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DÉGUERPISSEMENT DE RIVERAINS DE L’HÔPITAL BLAISE-COMPAORÉ : Le messager échappe aux jets de pierres d’une population en colère

Publié le vendredi 8 juin 2012 à 02h10min

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Le maire de la commune rurale de Komsilga, Julien Nonguierma, a échappé, le 6 juin 2012, au courroux des riverains de l’hôpital national Blaise-Compaoré à qui il était allé porter la nouvelle de leur déguerpissement. Ce fut une matinée surchauffée à Tingandgo.

Une mission d’information à haut risque, c’est ce à quoi s’est investi le bourgmestre de la commune rurale de Komsilga, Julien Nonguierma. La scène s’est déroulée du côté Ouest de l’hôpital national Blaise-Compaoré. Invité, selon ses dires, par une lettre du ministère de la Santé, à demander aux riverains déclarés illégalement installés dans le domaine de cet hôpital, de déguerpir, le maire Nonguierma est effectivement monté au front dans la matinée d’hier mercredi 6 juin 2012. Autour de l’édile et des responsables de l’hôpital, une population sortie nombreuse.

Dans un premier temps, l’envoyé a pu livrer l’information émanant, selon lui, d’une décision tripartite : ministère de la Santé, ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité. Il a rappelé aux concernés qu’ils sont bel et bien installés dans le domaine de la structure sanitaire. En effet, l’espace total attribué au ministère de la Santé est de 115 ha, a indiqué le maire. Mais la surface bâtie est d’environ 16 ha, circonscrite par un mur au-delà duquel des habitats spontanés ont été construits. Et aujourd’hui, le ministère chargé du projet veut baliser l’ensemble de la parcelle concédée à l’hôpital Blaise-Compaoré. Donc les occupants illégaux sont invités à partir.

Un premier groupe composé de ceux dont les maisons sont sur l’emprise du futur mur, a deux semaines pour déguerpir. Les autres pourront rester dans l’enceinte du mur jusqu’en fin août au plus tard. Des commentaires sur le bien-fondé de l’hôpital et de la décentralisation sont faits par l’édile, comme pour enrober la pilule du déguerpissement. A peine il a fini son propos que des doigts se sont levés de la foule, pour demander la parole. Des gens veulent réagir et commencent à bourdonner. La délégation feint ne pas les voir et se dirige à pas pressés vers leurs véhicules, sous escorte de deux agents de sécurité. Une partie de la population, visiblement très excitée, suit aussi. Les esprits se chauffent d’un cran. Le maire a le temps de s’engouffrer dans son véhicule. Le chauffeur démarre, mais des jeunes lui barrent la route. Il opte rapidement pour une marche-arrière sur plus de 100 mètres avant de redresser son véhicule, non sans essuyer des jets de pierres.

Tous les membres de la délégation n’ont pas eu la même veine. Un des véhicules est encerclé par des porteurs de cailloux avec la détermination de le saccager. Les forces de l’ordre se transforment en forces de négociation, appuyées en cela par des adeptes de la non violence au sein de la population révoltée. Après une vingtaine de minutes de négociation, le véhicule a pu repartir, avec également des jets de pierres à sa trousse.

éance d’information et non de discussions .O, l’un des jeunes, nous explique cette réaction violente : « Le maire a parlé, nous aurions souhaité lui dire sur place ce que nous en pensons. Il n’a pas voulu nous écouter et il est parti… ». Interrogé plus tard sur la question, le maire se défend. D’abord, il précise qu’il n’était pas venu pour engager des discussions mais pour porter une information. Ensuite, il estime qu’il aurait été impossible de discuter sainement avec toute la population. Il rassure qu’il rendra compte à l’autorité supérieure et que des pourparlers pourront être menés avec des représentants des populations autour des délais jugés courts pour le déguerpissement.

Pour lui, les débordements constatés à la rencontre d’information ne sont pas seulement le fait des riverains de l’hôpital Blaise-Compaoré, mais aussi d’habitants d’autres quartiers non lotis de sa commune, venus exprimer leur mécontentement de la mesure gouvernementale de ne plus procéder au recensement systématique dans ces espaces de vie précaires. Pourquoi n’avoir pas pris de dispositions sécuritaires plus importantes en sachant que la rencontre pouvait dégénérer ? Au maire de répondre : « Nous nous sommes déplacés avec une sécurité légère pour ne pas donner l’impression que nous venions pour leur faire la force ».

Koumia Alassane KARAMA (karamalass@yahoo.fr)

Sidwaya

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