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GILBERT NOËL OUÉDRAOGO, MINISTRE EN CHARGE DE L’ECONOMIE NUMÉRIQUE : “Il faut adapter les TIC aux besoins du monde rural”

Publié le vendredi 8 juin 2012 à 02h11min

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A l’occasion de la Semaine nationale de l’internet (SNI) qui se tient du 8 au 16 juin 2012, un entretien avec le ministre en charge de l’Economie numérique, Gilbert Noël Ouédraogo permet de décrire la situation actuelle des Technologies de l’information et de la communication (TIC) au Burkina Faso et situe les objectifs de cette huitième édition.

Sidwaya (S.) : Quel est le message que votre département et le gouvernement en général veulent donner à travers le thème : « TIC et développement rural » ?

Gilbert Noël Ouédraogo (G.N.O) : Le message que nous avons voulu donner à travers ce thème : « TIC et développement rural » c’est de dire qu’il est temps de consacrer au développement rural toute la place qu’il mérite dans la mesure où c’est un secteur qui est important. Le développement rural regroupe l’agriculture et l’élevage et 80% de la population de notre pays tire ses revenus de ce secteur. Il représente 45% du PIB, c’est un secteur auquel il faut apporter une importance particulière. Il faut voir alors comment faire en sorte que ce secteur puisse se développer à l’heure des TIC, car il est possible qu’avec les TIC, on puisse améliorer non seulement la production mais aussi assurer une meilleure répartition au niveau des disponibilités des produits agricoles. Souvent, on se retrouve avec des produits qui peuvent pourrir dans une partie du territoire alors qu’on en a besoin ailleurs. L’utilisation des TIC peut nous aider à pouvoir passer une bonne information, créer un marché virtuel.

S. : A l’étape actuelle du développement des TIC, est-ce qu’on peut dire que ces outils sont accessibles au monde rural ?

G.N.O : Disons que ces outils sont accessibles au monde rural en partie, dans la mesure où quand on parle de TIC, il y a une large panoplie, le téléphone fixe déjà est un outil qui fait partie des TIC ainsi que le téléphone portable. Vous aurez remarqué qu’aujourd’hui, on utilise beaucoup les téléphones portables et même dans certaines publicités on montre des cultivateurs dans un champ en train de se parler. Mais au-delà du téléphone portable, nous voulons faire en sorte que l’ordinateur puisse pénétrer davantage en milieu rural et pourquoi pas des pages Web avec des sites essentiellement consacrés au monde rural. L’objectif aussi qui est visé est d’attirer à travers cette SNI tous ceux qui peuvent être comme des intervenants dans le secteur pour qu’ils puissent adapter les outils aux besoins de ce secteur. Il faut que les outils soient adaptés aux besoins du secteur du développement rural. Je pense que cela est possible. Vous avez également les prévisions météorologiques qui peuvent aider à améliorer les productions agricoles. Ces prévisions, lorsqu’elles sont communiquées via Internet ou via la téléphonie mobile, tout cela peut aider à améliorer la rentabilité.

S. : Comment peut-on mesurer actuellement l‘impact des TIC sur le développement rural ?

G.N.O : A l’étape actuelle, il faut dire par exemple que le téléphone portable a un impact remarquable en milieu rural. Il y a beaucoup de commerçants qui arrivent à vendre, à écouler leurs productions à travers le téléphone. Mais nous pensons que ce n’est pas suffisant, comme nous le disons. Si nous voulons construire un marché virtuel, il faut que nous tendions vers l’utilisation de toutes les applications de la téléphonie mobile. Vous savez que nous avons autorisé la mise en place de la licence de troisième génération 3G. On pourra avoir l’Internet sur son téléphone portable avec beaucoup plus de rapidité et de potentialités.

Cela permettra de communiquer sur un certain nombre d’informations. Le cultivateur qui intervient dans son champ a peut-être besoin d’un certain nombre de produits, d’un certain nombre d’intrants à l’extérieur. Il peut avoir toutes les informations sur le Net et communiquer aussi ce qu’il réalise à son niveau. L’objectif, c’est de faire en sorte qu’on puisse utiliser toutes ces technologies pour améliorer non seulement ces produits mais aussi la vente et l’écoulement. Le véritable problème du monde rural actuellement est l’écoulement des produits.

S. : Quels sont les initiatives actuellement prises par le gouvernement pour permettre au monde rural de mieux intégrer les TIC ?

