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AUDITIONS DE AFFI N’GUESSAN ET CIE : Le grand déballage aura-t-il lieu ?

Publié le vendredi 1er juin 2012 à 01h20min

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Affi N’guessan peut commencer à souffler. L’ancien patron du parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien, a inauguré ce jeudi la série des auditions entamées par les juges d’instruction. Certes, on est encore loin d’un procès en bonne et due forme, mais rien qu’à voir la Justice se pencher enfin sur son cas, peut constituer une bouffée d’oxygène. Il peut bénéficier d’une liberté provisoire avec l’ouverture de la procédure. Ce n’est pas rien, quand on connaît les rigueurs d’une vie en prison, surtout pour un ancien baron de la trempe de Affi N’Guessan. Respirer l’air de la liberté, ne serait-ce que provisoirement, cela fait du bien. L’espoir revient donc dans le camp des pro-Gbagbo encore détenus.

Il n’empêche que le plus dur aussi commence pour eux, puisque, s’ils n’ont pas été élargis comme d’autres, c’est que probablement ils auront à rendre compte de leur rôle dans la grave crise post-électorale qui a fait des milliers de morts en Côte d’Ivoire. Ce moment est très attendu par nombre d’Ivoiriens, comme une des étapes majeures de la catharsis nationale en cours. Car sans justice, il n’ y aura pas de véritable réconciliation. Du reste, il n’est pas exclu que certains détenus soient relaxés après le procès, l’essentiel étant que le droit soit dit dans la plus grande objectivité. De ce procès à venir dépendra en grande partie le vivre ensemble tant recherché en Côte d’Ivoire.

Mais un doute subsiste tout de même dans la volonté des partisans du président déchu d’accepter le verdict des juges, s’il est accablant pour les accusés. Jusqu’à ce jour, ils n’ont pas posé d’actes de nature à faire croire qu’ils s’inscrivent dans la dynamique de réconciliation. Ils ont rejeté toutes les offres, de l’entrée dans un gouvernement d’union à la participation aux élections législatives, en passant par la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Depuis leur chute, les dirigeants du Front populaire ivoirien n’ont pas donné de signaux forts sur leur désir de réconciliation. A défaut d’un mea culpa des anciens dirigeants ivoiriens, il ne reste que la justice pour situer les responsabilités. Pour avoir fait le choix d’affronter la Justice, plutôt que la conscience des Ivoiriens, les pro-Gbagbo devront assumer leur stratégie jusqu’au bout, en acceptant le verdict des juges. Il faut seulement souhaiter qu’un procès permette de comprendre pourquoi on peut massacrer ses concitoyens à cause du pouvoir.

On se demande en effet si Laurent Gbagbo, devant la Cour pénale internationale, et ses sbires incarcérés au pays, en cas d’inculpation, diront tout aux Ivoiriens. Ne continueront-ils pas d’afficher cette attitude hautaine consistant à refuser non seulement leur défaite à la présidentielle mais aussi leur part de responsabilité dans le pogrom ivoirien ? Tôt ou tard pourtant, le camp Gbagbo devra avoir l’humilité de se regarder dans la glace, même si elle leur renverra une image hideuse. C’est le seul moyen d’arrêter d’insulter l’histoire et d’espérer une rédemption aux yeux d’une grande partie des Ivoiriens.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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