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DEPENALISATION DES DELITS DE PRESSE : Des avantages mais aussi des dangers

Publié le lundi 4 juin 2012 à 23h59min

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Le Club des étudiants en communication et journalisme (CECJ) de l’Université de Ouagadougou a organisé le 31 mai 2012 au sein du département de communication et journalisme de ladite université, un panel sur « la dépénalisation des délits de presse au Burkina Faso : enjeux et dangers ». Ce fut dans le cadre de la célébration en différé de la Journée internationale de la liberté de la presse par le CECJ qui l’a consacrée à la mémoire de Michel Congo, étudiant en communication et journalisme assassiné en 2001. Co-animé par trois journalistes professionnels, ce panel a été co-modéré par Adama Fofana, ancien président du Conseil supérieur de l’information (CSI) et Jérémy Sié Coulibaly, journaliste à la Radio télévision burkinabè (RTB).

Les étudiants du département de Communication et journalisme de l’Université de Ouagadougou, réunis au sein du Club des étudiants en communication et journalisme (CECJ), ont commémoré en différé la Journée internationale de la liberté de la presse le 31 mai 2012 à Ouagadougou. Comme activité réflexive de cette célébration consacrée à la mémoire de Michel Congo, étudiant en Communication et journalisme assassiné le 21 octobre 2001, les membres du club ont retenu le thème « la dépénalisation des délits de presse au Burkina Faso : enjeux et dangers ».

Un sujet qui a été développé par trois journalistes professionnels sous la modération d’Adama Fofana, ancien président du Conseil supérieur de l’information (CSI) et Jérémy Sié Coulibaly, journaliste à la Radio télévision burkinabè (RTB). Pour Justin Tionon, chargé de missions au Conseil supérieur de la communication (CSC), premier conférencier du panel, la dépénalisation, encore appelée décriminalisation, qui consiste à enlever à un fait son caractère délictueux, est devenue un effet de mode. L’employé du CSC a d’abord reflété la position de son institution qui, selon lui, accompagne le processus de dépénalisation des délits de presse en contribuant à réunir les acteurs concernés autour d’une même table pour rechercher une approche consensuelle.

Il a ensuite exprimé sa réserve vis-à-vis d’une dépénalisation systématique et totale des délits de presse en recommandant de procéder à une redéfinition beaucoup plus précise des délits de presse. M. Tionon a, en effet, jugé un peu imprécis certains délits comme ceux liés à l’offense ou à l’outrage. En outre, il se démarque de ce qu’il a appelé le fétichisme de la dépénalisation des délits de presse qui anime certains journalistes, ainsi que la conception des juristes qui veulent qu’aucun domaine d’activité n’échappe à la loi.

Préférer au cachot les institutions de régulation

Et si l’un des enjeux de cette dépénalisation est de ne plus emprisonner de journaliste, il n’en demeure pas moins qu’elle comporte des dangers qui partent du laxisme aux difficultés financières dues à un recours systématique aux amendes. Pauline Yaméogo, journaliste à Sidwaya, elle, ne considère pas la dépénalisation des délits de presse comme un effet de mode mais plutôt comme une nécessité. Pour elle, emprisonner un journaliste pour délit d’opinion revient à emprisonner une opinion, d’où la nécessité de préférer au cachot les instances de régulation pour rappeler à l’ordre les brebis galeuses. La dépénalisation, selon elle, appelle le journaliste à plus de responsabilité sans pour autant cautionner l’impunité. Aussi a-t-elle conclu qu’il ne saurait y avoir de démocratie véritable sans liberté de presse qui permet de libérer la parole. Pour le troisième conférencier du panel, Boureima Ouédraogo, Directeur de publication du Reporter, la dépénalisation permet au journaliste de mieux faire son travail et d’être plus responsable.

Car, a-t-il rappelé, le premier juge du journaliste n’est pas un magistrat, c’est le lecteur, le téléspectateur ou l’auditeur. Le Burkina Faso n’est du reste ni le premier ni le seul pays à envisager la dépénalisation des délits de presse, des pays comme le Togo et le Tchad l’y ayant précédé. L’on retiendra, en outre, des échanges suscités par les questions et contributions des étudiants ayant assisté au panel, que la suppression de la sanction pénale n’est pas une panacée. Elle ne peut d’ailleurs qu’être partielle et il est important de rehausser le niveau des journalistes par une formation adéquate. Une autre solution serait, à en croire Abdoulaye Diallo du Centre national de presse Norbert Zongo, la sanction critique par les pairs et la mise en place d’un Observatoire burkinabè des médias qui verrait bientôt le jour.

Juste PATOIN

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 7 juin 2012 à 07:43, par Le Gonze En réponse à : DEPENALISATION DES DELITS DE PRESSE : Des avantages mais aussi des dangers

    Cette depenalisation n’aura que des inconvenients pour notre pays ! Comment permettre a des philosophes, des sociologues et autres juristes aux cursus universitaires ecourtes d’avoir le droit de me diffamer (meme en disant des verites, ce qu’ils font rarement) parcequ’ils possedent une carte de presse qui les couvre, et moi si je replique en lui refaisant le portrait, on me poursuivra en Justice ?

    C’est pas une rupture de l’egalite des citoyens devant les Lois, notamment celles penales ? donc une violation de la Constitution du 11 juin 1991 ?

    N’est-ce pas, Webmestre ?

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