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Situation du générique au Burkina : Fin de film au Nord

Publié le jeudi 28 octobre 2004 à 07h08min

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Débutée le 12 octobre 2004 dans la partie ouest du Burkina Faso, la tournée de la Centrale d’Achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) en vue de faire découvrir, à la presse nationale, le circuit de distribution du générique au Burkina Faso a pris fin le 26 octobre 2004 dans le Nord. Le film de la situation des médicaments essentiels génériques (MEG) dans cette partie du pays.

Que ce soit le magasin central de la CAMEG, ses dépôts régionaux à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Fada N’Gourma ; des dépôts répartiteurs de districts (DRD) ; ceux des formations sanitaires ; des officines pharmaceutiques, à travers cette tournée, les journalistes de 11 organes de presse ont pu toucher du doigt le circuit de distribution des MEG de la CAMEG jusqu’à la formation sanitaire la plus lointaine du Burkina Faso.

Avec la débauche d’énergie due aux milliers de kilomètres avalés les par les membres de la mission en l’espace de deux semaines, l’intérêt manifesté par les hommes de médias a toujours été au rendez-vous jusqu’au dernier périple, à savoir la visite du DRD de Ouahigouya relevant du dépôt régional de Ouagadougou en attendant la fin du chantier du dépôt régional de Ouahigouya, de structures sanitaires, d’officines pharmaceutiques et des échanges avec quelques prescripteurs.

C’était les 25 et 26 octobre 2004 ; durant ces jours l’équipe des visiteurs a échangé le lundi 25 octobre avec les responsables de la Direction régionale de la Santé du Nord qui regroupe les provinces du Lorum, du Yatenga et du Zondoma. Cette zone compte 5 districts sanitaires, à savoir ceux de Ouahigouya, de Yako, de Gourcy, de Séguénéga, et de Titao.

Ce sont au total 159 formations sanitaires disséminées dans cette partie du pays. Quant au district de Ouahigouya, dirigé par le docteur Bernard Sawadogo, il couvre 9 sur 11 départements pour une population de 358344 habitants et avec une soixantaine de formations sanitaires.

Dans ce district, comme partout dans les 53 autres districts du Burkina, il existe un DRD dont le responsable est Dombôo Hien. A partir de ce dépôt répartiteur, plus d’une cinquantaine de dépôts de formations sanitaires sont approvisionnés en MEG.

Trois formations sanitaires sans génériques

Cependant, à la grande surprise des journalistes et à l’équipe de la CAMEG qui l’accompagnait, contrairement aux sites précédemment visités, les formations sanitaires des localités de Mongoubouli (à 60 km de Ouahigouya), de Pella, de Sim et de Birbondogo ne disposent pas de dépôts MEG. En plus, des dépôts de trois autres structures sanitaires ont été cambriolés.

Le responsable du DRD de Ouahigouya a donné un lot de raisons (Malversations, formations sanitaires construites sous la houlette des populations, etc.) pour expliquer l’absence des MEG dans ces localités. Les représentants de la CAMEG ont manifesté leur stupéfaction et demandé que le DRD accorde un crédit à ces formations sanitaires pour permettre à ces formations sanitaires de disposer d’un dépôt.

« Il faut prendre le risque d’octroyer des crédits, a laissé entendre le directeur Ventes et Marketing de la CAMEG, le Dr Zigani, car l’objectif de la CAMEG est de faire de l’initiative de Bamako une réalité au Burkina en rendant accessibles les MEG aux populations ».

Une observation qui a été vivement saluée par tous les visiteurs qui se sont rendus dans la soirée au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Sissamba, village situé à 12 km du chef-lieu de la province du Yatenga, sur l’axe Ouahigouya-Tougan. Dans ce village de 9501 âmes, on ne consomme que du générique.

Et les fruits de la vente des MEG ont pu construire des logements des agents de santé, et permettent au comité de gestion (COGES) du CSPS de supporter les salaires de 4 personnes engagées pour le compte de la formation sanitaire. Une satisfaction remarquable dans les propos du major du poste, Noufou Guiro.

Dans la journée du 26 octobre 2004, après la visite du dépôt régional de Ouahigouya en chantier, les officines pharmaceutiques privées, Nayolsba du Dr Boubakar Dermé, Wendraabo du Dr Mamadou Ouédraogo, la Pharmacie du Nord ont été prises d’assaut par la mission.

Le dépôt de l’ECLA, vitrine des MEG à Ouahigouya

Dans l’ensemble, si les génériques sont bien appréciés et présentés par ces officines, il reste que la part du générique dans celles-ci se situe entre 15 et 20%. Pour le docteur Dermé, cette situation par le fait que c’est dans un passé assez récent que la CAMEG s’est ouverte aux officines privées, sans oublier que certaines spécialités ne disposent pas encore de copies en génériques.

Mais, il avoue faire plus d’affaire avec les spécialités qu’avec les génériques dont les prix sont sociaux. Si dans ces structures, les MEG sont faiblement représentés, au dépôt de l’Association « Etre comme les autres (ELA) » à Ouahigouya, c’est tout à fait le contraire.

Et mieux, le dépôt, qui ne vend que des MEG, est beaucoup connu et très fréquenté par la population. Le président de l’association ECLA, Moussa Bologo, indiquera que son association a pour objectif de lutter contre la pauvreté.