G.N.O : Pour pouvoir régler le problème d’électrification qui est très important pour le développement des TIC, vous avez remarqué qu’il ya des projets pour promouvoir l’énergie solaire. Il y a aussi le programme de l’électrification rurale qui devrait permettre aussi de pouvoir desservir un certain nombre de communes. Ce sont des défis qui se posent à nous, mais il faut qu’on travaille progressivement à pouvoir nous adapter à cela. Nous devons travailler aussi à obtenir des appareils qui peuvent répondre à nos besoins. Ce que le gouvernement a fait déjà au niveau de la téléphonie mobile, c’est l’absence de taxes. La réflexion est en cours pour ce qui est des ordinateurs, pour faire en sorte que nous puissions alléger le coût de ces outils et améliorer leur accessibilité.

Nous travaillons aussi sur les infrastructures et là, nous avons un certain nombre de projets. Le premier projet avec la Banque mondiale, c’est le renforcement de communication en Afrique de l’Ouest. Ce projet prévoit le raccordement du Burkina avec le Ghana. Nous aurons la fibre optique depuis Accra jusqu’à Ouagadougou en passant par Pô. Cette fibre optique nous permettra de pouvoir diversifier notre accès puisque nous avons la fibre optique avec d’autres pays déjà. Mais également l’objectif, c’est d’avoir un point d’atterrissement virtuel au niveau du Burkina Faso. Dans les autres pays, vous avez l’aboutissement des câbles sous-marins, donc vous avez la fibre optique et un point d’atterrissement qui est dans la mer. Au niveau de notre pays, nous n’avons pas de mer ; ce qui fait que tout cela renchérit le coût de l’offre.

Le point d’atterrissement va nous permettre d’offrir le haut débit facturé sur place à Ouagadougou. Ce ne sera plus du haut débit qu’on achète à partir d’un pays frontalier, mais ce sera du haut débit qui sera livré à partir de Ouagadougou et cela a l’avantage de réduire les coûts et d’augmenter le débit. En plus de cela, nous avons un projet MAKAO que nous réalisons avec l’UIT (Union internationale des télécommunications) qui a pour objectif de pouvoir étendre le Réseau Internet de l’administration (RESINA). Le RESINA existe déjà dans 7 villes et il y a 10 villes secondaires qui vont être raccordées.

S. : Quelles sont vos attentes de la SNI ?

G.N.O : Nous organisons beaucoup d’activités au cours de cette SNI. La première activité, c’est l’ouverture même de la SNI qui se fera en visioconférence avec les différents gouvernorats, notamment les gouvernorats qui sont raccordés. Au-delà de cette ouverture qui aura lieu le vendredi après-midi, nous aurons la journée d’initiation aux TIC que nous organisons chaque année et cette année ça sera à Fada. Nous avons ensuite la journée sans papier. Vous savez que nous travaillons à faire en sorte que nous puissions nous passer du papier, parce que le papier c’est un problème pour l’environnement et sa production aussi demande beaucoup de moyens. Le gouvernement travaille à pouvoir mettre en place le e-conseil des ministres.

Nous devons tenir en juillet un séminaire gouvernemental pour échanger sur cette plateforme qui pourra être mise en œuvre bientôt. Nous avons également la Journée de solidarité numérique au cours de laquelle nous faisons appel aux appuis des généreux donateurs qui cherchent à accompagner ceux qui ont des difficultés pour avoir du matériel électronique. Nous organisons également au cours de cette semaine, le Salon international des TIC qui permet de voir quelles sont les évolutions en matière de TIC.

Nous avons la nuit du Web où nous récompensons les meilleurs sites. Nous avons des conférences-débats. Nous attendons qu’à la fin de cette édition, nous puissions encore sensibiliser davantage les intervenants dans le secteur du développement rural, qu’ils puissent voir quelles sont les opportunités qui peuvent leur être offertes en matière de technologie au niveau du Burkina Faso, mais aussi sur comment ils peuvent adapter les produits pour le secteur de développement rural. L’autre objectif, c’est mobiliser les partenaires pour qu’ils s’investissent dans le domaine de l’utilisation des TIC au profit du développement rural. Tout cela vient du programme du chef de l’Etat qui a voulu mettre les TIC au centre du développement et souhaite que le lien soit fait entre les TIC et le développement rural.

Réalisée par Raphaël KAFANDO et Joseph HARO

Sidwaya

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