagnée le processus tout en gardant son droit de faire des critiques objectives.Cela nous eviterait des articles de ce type à mon avis.

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