Ce qui explique, a-t-il dit au départ, que l’association a rencontré des difficultés avec les pharmaciens à cause du dépôt, qui permet à 22 personnes (des handicapés pour la plupart) de gagner leur vie et à la population, notamment pauvre, de se soigner sans problèmes.

Sur ce point, le Dr Mamadou Dermé de l’officine Wendraabo avouera qu’effectivement le dépôt est dans son champ d’action et que les associations devraient héberger leur dépôt au sein de leur siège.

Mais pour l’heure, le dépôt d’ECLA, qui a accouché d’un autre dépôt à Ouaga, soulage les populations et respire la pleine forme.

Cyr Payim Ouédraogo


Des confrères commentent

A l’issue de cette tournée, des confrères de quelques organes de presse tirent les enseignements de l’initiative de la CAMEG.

• Hamidou Hidogo, Journal du Jeudi (JJ) : « Je garde un bon souvenir et de bonnes impressions de cette tournée. Outre le fait qu’on a découvert d’autres contrées de notre pays, voire de nouvelles réalités, nous avons pu maîtriser le circuit de distribution des MEG au Burkina Faso.

Ce qui me permet de dire que le MEG est présent dans notre pays et là où on a le plus besoin de lui. Son coût, comme du reste les populations visitées ont reconnu, est moins cher, en plus de son efficacité ».

• Gilbertine Zongo, Radio Burkina : « Je suis très satisfaite de l’initiative de la CAMEG qui nous a amené à constater de visu que le générique est disponible jusqu’aux villages les plus reculés, tel Djibasso.

Tout le circuit de distribution des MEG a été passé en revue depuis le magasin central ou les dépôts régionaux de la CAMEG pour arriver dans les formations sanitaires en passant par les dépôts répartiteurs de districts (DRD).

J’ai pu constater également que les frais de transports des MEG vers les DRD et autres formations sanitaires n’ont aucune incidence sur les prix des produits qui sont largement à la portée de tout le monde.

Ainsi, le paysan de Djibasso peut acheter par exemple du paracétamol à 100 FCFA comme son camarade de Ouaga. Voilà pourquoi je salue cet acte qui vise à améliorer la santé de nos populations. ».

• Evelyne Dabiré, service du monde rural, TNB : « Lorsqu’on nous parlait de générique, on voyait des sous-produits, à la différence des spécialités. Et selon Dame Rumeur, les MEG étaient fabriqués pour les pauvres, car les prix d’achat étaient insignifiants.

Mais à l’issue de cette tournée, je peux dire que ces préjugés doivent disparaître pour de bon. En effet, nous avons compris réellement la signification du générique, sa petite histoire ainsi que les raisons de l’Etat et de la CAMEG de le vulgariser.

Cette sortie m’a permis de savoir que les spécialités et les génériques ont tous la même molécule. la seule différence est que le générique est une copie d’une spécialité dont le laboratoire d’origine a perdu le brevet à un moment donné. La fin du monopole permet donc à d’autres laboratoires de fabriquer le même produit à des coûts relativement très bas.

A partir de là, les MEG sont donc aussi efficaces que les spécialités. J’ai été aussi agréablement surprise de voir que les génériques sont dans les plus petits villages du pays et, au regard de ce qu’on a pu constater, font partie des habitudes des populations de localités comme Djibasso, Tansarga, Diapaga, Tenkodogo, etc.

Cet engouement est une preuve que les MEG sont bel et bien efficaces et à la portée de tous. J’ai appris beaucoup de choses que je pourrai partager avec les personnes qui parlent dagara, au cours de mes émissions afin qu’elles sachent aussi que les génériques ne sont pas des sous-produits, mais une volonté du gouvernement, à travers la CAMEG, d’aider les Burkinabè à atteindre la santé ».

• Séraphine Sagnon, chargée de communication et des relations publiques à la CAMEG : « Je suis très satisfaite de cette mission qui a duré environ deux semaines. Beaucoup d’enseignements ont été tirés. En effet, nous avons touché du doigt les réalités du terrain.

Les journalistes, qui sont des leaders d’opinion, pourront également témoigner de ce qu’ils ont pu voir. En servant de relais, les populations sauront qu’elles peuvent trouver de la satisfaction, voire un soulagement en se soignant à moindre coût dans les formations sanitaires parce que géographiquement et financièrement, les MEG sont accessibles à tous.

J’ai été également émerveillée de constater que les journalistes voulaient à tout prix satisfaire leur curiosité. Et c’est tant mieux parce que quel que soit le travail qui sera effectué, cela nous permettra de mieux parfaire les choses, de mieux nous orienter ».

• Dr Wendpanga Placide Zigani, directeur Ventes et Marketing à la CAMEG : « Les populations ont compris le sens du générique et aujourd’hui, elles le demandent à leurs prescripteurs.

Ce fut donc un des principaux enseignements de cette tournée qui nous a permis de voir jusqu’où on peut trouver des MEG et d’échanger avec les populations, les prescripteurs. Cette mission a atteint son objectif, et j’en suis très satisfait ».

Propos recueillis par C.P.O.
L’Observateur

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