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Paix entre les deux Soudan : Les négociations d’Addis seront-elles décisives ?

Publié le mercredi 30 mai 2012 à 02h37min

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En réponse aux injonctions du Conseil de sécurité de l’ONU, le Soudan et son voisin le Sud-Soudan ont repris, le mardi 29 mai 2012 à Addis Abeba en Ethiopie, les négociations, qu’ils avaient suspendues par suite des combats qui avaient manqué de les mettre en guerre en avril dernier. A l’issue de l’indépendance du Sud-Soudan, le samedi 9 juillet de l’année passée, des différends non réglés les avaient fortement opposés.

Le 2 mai dernier, le Conseil a voté une résolution appelant les deux pays à arrêter les combats et à reprendre les pourparlers sous peine de sanctions. En rappel, les tensions entre les deux protagonistes, par suite d’une série de litiges portant sur le tracé des frontières, notamment autour d’Abyei, région aux terres fertiles à cheval entre le Nord et le Sud, et concernant l’attribution à l’un et/ou à l’autre des champs de pétrole situés à Heglig au Soudan ainsi que de leurs revenus, avaient provoqué en avril une attaque militaire : quand le Soudan du Sud a accédé à l’indépendance, son voisin du nord, devenu son « ennemi », a perdu 3/4 de ses ressources en or noir.

Khartoum, par où transite le pétrole, avait alors exigé l’obtention de compensations pour avoir perdu 75% de sa production pétrolière et des milliards en matière de recettes. Le Sud, qui est enclavé, a, pour sa part, conclu un accord avec le Kenya pour construire un oléoduc le reliant au port de Lamu. Il fallait s’y attendre, c’est le prix à payer pour la partition.

Les négociations d’Addis Abeba, dont la durée n’est pas déterminée, visent à renforcer la sécurité à la frontière et à obtenir des deux pays un engagement clair à respecter une zone démilitarisée. Pour offrir un bon environnement aux discussions et suivant une exigence de l’ONU, Khartoum a annoncé que son armée commencerait à quitter la région disputée d’Abyei le jour même de la reprise des négociations en Ethiopie, c’est-à-dire hier mardi ; une belle initiative, mais qui n’a peut-être que la valeur d’une simple déclaration quand on sait bien que l’enfer est pavé de bonnes intentions et qu’en politique toutes les stratégies pour parvenir à ses fins sont permises.

Quelques jours avant le rendez-vous éthiopien, le Soudan du Sud, qui est majoritairement chrétien, par la voix de son négociateur en chef, Pagan Amum, a accusé l’aviation soudanaise d’avoir survolé sa capitale, Juba, et bombardé d’autres régions de son territoire. S’en est suivi un démenti cinglant de Khartoum, qui a vite fait de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour accuser à son tour Juba de plusieurs attaques la semaine dernière contre des localités du Darfour-Sud en territoire soudanais.

Sans prédire l’échec des négociations, il faut reconnaître que ces déclarations, dans lesquelles chaque partie reste dans sa logique, ne sont pas pour aplanir les divergences. Si on ajoute à cela les divisions régionales, religieuses et raciales, qui ne manquent pas au sein des populations, on a de bonnes raisons d’être réservé sur l’issue des pourparlers.

A Addis Abeba, il est surtout question de tentatives de réconciliation entre deux « frères ennemis » ; il est difficile donc, à cette étape des tractations, de prétendre en connaître l’issue. Seul le temps nous situera, et on ne peut que souhaiter que le pessimisme, qui habite certains observateurs de la scène politique soudanaise concernant ce feuilleton, se dissipe progressivement face aux conclusions qui en sortiront.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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